
i o n , p ro d u ife n t le m êm e e f fe t . Voyt{ E n c r e s y m p
a t h i q u e .
Le figuier eft un arbre très-connu dans les régions
chaudes ; on n’y en rencontre pas de plus communs
, foit dans les jardins domeftiques, loit dans la
.campagne. On le cultive beaucoup dans les climats
Tempérés. La culture en eft facile , les progrès affez
prompts, le. fruitexquis, & la récolte rev.ient.deux
fo(is par an ; avantages .qui ne fe trouventpeut - être
pas dans aucune autre plainte. La Quintinie , Brad-
le y & Mü^er , ont déployé tout leur art pour la perfection
de] cette culture, & pour celle des figueries ;
mais outre qu’on n’y peut parvenir qu’à grands frais,
il eft certain que toutes fortes de figues ne peuvent
réuflir dans nos climats : c’eft en Languedoc, en Provence
, en Italie, en Efpagne , en Portugal, & .autres
pays chauds, qu’il faut les aller chercher. Voye?^
.cependant les recherches faites en ce genre par Brad-
le y , Miller & la Quintinie, aiimot F i g u i e r (Agric.).
Lefiguierfauvage, appelle par les Grecs ipivoç, 6c
.par nos Botaniftes çapnficus , ficusJylvtfiri? , '&c. eft
femblable en toutes les parties au,figuier ordinaire ;
mais il porte des figues qui ne mûrillènt pas, & qui
Fervent par art à la caprification dont les anciens
ont tant parlé : je dis les anciens , car rien n’eft plus
antique que la caprification. Amos étant repris par
Amafias,, prêtre de Béthel, de ce,qu’il prophétil'oit
des chofes fâcheufes contre Il'raël, répondit à Ama-
dias : « je ne fuis ni prophète , ni fils de prophète,
.» mon occupation eft de conduire mes troupeaux ,
» & de piquer des figues fauvages». Amos, chap. vüj.
yerf. 14. D’un autre côté , Théophrafte, Liv. II. de
.hifior, plantar. cap. xij. Diofcoride , & Pline, Liv.
X F I . cap. xxvij. ) nous entretiennent de ces figues
fauvages, & de la maniéré de les piquer avec des
crochets de fe r , pour faire mûrir les figuiers domeftiques
: ce qu’il nous en difent n’eft point imaginaire,
c’eft un fait très-vrai & très-curieux, dont M. de
Tournefort nous a inftruit fort au long dans fes voyages,
& dans les mém. de Vacadémie des Sciences, ann.
jy o S . On trouvera ce détail au mot C a p r i f i c a t
i o n ;•& fans cette connoiffance, il n’eft guere pof-
fible de bien entendre les auteurs grecs .& latins qui
en ont parlé. Voye^ donc C a p r i f i c a t i o n . Article
de M. le Chevalier DE J AV COURT.
F i g u i e r , ( Agriculture.) On cultive ce petit arbre
fruitier très-communément dans les pays méridionaux
de l’Europe ; mais il n’eft pas affez robufte
pour réfifter en plein air aux grands hyvers dans nos
contrées feptentrionales , fans des précautions qui
très-fouvent ne le garantiffent pas. On voit rarement
des figuiers d’une belle tige &c d’une forme régulière
: cet arbre eft trop fujet à jetter du pié quantité
de rejettons, qui l’affoibliffent & y mettent la
confufion. Il fait de copieufes racines qui font me-
mies, jaunâtres , tortueufes , & qui ne s’étendent
qu’à fleur de terre. Son bois eft blanc, leger, fpon-
.gieux, caftant, & n’eft; d’aucun ufage : l’écorce en
eft unie , &.d’une couleur cendrée fort claire : fes
feuilles viennent tard,.& tombent de bonne heure ;
elles ont pour la plupart quatre échancrures profondes
, qui les divifent en cinq parties , & ce font les
plus grandes feuilles de tous les arbres fruitiers de
ce climat. Son fruit eft de différentes formes , couleurs
& groffeurs, félon les différentes efpeces ; mais
il eft bien meilleur qu’il n’eft beau. Le figuier fe multiplie
fort aifément, croît très-promptement réufr
fit dans les plus mauvais terreins , produit d’excellent
fruit, & donne deux récoltes par an ; mais il eft
de courte durée , & il ne s’élève guere qu’à quinze
piés.
