
abondent, et où il serait facile d’établir dans tous les quartiers de la ville des fontaines
jaillissantes. Au reste, les inconvénients et le danger de cet état de choses sont tempérés
par la circonstance que les Japonais ont l’habitude de boire chaud en toute saison.
Leur hygiène populaire ne s’accommode même que de bains chauds, et ils en
prennent chaque jour. Ce besoin de propreté, la salubrité de leur climat, les excellentes
qualités de leur régime alimentaire, devraient faire des japonais l un des peuples
les plus sains et les plus robustes du globe. Il en est peu cependant qui soient
plus affligés de toutes sortes de maladies de la peau et d’affections chroniques et incurables
; et certes ce n’est pas dans les conditions naturelles d’existence de la nation
que l’on doit rechercher la cause de ce triste phénomène. Tout indique, au contraire,
qu’il ne faut pas remonter bien haut pour la découvrir, et qu’elle date, en réalité, de
l’époque où le gouvernement des Siogouns autorisa la fondation, et couvrit officiellement
de sa protection le développement d’une ignoble institution, dont les funestes conséquences,
atteignant la famille, attaquent dans sa basé naturelle tout 1 édifice de la
société.
Il y a un grand nombre de médecins au Japon, et principalement à Yédo. Ceux
qui sont attachés à la cour du Taïkoun appartiennent à la classe des Hattamotos, portent
deux sabres, se rasent la tête, et occupent un rang plus ou moins élevé, d après
lequel on peut les diviser en deux catégories de fonctionnaires. La première, nécessairement
très-limitée, comprend les médecins qui font partie de la maison du laikoun.
Ils ne pratiquent pas en dehors du palais. Les honoraires qu’ils reçoivent, tant en nature
qu’en argent, peuvent représenter une valeur de 15 à 20,000 francs par an.
Ceux de la seconde catégorie sont des officiers de santé qui suivent l’armée en temps
de guerre. Ils touchent une solde que l’on peut estimer à 10,Q00 francs au maximum,
et quand ils ne sont pas au service, ils pratiquent occasionnellement parmi les familles
de leurs relations.
Les uns et les autres sont à la nomination du Taïkoun ou de son gouvernement.
Les membres du corps médical qui ne sont ni fonctionnaires ni officiers, c est-à-
dire les praticiens proprement dits, ou les médecins de troisième classe, sortent tous
des rangs de la bourgeoisie. La plupart ont fréquenté pendant quelque temps l Université
de Kioto ou celle de Yédo; mais il en est aussi qui, appartenant à des familles
où l’on est médecin de père en fils, n’ont jamais reçu de leçons que dans la maison
paternelle.
Comme il n’y a pas d’examens requis pour l’exercice de la médecine, chacun entre
dans la carrière à son gré et pratique selon la méthode de son choix : celui-ci s’en tient
à la routine des empiriques indigènes ; celui-là traite ses patients d’après les règles de
la science chinoise ; un troisième se pose en adepte de la médecine hollandaise, et, en
réalité, il n’existe communément chez eux ni méthode ni système. Les études universitaires
au Japon sont extrêmement superficielles. Il ne saurait en être différemment dans
un pays où aucun élève ne possède les connaissances préparatoires que suppose l’enseignement
supérieur. La réforme de cet état de choses ne pourra s’opérer qu’à 1 aide