
autres maifons en France fous un général particulier.
Il y a aufli des religieufes appellées Feuillantines,
qui fuivent la même réforme, & dont le premier
couvent fut établi près de Touloufe en 1 590, & depuis
transféré au fauxbourg de faint Cyprien de la
même ville. (G)
FEUILLANTINE , f. f. tn terme de Pâtiffier, eft
une efpece de chauffon qui fe fert aux entre-mets.
FEUILLE , f. f. (Botan.) en latin, folium, lorf-
qu’on parle de feuilles des plantes ; & petale, peta-
lum , quand on parle de feuilles des fleurs. C eft Co-
lumna qui le premier a fixé le mot petale à fignifier
la feuille des fleurs, & nous avions befoin de ce nouveau
terme (voye^ donc P e t a l e ) ; car nous ne parlons
ici que des feuilles des plantes, d apres la méthode
de M. de Tournefort, que nous fuivons aflez
volontiers dans cet ouvrage.
Tout le monde connoît de vue cette partie des
plantes nommée feuilles, qui vient ordinairement au
printems, &c qui tombe au commencement de rau-
tonne. Tout le monde fait encore qu’il y a des plantes
qui les confervent, St d’autres qui n’en ont point,
comme l®s truflcs, àc quelques efpeces de champignons.
On peut confidérer les feuilles des plantes par rapport
à leur ftruéhire, à leur fuperficie, à leur figure,
à leur confiftance, à leurs découpures, à leur fitua-
tion & à leur grandeur.
Par rapport à leur ftruûure , les feuilles font ou
fimples ou compolées.
Les feuilles Amples font celles qui naiflent feules
fur la même queue, ou qui font attachées immédiatement
à la tige ôt aux branches, fans être fubdivi-
fées en d’autres feuilles; telles lont les feuilles du poirier
, du pommier, du giroflier, de l’oeillet.
Les feuilles compofées font rangées plufieurs en-
femble fur la même queue ou fur la même cô te, ou
bien elles font divifées en plufieurs autres feuilles;
enforte que le tout enfemble fe prend pour une feule
feuille : telles font les feuilles du rofier, du perfil, de
l ’angélique, du chanvre, &c.
Par rapport à la fuperficie, les feuilles font plates,
ereufes, en bofle, lifles, rares, velues, &c. ,
Les feuilles plates, confidérées par rapport à leur
figure, font rondes, comme celles de la nummulai-
re ; rondes à oreillons, comme celles du cabaret ;
en fer de pique, comme celles de l’origan ; oblon-
gues, comme celles de 1 'androfamum ; à pans, comme
celles de la bryone du Canada ; pointues par les
deux bouts ôt larges vers le milieu , comme celles
du laurier-rofe ; étroitesSc longues, comme celles de
l ’oeillet St du.chien-dent ; prelqu’ovales, terminées
en pointe, comme celles du chanvre jaune fertile.
Les fuiiles ereufes font ou fi 11 uleu fes, comme celles
du petit afphodele, de l’oignon, &c. ou pliées en
gouttière, comme celles de Faiphodele commun, qui
font aufli relevées en côtes par-deflous.
Les feuilles en bolfe font cylindriques dans quelques
plantes, comme celles de plufieurs fortes de
loude, de falicot & de joubarbe. Elles font quelquefois
à trois coins, comme on le voit dans quelques
efpeces deficoides. U y en a quelques-unes qui font
anguleufes St irrégulières ; fa voir celles de la frit il -
laire épailfe, fiùllaria crajfa.
Par rapport à la confidence , les feuilles font ou
minces ou déliées, comme celles du mille-pertuis ;
ou épaifles., comme celles du pourpier; ou charnues,
comme celles de plufieurs1 fortes de joubarbe ;
ou drapées., ,.çomme celles du bouillon-blanc.
Par rapport aux découpures., les feuilles font découpées
iegerement ou profondément.
Les feuilles découpées Iegerement, font crenelées,
dentelées, frifées St pliffées.
Les feuilles creneléçs ont les découpures à aijfe à
panier, ou en tiers-point, comme celles des efpeces
d'egeurn.
