
& tout récemment mis au jour. Mémoires de madame
de Staal, Paris, t jS S , j vol. in-B°.
Les efclaves, dit Démofthene, les lâchesjlateurs,
voilà ceux qui ont vendu à Philippe notre liberté
& qui la vendent encore maintenant à Alexandre ;
ce (ont eux qui ont détruit parmi nous cette réglé,
où les anciens Grecs faifoient confifter toute leur
félicité, de ne point connoître de fupérieur, de ne
fouffrir point de maître. O rat. de coronâ. Aufii l’adulation
prend-elle fon accroiffement & fes forces,
à proportion de la dépendance & de la fervitude :
aduiationi fcedum crimen fervitutis inejl. Les Sa miens
ordonnèrent par un decret public, que les fêtes qu’ils
célébroient en l’honneur de Junon, & qui por-
toient le nom de cette déeffe, feroient appellées les
fêtes de Lyfandre. Adrien ayant perdu fon mignon
Antinoiis, délira qu’on lui bâtît des temples & des
autels ; ce qui fut exécuté avec tout le dévouement
qu’on pouvoit attendre d’une nation accoutumée
depuis long-tems aux plus honteufes baffeffes.
Enfin la flaterie monte à fon dernier période fous,
les tyrans, quand la liberté èft perdue ; & avec la
perte de la liberté, celle de la honte & de l’honneur.
Tacite peint énergiquement les malheurs de fa patrie
, Iorfque parlant de Sejan, qui dans fon admini-
ftration a voit été la principale idole des Romains,
il met ces paroles dans la bouche de Térentius:
« Nous avons adoré les efclaves qu’il avoit affran-
» chis ; nous avons vendu nos éloges à fes valets,
» & nous avons regardé comme un honneur de par-
» 1er à fes concierges ».
On fait le trait de flaterie impudente, & fi l’on
veut ingénieufe, de Vitellius à Caligula.Ce Vitellius
étoit un de ces courtifans, quibusprincipum honejia
atque in honejia laudare mos ejl, qui louent également
toutes les aûions de leurs princes, bonnes ou mau-
vaifes. Caligula ayant mis dans fa tête d’être adoré
comme un dieu, quoiqu’il ne fût qu’un monftre ,
penfa qu’il lui étoit permis de débaucher les femmes
du premier rang, comme il avoit fait fes propres
foeurs. « Parlez V itellius, lui dit-il un jou r, ne m’a-
» vez-vous pas vû embraffer Diane ? C ’eft un myf-
» tere , répondit le gouverneur de Syrie; il n’y a
» qu’un dieu tel que votre majellé qui puiffe le re-
» vêler ».
Les jlateurs infâmes allèrent encore plus loin fous
le régné de Néron, que les Vitellius fous celui de
Caligula : ils devinrent alors des calomniateurs afli-
dus , cruels, & fanguinaires. Les crimes dont ils
chargèrent le vertueux Thraféa Pétus, étoit de n’avoir
point applaudi Néron, ni encouragé les autres
à lui applaudir ; de n’avoir pas reconnu Poppée pour
une déeffe ; de n’avoir jamais voulu condamner à
mort les auteurs de quelques vers fatyriques contre
l’empereur, non qu’il approuvât de tels gens & leurs
libelles , ajoûterent fes délateurs , mais parce qu’il
appuyoit fon avis de ce qu’il lui fembloit qu’on ne
pouvoit pas fans une efpece de cruauté, punir capi-
talement une faute contre laquelle les lois avoient
prononcé des châtimens plus modérés. Si Néron
eût régné dans le goût de T rajan, il auroit méprifé
les libelles ; comme les bons princes ne foupçonnent
point de fauffeté les juftes éloges qu’ils méritent, ils
n’appréhendent pas la fatyre & la calomnie. « Quand
»> je parle de votre humanité, de votre générofité,
» de votre clémence, & de votre vigilance, difoit
» Pline à Trajan, je ne crains point que votre majefté
» s’imagine que je la taxe de nourrir des vices oppo-
» fés à ces fortes de vertus ».
