
-bonne crife,-parce que leurs caufes inconnuês font
difficiles à furmonter par les forces de la nature. 30-
Quelquefois lesfievres endémiques, épidémiques, &
peftilentielles, revêtent la nature des ficvres rémittentes.
40. La même chofe arrive fréquemment aux maladies
chroniques, dans la fonte de la graille, dans
la corruption accidentelle des fucs albumineux &
gélatineux , ainfi que dans la fuppuration de quelque
abcès interne des divers ulcérés du corps humain.
50. La fièvre inflammatoire, ardente , aiguë,
continue, qui par fes exacerbations fe change en fie-
■ vrerémittente, en caraôérife un des genres de la plus
mauvaife-efpece.
Méthode curative. Cependant on ne connoit point
-de méthode curative particulière pour fe traitement
des fievres rémittentes j il faut fe conduire ici fuivant
les réglés preferites pour la guérifon des fievres en général
; & quand la fièvre rémittente eft lÿmptomati-
q u e , fa cure dépend uniquement de la maladie dont
<lle-émane.
F ie v r e s a lu b r e : les fievres falubres font celles
qui procurent la dépuration & l’cxpulfion de la cau-
ie qui les produit, & qui par ces heureux effets ré-
tabliffent parfaitement la lanté.
On peutdiftinguer deux efpeces de fievres falubres ;
celles qui font Amplement dépuratoires, & celles qui
régulièrement critiques, fe guériffent à jour prefix,
par co&ion ou par évacuation purulente. Voye£ Fiè v
r e DÉPURATOIRE & FlEVRE CRITIQUE.
Mais il y a , félon moi, des fievres falubres, ou pour
mieux dire, falutaires, relativement à elles-memes
& à leurs effets avantageux ; car quoique lafievre foit
iôuvent funefte aux hommes, elle n’eft pas toujours
le ferment de la mort, comme l’appelle un de .nos poètes
, qui avoit puifé cette idée dans la doârine des
médecins de fon tems & de fon pays. Aujourd’hui on
ne peut ignorer que plufieurs fievres intermittentes ,
& fur-tout la fievre tierce & la fievre quarte, neToient
des fievres plus communément Jalutaires que nuifibles:
en effet, toutesles fois que ces fortes de fievres parcourent
leurs périodes fans trop de violence ; toutes les
fois qu’elles n’attaquent point des gens d’un âge décrépit
& dont les forces foient épuifées , elles purifient
merveilleufement le fang , réfolvent puiffam-
ment les engorgemens des vifeeres, atténuent &
mettent dehors les matières morbifiques, deffechent
les nerfs trop humectés, & raffermiffent ceux qui
lont trop relâchés.
C ’eft la feule aôion du mouvement fébrile, excité
dans le genre mufculaire , qui chaffe par les excrétoires
deftinés à telles ou telles évacuations, la quantité
furabondante de férofité acre, circulante dans les
humeurs ou dans quelque organe, comme on le voit
dans les fievres catarrheufes 6c fcarlatines.
"La fievre eft encore falutaire par elle-même dans
des maux inacceffibles aux fecrets de la Medecine.
Elle appaife, par exemple , les douleurs des hypo-
chondres, quand elles ne font point accompagnées
d’inflammation , & elle foulage la paffion iliaque
caufée par la difficulté d’uriner.
Les maladies produites par des obftruétions & par
la vifeofité des humeurs, fe guériffent heureufement
parle fecours de la fievre , qui fait divifer & réfoudre
les liqueurs épaiffies ou croupiffantes, les prépa-
rer & les difpofer à l’excrétion plus falutairement que
ne le peut faire le plus habile praticien« Voilà pourquoi
dans les obftruétipns confidérables , c’eft un
, mauvais figne , lorfque le mouvement fébrile n’eft
point proportionné a fa caufe.
Si donc le génie du médecin confifte à arrêter une
fievre pernicieufe, il ne confifte pas moins à foûtenir
" une fievre falutaire. Il doit faire plus, il doit l’allumer
quand elle eft trop lente, afin qu’elle travaille enco-
£s mieux à délivrer le corps des atteintes qui lui devièndroient
fuheftes. Telle eft la doétrine des anciens
; telle eft celle des modernes véritablement
éclairés. L’ordre que la divine Providence a établi
dans le méchanifme des êtres corporels, eft fi beau,
6c fes vûes fi bienfaifantes , que ce que le premier
coup-d’oeil préfente comme nuifible, eft fou vent infti-
tué pour notre confervation. Nous mettons la fievre
de ce nombre, puifque tout calculé, elle eft en général
plus falutaire que préjudiciable aux hommes. Sydenham,
Boerhaave, MM. Vanfwieten, Quefnay,
Tronchin,& autres maîtres de l’art,la regardent comme
un effort de la nature, & comme une arme dont
elle fe fert pour remporter la vi&oire dans plufieurs
maladies qui menacent fa deftruétion.
