
Nous la côtoyons au pied do hautes parois de rochers qui foui face au promontoire. De
■sonores échos signalent, sur l'une et l’autre rive, le bruit de notre passage.
Ln instant après, nous étions à l'entrée du havre de Kanasawa. Pour éviler les atterrissements
qui s'étendent autour du promontoire, nous décrivîmes un grand arc de cercle .jusqu’à
ce que nous eussions atteint l’autre plage, à l’extrémité de laquelle Pilot de Sivosima se
dresse comme une tour. C’est par là que, virant de bord, nous pénétrâmes dans la passe,
dont le peu de profondeur permit à-nos gens de pousser le-bateau à la perche.
Le canal est bordé,- sur les deux rives, de chaumières et de petites embarcations amar-
rées dans leur voisinage.
Nous croisons plusieurs bateaux de pèche qui partent sans bruit pour le coup cle filet du
matin.
Peu à peu l’on découvre les sinueux contours de la baie. A notre gauche, des rochers,
des pins, des bois touffus, se dessinent sur le ciel, au-dessus des groupes de maisons
que 1 on devine à leurs murailles blanches. De l’autre côté, nous voyons se dérouler sous
nos yeux une plage sablonneuse, un village, une longue chaussée traversant un bras de
mer : elle est entrecoupée de deux ponts cintrés dont les noirs contours se détachent sur
la paisible nappe d’eau où nous voguons lentement.
Enfin nous sommes en face de Kanasawa.
Cette jolie bourgade, dont les blanches maisons animent le fond de la baie, s’étend au
pied de collines couvertes d’épais ombrages, parmi lesquels 011 remarque les toitures
d’édifices destinés au culte. Bien qu’elle semble, au premier abord, enfermée et resserrée
dans l’enceinte d’un cirque montagneux, elle présente, à mesure que l’on s’en
approche, de charmantes échappées de vue. Ici, un bras de mer se perd dans les rizières,
au delà des ponts qui relient la chaussée .au débarcadère vers lequel nous nou§ dirigeons.
A une autre extrémité du village, on distingue une crique profonde, au milieu d’une
étendue de marais salants. A l’entrée du port, un petit temple, entouré d’arbres fruitiers,
occupe le centre d’une île basse, qu’une jetée met en communication avec la place du
marché ; plus loin, sur un haut massif de rochers, qui domine un groupe de bâtiments
sacrés, on découvre une maison de thé avec un belvédère d’où le regard doit embrasser
tout le panorama de la baie, et même plonger sur les lignes lointaines du golfe de Yédo.
par-dessus les iles Webster et Sivosima.
Les Japonais ont un sentiment très^vif de la beauté de leur pays. Il n ’est, pour ainsi
dire, pas un site pittoresque qu’ils n’aiment à signaler à l’attention publique, en y élevant
une chapelle, un tori, une maison de thé, un pavillon, un reposoir quelconque. Nulle