
Excepté les forêts et les autres plantations d’arbres que le Gouvernement fait entretenir
avec une louable sollicitude, tout le sol est envahi par les culturëS, à un point
qui défie presque toute description. Nous sommes en avril, et déjà la lisière des bois
est bordée de champs de sarrasin en pleine floraison. Un peu plus bas, l’orge et le
froment que 1 on a semés en novembre, tomberont dans quatre ou cinq semaines sous la
faucille du moissonneur. Or, le blé étant semé ,au- Japon comme on plante les pommes,
de terre en Europe, c’est-à-dire par bandes régulières, parfaitement alignées, il y a
dans l’intervalle des deux sillons parallèles un espace libre où l’on voit déjà poindre
une nouvelle culture : ce sont des fèves qui lèveront aussitôt que le champ aura été
récolté.
Cette verte pelouse que l’on prendrait pour du blé en herbe, c’est un champ de millet
qui a été ensemencé en mars et qui sera mùr en septembre. Le millet se consomme
par les indigènes en plus grande quantité que le froment ; ils le réduisent en farine et
en font des gâteaux ou de la bouillie.
Sur le .plateau voisin, un campagnard laboure la terre au moyen d’une petite charrue
attelée d’un seul cheval. Il déposera dans ce sol fertile de la graine dé cotonnier, et déjà
en septembre ou en octobre chaque grain de semence aura produit une plante de deux
à trois pieds de hauteur, chargée d’une vingtaine de capsules arrivées à maturité. Quelques
oiseaux blancs de la famille des échassiers, des cigognes ou dès grues, semblent
travailler de concert avec l’agriculteur ; elles le suivent gravement, et, plongeant leur long-
bec dans le sillon entr’ouvert, elles détruisent les larves que' le soc de la charrue vient
de déterrer.
Lé fond de la vallée est en nature de rizières. Il y a un mois environ, qu’on l’avait
mis sous l’eau ejj lâchant les écluses des canaux d’irrigation. C’ëst dans cet état que le
sol en a été retourné par la charrue et broyé sous les pieds des buffles et des laboureurs,
ceux-ci brassant eux-mêmes le limon jusqu’à-mi-jambe et cassant à coups dé bêche les
mottes récalcitrantes. Lorsque la terre a été réduite en une sorte de pâte liquide, hommes
C 0 I.T U R E D U RIZ : LABOUR ET ’ SE M A 11. L E S.
et femmes, s’avançant pas à pas sur les digues d’enceinte, ont procédé de concert aux
semailles en jetant les grains à pleine main sur, les carreaux de limon destinés: à formelles
pépinières. On les a encore remués avec une espèce de herse pour égaliser et
enterrer la semence. Maintenant l’eau s’est retirée ; les pépinières ont fait leur pousse
CULTORE DU RI Z: TRANSPLANTATION DES PLANTS DE LA PÉPINIÈRE.
dense, serrée, et l’on arrache avec la racine les tiges qu’elles ont produites ; mais c’est
pour les transplanter avëc soin par touffes disposées en quinconces, à intervalles égaux,
dans le sol mou des grands carrés que l’on n’a pas encore utilisés. C’est là que le
riz doit croître et mûrir pour être moissonné à la faucille dès le mois d’octobre. Son