On peut multiplier cet arbre, foit en enlevant les
rejettons qui fe trouvent communément au pié, foit
pn couchant fes branches qui font de bonnes racines
en un an , ou bien en faifant des boutures avec les
jeunes branches & un peu de vieux bois, ou même
en greffant une efpeee fur une autre, ou enfin en fe-
- mant les graines que renferme la figue. Le premier
moyen eft le plus umple & le plus court; le fécond
fupplée à fon défaut ; on fe fert du troifieme, quand
on rie peut faire autrement ; le quatrième n’eft pra-
.•■ tiqué que par quelques curieux, qui veulent perfectionner
le fruit ; & le dernier n’eft point en ufage,
parce que c’eft la voie la plus longue que la plupart
des plants qui en proviennent, font des efpeces
bâtardes ou dégénérées.
Quoique le figuier puiffe venir dans prefque tous
les terreins & à toutes les expofitions , il fe plaît
pourtant mieux dans les terres légères, où il donne
plus de fruit que dans celles qui font fermes &: humides
, où il jette beaucoup de bois & fait peii de rapport.
Il y auroit même inconvénient à mettre cet
arbre à une. maiivaife expofit ion : celles où il réuffit
le mieux, font le midi, le fud-eft, & le fud-oiieft. On
ne fauroit trop prendre de mefüres pour lui procurer
en été toute la chaleur poflibie, & pour le garantir
en hyver contre les diverfes intempéries que cette
faifon amene, & qui obligent à mettre cet arbre dans
les endroits les mieux abrités. On fait quelquefois la
tentative de mettre le figuier à plein-vent ; il eft vrai
qu’il y produit de meilleur fruit & en une plus
grande quantité : mais quelques précautions que
l ’on puiffe prendre pour le défendre contre les
gelées, il y réfifte rarement aux hyvers un peu
rigoureux. Tout au moins doit-on lui donner l’abri
des murailles de bonne expofition, où on le forme
en efpalier autant qu’il eft poflibie d’y aftraindre
cet arbre, dont le bois n’eft pas affez fouple pour
être affujetti régulièrement contre une paliffade, encore’
n’eft-on pas certain de le voir garanti p a r- là
de l’atteinte des grandes gelées. Il n ’y a donc de parti
fu r , que celui d’avoir ces arbres dans des caiffes ,
que l’on peut mettre dans la ferre pendant l’hyver :
c’eft d’ailleurs le moyen d’avoir des figues plus précoces,
en plus grande abondance & de meilleur goût.
Le figuier, comme tous les autres arbres fruitiers
, a befoin d’être taillé pour une plus longue
durée & un meilleur rapport. Cette taille doit avoir
pour objet de couper tout le bois mort ; de fupprimer
les parties de l’arbre qui, en s’élançant irrégulièrement
, contrarient la figure qu’on.lui veut faire prendre
; de retrancher les branches menues & confiifes ,
carcefontcellesquine donnent point de fruit ; d’ac-
courcir les branches de faux bois , que l’on recon-
noît à ce que les yeux en font plats & fort écartés.
Mais il faut fe garder , autant que l’on peut, de rien
couper des branches à fruit, parce que c’eft fur-tout
à leur extrémité que viennent les figues , & que le
bois en étant fort -fpongieux & plein de moelle, la
moindre enîamure peut faire périr la branche. Par
la même raifon, on doit avoir attention de tailler le
figuier avant que la feve foit en mouvement , parce
que l’arbre s’affoibliroit en perdant de ce fuc laiteux
, dont il abonde alors, & qui eft fi acre, fi brûlant
, & li corrofif, qu’il fait prendre le lait comme
la prefure , qu’il diffout celui qui eft caillé comme
le vinaigre , & qu’il enleve la peau lorfqu’on l’applique
deffus : cependant cette fev e, avec de fi étranges
qualités, produit les fruits les plus doux, les plus
lains, & les plus agréables au goût ; tels font les procédés,
ou plûtôt les miracles de la nature.
On connoît plus de quarante efpeces de figuier J
que l’on fe difpenfera de rapporter ic i, parce que le
plus grand nombre ne profite pas dans ce climat.
