
s
Les tremblements de terre, bien que fréquents, sont rarement désastreux. On les envisage
comme moins redoutables que les incendies. Ce âernier fléau offre un des spectacles
les plus pittoresques de la vie-Japonaise. iYL Layrle a décrit dans tous ses détails l’organisation
des tribus de métiers, chargées du service de sapeurs-pompiers, leur uniforme', les
instruments dont elles font usage. Ce qui ne m’a pas moins frappé dans les incendies dont
j’ai été témoin, c’est l’attitude des escadres sur la rade où se reflète la lueur des flammes^,
les vaisseaux répondant l’un après l’autre, par des signaux lumineux, aux ordres de
l’amiral; les équipages apportant en silence et avec le plus grand calme, leur concours
discipliné au milieu de la confusion des travailleurs indigènes.
PREMIÈRE IDÉE QUE L ESj J A P ON AIS SE SONT PAITE l)'UN, CHEMIN DE FER.
Bientôt une civilisation plus avancée aura considérablement réduit les dangers du feu
au Japon.
Quant aux conditions hygiéniques du pays et au régime alimentaire de ses habitants,
il suffit, pour les rendre excellents, de les combiner avec quelques améliorations européennes.
Les fièvres des tropiques sont inconnues dans le Nippon; le choléra, la dyssen-
terie, la petite vérole, redoutés^des indigènes, ne présentent pour les étrangers .pis plps
de danger qu’en Europe.
LE NOUVEL QRDRE DE CHOSES AU JAPON. 401
Mais la grande attraction ae ce pays, comme disent les Anglais, c’est qu’ils n’y ont pas
une prépondérance commerciale%ussi écrasante qu’en Chine et dans les Indes orientales.
A ce $ujet, je me fais un plaisir de confirmer et de reproduire en substance des observations
aussi judicieuses que pleines d’un intérêt pratique, récemment publiées par
M. Jacques Siegfried, de Mulhouse l .
a Le commerce de l’Orient, dit-il, devient de plus en plus démocratique, chacun peut
en prendre sa petite part, et la porte est ouverte maintenant à tout le monde.
Les Allemands et les Suisses ont profité largement de ce nouvel état de choses. Ils ne
se sont pas contentés de s’occuper des affaires relativement peu importantes encore,
quoique toujours croissantes, de leur propre pays, mais ils se sont immiscés de plus en
plus dans le commerce des Anglais, et ils sont arrivés à leur faire sur leur propre terrain
une concurrence qui augmente chaque jour.
Les relations commerciales de l’Europe avec le Japon sont loin, sans doute, d’avoir
l’importance de celles que nous avons avec la Chine et les Indes. Le commerce que l’Inde,
la Chine et le Japon font avec l’Europe et avec ses colonies s’est élevé en 1867, importations
et exportations réunies, au chiffre de 3 milliards et demi de francs. C’est plus du
double de ce qu’il était, il y a dix ans à peine.
Le mouvement d’affaires particulier au principal port japonais, Yokohama, a aussi
doublé en moins de dix ans. Il peut être évalué à cent millions de francs. C’est peu encore,
mais c’est déjà beaucoup, si l’on tient Compté des circonstances anormales et défavorables
de nos.premières relations avec le Japon. Toute proportion gardée, entre les 30 ou 34 millions
de Japonais, les 200 millions d’Hindous et les 3 ou 400 millions de Chinois, il y a
lieu d’être non-seulement satisfait, mais encore étonné dès? progrès considérables que
nous y avons faits dans le court espace de dix années. ^
Les Japonais sont, de tous les Orientaux, ceux qui s’habituent le plus rapidement à
notre civilisation et à ses besoins, et qui prennent le plus facilement goût à tous les pro-
duils de notre industrie. Il y a donc là, pour le commerce européen, les éléments les
plus encourageants. »
Deux articles principaux forment la base du commerce normal du Japon, quant à
l’exportation. Ce sont les soies brutes et le thé.' •
Malgré des fluctuations inévitables, l’importance de ces produits ne peut qu’augmenter
d’année en année.'
On évalue à 15,000 balles environ la soie que le Japon fournit actuellement à l’Europe,
et de 10 à 11 millions de livres le thé qu’il expédie en Amérique exclusivement,
car cet article n’a pas encore trouvé faveur en Europe. Je suis cependant convaincu que
tôt ou tard il y sera fort apprécié pour ses qualités hygiéniques.
Les produits d’exportation d’une valeur secondaire, qui rentrent encore dans la catégorie
du commerce régulier, sont : la cire végétale, le camphre, la noix de galle, et la
sauce do fève fermentée, connue sous le nom de soïa.
1 Seize mois autour du monde, 1867-1869, Paris, Hetzel.
m N.