
plus redoutable ennemi jusqu’à cette époque, ce sont de jolis petits oiseaux au corsage
roux et blanc, qui s’abattent comme la grêle sur les tiges chargées de graine, en font
tomber à terre le fruit mûr et le livrent au pillage avec des cris d’avidité et des piétinements
de joie assurément pleins de charme pour l’observateur impartial, mais dignes
d ’u n tout autre genre d’intérêt pour le propriétaire de la moisson. Aussi le voit-on
s’ingénier à crie r toutes sortes d’épouvantails sur les points qu’il juge les plus menacés :
des:tourniquets de bambou disposés à la manière des ailes de moulins à vent ; une
croix supportant un manteau de joncs et un large chapeau de paille; un mannequin
simulant un homme armé d’un arc avec une flèche en travers. Rien de tout cela cepen
dant ne parait avoir exercé sur les oiseaux de riz une influence très-moralisante,
puisque l’on en est venu à fixer à des perches et à tendre au-dessus de la rizière tout
un réseau de cordeaux de paille tressée, munis d’appendices mobiles de la même matière :
L E PAYS ET LE P EU PL E . 89
engin des plus efficaces, à condition qu’on Jæ maintienne sans cesse en mouvement.
Telle est la tâche d’un jeune garçon qui pendant toute la journée, lorsque le vent ne
souffle pas, doit tirer, à la façon d’un sonneur de cloche, la corde destinée à mettre en
branle le réseau protecteur. Quand la berge de la rizière n’est pas assez haute pour
fournir à l’enfant un poste convenable, on lui dresse sur quatre bambous un siège
aérien, que l’on abrite d’une petite toiture de roseaux. .
Il y a au Japon plusieurs espèces de riz. Celui de la plaine est le plus estimé, celui
des collines: n’a pas besoin d’être aussi longtemps submergé que le premier. Toutefois,
MOULIN A BIZ.
je l’ai vu soumettre au printemps à des procédés d’irrigation qui ont coûté beaucoup
de travail, la création de réservoirs sur le plateau supérieur dé là . colline et .l’établissement
de nombreux canaux se déversant sur toutes les terrasses' préparées pour la
culture du riz.
L’assolement se pratique de temps immémorial dans cette contrée. Telle terrasse
convertie en rizière portera, l’automne prochain, du froment ou du millet. Les Japonais
pourraient encore çà et là défricher des terrains de montagne, mais ils ne laisseront
jamais en jachère une terre labourable.
L’arbuste à thé ne fait pas dans nos environs l’objet d une exploitation agricole.
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