
d’énormes bouquets de fleurs naturelles ; ailleurs, les hauts candélabres en forme de pavillons
à toitures ornées de clochettes; puis l’autel des parfums, reposant sur un trépied
et supportant un élégant brasero à deux anses, surmonté d’un couvercle percé de trous
pour donner issue à la fumée ; enfin les statues et les statuettes des saints, et les animaux
sacrés, tels que la cigogne, la grue, la tortue et le fantastique chien de Corée, tenant sous
I une de ses pattes une sphère évidée qui tourne sur elle-mêmev*
Quant aux objets de moindre volume, ils sont en nombre si considérable, que je
me borne à citer au hasard deux ou trois de ceux qui m?ont paru les plus dignes de remarque
: ainsi, les encensoirs, les canettes pour l’offrande du saki, un petit sceptre
sacré se terminant aux deux extrémités par une griffe à demi fermée, mystérieux instrument
auquel on attache une vertu magique, et dont les prêtres se servent habituellement
pourpolir les grains de leur rosaire; enfin, et par-dessus tout, les chandeliers à une ou
plusieurs branches, qui revêtent, pour la plupart, les formes bizarres ou gracieuses de
figures fantastiques, d’élégants végétaux, de grands oiseaux de marais, et de petits enfants
jouant avec des fleurs ; les branches de ces chandeliers sont munies de pointes sur lesquelles
on plante de hautes bougies de cire végétale, que l’on allume par le gros bout. Il y
a d’ailleurs dans chaque temple bouddhiste au moins une lampe suspendue, dont on a soin
d'entretenir constamment la flamme. Quant aux lampes domestiques, façonnées en forme
de coupes, ce sont ordinairement de simples veilleuses, que l’on allume dans de hautelP
cages de papier transparent, ou sur un mince trépied de fer; la mèche de . cotón qui
plonge dans l’huile repose sur une couche de moelle de roseau.
Parmi les ustensiles de bronze des ménages japonais, j ’ai distingué des braseros,
des aiguières, et même des aquariums d’un fort beau travail; mais c^est, sï je ne me
trompe, .dans les grands vases de salon que l’art indigène atteint sa perfection. 11% ont
quelquefois un mètre et demi de hauteur : les uns sont d’une belle couleur jaune, qui
approche de l’éclat de l’or; on y déploie un grand luxe d’ornements en relief, dont les
sujets sont tirés de la mythologie; les autres, d’un style plus sobre et. plus-sévère, étalent,
sur une surface unie et d’une belle teinte noire, de légers dessins de fleurs, d’oiseaux
et d’arabesques en fil d’argent incrusté au marteau dans le bronze. Et si quelque
chose peut rivaliser de noblesse et d’élégance avec ces vases de bronze noir niellé d’argent,
ce sont les' vases en porcelaine, à fond gris clair, ou vert d’eau, ornés de .quelques
fines peintures dont la touche délicate et les tons harmonieux sont d’un charme inexprimable.
Après ces chefs-d’oeuvre de bronze et de porcelaine, le triomphe de l'industrie japonaise
est la fabrication des meubles et des ustensiles en bois laqué. Tel est le talent avec
lequel les ouvriers indigènes savent utiliser l’incomparable vernis du Japon, produit de
l’arbrisseau qui porte ce nom; telle est leur habileté à en combiner les effets avec les pro"
cédés de leurs arts décoratifs, que des meubles dont la matière première est presque de
nulle valeur finissent par rivaliser d’éclat, et l’on dirait même de consistance, avec ceux ,
dans la confection desquels nous faisons entrer le marbre et les métaux précieux.
L’ébénisterie de Yédo excelle à imiterdes ouvrages en vieux laque, au point qu’il faut