Celles qui y réufliffent le mieux, font les figues blanches,
la ronde & la longue, celle-ci eft plus abondante
, l’autre eft plus précoce, toutes deux font ex?
cellentes. ( c )
F i g u i e r & F i g u e * ( Diète & Mat. med. ) La figue
fraîche & parfaitement mûre eft regardée comme
humeCtante , adouciffante , tempérante, comme lç
digérant facilement, prodmfant Un fuc louable, la-
chant doucement le ventre, nettoyant les voies urinaires
, chaffantou fondant les graviers & le calcul,
& fur-tout comme très-amie de la poitrine.
Cette derniere qualité eft principalement & plus
éminemment attribuée aux figues feches , defignees
chez les pharmacologiftes latins par le nom de cari-
ca ou ficus pafioe. Ces figues feches tiennent donc un
rang diftingué parmi les fruits peftoraux. Voye^ Be-
c h i q u e & P e c t o r a l . C e n’eft que dans cet état
qu’on l’employe à titre de médicament. Plufieurs médecins,
tant anciens que modernes , leur ont attribué
un grand nombre d’autres propriétés, foit utiles,
foit nuifibles : celles, par exemple, de faciliter l’accouchement
, de provoquer les fueurs jufqu’au point
de caufer des exanthèmes ou échauboulures, de re-
fifter au poifon, d’engendrer des poux, de rendre la
chair molaffe & bouffie, de caufer des obftruaions,
&c. Ces vertus & ces qualités nuifibles ne nous pa-
roiffent fondées que fur des prétentions : on croit al-
fez généralement aujourd’h u i, que les figues ,, foit
nouvelles, foitfechées , font un aliment tres-falu-
ta ire, pourvu qu’on en ufe modérément. On remédie
à une certaine vifeofité incommode de la fauv
e qu’elles procurent en avalant abondamment de
l ’eau fraîche. , . . ,
On a obfervé dans les provinces méridionales du
royaume , où les figues font un aliment très-commun
& très-ordinaire pendant cinq mois confécutifs, qu elles
ne produifoient aucun mauvais effet avec quelque
excès qu’on en mangeât, pourv.û qu’on eût loin
de les choifir bien mûres ; mais que celles qui n a-
voient pas acquis une maturité parfaite, enu conte-
noient encore un fuc laiteux dans leur pédicule oc
dans leur peau , caufoient très-communément des
dyffenteries ôc des fievres. . . . •«
Galien dit que depuis l’âge de vingt- huit ans, il
s’eft abftenu de toute forte de fruits d’e te, horai, fugaces.
excepté des figues bien mûres & des raifins ;
& il attribue à ce lage régime, la fante dont il a joui
iufque dans un âge avancé. 1 / 1
L’emploi des figues feches à titre de remede , eft
borné dans l’ufage ordinaire, à être un des ingrediens
des décoaions peftorales , des gargarrfmes adoucil-
fans & maturatifs quelquefois , mais plus rarement
des lavemens adouciffans, 8c à être appliquées extérieurement
fur les tumeurs inflammatoires à titre
de matüratif. V M a t u r a t i f .
On s’en fert pour corriger efficacement la laveur
defaeréable du féné. Voyt{ C o r r e c t i f . I
Sylvius Deleboé dit que leur decoaton excite le
vomiffement aufli-bién que l’eau
comejlis fuperbibïte ; quo artifaio ,n jo ù t e ^ , iimoccn-
tiam fuam probavit Æfopus.- ,
Plufieurs médecins anciens.ont recommande le fuc
laiteux 8t les feuilles de figuier dans bien des cas. Pli,
ne ( liv. X X I I I . chap. yij..) parle de .1 triage extérieur
du fuc , comme cauftique., dépilatoire . ;
mondificatif, utile contre la goutte, la g ile 8c diverfes
maladies de la peau , comme .excuanties réglés
, pris intérieurement. Mais'le fuc àz figuier n elt
plus un remede pour nous. . ,
Le même auteur dit qu’on employoït de ion tems
les feuilles de figuier contre les ecrouelles , & que
les jeunes pouffes étoient bonnes contre la morlure
des chiens enragés. Ces remedes font encore.abio-,
lument inufités aujourd’hui. ) .
F i g u i e r d ’A m é r i q u e , grand figuier ou figuier
admirable. Le diftionnaire-de Trévoux confond cet
arbre avec le pâléturier, quoique ce foit deux arbres
différens qui n’ont rien de commun que la façon
dont'ils fe repfoduifent & s’étendent à la ronde, au
moyen de leurs branches, qui en fe recourbant prennent
racine forment de nouveaux troncs.
