
petit mobilier. Les trottoirs étaient encore jonchés de nattes, de paravents,.de-guéridons
et d’ustensiles en laque,• en bronze,^em porcelaine, que'Ton, setliâtaitjde^rentrer et de
remettre e n , place:, CeL ouvrage étant^confié!.dans les grandes’maisons aux soins dqs
cpyfies, ceux-ciUe terminaient avec de joyeuses et grotesques manifestations : un pas (Je
danse sur un tabouret,', une culbute du haut d’un escalier, un camarade enlevé et berné
pour, avoir’mal accompli sa tâche,:>
D’autres manoeuvres plantaient devant les portes, de chaque côté du seuil, un jeune
pin et un bambou: empanaché, et reliaient entre eux; ces beaux arbres, à* la hauteur île
l’étage, par des'guirlandes de paille de riz, ornées de baies rouges des forêts, d’oraqges
mandarines et de bandes de papier doré ou argenté. On tend même contre lés murs, ou
sous les galeries et les toitures des maisons, des cordes auxquelles pendent, comme des
franges, de longs brins de paille de riz entrecoupés de petites branchés de sapin ou de
fougère. Ce genre d’ornement décore les étalages des boutiques, les toris, les.portes de
rues, les cages de papier des lanternes publiques, les puits, les- seaux des porteurs d’eau,
les chapeaux des joueurs de flûte, des tambourineurs, des guitaristes et des danseuses
de rue.
C’est le jour où la tribu des charpentiers pose les grosses pièces de la toiture des
maisons en construction, et où les autres corps de^métiers effectuent la remise de leurs
travaux au.propriétaire. Celui-ci fait élever une estrade, sur,le faîte de l’édifice^ et pieusement
il y expose, fixés à une étagère, une double rangée de goupillons, trois grands et
cinq petits, en papiers de diverses couleurs : aux trois premiers sont suspendus de longs
rubans de soie et des mèches de cheveux. A droite et à gauche, deux grandes flèches sacrées,
chacune tendue en sautoir contre une toise de charpentier dressée sur une base, servent
d’emblème à la tribu, et, en arrière, une denture armoriée indique le rang et la famille du
maître de la maison. Son épouse, pour sa part, s’est chargée du soin des offrandes destinées
aux dieux tutélaires : elles sont étalées sur des guéridons disposés.au pied de l’étagère, et se
composent du classique morceau de poisson séché,'d’une demi-douzaine de pains de riz,
de quatre flacons de saki et de deux boîtes d’oeufs de vers à soie. Enfin, le principal
domestique de la maison-jette du haut de l’estrade de petites boules de’riz aux passants.
Ils affluent de la ville et de la campagne: Les paysans conduisent des .chevaux pesamment
chargés de tiges de bambous et de jeunes plantes,de sapins. Les paysan nés vont aux
emplettes. Les gens de la province arrivent par troupes! Hommes et femmes portent leur,
bagage sur la nuque, dans un papier huilé ou dans un mouchoir de serge du ver. à'soie
des chênes ; un parapluie en bandoulière, complète leur accoutrement. De leur côté,-des
familles- de cultivateurs d e , la banlieue regagnent leurs pénates' après avoir acheté des
amulettes de nouvel an pour la protection de leurs rizières,;et,des arbres de bonne fortune,
pour la prospérité de leurs enfants : ces -arbres ne sont que de longues branches de saules
pleureurs auxquelles le marchand attache des dragées, un dé à jouer, de la verroterie, le
masque d’Okamé, et quelques morceaux de métal simulant des pièces de monnaie,.;
Partout, sur la voie ’publique, les forains rivalisent avec les étalagistes du quartier. Ceux
qui vendent des jouets d’enfants assourdissent le voisinage du bruit de leurs trompettes,,'