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thique. Lorsque les mauvais, esprits aperçoivent l’image de Tengou à la porte des temples
de la religion nationale, ils ont hâte de passer leur chemin. La procession n ’a donc point
à redouter leur funeste rencontre.
Quant à l’ordre public, la police municipale s’en charge. Plus d’un million de specla-
teurs sauront observer en ce grand jour la plus exacte discipline. Dans toutes les rues et
sur-toutes les places que doit parcourir le cortège, il y a des estrades en amphithéâtre pour
les femmes, les vieillards, les enfants ; des places marquées pour quiconque veut en payer
le tarif; des stations libres pour les prolétaires; mais ‘chacun est tenu de demeurer tranquille
à son poste pendant toute la durée de la féte. Les marchands ambulants qui vendent
des fruds, des gateaux, du thé et du saki, ont seuls la permission de circuler en dehors des
cordeaux qui séparent la foule de la voie réservée au éortége.
La procession de Sahnoô est une espèce d’encyclopédie nationale en action, où se
trouvent -réunis pêle-mêle, et agencés l’on ne sait comment, toutes sortes de’souve^
mrs historiques, de symboles mythologiques, de traditions et de moeurs populaires,
a peu près; et sans autre point de comparaison, comme on voit dans l’antique fêté
des vignerons de Vevey, Bacchus, Silène, les'vieux Suisses et l’arche de Noé, Cérès;
Pomone et h g a rm a illis du ranz des vaches. De part et d’autre la liberté scénique
est aussi complète que possible. Quand l’art atteint cette largeur démocratique, la critiqué
n’a plus qu’à s’incliner. Passons donc aux détails les plus pittoresques de la
cérémonié.
, - -Afoici le patron des danses sacrées du daïri. L’image; revêtue du vieil accoutrement
théâtral de Kioto^ est exhaussée sur un tambour très-élevé, supporté par des figurants en
habits de fête et à chapeaux couronnés de fleurs.
Vient ensuite la procession de l’éléphant blanc. L’animal en papier-carton marche au
pas de ses porteurs, dont on ne distingue que les pieds qui se remuent sous les jambes du
colosse. Il est précédé d’une musique tartare où les sons des flûtes et des trompettes s’allient
au bruit de la grosse caisse, des cymbales, des gongs et des tambourins. Les hommes
de ce groupe portent la barbe, un chapeau pointu surmonté d’une aigrette, des bottes, une
longue robe retenue par une ceinture , et quelques-uns d’entre eux font flotter dans les
airs des bannières chinoises couvertes d’images de dragons.
Plus loin, une langouste gigantesque chemine montée par un prêtre du culte Kami et
entourée d’une troupe de nègres.
A sa suite, une centaine de cultivateurs sont attachés au char du buffle : le roi des
animaux domestiques, placé sur le véhicule, à l’ombre d’un sapin et d’un pêcher en fleurs;
est accompagné du demi-dieu qui l’a introduit au Japon.
Six autres chars sont consacrés à étaler en pittoresques trophées les instruments et les
produits de la culture du riz.
Un cortège de prêtres de la religion des Kamis compose l’escorte d’honneur d’une
voiture faite à la ressemblance de celle du Mikado et d’un splendide chariot que surmontent
le gong sacré et le coq du daïri.
D’antiques bannières, dont quelques-unes ornées d’esquisses de chevaux, précèden