
professionnelle ne souffre pas de cet état de choses. Le patron même est intéressé à ce
qu elle soit aussi complète que possible, car c’est lui qui présente à la tribu dont il est
membre, l’ouvrier qui sollicite la maîtrise, Seulement, comme .on vient de le voir,
celui-ci ne peut guère la postuler qu’à l’âge de vingt-cinq ans révolus. Aussitôt qu’il l’a
obtenue, son maître lui donne la liberté et, à titre de gratification, l’outillage nécessaire
pour monter un modeste atelier. Le mariage ne tarde pas à embellir de sa douce consécration
le nouvel établissement,
Il arrive assez fréquemment que l’ouvrier se marie avant de s’être établi ; mais c’est
CÉRÉMONIES FUNÈBRES : TOMBEAU OU L*ON DÉPOSE i/URNE CINÉRAIRE.
lorsque les circonstances économiques de ses parents lui permettent de placer sa femme
sous leur toit et à leur table, en attendant qu’il puisse lui-même tenir ménage.
Dans toutes les familles japonaises, la mort est l’occasion d’une série de solennités
domestiques plus ou moins somptueuses, selon le rang du défunt, mais en tout cas fort
à charge aux parents les plus rapprochés. Ils ont d’abord à supporter les frais des cérémonies
religieuses qui sont du domaine des bonzes : il faut payer les derniers sacrée
ments ; les veilles et les prières qui se sont faites sans interruption dans la maison mortuaire
jusqu’au moment des funérailles ; le service à domicile qui a précédé le départ
du convoi ; la messe funèbre célébrée au temple, et toutes les fournitures relatives à
l’inhumation ou à l’incinération du cadavre, telles que cercueil, draperies, cierges,
fleurs, combustible, urne, tombeau, collations et offrandes données à la bonzerie. Ensuite
vient le tour des coulies qui ont lavé le corps, et de ceux qui ont porté le cercueil,
et des valets du couvent chargés du gros ouvrage dans l’enceinte du cimetière. Mais ce
n’est pas tout, car un pieux usage impose aux gens d’une certaine condition l’obligation
d’installer à la porte de leur maison, la veille de la cérémonie funèbre, un domestique
chargé de distribuer des aumônes en petite monnaie à tous les pauvres indistincter-
ment qui viennent réclamer cette faveur. En outre, au retour du cortège, les personnes
qui’en ont fait partie s’imagineraient manquer aux plus simples égards, si elles ne prenaient
congé du chef de la famille affligée en consommant la collation que celui-ci
croit devoir leur offrir, comme témoignage de sa gratitude.
Quoi qu’il en soit de toutes ces dépensés, il faut chercher ailleurs la cause de l’impatience
à peine dissimulée avec laquelle les Japonais s’acquittent envers leurs proches-
de l’accomplissement des derniers devoirs. La vérité est que, tout aguerris qu’ils sont à
la vue du sang, aux scènes d’homicide,- ils ne peuvent surmonter, même à l’égard des
membres de leur propre famille, l’instinctive répugnance, la naïve et profonde horreur