
gieuses du moyen âge ont disparu en nous léguant cependant leur kermesse, la foire populaire,
qui d’année en année s’était développée sous leur protection. La grande kermesse
de Munich porte encore aujourd’hui un nom, celui de Dult, qui rappelle que primitivement
l’on y faisait surtout le trafic des indulgences. De même à Yédo, certaines fêtes rappellent
les noms des anciennes divinités nationales : la déesse du soleil, Ten-sjô-daizin ;
le dieu de la lune, Sosano-wô-no-mikoto ; le dieu de l’eau, Midsou-no-kami ; le patron du
riz, Inari; le dieu de la mer, Yébis; le dieu de la guerre, Hatchiman, dont on célèbre
l’anniversaire le premier jour du Lièvre du second mois (mars). Mais ce qui caractérise ces
solennités, ce sont la pompe théâtrale et les séductions de tout genre que l’on y déploie : ici,
les processions, les choeurs de musique, les danses et les pantomimes des prêtres; là, les
mascarades et les représentations scéniques en plein vent; ailleurs, les illuminations; ou
encore, certaines spécialités de jeux publics : un tir à 1 arc, des courses de chevaux, des
luttes d’athlètes, des loteries publiques, et presque partout un marché quelconque de fruits
ou de poissons de la saison, de pâtisseries, de sucreries, de fleurs, et même d’objets usuels,
tels que des éventails, des parapluies, des objets en paille tressée, des lanternes de papier
et des jouets d’enfants.
Quoi qu’il en soit, le sujet des matsouris, dans une ville comme Yédo, où les temples
se comptent par centaines, défie toute énumération et même toute description détaillée.
Quelques rapides e^juisses suffiront cependant pour donner une idée du genre, et je les
prends parmi les fêtes qui, plus que toutes les autres, ont le privilège de mettre sur pied
la population presque tout entière de la grande ville.
Le cinquième jour du cinquième mois (juin-juillet), on se rend en foule dès le matin
dans les bois du faubourg de Foutchiou pour y cueillir des herbes dont la vertu est réputée
souveraine dans les cas de maladies contagieuses. Une foire improvisée sur la lisière de la
forêt invite les pèlerins à se pourvoir de tout ce qui leur est nécessaire, et meme au delà,
pour qu’ils puissent passer cette journée sans privations quelconques.
Le soir venu, les prêtres de la Roksa-mia, dans le voisinage, procèdent Soudainement
à la purification annuelle des lieux saints. Tandis que Ion nettoie le temple, une procession
solennelle doit promener dans les bois, pendant la plus grande partie de la nuit, les
reliques et le mobilier du sanctuaire. Des bûchers de bois résineux sont préparés dans les
cours de l’enceinte sacrée, au pied des toris de 1 avenue, dans les eclaircies ou les carrefours
de la forêt, et sur toute la route que parcourra le cortège.
A un signal donné, au bruit des fifres, des gongs et des.grosses caisses de la bonzerie,
tous les bûchers s’allument à la fois, et la procession se met en route, abondamment pourvue
de lanternes de papier transparent de diverses couleurs. De tous côtés, la foule accourt
sur le passage du cortège en poussant des cris de joie, auxquels répondent par milliers
les oiseaux effarés, surpris dans leur sommeil par ces lueurs et ces clameurs étranges.
En tête de la procession, derrière le premier corps de musique, marchent les chevaux
d’honneur du Kami, conduits à la bride par des palefreniers revêtus de 1 antique costume
national. A leur suite viennent les grands prêtres et leurs acolytes, et leurs serviteurs portant
les armes sacrées, trophées des anciens héros ; enfin, précédés du gohei, I antique