
SALLE D’EXHIBITION.
CHA PITR E LI
S I N - Y O S I W A R A
Où va cette femme pauvrement vêtue, conduisant par la main une jeune fille de sept
ans, parée de ses habits de fête? Après avoir déposé son offrande devant l’autel de Quan-
non, elle prend à petits pas, avec son enfant, le chemin qui traverse les rizières et qui
longe, à l'Orient, le fossé de Sin-Yosiwara. Pendant près d’une heure de marche, elle
a sous les yeux la muraille d’enceinte de la cité du vice. Celle-ci n’est accessible que sur
un point, du côté du Nord. Là, une haute porte à vaste toiture s’élève à l’extrémité d’une
rue montueuse, mal entretenue, et cependant signalée à l’attention des passants par de
grandes affiches placardées sous l’auvent d’un pilier public. Des hommes avinés jettent
à l’infortunée mère d’ignobles plaisanteries. Elle y répond parce que les convenances
exigent qu’elle donne la réplique ; mais sa voix tremble : tout ce qui l’entoure lui
fait peur. Aucune femme ne se montre sur son chemin. Les élégants norimons de dames
que des coulies transportent dans la direction de Yédo sont hermétiquement fermés.
;On en voit, d’autre part, qui reviennent à vide. Des individus de toute condilion se
.croisent dans la rue, sans se saluer, sans échanger entre eux la moindre politesse. Ceux
qui appartiennent à la classe des samouraïs se cachent sous un déguisement complet
ou sous .une coiffure qui les rend méconnaissables. Les maisons, .des. deux côtés de la
•voie publique, paraissent être des dépendances du quartier privilégié. Les plus misérables
abritent une nombreuse population de coulies, de porteurs de eangos et de nori-
imons, de marchands de bric-à-brac, de tresseurs de nattes et d’autres gens de métier.