Les feuilles dentelées font découpées "à dent de
feie plus ou moins régulièrement, comme celles du
rofier ou du chanvre jaune fertile.
L es feuilles découpées profondément, font découpées
julqu’à la tête ou julqu’à la bafe, ou d’une maniéré
particulière ; favoir en trefle ou fléché, &c.
Celles qui font découpées jufqu’à la côte, le font
en différentes maniérés. Il y en a quelques-unes qui
font découpées irrégulièrement julqu’à la côte, comme
celles de l’armoife ; quelques autres le font en
feuilles d’acanthe , en feuilles de céterac, en feuilles
de méfiante. Cette derniere découpure eft finguliere,
St l’on peut la propofer, quoique la méfiante foit
une plante aflez rare.
Les feuilles compofées font foûtenues par une
queue, ou rangées fur une côte fimple, ou fur une
côte branchue.
Les feuilles foûtenues fur une queue, font ou deux
à deux, comme celles du fabàgo ; ou trois à trois ,
comme celles du trefle St de l’ellébore noir trifolié :
ou fur la même queue, comme celles de Yagnus caf-
tus; ou en plus grand nombre, difpofées en éventail
ouvert ; favoir celles de la plupart des efpeces d’ellébore
noir.
Les feuilles rangées fur une cô te, font ou rangées
par paires, ou elles naiflent alternativement fur une
côte.
La côte de celles qui font rangées par paires , eft
terminée par une feule feuille, coittmecelle de la re-
gliffe ; ou terminée par une paire defeuilles, comme
celle de la fophera, de l’orobe, 6-c.Les feuilles qui font
fur ces côtes, font à-peu-près égales, comme on le
voit dans celles dont on vient de parler ; mais il s’en
trouve aufli quelques-unes qui font entre-femées de
plufieurs autres feuilles plus petites.
"Les feuilles compofées de plufieurs feuilles, rangées
lur une côte branchue, font ou à grandes feuilles
ou à petites feuilles, ou bien elles font làciniées,
c’eft-à-dire compofées de feuilles étroites St longues
comme des lanières. Celles de Yangelica alpina ad
nodos jlorida, font à grandes feuilles; celles du perfil
ou de la ciguë, font à petites feuilles; celles du fenouil
St du meum font làciniées ou découpées en la-»
nieres fort étroites.
Par rapport à la fituaiiqn, les feuilles font ou alternes
, c’eft-à-dire rangées alternativement le long
des figes & des branchés, comme celles de l’alater-
ne ; ou oppofées deux à deux \ comme celles de la
phillÿria ;oyx oppofées en plus grand nombre, St difpofées
en rayon ou«n fraife, comme celle des efpe*
ces de rubia.
Par rapport à la grandeur, les feuilles font ou très-
grandes , comme celles de colocajia, de fphondylium >
ôte. ou médiocres, comme celles du pié-de-veau ,
de la biftorte, du figuier, &c. ou petites, comme
celles du pommier, du poirier, du pêcher, &c. ou
enfin très-menues, comme celles duAmille-pertuis,
de la renoiiée, du cQris, St de plufieurs autres plantes.
Voye\_ les élémens de Botanique, & C explication
de nos Planches d'Hifloire naturelle.
M. Linnæus eft entré dans un plus grand détail
pour-divifer les feuilles en clafles, en genres St en
efpeces. Il en fait trois clafles , dont la première
comprend les feuilles fimples", la fécondé les feuilles
compofées, & la troifième les feuilles déterminées.
Les feuilles Amples font feules, chacune fur un pédicule
ou petiolè. On les diftingue en fept ordres,
par des caraéleres tirés de la circonférence, des angles
, des finus, de la bordure, de la furface, du
fommèt & des.côtés de ces feuilles : ces fept ordres
font fous-divifés en 78' genres.
