
174 E y O
On fera enfuite remettre, les files de la droite •&
•de la gauche dans la même pofition que celle du centre
, en faifant faire un à-droite fur le talon droit, aux
files de la droite, & un à-gauche fur le talon gauche,
•aux-files de la gauche ; alors tout le bataillon fera face
du même côté A B , & il aura diminué-également
fon étendue vers la droite & la gauche.
■ Re m a r q u e s .
x I. Il eft évident -qu’on ferrera de la même maniéré
le bataillon fur telle autre file qu’on voudra.
II. On peut ferrer le bataillon de pié ferme fur
telle de fes files que l’on v eu t, comme on vient
de 1! ’expliquer ; mais on peut aulîi le ferrer de même
en marchant ; alors les files s’approchent en marchant
autant qu’il eft poffible, de celle fur laquelle
elles doivent le ferrer.
A r t i c l e IV .
X)es differentes maniérés d'ouvrir le bataillon. Les
mouvemens neceffaires pour ouvrir le bataillon font
-abfolument les mêmes que ceux qui fervent à le fer-
fe r ; mais ils s’exécutent en'fens contraire. Ainfi on
peut ouvrir le bataillon :
1°. ■ C en-avant.
2°. > par rangs. v en-arriere. 3°. / en-avant & en-arriereJ
4°* * vers la droite. 5°- > par files. ’ vers la gauche.
6°. * vers la droite & la gauche.
Pour ouvrir le bataillon A B C D (Jig. /3.) par
rangs en-avant, on ordonne au dernier rang D C
de ne point bouger ; aux autres de marcher en-
avant.
On obferve de ne faire marcher le fécond rang,
qu apres que le premier eft avancé d’une diftance
convenable ; le troifieme, qu’après que le deuxieme
a marche un peu en - avant.; & ainfi des autres
rangs.
Lorfque le premier rang eft auffi avancé qu’on
le veut, & qu ils fe trouvent à-peu-près également
efpacés ou diftans les uns des autres , le commandant
du bataillon leur ordonne de s’arrêter, en di-
fant halte.
La figure fait voir ce mouvement achevé ; le premier
rang A B C étant parvenu;enf i G , le dernier
n’a point bougé.
Les zéros marquent la place que le fécond & l e
quatrième rangs occupoient avant de marcher en-
avant.
On fuppofe dans la figure que l’on a doublé l’intervalle
des rangs : ainfi le premier A B s’effavan-
cé d’un intervalle A F , égal à la profondeur du bataillon
; le fécond s’eft avancé du premier à la diftance
d’un intervalle, double de celui qui étoit d’abord
entre les rangs ; le troifieme eft venu occuper
la place A B du premier; & le quatrième, celle du
troifieme ; le cinquième D C n’a pas bougé.
On ouvrira de la même maniéré le bataillon par
rangs en-arriere.
On ordonnera au premier rang de ne pas bouger;
on fera faire demi-tour à droite aux autres rangs*; &
l ’on commandera enfuite au dernier rang de marcher
devant lui autant qu’on le jugera néceffaire • &
aux autres rangs de marcher à fa fuite comme dans
le mouvement, pour ouvrir les rangs en-avant.
Lorfqu’on les trouvera affez avancés, on leur ordonnera
de s’arrêter & de faire demi-tour à gauche ,
pour faire face du même côté que le premier rang.
Pour ouvrir le bataillon A B C D {figure / (T.) en-
avant & en-arriere, on ordonnera au rang du centre
F G de ne point bouger ; &.à ceux de derrière,
de faire demi-tour à droite. On fera enfuite marcher
les premiers & derniers rangs en-avant, dans le mê-
E V O me fems , autant qu’on le jugera néceflaire ; on les
fera enfuite arrêter en difant halte. On commandera
aux derniers rangs de faire demi - tour à gauche :
alors le bataillon A C B D occupera l’efpace H1LK ,
c’eft-à-dire qu’il aura augmenté en -a v an ten -a r -
nere l ’efpace qu’il occupoit d’abord.
Pour ouvrir les bataillons par files, il faut regarder
les rangs comme des files, en faifant faire à droi-
te ou à gauche aux files, luivant les mouvemens
qu elles doivent faire en-avant ou en-arriere ; & fai-
Tant enfuite tout ce qui a été pratiqué ci-devant pour
ouvrir les rangs du bataillon ; on ouvrira également
les files.
Ainfi pour ouvrir le bataillon X (fig. 17.) par files
vers la droite , on ordonnera à la file A B de la
gauche de ne pas bouger, & aux autres de faire à-
droite. On les fera enfuite marcher en-avant ; ob-
fervant que la fécondé ne fe mette en marche, que
lorfque la première aura fait quelques pas en-avant.
La troifieme de même, après la deuxieme ; ainfi de
fuite. Lorfque la file de la droite fera affez avancée,
on ordonnera à toutes les files de s’arrêter, ou de
faire halte ; on fera faire à gauche, fur le talon droit,
a toutes les files, excepté la première A B qui n’a
pas bougé; & le bataillon fera face alors du même
cote A C.
