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plus. Une végétation vigoureuse dessine ç à e tlà les accidents d’un sol tourmenté, qui recouvre
évidemment des décombres, des murs renversés, des canaux envasés. D’antiques
allées d’arbres aboutissent à des tefrains vagues, que les ronces ont envahis. Ces avenues
conduisaient autrefois à des palais, dont il ne reste plus de trace. Au Japon les palais
mêmes, étant en majeure partie construits en bois, ne laissent pas de ruines après leur
chute.
C’est en ces lieux que les Siogouns avaient établi leur résidence. Je rappelle qu’on
désignait, sous le nom de Siogouns, les généraux en chef, lieutenants temporels de l’empereur
théocratique. Ils ont gouverné le Japon, sous la suprématie du Mikado, de la fin du
douzième siècle au commencement du dix-septième, depuis Minamoto Yoritomo, qui fut
le fondateur de leur puissance, jusqu’à. Iyéyas, surnommé Gonghensama : celui-ci. qui
était le trente-deuxième Siogoun, fit de Yédo la capitale politique du Japon, et créa une
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SIOGOUN ET SON ESCORTE.
nouvelle dynastie, dont les derniers représentants ont adopté, à dater de 18S4 seulement,
le titre de Taïkouns.
Yoritomo, né de famille princière, dut à l’éducation d’une mère ambitieuse les qualités
qui firent de lui le dominateur et le vrai chef de l’Empire. Élevé à la cour de Kioto,
il apprit a connaître 1 état d affaissement et de débilité dans lequel était tombé le pouvoir
du dairi. Le Mikado, enfermé dans son sérail, ne s’occupait que des intrigues du palais.
Les courtisans s’abandonnaient à la fainéantise, ou vivaient plongés dans la dissolution.
Les anciennes familles qui étaient en rapport de parenté, d’alliance ou d’office avec l’empereur,
se montraient jalouses d’exploiter, dans l’intérêt de leurs enfants, le rang qu’elles
tenaient à la cour. Elles s’efforçaient d’ouvrir aux aînés la carrière des hautes dignités ;
elles faisaient entrer les cadets dans les ordres. Quant aux filles, plutôt que de les mettre
au couvent, on sollicitait leur admission au rang des cinquante dames d’honneur de
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