
l’étoile doit porter malheur à l’un des généraux en' chef, il faut bien que la calamité
prédite tombe sur Sanégori ou sur moi. Or, en y réfléchissant, je trouve que je’ suis très-
avancé en âge et que je n’ai pas de talèni militaire. Sanégori, au contraire, est à la fleur
de ses années et tout à fait à la hauteur de son poster Conséquemment, si je faisais des
prières et qu’elles dussent être exaucées, de manière à détourner de ma tête la calamité
qui-peut la menacer, ce ne serait qu’au plus grand péril de Sanégori et au détriment do
l’Empire. Je m’abstiens donc, afin de concourir, autant qu’il dépend de moi, à ce que
la précieuse vie de cet homme soit épargnée.
A l’ouïe de ces paroles, le prêtre ne put contenir son émotion et s’écria : Certainement
une si noble pensée’est le meilleur acte de culte que vous puissiez Taire, et bièn'certainement,
s’il y a des dieux et un Bouddha, ce n’est ni sur vous ni sur votre famille que
la calamité tombera !
INSTITUTEUR JAPONAIS COMPOSANT UNE POÉSIE.
C H A P IT R E XXXIV
CONT E S J A P O N A I S
Il existe dans la littérature japonaise un assez grand nombre de contes moraux, conçus
dans le même esprit que le « Recueil des actions vertueuses, » c’est-à-dire appartenant
de fait à l’école de Confucius.
Ils ont généralement pour auteurs des lettrés sortis de l’Université de Yédo, des professeurs
de langues, des maîtres d’école, des écrivains aux gages des libraires; tandis que
les légendes héroïques ou fantastiques sont le plus souvent l’oeuvre combinée de la
tradition populaire et de l’imagination d’anciens bonzes restés fidèles au culte de la poésie
nationale.
Si certains contes moraux rivalisent de popularité avec les vieilles légendes, c’est
peut-être aux libraires de Yédo qu’en revient principalement le mérite, soit en raison
de la Variété et du bon marché des éditions qu’ils en ont données, soit grâce au talent
et a la verve essentiellement populaire des dessinateurs qui ont concouru au succès de
ces publications.