Il me femble néanmoins, malgré tant de jlateurs
qui s’étudient à corrompre les rois en tout teins &
en tous lieux, que ceux que la providence a élevés
au faîte du gouvernement, pourroient fe garantir
du poifçn d’une adulation baffe &c intéreffee, en
faifant quelques-unes des réflexions que je vais pren*
dre la liberté de leur propofer.
i°. Qu’ils daignent confidérer férieufement qu’il
n’y a jamais eu un feul prince dans le monde qui
n’ait été flaté, jamais peut-être un feul qui n’ait été
gâté par la flaterie. « L’honneur que nous recevons
» de ceux qui nous craignent (peut fe dire un rao-
» narque à lui-même) ce n’eft pas honneur ; ces ref-
» peds fe donnent à la royauté , non à moi : quel
» état puis-je faire de l’humble parler & courtoife ré-
» vérencede celui qui me les doit,vû qu’il n’a pas en
» fon pouvoir de me les refufer ? . . . Nul me cher-
» che prefque pour la feulé amitié qui foit entre lui
» & moi ; car il ne fe fauroit guere coudre d’amitié où
» il y a fi peu de correfpondance. Ma hauteur m’a mis
» hors de proportion ; ils me fuiventpar contenance,
» ou plûtôt que moi, ma fortune, pour en accroître
» la leur : tout ce qu’ils me difent & font, ce n’eft que
» fard, leur liberté étant bridée par la grande puif-
» fance que j’ai fur eux. Je ne vois donc rien autour
» de moi que couvert & mafqué. . . . Le bon roi, le
» méchant, celui qu’on hait, celui qu’on aime, au-
» tant en a l’un que l’autre. De mêmes apparences,
» de mêmes cérémonies, étoit fervi mon prédécef-
» feur, & le fera mon fucceffeur. Montagne.
29. Seconde confidération contre la flaterie, que je
tirerai de l’auteur immortel de Télémaque, L X I V .
C’eft aux précepteurs des rois qu’il appartient de
leur parler dignement & éloquemment. Ne voyez-
vous pas, dit le fage Mentor à Idomenée,que les princes
gâtés par l’adulation, trouvent fec & auftere tout
ce qui eft libre & ingénu ? Ils vont même jufqu’à s’imaginer
qu’on manque de zele, & qu’on n’aime pas
leur autorité, dès qu’on n’a point l’ame fervile , &
qu’on ne les flate pas dans l’ufage le plus injufte de
leur puiffance : toute parole libre leur paroît hautaine
; ils deviennent fi délicats, que tout ce qui n’eft
point baffeffe les bleffe & les irrite. Cependant l’auf-
térité de Philoclès ne vaut-elle pas mieux que la flaterie
pernicieufe des autres miniflres ? Où trouverez
vous un homme fans défaut ? & ce défaut de vous
repréfenter trop hardiment la vérité, n’eft-il pas celui
que vous devez le moins craindre ? que dis - je ?
n’eft - ce pas un défaut néceffaire pour corriger les
vôtres, & pour vaincre le dégoût de la vérité oit la
flaterie fait toûjours tomber ? Il vous faut quelqu’un
qui vous aime mieux que vous ne favez vous aimer
vous-même, qui vous parle vrai, & qui force
tous vos retranchemens. Souvenez-vous qu’un prince
eft trop heureux, quand il naît un feul homme
fous fon régné avec cette générofité qui eft le plus
précieux thréfor de l’empire, & que la plus grande
punition qu’il doit craindre des dieux, eft de perdre
un tel ami.........
Ifocrate donnoit de pareils confeils à Nicoclès. Ne
prenez pas pour vos favoris des jlateurs, & choifif-
fez pour vos miniflres ceux qui font les plus capables
de vous aider à bien conduire l’état : comptez fur la
fidélité, non de ceux qui louent tout ce que vous dites
ou ce que vous faites, mais de ceux qui vous reprennent
Iorfque vous commettez quelque faute:
permettez aux perfonnes fages & prudentes de vous
parler avec hardieffe, afin que quand vous ferez dans
quelque embarras, vous trouviez des gens qui travaillent
à vous en tirer; ainfi vous faurez bien-tôt
difcerner les jlateurs artificieux, d’avec ceux qui vous
fervent avec affeftion.
30, Pline remarque judicieufement, que les empereurs
les plus haïs ont toûjours été les plus flatés;par-
ce que, dit-il, la diflimulation eft plus ingénieufe &
plus artificieufe que la fincérité. C’eft une troifieme
confidération que les princes ne fauroient trop faire.