M, Linnæus diftingue trois fortes de feuilles compofées;
pofées ; favoir les compofées proprement dites, les
recompofées, decompojîta; & les fur-compofées ,_/«-
pra-decompojita. On a donné le nom de foliole, folio-
lum t à chacune des petites feuilles qui compofent la
grande. Les feuilles compofées proprement dites, font
celles qui fe trouvent plufieurs 'enfemble fur un même
pédicule fimple ou branchu ; les recompofées
font celles dont le pédicule commun fe divife & fer
fubdivife avant de former le pédicule particulier à
chaque foliole. Dans les feuilles fur- compofées, le
pédicule commun fe divife plus de deux fois avant
d’arriver aux folioles. Il y a quatorze genres às feuilles
compofées.
Les feuilles déterminées font celles que l’on diftingue
des autres par leur direction, leur pofition fur
la plante, leur infertion, St leur fituation refpeétive,
fans avoir égard à leur forme ni à leur ftruéhire. Ces
feuilles déterminées font divifés en 34 genres ; ce qui
fai't en tout 126 genres de feuilles, dont on peut faire
un beaucoup plus grand nombre d’efpeces, en employant
leurs caraûeres pour la defeription des plantes.
Voye^fioroe parifienfis prodrom, par M. Dalibard.
Paris, 1749. ( f ) ;
Obfervations fur la dijlribution , les ufages, l utilité,
la multiplication, la direction, le retournement des feuilles,
leur infpeclion au microfcope , l'art de les dijjequer ,
& d’en prendre C empreinte. Les Botaniftes fe font déjà
beaucoup exercés à chercher dans les feuilles, des
carafteres propres à diftinguer les plantes, à les ranger
en clafles St en genres ; & fi cette ingénieufe
idée ne réuflit pas, du moins peut-elle fournir des
vues St des avantages aflez importans. Les memes
Botaniftes ont tâché de ramener toutes les diftribu-
tions différentes des feuilles à des clafles fixes. M.
Bonnet ,.fi diftingué par fes connoiffances en l’Hif-
toire naturelle, a établi cinq ordres principaux de
cette diftribution dans fon bel ouvrage fur les feuilles,
publié à Leyde en 1754» in *4°* avec figures; ôt
quoiqu’on puifle fans doute découvrir de nouveaux
genres de diftribution, fa méthode ne mérite pas
moins nos éloges.
Le premier ordre, que ce curieux obfervateur appelle
alterne, St qu’il faut regarder comme le plus
fimple, eft celui dans lequel les feuilles^ font diftri-
buées le long des branches, fur deux lignes parallèles
à ces mêmes branches,& diamétralement oppofées
l’une à l’autre ; enforte qu’une feuille placée fur
la liane droite, eft fuivie immédiatement d’une autre
fituée fur la ligne gauche : celle-ci l’ eft d’une 3®
placée fur la ligne droite , St ainfi alternativement.
Le fécond ordre , que l’on peut nommer à paires
croifées, eft compofé d t feuilles diftribuées par paires
vis-à-vis l’une de l’autre, de façon que celles d’une
paire croilënt à angles droits celles de la paire qui
Le troifieme ordre, que les Botaniftes connoiflent
fous le nom de feuilles ver titillées, eft celui dans lequel
les feuilles font , diftribuées autour des tiges ou
des branches ,; à-peu-près comme les rayons d’une
roue le font autour du moyeu. Cet ordre peut être
fous-idivilë par le nombre tes feuilles, fuivant qu’elles
font diftribuées de trois en trois, de quatre en
quatre, &c.
■ ~ Le quatrième ordre peut fe nommer en quinconc
e ,'& eft compofé t e feuilles diftribuées. de cinq en
cinq. . '<*’• • : I ,
Le cinquième ordre*qui eftle plus compole, peut
fe nommer a Jpiralès redoublées; il eft formé t e feuilles
arrangées fur plufieurs fpirales parallèles. Le nombre
de ces fpirales, celui tes feuillesjàont chaque
t»ur eft compofé ,' peuvent donner naiflance à des
Ibus-divifions ; traçons fur un bâton, trois ou cinq
fpirales parallèles ; fur chaque tour de ces fpirales
piquons à une difta$ce à-peu-près égale les unes
Tome VL
des autres, fept ou onze épingles, & nous aurons
une idée très-nette de cet arrangement. Le pin & le
fapin font de ce cinquième ordre qui eft extrêmement
rare.
