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famille, et flanquée de dépendance^ à l’usage des gens de la maison ; car ce- sont eux qui
doivent subvenir à tous les détails du service de leurs maîtres, sans en excepter la colla—
tion et les rafraîchissements de rigueur.
Il se fait de loge en loge des visites de cérémonie, et la discipline du manège s exerce
dans toutes les formes de la plus stricte bienséance.
Il n’y-a ni jockey-club, ni turf proprement dit, ni anglomanie quelconque à Yédo. Les
yakounines ont suffisamment à faire à maîtriser leur monture dans les simples exercices
de manège. Les gens du peuple doivent être portés à les plaindre plutôt qu a les admireç,
en les voyant se cramponner en selle, courber la tête et serrer des deux mains contre leur
poitrine les brides de leurs petits chevaux. Aussi recherche-t-on de préférence le spectacle
des cirques établis sur les champs de foire. Là, des écuyers de profession montent à
nu des chevaux dressés, et exécutent toutes sortes de tours d équilibre, de voltige et d a-
dresse. Les femmes ne prennent jamais une part active aux exercices de la troupe. Celle-ci
peut être ambulante et transporter son cirque tantôt dans un quartier, tantôt dans 1 autre ;
mais c’est un cas exceptionnel : généralement elle reste attachée à l’arrondissement qui a
été le théâtre de ses premiers succès. Je n’ai jamais vu de cirque olympique japonais parcourir
les villes de province. Il est probable qu’il en existe en permanence dans des cités
telles que Kioto et Osaka. Ce qu’il y a de certain, c’est que les troupes de comédiens, de
gymnastes, d’écuyers et de saltimbanques qui exploitent les champs de foire des quartiers
du Nord de Yédo, n’auraient rien à gagner de chercher ailleurs un terrain plus favorable
à leur industrie ; car ils se trouvent au confluent des plus grands courants de circulation
que le Japon présente, soit en population citadine, soit en pèlerins et en voyageurs. D’un
côté, c’est le mouvement de la route du Nord ainsi que du Hondjo sur la rive droite, et réciproquement
; et, dè l’autre, celui qui relie à la route du Nord les quartiers du Midi et de
l’Ouest, sans passer par la Cité, à l’orient du Castel.
Comme on voit, sur les grands fleuves de la Chine, une île verdoyante s’élever au-
dessus des eaux fangeuses et sillonnées de milliers de jonques, telles apparaissent les collines
touffues d’Ouwennô, entre les grandes artères de circulation, tant fluviales que terrestres,
des arrondissements du Nord.
Ouwennô est une immense bonzerie, renfermant, comme Siba, des tombeaux de Sio-
gouns et des sépultures de familles Gosankés. L’accès en est interditaux étrangers; mais,
de la place où débouche la route de l’Adsouma-bassi, l’on jouit en plein de la vue des parcs
et des jardins de la bonzerie, qui dominent de leurs fraîches terrasses les eaux bleues du
lac et sa charmante petite île dédiée à Benten. Elle est reliée au rivage par une chaussée
plantée d’arbres et ornée de ponts cintrés. Adossé aux bosquets, sacrés, un vaste temple à
hautes galeries forme le point culminant de la ¿cène.
Tout autour des rives orientales et méridionales du lac, et sur toute la circonférence de
l’île dont le temple de Benten occupe le centre, des centaines de maisons de thé attirent
journellement, .surtout à l’époque de la floraison des pêchers, des milliers de visiteurs, de
tout âge et des deux sexes. La plupart, appartenant à la classe bourgeoise, viennent goûter
dans ces jolies retraites les joies innocentes de la famille. Petits garçons et petites filles