
TAKANAWA ET ATAKOSTA. 325
Aussi l’aspecPde notre troupe, qui aurait produit une émeute dans n’importe quel
lieu habité de l’Europe, ne causa-t-il pas la moindre sensation dans la résidence du
Taïkoun. On nous regardait sans doute avec une curiosité bien légitime ; mais on ne
se montrait au doigt que les cigares des fumeurs de la société et les revolvers suspendus
à nos ceinturons.
Les rues basses et les quais de Takanawa sont, du matin au soir, remplis d’un grand
concours de monde. La population stable du quartier me semble n’avoir d’autre industrie
que de prélever, de manière ou d’autre, un léger tribut sur les gens qui arrivent ou
qui partent. Ici l’on hache et l’on vend du tabac ; là, on pile du riz et l’on en fait des
galettes ; sur toute la ligne on débite dusaki, du thé, du poisson séché, dés melons d’eau,
une infinie variété de fruits et d’autres comestibles à bon marché, étalés sur des tables
en plein vent ou exposés dans les appentis ouverts et sur les étagères d’innombrables
restaurants. Partoyt des coulies, des porteurs de cangos et des bateliers offrent leurs services.
Dans certaines rues latérales, on loue des stalles pour les chevaux de somme, et
des écuries pour les buffles qui amènent au marché les produits des campagnes environnantes;
ils les traînent sur de rustiques charrettes, seuls véhicules à roues que l’on
rencontre dans tout Yédo.