
Il ne faut pas moins de vingt-cinq à trente jours pour se rendre de Nagasaki à Yédo
par lè Tokaido, à l’aide des moyens de transport en usage parmi les indigènes, qui n ’en
connaissent pas d’autres que le cheval ou le palanquin. On distingue deux sortes de palanquin
: le norimon et le cango. Le premier, qui réclame pour de longs voyages l’emploi
de quatre porteurs, est une grande et lourde caisse, où l’on peut s’accroupir assez commodément.
Les parois en sont de bois laqué et contiennent deux portières à châssis.
Bien que le norimon soit, par excellence, le véhicule de la noblesse, il n ’admet pas d’ornements
de luxe, JÉ il condescend à prêter ses services aux dames de la classe bourgeoise
LE CANGO, PALANQOIN A I.’USAGE DU PEUPLE.
et aux courtisanes attitrées, moyennant que les unes efedes autres occupent une certaine
position de fortune ou de considération dans la société. Le cango n’est qu’une légère litière
de bambou tout ouverte sur les côtés. Elle n ’exige pas plus de deux porteurs. Ceux-ci
marchent toujours d’un pas rapide et cadencé. Ils se reposent un instant toutes les vingt
minutes. Quand ils reviennent à vide, chacun d’eux porte seul, à tour de rôle, sur son
épaule, le cango suspendu à une extrémité de son axe de bois.
Les chevaux de somme, destinés au transport des marchandises et des voyageurs,
vont au pas, derrière leur conducteur, la tête baissée, retenue par une courroie attachée *
sous le ventre, à la sangle qui entoure le corps de l’animal. Les Japonais* au lieu
de ferrer ces chevaux, leur entourent les sabots d’un petit paillasson qui ne dure guère
au delà d’une journée de marche. A mesure que ces chaussures se détériorent, on les
jette et les remplace immédiatement, car l’on ne manque pas d’en avoir dans ses bagages
une provision de rechange. Les piétons en usent de même avec leurs sandales
de paille tressée. Les routes du Japon sont toutes jonchées de chaussures abandonnées
ayant servi, les unes aux voyageurs pédestres, les autres aux chevaux de transport.
Le Tokaïdo est interrompu, sur plusieurs points de son parcours, par des bras de mer
et des rivières torrentueuses.
De grandes barques, faisant service de coches, traversent en deux heures le détroit
qui sépare l’île de Kiousiou de Simonoséki. La plupart des voyageurs et même des
pèlerins profitent de l’occasion des grosses jonques marchandes de la mer intérieure
pour faire le trajet de Simonoséki à Hiogo. Il n’y a qu’une demi-journée de marche
de Hiogo à Osaka,. et une journée d’Osaka à Kioto. C’est entre cette dernière ville
et Yédo que sont les parties les plus pittoresques de la route. On franchit en bateau
l’anse méridionale du charmant lac d’Oïtz, et plus loin une crique de la mer intérieure
dans la province d’Idsou.
Quant aux rivières sur lesquelles les constructeurs indigènes n’ont pii, malgré toute