
perfection d’exécution, elle est également admirable dans les oeuvres sorties des ateliers
de l’une au de l’autre capitale.
Je ne saurais entreprendre de faire l’application de ces observations générales
à tous les groupes de produits industriels que l’on Remarque dans les magasins de
Yédo. C’est un sujet qui mériterait d’être traité par des hommes spéciaux, et je ne puis
que l’effleurer en y consacrant les quelques notes recueillies dans le cours rapide de nos
excursions.
Arrêtons-nous devant un magasin d’objets d’art et d’industrie, avec les curieux de
tout âge et des deux sexes, qui ne cessent d’affluer sous la galerie couverte d’où l’on
examine l’étalage. Ils contemplent avec une naïve admiration de grands aquariums en
grosse porcelaine bleue et blanche, où des poissons rouges s’ébattent dans une eau
limpide reposant sur un lit de petits coquillages. Au centre des bassins, trois ou quatre
plantes assorties, en pleine végétation, marient en un groupe pittoresque l’éclat de
leurs couleurs et les gracieux contours' de leurs feuilles, de leurs fleurs et de leurs
rameaux.
Aucun détail de ces harmonieuses combinaisons végétales n’est abandonné au
hasard. Chaque jour, pour ainsi dire, la main de l’horticulteur dirige l’oeuvre de la
nature, lui assigne des limites, ou la force de se déployer dans le cadre qu’il lui trace.
-Ce qu’il y a de plus remarquable encore, c ’est que jamais sa fantaisie ne l’entraîne
aux aberrations qui, en Chine et ailleurs, outragent la nature, la peuplent d’arbres taillés
en figures géométriques et d’arbustes arrangés en façon d’animaux. Le goût des Japonais
dans les arts populaires, demeurant indépendant des influences conventionnelles des deux
cours, a toute la fraîcheur d’une civilisation qui ne fait que dé s’épanouir. Aussi n’est-il pas
exempt d’une certaine puérilité : témoin la passion, véritablement enfantine, de toutes les
classes de la société pour les fleurs gigantesques et pour les arbres nains. J ’ai vu des aquariums
de dimensions quelque peu exceptionnelles, où l’on avait su réunir les éléments d’un
paysage complet : un lac,-des îles, une partie de rochers, une cabane sur la plage, et au
sommet des collines un bosquet véritable, parfaitemént vivace, de bambous et de cèdres
en miniature ; parfois même on y ajoutait quelques figurines lilliputiennes allant et venant
à l’aide d’une.manivelle, comme les faux automates des orgues'de Barbarie.
Cette sorte d’enfantillage se retrouve dans une foule de détails de la vie japonaise.
Ici, on apporte une jonque en porcelaine au milieu d’un cercle de convives : cette jonque
se démonte en diverses pièces qui constituent tout rassortiment des ustensiles nécessaires
pour servir le thé. Là, une partie de la vaisselle d’un repas se compose de tasses si
mignonnes, en porcélaine si fine, si transparente, si légère, que l!on ose à peine y
toucher du bout des doigts. 11 y a des tasses et des coupes de cette porcelaine, dite coquille
d’oeuf, qui sont, protégées au moyen d’une enveloppe très-joliment tressée en filaments
de bambou.
On orne les ¡salons de cages à papillons, et de volières surmontées d’un vase à fleurs
d’où pendent de tous côtés dès plantes sarmenteuses, qui font apparaître les oiseaux
comme nichés sous un dôme de verdurei Les lanternes de papier suspendues au