On ouvrira de la même maniéré le bataillon par
files vers la gauche, & vers la droite & la gauche en
même tems, en ordonnant à la file du centre de ne
pas bouger ëc.
Il eft évident que par ce mouvement on augmente
le front du bataillon, de la même maniéré que par
celui de^l’article précédent, on augmente fa profondeur
: c’eft pourquoi fi l’on veut faire écarter les files
, de maniéré que leur intervalle foit double de
celui qu’elles ont ordinairement quand elles font ferrées,
il faut qüe la file de la droite, fi l’on ouvre le
bataillon,de ce cô té, marche devant elle d’un efpace
égal à celui du front de la troupe ; & que les autres
3lîjJa fo*vent reglent leurs pas, de maniéré qu’elles
laiffent infenfiblement entre elles un intervalle double
de celui qu’elles avoient d’abord.
Si 1 on vouloir que l’intervalle des files devînt triple
ou quadruple , &c. il faudroit que la file du flanc
du bataillon, dit côté qu’on veut l’ouvrir, s’avançât
d un efpace triple ou quadruple , &c. du front qu’i l
avoit avant ce mouvement.
Lorfqu’on veut doubler l’intervalle des files, ou
au heu de deux petits pas d’un pié & demi qu’elles
occupent, étant ferrées, leur en donner un de quatre
le foldat qui fuit la première file qui marche en avant
fur la droite ou la gauche du bataillon, commence à
marcher aurtroifieme pas de la file qui le précédé :
au cinquième, lorfque l ’intervalle des files doit être
triple, &c. & cela afin que toutes les files marchent
enfemble, & que le mouvement foit plus promptement
exécuté,
R e m a r q u e .
Dans les différens mouvemens exécutés dans les
articles précéd.ens, on a toujours obfervé de faire
marcher les foldats en avant, & non pas de cô té, ou
par pas obliques, afin de rendre ces mouvemens plus
Amples & plus réguliers. On fe difpenfe néanmoins
quelquefois de cette iimplicité de mouvement , qui
n’eft pas, à la , vérité, d’une néceflité abfolue, mais
qu’il eft bon de conferver pour accoûtumer les troupes
à exécuter avec grâce & précifion les com-
mandemens qu’on leur fait pour changer leur ordre
de bataille ou. leur première formation. Cette méthode
eft d’ailleurs très-ancienne , puifqu’elle étoit
obfervée dans les mouvemens de la phalange des
Grecs,
E V O A r t i c l e V*
De la manière de doubler les rangs & les files d’une
. troupe ou d'un bataillon , & de les dédoubler.
Doubler les rangs d'une troupe , ce n’eft pas lui eii
donner huit lorfqu’elle n’en a quë quatre ; & doubler
les files, ce n’ëft pas nom plus fi elles font, par
exemple , au nombre de 1 zo en former 24Ô ; mais
doubler les rangs, c’eft' doubler le nombre d’hommes
de chaque rang ; & doubler lés files, c’eft également
doubler le nombre d’hommes dont elles font com-
poféeS.
Ainfi fi l’on a un bataillon dans lequel- les rangs
{oient de 120hommes; doubler les rangs de ce bataillon
, c ’eft les mettre à 240 ; & doubler les files,
fi elles font à quatre hommes , c ’eft les mettre à
huit.
Il eft évident qu’en doublant les rangs , on augmente
le front du bataillon de moitié , mais qu’on
diminue aufli fes files de moitié, & qu’en doublant
les files, on diminue le front du bataillon de moitié,
mais qu’on augmente fa hauteur de moitié : car comme
le bataillon eft compofé de deux dimenflons, favoir
, de fon étendue de front, & de fa hauteur ou
profondeur , & que dans les différens mouvemens ,
dont nous venons de parler , on n’y ajoute pas de
nouveaux foldats ; il eft clair qu’on ne peut augmenter
une dimenfion qu’aux dépens de l’autre, e’eft-à-
dire le front que par la hauteur, & celle - ci par le
front.
Comme ces manoeuvres d’augmenter & de diminuer
les rangs & les files du bataillon fe font plus
commodément, & par cette raifon plus ordinairement
en les augmentant ou diminuant de la m oitié,
que fi on les augmentoit ou diminuoit de toute autre
partie, elles ont été appellées doublemens & dé-
doublemens : de-là vient qu’on les énonce par ces ex-
preflions, doubler & dédoubler les rangs , doubler &
dédoubler des files.
Ces. différentes évolutions ont pour objet d’étert-
dre ou de refferrer le bataillon , pour augmenter la
force de l’une ou de l’autre de fes dimenfions, fui-
vant le terrein qu’il doit occuper, & la pofition dé
Fennemi qu’il doit combattre. On va donner la maniéré
de les exécuter.
