
d’une nouvelle année, une distribution gratuite d’amulettes de papier. Les bonzes-, pour la
plupart, visitent cè jour-là leur bonnè clientèle, et, moyennant un léger casüel, lui portent
à domicile des morceaux de leur goupillon, que le bourgèois colle aux linteaux dè sa
porte pour préserver sa maison des malins esprits. Quant aux coulies et aux prolétaires de
tout genre, ils se rendent en foule au portail d’Asaksa pour avoir leur part de la même
faveur; car c’est là qu’ils peuvent, en effet, l’obtenir sans frais quelconques, mais non sans
peine. Deux bonzes perchés, au péril de leur vie, sur deux plateaux retenus par des crochets,
à mi-hauteur des colonnes du portail, ont été constitués les dépositaires d’une abondante
provision de papiers bénits. Ils en prennent par intervalles une poignée, qu’ils jet— H
tent en l’air, et des coskeis, à côté d’eux, armés de grands éventails de palmier, font
voltiger au loin les précieuses amuleltes, qui tombent sur le peuple comme des flocons dfe
neige. Attrape qui peut! Bientôt la place entière présente le spectacle d’u,ne immense confusion
de gens qui se poussent, se coudoient, se poursuivent, les uns étendant les bras pour
prendre au vol les morceaux de papier, les autres se baissant, et même se roulant à terre
pour en ramasser sur le sol. Cependant, comme les plus heureux ou les plus habiles se
retirent à mesure qu’ils ont obtenu leur part, le succès ne devient plus pour leurs rivaux
qu’une question de patience, et personne ne s’en retourne chez soi les mains vides.
Au delà du portail s’ouvre une longue et large rue dallée, nommée Kindjousan-Asaksa-
téra. Elle est coupée de ruelles transversales et occupée d’un bout à l’autre.par des marchands
étalagistes, dont quelques-uns cultivent la spécialité de l’imagerie religieuse et
des objets sacrés, tels que rosaires, cierges, statuettes, vases à parfums, châsses et autels
domestiques.
On remarque, en deçà et au delà des maisons bourgeoises, des oratoires, de petits
. temples et diverses curiosités qui paraissent offrir un vif intérêt aux pèlerins de la ville et
de la province : ici, une mia ou chapelle consacrée au culte Kami; là, entouré d’une grille
de bambou, un tronc énorme, encore enraciné, reste vénérable d’un cèdre archicente-
naire; ailleurs, au fond d’un oratoire tapissé d’ex-voto, une image miraculeuse, et plus
loin un petit temple aristocratique précédé d’une avenue de bannières plantées en terre,
chacune portant les armes et les noms de famille de quelqu’un des illustres personnages
qui ont honoré ce lieu de leur visite.
A l’extrémité orientale de la rue, une colline surmontée d’un temple s’élève au-dessus
d’un petit lac couvert de lotus et de nénufars.
Des maisons de thé déploient leurs longues galeries de bois parmi les feuilles et les
fleurs de ces belles plantes aquatiques. De l’autre côté de la voie publique, un bouquet de
^cèdres abrite une modeste bonzerie. Enfin l’on atteint le parvis du second portail. C’est
une grande place carrée, presque complètement envahie par des boutiques de marchands
étalagistes et par des baraques d’histrions. Sur la droite, deux grandes statues d’airain,
assises, la tête entourée de l’auréole bouddhiste, dominent, du haut d’une terrasse de gra- ?
nit, le tumulte d e ja foule. Deux énormes gardiens du ciel protègent , de ¿eur |eôté, le
second portail, comme leurs deuxcollègues défendent l’entrée du premier.
Les galeries qui entourent l’étage supérieur de l’édifice permettent d’embrasser d’un*