
Le matin venu, nous nous aperçûmes que l’on construisait en toute hâte, à l’embouchure
de la rivière, un pont reliant directement la résidence des gouverneurs de Kanagawa
à notre quartier des vakounines, et que, d’un autre côté, par la chaussée du marais, la
population indigène émigrait en masse de Yokohama.
Évidemment, le gouvernement se préparait à effectuer l’expulsion des étrangers. En
privant subitement ces derniers de leurs employés, de leur personnel domestique, de leurs
relations commerciales indigènes ; en faisant occuper par ses troupes les collines qui
dominent le quartier franc, et en coupant tous les ponts, à l’exception du nouveau pont
HOUSMÉ DE YOKOHAMA.
stratégique exclusivement réservé à ses hommes d’armes et protégé par la batterie couverte
du château des gouverneurs, ainsi que par le fort de Kanagawa, il mettait la colonie européenne
dans la nécessité de s’embarquer au plus vite.
L’intervention officieuse du représentant de la France auprès du gouvernement
taïkounal, et plus particulièrement l’attitude énergique de l’amiral Jaurès, prévinrent une
catastrophe qui semblait inévitable.
L’amiral énonça la résolution de protéger de. toutes ses forces les résidents étrangers
et de . rendre le ‘.gouvernement japonais responsable de tout acte hostile ou pouvant être
apprécié comme tel.