
en valeur commerciale, avec des pays de dimensions aussi colossales que la Chine et
Flndoustan.
11 convient de remarquer, en outre, que-ni l’exploitation des matières textiles ni celle
des produits alimentaires de première nécessité ne sont plus, de nos jours, le monopole
de tel ou tel peuple en particulier. La concurrence, dans ce genre d’approvisionnements,
marche à pas de géant pour le plus grand bien de l’humanité. Le coton de l’Inde s’est fait
une place sur nos marchés à côté du coton d’Amérique, et le canal de Suez ne tardera pas
beaucoup à nous amener le colon des nouvelles régions explorées en Afrique. L’Europe,
il y a dix ans à peine, dépendait uniquement du marché chinois pour le thé et pour la soie.
Elle dispose maintenant de deux marchés rivaux, la Chine et le Japon. Bientôt il en existera
peut-être un troisième, en Californie, où déjà des entrepreneurs européens plantent le
mûrier et introduisent l’élève du ver à soie, avec l’aide de colons japonais. #
L’agriculture est à la base des sociétés, mais celles-ci ne grandissent que par les arts ou
parle commerce et, mieux encore, par le développement constant bt simultané de ces trois
branches de l’activité humaine.
Le fondement de l’ordre social chez les Japonais, comme chez les Chinois, c’est l’agriculture,
que les uns et les autres ont poussée au plus haut point de perfection. Pour tout
le reste ils dénotent des aptitudes très-différentes. On peut dire, d’une manière générale,
que les Japonais ont à un faible degré le génie du négoce et qu’ils montrent de grandes
dispositions naturelles pour les arts et pour l’industrie. Les Chinois, au contraire, satisfaits
de leurs procédés techniques traditionnels et indifférents à tout progrès, excellent dans la
banque comme dans l’usure, dans le haut commerce aussi bien que dans le plus infime
brocantage. Laissons donc aux Chinois le commerce, et donnons aux Japonais l’industrie.
M. Siegfried les surnomme, non sans raison, les Français de l’Orient. 11 importe désormais
qu’à côté de leurs qualités aimables, ils développent celles qui font les fabricants,
les mécaniciens, les navigateurs.
Sous la zone tropicale l’introduction des arts mécaniques est sinon impossible, du
moins sans aucune chance rémunératrice. La Chine, pour ce qui la concerne, se refuse à
toute innovation de ce genre. Le Japon, par sa position géographique, par les richesses
houillères et métalliques de son sol, par les conditions de son climat et par le génie inné
de ses habitants, me semble destiné à devenir le siège des usines, des manufactures, de
l’industrie et de la navigation de tout le bassin occidental du grand Océan.