
loin, sous cette forme, de constituer un tout homogène. Peut-être n’y a-t-il au fond de
cette conception indigeste rien de vraiment original que Le mythe d’Izanaghi et l’épopée
héroïque de Zinmou. Sur ces deux points toutes les sources sont concordantes. Ce n’ést
pas le cas à l’égard de certains détails que l’on pourrait mettre en relation avec des traditions
qui nous touchent de près, savoir, celles des Grecs et des Hébreux. Ainsi les sources
citées par Siebold font mention de ces trois dieux primitifs de la création, dans lesquels
on croirait retrouver la trace de la trinité biblique, tandis qu’il n ’en est pas question
dans une traduction attribuée à l’abbé Mermet.
Au surplus, nous avons affaire moins à une compilation de légendes et de fables
populaires, qu’à une oeuvre intéressée, évidemment conçue dans le but de glorifier une
dynastie, de lui attribuer un caractère divin. Cette oeuvre est donc postérieure à la fondation
de l’empire de Zinmou. Il est remarquable qu’elle ait réussi à se substituer si
complètement aux anciennes traditions orales. Ces dernières avaient sans doute quelque
chose de moins flatteur pour l’orgueil national. Elles seules auraient jeté quelque lumière
sur les origines du peuple japonais.
L’on ne saurait dire que celui-ci adopte de point en point la version consacrée à la
cour des Mikados. Je ne pense pas que, de nos jours, il y ait personne au Japon qui se
réclame sérieusement du titre de descendant du soleil ; mais tous les Japonais, sans
distinction, sauront invoquer au besoin leur mythologie nationale, pour protester contre
toute filiation que l’on tenterait d’établir entre eux et les Chinois ou quelque autre peuple
voisin.
TEMPLE KAMI.
> CH A P IT R E IX
L J C U L T E D E S KA MI S
Si le Japon était redevable de son existence politique à une émigration coréenne,
chinoise ou tartare, on découvrirait; sur quelque point des côtes occidentales de cet empire
le foyer originaire ou du moins , la première étape de son développement. Tout indique,
au contraire, que l’ancienne civilisation japonaise a pris naissance dans la partie la plus
centrale des riches contrées qui forment la base de la grande île de Nippon. Le Japon
primitif, au point de vue de l’histoire, commence aux dernières limites orientales de la mer
intérieure, et embrasse dans sa circonscription l’île d’Awadsi, qui 'sépare le bassin
d’Arima du golfe d’Osaka; puis les plages.de Nippon où s^élèvent les villes de lliogo,
d’Osaka et de Sakaï ; puis, au Nord,.dans.l’intérieur, les plaines fertiles de Kioto ; èt enfin,
au Sud-Est de cette dernière ville, les provinces montagneuses de Yamajo et d’Isyé, au
coeur de la péninsule triangulaire dont Osaka occupe l’angle Nord-Ouest, et dont le promontoire
d’Idsoumo forme lers.ommet, dans la direction du Sud, au point de jonction des
eaux de la mer intérieure avec les Ilots du Grand Océan.