F i e v r e s c a r l a t i n e , a f f e â io n m o rb ifiq u e c o n -
f ifta n te d an s d e s ta ch e s d ’un ro u g e d ’é c a r la t e q u i a c c
om p a g n e n t q u e lq u e fo is la fievre, & q u i lu i o n t d o n n é
l e n om d e fcarlatine.
Ces taches, plus fréquentes dans l’âge tendre que
dans aucun tems de la v ie , ont coutume de paroître
fur le vifage, 6c quelquefois même couvrent tout le
corps. Elles commencent d’ordinaire le trois ou le
quatrième jour d’une petite fievre, deviennent infen-
ublement plus larges, fubfiftent peu de tems, & s’é-
vanoiiiffent en ne laiffant fur la peau que quelques
écailles farinèufes.
Cette maladie paroît avoir fon fiége dans les vaifi-
féaux de la tranfpiration, & pour caufe une dépravation
bilieufe dépofée fur la peau par un mouvement
fébrile, en conféquence de là chaleur de la faî-
fon ou du tempérament. Alors cette matière difper-
fée dans la circulation avant l’éruption, 6c portée
au,- dehors par le fecours de la fievre, produit extérieurement
fur la peau un leger fentiment de douleur
& de chaleur, & intérieurement quelqu’anxiété,
jointe à une petite toux affez fréquente. Si dans cet
état l’on faifoit rentrer la matière morbifique, le mal
ne feroit pas Tans danger ; mais la nature montre le
chemin de la guérifon : elle ne demande que les di-
luens, de légers diaphoniques, un régime convenable
, une chaleur modérée, & l’abftinence des re*
medes échauffans. Aurefte, les fievres fcarlatines font
les plus douces de toutes les fievres exanthémateu-
fes ; il eft très-rare qu’elles foient fuivies de dépôts
intérieurs.
F ie v r e s c o r b u t iq u e , fievre anomale, vague,
périodique, communément intermittente, prenant
toute la forme des autres fievres, mais qui eft particulière
aux feorbutiques, 6c ne cede point à l’ufage
du quinquina.
Ses fignes. Dans cette fievre les urines dépofent un
fédiment briqueté, dont les molécules rouges, adhérentes
à l’urinal en forme de cryftaux , y tiennent
fortement, tandis qu’il fe forme fur l’urine une pellicule
qui s’attache au bord du vaiffeau , quand on
l’incline. C ’eft à cet indice & aux autres fymptomes
du feorbut, qu’on reconnoît l’efpece de fievre dont il
s’agit ic i, laquelle eft ordinairement plus fatigante
quedangereufe.
Mais il y a néanmoins des fievres feorbutiques continues
, malignes, contagieufes 6c cruelles. De telles
fievres produifent des vomiffemens , des diarrhées ,
des dyffenteries , des anxiétés, des taches noires ,
l’abattement des forces ; la putréfaction du foie , de
la rate, du pancréas, du méfentere ; l’atrophie, la
phthifie, la mort.
Cure. Cependant, quelle que foit la nature de ces
fortes de fievres, on doit toujours les traiter par les
anti-feorbutiques oppofés à l’efpece particulière de
feorbut dont le malade eft attaqué, & à l’acrimonie
dominante, faline, muriatique, acide, alkajine, fétide
, hnileufe ou rancide. Yoye^ S c o r b u t .
F i e v r e s e p t i m a n e , c’eft une fievre continue qui
s’étend jufqu’au feptieme jour, 6c que termine la fim-
ple défécation.
F I E par Le feGôürs,de cette.défécation,,laj&vrts aâxu-.
b Et à ntefure que la, députation fe fait ; & cette de,-*
puration fô manifefte dans les. urines, qui font ici
fort chargées, troubles & épaiffesi car celtefitvr*
n’a ni la violence ni le tems convenable pourpr.o-
duired’autre co&ion» Il n’y a même ni jour indicatif
ni jour confirmatif qui marque régiiLierement le teins
oir ces fortes- de fievres. doivent finir ; quelquefois
c’eft à la première, d’autres.fois à la fécondé, 6c
d’autres fois à la troifieme exacerbation ; rarement
elles s’étendent- jufqu’à la quatrième, 6c par confé-
quent elles fe terminent dans la femaine où elles ont
commencé, ce qui leur a fait donner le nom d e/èp-
iunane. . . . .
F i e v r e s p a s m o d i q u e , febrisfpafinodica. Ce n’eft
point unefievre particulière, c’eft une affeâion fymp-
tomatique & tres-effrayante, qui fe rencontre quelquefois
jointe à la fievre. .
