
On le rencontre quelquefois dans certaines expositions favorables; mais les vrais districts
à thé sont à plusieurs journées au nord et à l’ouest cfe la baie.
Nous sommes beaucoup plus rapprochés des districts producteurs de soie, et rien
n’empêcherait que cette industrie ne se développât dans notre voisinage immédiat, s’il
offrait encore la place nécessaire pour des plantations de mûriers. Il me parait, en
résumé, que la population dont je suis entouré, et peut-être généralement les habitants
des côtes méridionales de Nippon, abandonnent à ceux de l’intérieur la production
des articles susceptibles d’une grande exploitation industrielle, tels que la soie, le thé,
et même le coton, qui n’est pas non plus très-abondant sur nos rives ; tandis qu’ils se
vouent essentiellement, les uns à la pêche et au service des transports par voie d’eau, et
les autres à l’agriculture proprement dite, à la production des céréales ainsi que des
plantes légumineuses et oléagineuses, enfin à l’horticulture et à l’exploitation du chanvre,
des pailles, des roseaux et dés bambous.
Au milieu de la population campagnarde, répandue dans les* fertiles vallées qui
débouchent sur la baie de Yédo, l’on rencontre fréquemment des hommes d’une race
plus vigoureuse, dont l’aspect, d’ailleurs bienveillant, semble .dénoter une certaine indépendance
de caractère ou de genre de vie. Ce sont des gens de la montagne, c’est-
à-dire des habitants de la chaîne des monts Akoni, au pied du Fousi-yama. Les affaires
qui les appellent dans la plaine sont de nature très-diverse : pour les uns, ce sera
l’exploitation ainsi que le flottage des bois de marine et de bâtisse ; pour d’autres, le
commerce du charbon de. bois ; ceux-ci ont une entreprise de transport de marchandises
à dos de cheval, des provinces de l’intérieur à tel ou tel port de la baie ; ceux-là sont
employés au halage des barques • qui utilisent les canaux créés pour la navigation intéou
rieure ; enfin, c’est parmi eux que se recrute une tribu privilégiée de chasseurs* ainsi
qu’uiie partie de la troupe de ligne du Taïkoün, savoir: les compagnies d’infanterie
chez lesquelles sont introduites les armes de précision de TEurope.
Malheureusement le pays auquel ces hôtes de passage appartiennent est presque complètement
inaccessible aux visiteurs étrangers. Si l’on en croit certaines relations indigènes,
y trouverait, comme dans les régions minières de la Californie, des constructions de
ponts, d’aqueducs, de barrages, qui confondent l’imagination quand ôn songe à -l'imperfection
des instruments avec lesquels ces ingénieux ouvrages ont été exécutés.
La matière première, à la vérité, offre des ressources qui ne se rencontrent pas
dans nos climats. Le bambou, par exemple, fournit pour les travaux hydrauliques, des