
dans leurs fêtes enfantines et pour les mariages de leurs poupées. Elles se plaisent à
rehausser Péclat des.fleurs et des feuilles artificielles par le miroitement de petits morceaux
de métal poli, taillés eh carré long,: qu’elles suspendent délicatement à l’extrémité des
branches. . .
La boulangerie joue un rôle capital, parmi les innombrables préparatifs des fêtes du
nouvel an. Il est de rigueur, chez, les familles bourgeoises,, que les dressoirs de l’office
étalent une ample provision de pains et de gâteaux de riz pour les étrennes des ouvriers,
des commis et des domestiques, ainsi.que pour les; échanges de cadeaux en nature qui se
font entre parents et voisins. Dans toutes les cuisines, des mitrons à la journée, nus jusqu’à
la ceinture, sont occupés à pétrir, à mettre au four, à en retirer la cuite. Ils pétrissent la
farine dans des mortiers, et malheur au garçon qui laisse le pilon se prendre dans la
pâte ! 11 en a pour plus d’un moment à subir les quolibets de ses camarades. C’est ce
même procédé primitif du mortier que l’on emploie pour réduire le riz en farine. Il y a
des pileurs de riz de profession. On en rencontre dans les rues, portant le pilon sur
l’épaule et roulant, comme un tonneau, leur gros mortier devant eux. Le trentième du
dernier mois est Ta plus rude de leurs journées, car chaque famille doit, autant que
possible, avoir fini avant le 1er de l’an de piler la provision de riz nécessaire jusqu’à
la récolte d’octobre.
Dans les ménages pauvres, on se passe de toute assistance mercenaire. Si l’on a recours
aux voisins, c’est à charge de réciprocité.
11 n’est pas rare de voir dans la même famille trois générations représentées autour
du mortier à riz : la fille aînée, la mère, l’aïeule ou le grand-père, travaillant de concert,
armés chacun d’un petit pilon, et tous ensemble chantant à demi-voix, pour, s’animér à
l’ouvrage, les refrains cadencés de quelque vieille ronde villageoise.
Vers les abords du Nippon-bassi, les clameurs d’une foule tumultueuse signalent le
voisinage des grands établissements où l’on brasse la bière de riz, ainsi que le mouvement
des docks d’où on l’expédie en gros, par cargaisons de tonnelets, sur des barques qui
sillonnent en tous sens les canaux de la Cité. Chaque barrique est enveloppée d’une natte
assujettie par des cordes de paille et portant la marque de fabrique du brasseur. Des
centaines de coùlies se'croisent à pas pressés sur la rue, portant aux deux extrémités de
leur bambou des tonnelets d’une forme particulière, fermés et bondonnés à l’égal des
autres, bien que munis d’une anse, comme les seaux de bois. Pour lés transports à courte
distance, on fait grand usage de seaux ordinaires, dé simples baquets* de petits cuviers
ouverts et de grosses cruchës en porcelaine bleue, au risque d’exposer dans le trajet: le
vase et le liquide à plus d’une avarie, car un grand événement agite.la multitude : elle
afflue de toutes parts à la criée du saki, la dernière criée et le meilleur saki de l’année !
Des milliers, dé seaux, de tonnelets, de vases en porcelaine, sont empilés çà et là dans
les coins de rue^, sous.la protection de la foi publique, pendant que les propriétaires/de
ces ustensiles se pressent dans les vastes: cours des brasseries, où l’on vend aux enchères
les lots, petits et granfis,. de la boisson nouvelle. La marchandise, adjugée est immédiatement
transvasée et enlevée par les, soins de l’acheteur, ou plutôt de ses coulies, qui