
C H A P IT R E I I I
LE G O L F E DE Y É D O
L’initiative des modernes relations de l’empire japonais avec l’Occident appartient à
la Hollande.
Profitant de la sensation que l’issue de la première guerre de l’Angleterre avec la
Chine devait avoir causée dans les îles du Japon, le roi Guillaume II s’adressa directement
au Taïkoun, par lettre autographe du 15 février 1844 :
« Nous avons, lui disait-il, voué une sérieuse attention au cours des choses dans notre
époque. Les relations de peuple à peuple se multiplient rapidement. Une force irrésistible
rapproche les hommes. L’invention de la navigation à vapeur efface de plus en plus les
distances. Une nation qui voudrait rester isolée au milieu de ce mouvement général de
rapprochement, s’exposerait à de nombreuses inimitiés. Daignez donc adoucir la rigueur
de vos lois contre les étrangers, afin que les calamités de la guerre épargnent votre heu-
reux pays. »
| E t nous aussi, répondit le gouvernement japonais, nous avons suivi avec la plus
grande attention le cours des choses ; mais les événements qui viennent de changer les
conditions d’existence de l’empire chinois, n ’ont pu que nous fortifier dans notre politique
traditionnelle. Si les Chinois n’avaient pas. commis l’imprudence d’accorder aux Anglais
la liberté de s’établir à Canton, ils ne se trouveraient pas aujourd’hui au fond
de l’abîme. Quant à vous, Hollandais 1 qui, sous les réserves convenues, avez le droit
de trafiquer avec notre pays, vous vous êtes toujours comportés à notre égard en amis