4°. Ils fe préferveront encore infiniment des mauvais
effets de l’adulation, en ne fe livrant jamais au
blaifir de fe voir louer, qulaprèsis’être afljrrés que
leurs aSions font dignes d’éloges, & s’être convaincus
qu’ils-poifedent les vernis, qu’on leur accorde-.
L’empereur Julien difoit que pour compter fur les
loiianges'qu’on donne aux- rois, il faudrait que ceux
qui les donnent fulfent en état de pouvoir blâmer im-
punément»
(°. Enfin les princes feront fort au-deffus du poi-
fon de la flaterie, Iorfque contens de récônnoître par
des bienfaits les loiianges fenfées dont ils. tâchent de
fe rendre dignes, ils auront encore un plus grand
empreffement, pour profiter des avis qu’on leur donnera
, autorifer la liberté qu’on prendra de leur en
donner, en mefurer le prix & la récomperifë par l’équité
de ce à quoi on les engagera, & par l’utilité que
leurs fujets en retireront. Le prince qui agira de cette
maniéré, eft fans doute véritablement grand, très-
grand , admirable, ou pour me fervir de l’exprefîion
de Montagne, « il eft cinq cents braffes au-deffus des
» royaumes ; il eft lui-même à foi, fon empire ».
Si le hafard fait jamais tomber ce Di&ionnaire entre
les mains de quelque roi, fils de roi, iffu de roi, &
que leur patience s’étende jufqu’à lire cet article, je
les prie d’agréer le zele avec lequel j’ofe chercher à
les préferver du poifon de la flaterie, & prendre en
même tems leurs intérêts contre des monftres qui les
trahiffent, qui les perdent, qui les empêchent de faire
le bonheur de leurs peuples, & d’être ici bas les images
de Dieu en lumières & en droiture; 6c pour ce qui
regarde les auteurs de tant de maux,
Puijfe le jujte+ciel dignement les payer >
E t puijfe leur exemple à jamais effrayer
Ceux qüi les imitant par de lâches adrejjes ,
De s princes malheureux nourriffent les foibleffes ,
Les pouffent au penchant ou leur coeur ejl enclin ,
E t leur ofent du crime dpplanir le chemin !
Détejlables jlateurs , préfent le plus funejte
Que puijfe faire aux rois la colere célejle.
Racine, dans Phedre»
[Article de M . le Chevalier DE J AU COURT.
FLATIR, V. a£t. terme d'ancien monnoyage ,'c’étoit
battre un quarreau fur l’enclume Ou tas, avec le jla -
to irou gros marteau, pour lui donner l’épaiffeur que
l’on vouloit.
Dans la fabrication des èfpeces au marteau, c’é-
toit ce que l’on appelloit la cinquième façon, h t quarreau
ayant été j la t i , fe nommoit flanc.
FLATOIR, f. m. (à la Monnoie,') marteau pefant
fept à huit livres, en façon de corne de boeuf, fer-
vant pour broyer ou brifer par la face .circulaire
& plane, & par l’autre extrémité pointu & fin pour
percer.
Comme \ejlatoir eft un marteau qui prend différentes
figures félon les différens ufages, ce feroit
faire un article de tous les différens marteaux, que
le fuivre dans tous fes ufages.
FLATRER, v. a£t. (Econ. rujliq.) c’eft faire rougir
un fer en forme de clé plate, 6c l’appliquer au
milieu du front d’un chien qui eft mordu d’un chien
enragé, pour empêcher qu’il ne le devienne. ; ',
F l a t r e r : on dit, en termes de Chaffe, le lievre fe
pâtre quelquefois lorfqu’il eft pourfuivi..
FLATRURE, f. f. ( Venerie.) c’eft le lieu où lelievre
6c le loup s’arrêtent 6c fe mettent fur le ventre,'
lorfqu’ils font chafles des chiens courans.