On ne peut voir ces divers ordres de diftributions
de feuilles , fans fe livrer aux fentimens d’admiration
pour les lois éternelles, qui ont merveilleufe-
ment approprié les moyens à la fin.
On eft pénétré des mêmes fentimens , quand ork
confidere la régularité avec laquelle les feuilles font
couchées & pliées avant que de fortir du bouton ,
& la prévoyance de la Nature pour les mettre à l’abri
de tout accident. La pofition régulière des feuilles
eft telle , qu’elle embrafle la fixieme partie d’un
cercle, comme dans le fyringa , ou la huitième
comme dans la mauve,. 6c généralement la douzième
comme dans le houx.
Le foin que la nature a pris de la confervation
des feuilles , n’ eft pas moins digne d’attention ; en
effet, autant que leur figure le permet, elles font
toûjours défendues par les autres parties du bouton ,
ou fe fervent de défenfe refpe&ive. Lorfqu’elles
font en trop petit nombre & trop minces pour former
enfemble un corps élevé en furface convexe ,
alors elles fe déployait ou fe roulent en tant de maniérés,
qu’il a fallu inventer des mots pour pouvoir
les exprimer. A ces différens rouleaux , établis pour
la défenfe des feuilles , nous pouvons ajouter celle
ue procure l’interpofition de diverfes membranes
nés qui fervent au même but. Le doâeur Grew en
compte jufqu’à f ix , qu’il défigne par les noms de
feuilles , de furfeuilles, d'entre-feuilles, de tiges des
feuilles , de chaperons , & de petits manteaux ou voiles
qui les couvrent. Voy. l'anat. des plantes de ce curieux
phyficien, liv. I . tab. 4 ; , 42. Voye£ aufli Malpi-
ghi de gemmis ; nous ne pouvons pas entrer dans ces
détails.
Les feuilles fi bien diftribuées, fi variées dans leurs
formes, fi régulièrement couchées & pliées, fi fa-
vamment défendues contre les accidens, n’ont pas
été données aux plantes uniquement pour les orner;
elles ont des ufages plus importans, & qui répondent
mieux aux grandes idées que nous avons de l’ordre
général.
Entre ces ufages , celui d’élever le fluide nourricier
, eft un des principaux & des mieux conftatés
par les belles expériences de M. Haies ; mais la préparation
de ce fluide , l ’introduûion de l’air dans
le corps de la plante, & la fuccefîion des particules
aqueufes répandues dans l’atmofphere, ont d’autres
fondions , qui demandent encore d’être approfon-j
dies.
On diftingue deux furfaces dans les feuilles des
plantes ; la furface fupérieure , ou celle qui regarde
le c ie l, & la furface-inférieure , ou celle qui re-,
garde la terre ; ces.deux furfaces different fenfible-
ment l’une de l’autre dans prefque toutes les plantes;
terreftres. La furface fupérieure eft ordinairement
lifle ôt luftrée, fes nervûres ne font pas failîantes ; la ;
furface inférieure eft pleine de petites afpérités, ou ;
garnie de poils courts, fes nervûrçs onf du relief, j & fa couleur toujours plus pâle que celle de la fur-,
face fupérieure n’a que peu ou point de luftre. Ces.
différences aflez frappantes ont fans doute une fin.
L’expérience démontre que la rafée,.s’élève de la
terre ; la furface/ des feuilles auroit-elle été princi- ;
paiement deftinée à pomper cette vapeur , & à la
tranfmettre dans l’intérieur de la plante ? La pointe;
des feuilles relativement à la terre , ôt le tiflu de
leur furface inférieure, femblent l’indiquer.
Il y. a une étroite communication entré toutes les.
parties de la feuille ; les vaifleaux en s’abouchant
les uns avec les autres , fe communiquent réçipro-.
quetaent les focs qu’ils reçoivent des pores abfor-
O O o Q