
dont les revenus annuels sont de 10,000 kokous ou sacs de riz, ce qui représente une
valeur de 160,000 francs.
Plus loin, passant un pont jeté sur une rivière au cours rapide et marchant vers
l Ouest, nous approchons de cette chaîne de montagnes boisées qui divise efi deux versants
la presqu’île de Sagami. Autour de nous tout le sol est en culture; les champs de
fèves ont remplacé le froment récolté au mois de juin ; les champs de riz ondulent, encore
verdoyants mais déjà chargés de.graines. Les sentiers qui les longent ne laissent de place
que pour mettre un pied devant l’autre. Quant à la route que nous suivons, deux chevaux
à peine y chemineraient de)front. Nous y rencontrons un obstacle singulier: un bon vieux
et sa femme ont fait choix de ce gîte pour passer économiquement la nuit. Ils y dorment
sur deux nattes de bambou qui sont probablement leurs manteaux de voyage. Un monceau
de cendres fumantes indique qu’ils ont fait un feu de roseaux pour éloigner les moustiques
de leur couche champêtre.
Depuis lè pied des collines, la route serpente parmi des roches de grès, parfois
taillées à pic, le plus souvent percées de grottes où l’on découvre de petites idoles, des
autels, des ex-voto. Au sommet du col, il y a une cabane de planches et de nattes
adossée à une paroi de rocher et contenant quelques bancs, un foyer, des ustensiles
destinés à servir le thé et le riz. A cette heure matinale, elle' est encore déserte, et
son mobilier reste abandonné à la bonne foi publique. J ’ai vu quelque chose de pareil
dans les pasangrahans des montagnes de Java.
La descente èst rapide. Un beau faisan doré nous regarde de la lisière d’un petit
bois. L’un de mes compagnons ne peut résister à la tentation de lui lâcher un coup
de revolver. Le faisan, qui n ’a pas été touché, ne se dérange pas pour si peu. Cependant,
toute réflexion faite, il trouve bon, pour mieux observer, de se percher au sommet
d’un chêne, où, à ma vive satisfaction, il est hors de portée de nos armes.
Nous traversons,, à mi-côte,, un village coquettement groupé parmi les arbres et les
fleurs, sur les bords d’un torrent que l’on a canalisé pour amener de l’eau à des moulins
à riz. Quelques indigènes sont occupés autour de leurs habitations. En nous apercevant,
une; femme) se hâte dé rappeler ses deux enfants qui faisaient leurs ablutions matinales
dans une) anse du torrent, et les petits sauvages rentrent à toutes jambes à*la maison.
Peu à peu la route s’anime de piétons et de chevaux de somme.
La contrée qui nous environne, offre une succession non interrompue de gracieuses
ondulations Ide terrain, ) descendant par degrés jusqu’à la mer. Celle-ci forme, en face de
nous.,.;un golfe arrondi, azuré, où brillent les falaises de l’île d’Inosima. La cime blanche
du Eousi-yama décoré, au loin, le fond vaporeux du tableau.
Partout la campagne.est; cultivée, parsemée de bosquets, entrecoupée d’eaux bondissantes;
sur. lesquelles sont jetés de légers ponts cintrés.; Des chaumières rustiques et des
maisons de belle apparence, fraîchement vernies, ornées de jardins de fleurs, sont répandues
en grand nombre le long de la route)ou au penchant des collines, ainsi que des
chapelles, ; des, candélabres sacrés, des 'idoles” de granit et; des monuments funéraires.
Lës abords de Kamakoüra sont ceux d’une grande ville; mais la grande ville j i ’existe