FLATUOSITÉ, f. f. (Medec.) terme générique
employé par les Médecins, pour défigner l’état maladif
dans lequel il fe fait une génération contre nature,
de vents qu’on rend pai haut, par bas, ciu qui.
reftentfoit dans l’eftomac, foit dans les inteftins, 6c
y caufent des borborygmes, des tenfions, d<es; anxiétés
, 6c autres fymptomes douloureux. Voye^
É o r b o r y g m e s , R o t , V e n t s ,
Tome F7 »
La îùatîere propre des jlatuojïtés, éft un air élafti-
que qui fe trouve fréquemment dans le ventricule
ou les inteftins, & quelquefois dans d’autres vifce-
res ; mais alors ce font des ,cas très-rares. La caufe materielle
des jlatuojïtés eft une matière élalîique que la
chaleur -, l’effervefcence ou la fermentation dilate y
& qui eft retenucfou pouffée hors du corps avec
quelque bruit, Iorfque les obftacles quis’oppofoient
à'fa fortie, viennent à eeffer.
L’air, les fels de différente naturé, lés fruits1, les
humeurs putrefcentes ; les végétaux fermentans ,
fourniffent aux jlatuojïtés une matière dont l’impé-
tuofité & l’odeur varient fuivânt fa qualité ; cepen- .
dant toutes ces chofes fortent fans aucun effort,
quand elles trouvent les paffages ouverts ; d’où l’on
comprend fans peine que lefphinâer de l’éfophage ,
l’éfophage, les deux orifices de l’eftomac & les inteftins,
concourent enf emble en cé qu’ils fe contractent
fpafmodiquement, & fe relâchent enfuite : mais
fi la contraâion fpafmodique eft forte & dure long-
tems, alors la matière élaftique qui fe raréfie par la
chaleur,par le mouvement & par fa propre vertu;ve-
nant à être refferrée dans une cavité que la convul-,
fion de fes fibres rétrécit, elle diftend les membranes
qui la gênent, & comprime les lieux voifins ; de-là
naiffent des anxiétés &des douleurs très-vives, qui
ceffent à la fortie des vents.
Doctrine des jlatuojïtés. Mais pour fe former une
idée plus exa&e desfatu o fitè s , nous commencerons
par établir quelques principes qui peuvent nous y
conduire.
i ° . Les hommes bien portans confirment une grande
quantité d’air élaftique, ou l’uniflènt à leurs humeurs
; or l’air qu’on ayale avec les aliinens, 6c qui
n’eft pas confumé faute d’aétion, engendre un nouvel
amas d’air.
20. Les alimens qu’on prend, &c qui fermentent
aifément , fourniffent en fermentant une grande
quantité d’air dans les premières voies, s’ils né font
pas bien broyés par l’aélion du ventricule & des inteftins
i
30. La même chofe arrive des alimens putréfeens^
indépendamment qu’ils produifent eet effet en circulant
avec nos humeurs» '
40. Le mouvement vital, qui dans l’état de fanté.
confume beaucoup d’air, étant une fois dérangé, fë-
pare l’air de nos humeurs, & produit dans le corps
un nouvel air élaftique, comme il paroît par quelques
poifons.
50. Le phénomène principal de l’air caché eft le
fon, le bruit, lesgrouillemens qu’on entend rarement
dans le bas-ventre, quand le mouvement périftalti-
que des inteftins eft'uniforme, & que les paffages
foht bien libres»
6°. L’air retenti dans uh endroit fermé, mais agi-»
té fortement par la partie qui l’environne, caufe en
tiraillant les fibres, une douleur confidérable de ten-
fion. Si pour lors il fe préfente quelque part une ouverture
, l’air ainfi comprimé fort d’ordinaire avec
bruit, & le malade eft loulagé. Si la caufe qui produit
l’air ceffe, le malade eft guéri ; mais fi cette eau-
fe perfifte, il eft tourmenté de jlatuojïtés fans Ibula-
gement.
I 70. Quand l’air comprimé fort chargé d’odeurs
acides, nidoreufes, putrides, fétides , il indique le
cara&ere des vapeurs atténuées d’alimens ou d’humeurs
qui fe font mêlées à cet air dans le corps humain.
L’air qui fort modérément, prouve que l’ae^
tion eft encore bonne & entierë dans les parties qui
le cqntenoient. Celui qui fort avec beaucoup de
violence après de grandes douleurs, défigne quel-
qu’efpece de convuïfion dans la partie qui le renfer-
moit. Celui qui fort fans bruit, mais avec Une grande
fétidité, indique la fbibleffe de la partie, ou la