
ses rocs-et la terre de Kiousiou qu’un passage ou goulet de 5 kilomètres de longueur sur
trois quarts de largeur. Au point de vue mercantile, elle est le noeud où se croisent les deux
principales artères du Japon : l’une, par la voie de la mer intérieure; l’autre, par J a
grande route impériale qui traverse premièrement l’île de Kiousiou, de Nagaèaki à
kokoura,.en face de Simonoséki ; et, deuxièmement, l’île de Nippon, de Simonoséki à
Osaka, puis à Kioto, puis à Yédo, dans la direction de l’ouest à l’est, aussi bien que du
sud au nord, à partir de Yédo, jusqu’à la côte qui fait face au port d’Hakodate, sur l’île
de Yéso.
Les relations actuelles du Japon avec les grandes puissances maritimes de l’Occident
sont de nature à faire regretter que l’on se soit écarté du plan modeste, mais sagement
conçu, de l’ancien commissaire royal des Pays-Bas.
Simonoséki semblait être destiné à devenir le port franc de* toutes les nations commerçantes
qui viennent se rencontrer sur le sol du Japon.
Notre corvette ayant passé la nuit à l’ancre, la proue tournée vers l’entrée du détroit
de V an der Capellen, nous reprimes, dès les six heures du matin, notre direction de
marche dans le sens du courant : le détroit à barrière, l’île de Nippon à bâbord, c’est-à-
dire à notre gauche, et l’île de Kiousiou à tribord.
Jusqu’au moment du départ, les embarcations indigènes se succédèrent autour de nous
en nombre toujours croissant : d’abord, des barques de pêcheurs, ceux-ci couverts d’un
rustique manteau de paille ; puis, de gros bateaux caboteurs, la proue bardée de cuivre,
chacun contenant d’ordinaire tout un ménage ; ensuite, un canot gouvernemental, d’où
nous vîmes sortir deux officiers de police qui montèrent à notre bord et interrogèrent
les pilotes indigènes ; enfin, des gondoles de citadins, accompagnés de domestiques portanl
des parapluies. Souvent l’on remarquait, parmi les groupes- de curieux, de bons papas
entourés de leurs enfants et leur signalant les détails les plus extraordinaires du gros vaisseau
de guerre hollandais; d’autres fois, sous la protection de quelque grave personnage,
des femmes et des jeunes filles-coiffées avec soin : ces dernières se distinguant des femmes
mariées par une petite pièce de crêpe écarlate entrelacée dans le savant édifice de leur
épaisse chevelure.
Le spectacle était aussi animé qu’intéressant; mais je ne pouvais prendre mon parti
de la pauvreté du costume japonais : ces gens enveloppés d’une simple robe de chambre de
coton, et n ’ayant d’autre chaussure que des sandales de paille, me donnaient le frisson, et
certes ils ne frissonnaient que trop eux-mêmes par cètte froide matinée.
A sept heures nous sommes en marche. Nous n’avons plus le vent du nord, mais un
vent d’est, debout, contre lequel nous luttons victorieusement à l’aide d’un courant de
fi milles à l’heure.
Des deux côtés du chenal, s’élèvent des montagnes boisées. Il y a des lois au Japon qui
protègent les forêts : j ’ai entendu dire que personne ne peut abattre un arbre sans en planter
un autre en échange. Ici les arbres de haute futaie sont cependant clair-semés et comme
espacés à intervalles réguliers parmi les taillis.