On peut doubler les rangs en avant & en arriéré,
& les différentes manoeuvres de faire ce mouvement
, peuvent, fuivant M. Bottée , fe réduire à
cinq principales.
i° . Par rangs.
2°. Par demi-files.
30. Par quart de files.
40. Sur les aîles. .
50. En-dedans ou dans le centré.
Par le premier doublement, on double Finterval-
lé des rangs en doublant leur étendue.
Par le deuxieme, on conferve le même intervalle
des rangs en les doublant.
. Par le troifieme, on partage la troupe en deux
parties, lorfqu’elle a beaucoup de hauteur, enforte
qu’il y 1 a entre ces deux parties un intervalle capable
de contenir plufîèurs rangs.
Par le quatrième > on ouvre lëS-files loffqu’elles
font trop ferrées , de maniéré qu’on puiffe paffer
dans les intervalles, & l’on met lès- chefs demi-files
au premier rang. “ '
. Enfin le cinquième, c’eft lorfque les files font trop
ferrées , & qu’on veut que le premier rang occupe
les aîles ou les flancs du bataillon.
Premi er Problème. ,
Doublet les rangs à droite en-avant.
On commandera au premier & au troifieme rangs
de ne point bouger, & au deuxieme & au dernier
E y O 175
de marcher enfemble ; favoir , le feêond , pour entrer
dans les intervalles des hommes du premier, &
le quatrième, pour entrer dé même dans le troi-
fîeme;
Pour entrer ainfi les uns dans les autres ; chaque
foldat du fécond rang va fe placer & la droite de fon
chef de file dans le premier, de même'chaque foldat
du quatrième à la droite du troifieme rang qui eft
dans la même file*
Si lë doublement fe faifoit à gauche, chaque foldat
du deuxieme & quatrième rang fe placeroit à la
gauche du foldat qui eft v is - à - v is de" lui dans le
rang qui doit être double, »
Si la troupe étoit fur un plus grand nombre de
rangs que quatre, par exemple fur f ix , il faudroit
ordonnera lors au premier, au troifieme-& au cinquième
de ne point bouger, ou Ce qui eft plus commode
, ordonner, comme on le fait dans l’ufage ordinaire
, aux rangs impairs de ne point bouger , &
aux autres, c’eft-à-dire aux rangs pairs ,- de doubler,
& c .
On double plus communément les rangs à. gauche
qu’à droite , mais ce mouvement n’a pas plus
de difficulté d’un côté que de l’autre.
Soit la troupe ou le bataillon A B C D (fig. 18. ) ,
dont on veut doubler les rangs à droite , on commandera
donc au premier A B , & au troifieme E Fy
Ou aux rangs impairs, de ne point bouger , & aux
deux autres , de doubler ; favoir , le fécond G H >
dans le premier A B , & le dernier D C , dans le
troifieme E F ; alors les foldats de G H iront fe mettre
chacun à la droite de leur chef de file dans le
rang A B , pendant que ceux de D C feront de mè*
me dans E F.
Pour faire' remettre cette troupe dans fa:premiere
pofition , on dira : rangs qui ave{ doublé y remettez-
vous ; alors • lés rangs qui ont doublé, font demi-
tour à droite fur le talon droit, lorfque le doublement
a été fait à droite , comme on le fuppofe , i c i ,
& à gauche fur le talon gauche, lorfqu’il a été fait à
gauche ;. & au mot de m a r ch e , l e s foldats dés rangs
qui ont doublé,' partant du pié gauche, font autant
de pas pour reprendre les places qu’ils occupoient
d’abord, qu’ils en ont fait pour joindre les rangs
qu’ils ont doublés.
Lorfqu’ils y font parvenus, on leur ordonne de
s’arrêter,& enfuite défaire face en tête par un demi-
tour à droite fur le pié droit, ou par un demi-tour
à gauche fur le talon gauche.
On doublera de la même maniéré les rangs en arriéré
; & pour cet effet, on fera entrer le troifieme
rang dans le quatrième , St le premier dans le fécond.
R e m a r q u e s .
I. Plufieurs officiers font remettre par un à-droite
ou par un à-gauché , ■ •■ les rangs qui ont doublé ; fie
. cela, parce que les foldats de ce» rangs n’ont pas
ordinairement affez de place dans les rangs qu’ils
ont doublés, pour faire commodément le demi-tour
à droite ou à gauche : d’ailleurs la marche en devient
un peu plus aifée, le foldat fe- préfentant alors plus
direôement à la ligne oblique qu’il doit décrire pour
fe remettre, & que de plus, il ne s’agit plus , lorf-
qu’il eft parvenu à fon premier poffe, que dé faire
un à-gauche fur le talon gauche , pour faire feu à
fon Cnèfde file1.
IL II eft évident que pour doubler des rangs , il
faut qu’ils foient en nombre pair dans le bataillon ;
c’eft pourquoi s’il devient en nombre impair, comme
, par exemple, cinq où fept » Oh fupprimeroit le
dernier rang, & l’on en formeroit des files à la droi-,
te ou à la gauche du bataillon.