Le fruit du figuier eft à-peu-près de la groffeiir d’une
noifette. Il reffemble exa&ement à la figue d’Europe
, tant extérieurement qu’intérieurement ; il en
a même le goût : cependant il eft un peu plus fade,
& moins fucculent. Article de M. l e R o m a in .
F i g u l e r d ’A d a m : cette grande & belle plante que
Ton nomme plane en quelques contrées,ne porte point
ce nom aux Antilles, comme le dit le.di&ion. de Trév.
on l’appelle fxmplement figuier bananier, fi femblable
au bananier fimple, qu’à moins d’une grande habitude
on né peut les diftinguer que par le fruit,' qui
dans le premier eft plus petit & plus gras à proportion
de fa longueur, la chair en étant d’ailleurs beaucoup
plus délicate. Les Efpagnols les nomment plan-
tains. Article de M. LE R o m a in .
F i g u i e r d ’ In d e , (Mat. méd. & Pharm.') Viyt\
R a q u e t t e .
* F i g u i e r d e N a v i u s , (tiifi. une.) figuier que
Tarquin le vieux fit planter à Rome dans le comice ,
où l’augure Accius Navius avoit coupé en deux une
pierre à aiguifer avec un rafoir. Il y avoit un préjuge
populaire, que le deftin de Rome etoit attache à cet
arbre, & que la ville dureroit autant quel e figuier.
Il y en a qui confondent le ficus Navii, ou figuier
d’Accius Navius, avec le ficus ruminalis, ow figuier
ruminai ; mais celui-ci eft l’arbre fous lequel on découvrit
la louve qui alaitoit Remus & Romulns.
Cet arbre fut facré ; il dura très-long tems, & l’on
prit fa chûte à mauvais augure.
F i g u i e r , (Malédiction du) Théol. Crit. La male-
diftion que J. C . donna au figuier ftérile dans un tems ,
dit S. Marc, qui n’étoit pas la faifon des figues, eft
un des endroits du Nouveau Teftament qui ale plus
exercé les interprètes de l’Ecriture.
« Jefus-Chrift ayant faïrn au fortir de Béthanie i
» apperçut de loin un figuier qui avoit des feuilles:
» il s’avança pour voir s’il ytrouveroit quelque fruit;
» mais s’en étant approché, il n’y trouva que des
» feuilles, car ce n’étoit pas la faifon des figues : alors
» Jefus dit au figuier, que perfonne ne.mange plus de
» toi ». Ce font les paroles de S. Marc, ch. x j. f ,
1$ :& 14. | - ,
Ce qui vient d’être raconté par cet evangehfte
arriva quatre ou cinq jours avant la paque, & par
conféquent avant le quinzième de la lune de Mars :
or en cette faifon il.paroît qu’il n’etoit pas tems de
chercher des figues à manger fur un figuier. £inû. fans
cette fuppofition, il paroitroit qu’il y a un defaut
d’équité dans la conduite de Jefus-Chrift ; i° . d’aller
chercher des fruits fur un arbre dans un tems.qu’il
n’en doit pas porter : & zo. de maudire cetarbre ,
parce qu’il n’a point de'fruit, comme fi e’étoit fa
faute. . ;■ -
Pour juftifier J. -C. d’une aétion.qui femble d abord
emporter quelque idée d’in ju ftic e le s interprétés,
■ ignorans en Botanique, fe font fort tourmentes.
Hammond, Simon, le Clerc , ne paroiffent point
avoir réfolu la difficulté en traduifant les termes de
-S. Marc * -ou y dp w par ceux-qi y car ce
n\étoit.point une année de >figues. En effet, outre que le
'-texte grec a de la peine h fouffrir ce fens,. J. C. qui
•va chercher des,.figues fur un arbre au milieu du ; mois
de Mars , ne doit pas maudire ce figuier en particulie
r , par la raifon que les figues auroiènt manque
eette ^année-là. . o 1
D ’autres critiques,, comme Hemfius & GatakerV
traduifent, car là où ibétait e ’étoit le tems des figues.
Cette traduction efttrès-ingépieufe ; maisilfaut pour
la foûtenir changer la ponctuation, de même que les
accens ordinaires du texte ; z°. il faut faire parler 1 e-
vangélifte avec une conçifion qui eft éloignée de fon