
LES OBJETS D’ART ET D’INDUSTRIE. 109
incolore. Il y a tels assortiments de ces charmantes coupes dont les sujets représentent les
paysages les plus célèbres du Japon, ou les villes les plus remarquables que l’on rencontre
entre les deux capitales, sur le parcours du Tokaïdo. Il en est même, d’un goût
plus somptueux, qui invitent les convives à boire dans la nacre du nautile, de l’héliotis et
d’autres coquillages, montés en filigrane d’argent.
Mais les pièces d’honneur sont les grands bols en forme de boucliers, que, vers la fin
du banquet, on remplit à pleins bords, pour les faire passer à la ronde et provoquer
d’héroïques défis.
C’est alors aussi que circulent de main en main les cabarets de pure nacre et les plateaux
de mosaïque en nacre et en bois précieux, chargés de toutes les merveilles du dessert
japonais.
Parfois, avant de le distribuer, on l’expose sur une table basse et ronde placée au milieu
du groupe des invités : chaque sorte de pâtisserie, de confiture et de sucrerie ayant son
plateau spécial, tous les plateaux réunis et assortis selon leurs formes et leurs dimensions
ÉCHANTILLONS DE BI JOUTERIE JAPONAISE.
décrivent sur la table six cercles concentriques régulièrement traversés de rayons qui vont
du centre à la circonférence ; et dans chaque segment de cercle on dispose les friandises
selon l’analogie des couleurs, de manière à reproduire de zone en zone toutes les teintes de
Parc^en-ciel.
Une autre surprise, non moins ingénieuse, consiste à mettre les sucreries dans une
cassette de laque figurant un énorme poisson rouge. Quand le moment est venu de le dépecer,
chaque convive, à tour de rôle, plonge la main dans les entrailles du monstre artificiel
et en retire au hasard une boîte dont le contenu est souvent de nature à provoquer
une hilarité générale; car les bonbons japonais représentent non-seulement une foule de
jolis sujets tirés du règne végétal et du règne animal, mais toutes sortes de conceptions
indescriptibles, dues à l’imagination éminemment facétieuse des confiseurs.
Les bonbonnières japonaises sont aussi variées dans leur genre que les boîtes de dragées
de nos étrennes enfantines: il y en a en laque, en carton, en papier mâché, en nacre,
en pâte de sucre; les unes tout unies et sans ornements, les autres enrichies de moulures,