
On tresse des corbeilles, des nécessaires, des nattes, des claies, des stores, des paillassons,
en paille de riz, en rotin, en filaments d’une sorte de bryonia, en petites branches
de saule ou d’osier, et en écorce de bambou.
Les.stores sont généralement ornés de dessins de fleurs et d’oiseaux très-habilement
découpés sur les lamelles de l’ouvrage à claire-voie.
Les filaments d’écorce de palmier fournissent la matière de magniliques balais et
d’excellents manteaux de pécheurs. Les oiseleurs et les marchands de volailles font usage
de cages de bambou dont les formes varient depuis le type commun de la ruche et du
panier couvert, jusqu’aux plus gracieuses imitations de pavillons champêtres et de maisonnettes
de jardin.
On voit aussi de grosses cloches en treillis de bambou, sous lesquelles les charcutiers
et les restaurateurs exposent aux regards des passants leurs plus belles pièces de gibier,
telles que le sanglier, le cerf et l’ours noir de Yéso. Quant aux animaux réputés pour
leur malignité, l’on, n’a garde de leur faire tant d’honneur : le renard, étendu sur l’étal,
est condamné à tenir dans sa gueule le couteau qui doit le dépecer ; et le singe, suspendu
par ses quatre mains au chambranle de la porte, devient la risée des enfants de
la rue. qui insultent à sa face rouge et grimaçante.
CHAPITRE XXXVII
LES OBJETS D’ART ET D’INDUSTRIE
Quelle que soit la variété des produits industriels étalés dans les boutiques de la Cité
marchande, il est un trait qui les caractérise,. un cachet commun qui leur assure une
place à part au milieu de tous leurs similaires de l’extrême Orient, et j ’ose l’appeler le
bon goût, sans crainte d’être contredit par les connaisseurs.
L artisan de Yédo est un véritable artiste. Si l’on en exceple le style conventionnel
auquel il croit encore devoir s’assujettir dans. Ses reproductions de la figure humaine,
si 1 on veut bien lui passer l’insuffisance de ses études en ce qui concerne les règles
de la perspective, on n’aura, pour tout le reste, que des éloges à lui décerner. Ses
ouvrages se distinguent de ceux de Kioto par la simplicité des formes, la sévérité des
lignes, la sobriété des décors et l’exquis sentiment de la nature dont il fait preuve dans
tous les sujets d’ornementation qu’il emprunte au règne végétal ou au règné'animal.
Ce sont là ses sujets de prédilection : les fleurs et les oiseaux ont surtout le don de lui
inspirer des compositions ravissantes de vérité, de grâce et d’harmonie. Quant à la