Caufe prochaine. Elle eft produite pat un vice du
cerveau, lequel provient ou d’une irritation qui fe
communique au cerveau par le moyen des nerfs ou
du mouvement irrégulier & déréglé des liqueurs qui
circulent dans ce vifeere ; & cette irrégularité peut
avoir pour caufes toutes celles du délire, du coma,
de l’infomnie.
Effets, Si le fpafine dure long-tems, il affeûe tout
le genre nerveux, par la communication réciproque
que les nerfs ont enfemble, d’où ûaiffent tant de
triftes maux.
Prognofiics. L’affeftion fébrile convulfive eft plus
ou moins dangereufe, fuivant fa violence, fes répétitions
, & les caufes dont elle émane. Les convul-
fions qui fuccedent dans la fievre à de grandes éva- ;
citations, font pour l’ordinaire mortelles , ainfi que
celles qui font accompagnées d’un délire perpétuel.
Cure, On réglera toujours la méthode curative fur
la variété des caufes. En général, on tentera d a-
cioucir L’acreté dominante, de réfoudre la matière
engagée, de relâcher les parties qui font en contraction
, de fortifier celles qui font foibles, de procurer
une révulfion, &c. Si la fievre fpafmodique eft occa-
fionnée par une irritation locale, on portera les remèdes
fur la partie irritée. En un m ot, pour abréger
ce vafte fujet félon les indications différentes, les
caufes, les parties affectées , les fondions dérangées
ou fufpendues, on combattra le mal par des remedes
différens ; par lafaignée, les purgatifs , les émétiques
, les bains, les véfîcatoires, lés épifpaftiques,
les fomentations , les friûions, les relâchans, les caïmans,
les cordiaux, les aromatiques, les nervins,
les fétides , & e . d’où l’on voit affez combien font ridicules
les prétendus fpécifiques anti-fpafmodiques,
auxquels le vulgaire, & principalement les grands
feigneurs, donnent fottement leur confiance.
F i e v r e s p o r a d i q u e , ainfi dite de cvùpa, je dif-
perfe. Ce font des fievres de différentes efpeces , fendes
çà & là fur certaines perfonnes feulement qu’elles
attaquent en divers tems & lieux, parce qu’elles
procèdent d’une caufe qui leur eft propre & particulière.
V o y t{ S p o r a d i q u e . | ^
Je cortnois un ancien auteur qui a traite exprès ce
fujet ; c’eft Amicus (Diomedes) , dont l’ouvrage
écrit en latin, parut à Venife en 1605, ^ aîs
l’ouvrage de Ramazzini, de morbis artificum, fournit
encore plus de connoiffances fur les maladies
diques particulières.
F i e v r e s t a t i o n n a i r e , voyt{ F i e v r e h o m o -
to n e . Mais Sydenham appelle fievres ftationnaires,
febres fiationarias, les jievres continues epidemiques,
qui dépendant d’une conftitution particulière ôi inconnue
de l’air, régnent pendant tout le tems de la
durée de cette conftitution, & ne paroiffent jamais
autrement. • - r 1
F j e v r e s t e r c o r a l e . je donne, avec M .Quefftay,
Le'iiom defievresfietcorales à celles qui font eau-
fées, par des: matières viciées retenues dans les premières
voies , &c qjtû fe terminent par l’évacuatiOr»
de ces matières, lorfqu’on a recours à là purgation
avant que ces mêmes matières ayent infefté la mafia
des humeurs«
Nous comprenons ici fous îe nom de matières fier*
càr.aüs, non-feulement les matières fécales dépravées
dans lesinteftins, mais les matières perverties Contenues
dans l’eftomac, la bile, dépravée qui eft ver-
fée dans les inteftins,. les fucs vicieux qui féjournent
dans les premières voies, en un mot toutes: les matières
qui font immédiatement en prife à la purgation
, &c dont l’évacuation termine la maladie. U. faut
par conféquent diftinguer cette fievre de la fienire. putride
, qui dépend réellement de la dépravation putride
des humeurs. Voye^ F ie v r e p u t r id e .
Caractère de cette fievre, La fievre fier cor ale. n’a aucun
caraâere diftinél ; c’eft une fievre plus ou moins compliquée
,. félon le degré d’érétifoie que Caufent dans
les premières voies les, matières nuifibles qui y font
retenues ; enforte que ce genre de maladie eft fuf-
ceptible de plufieurs fymptomes fpafinodiques plus
ou moins confidétables.
Signes. Les fignes que peut fournir cette fievre ,
font un grand dégoût, les rapports defagréahfes 6c
de mauvaife odeur, l’amertume de la. bouche, la
langue ch a rg é e la Liberté du ventre , la fluidité 6c
la puanteur des dé je tions, les angoiflës ou le mal-
aife des* premières voies, les borborygmes douloureux,
les gonflemeas, les contrarions de L’abdo-
raen, les débilités ou les défaillances qui precedent
les évacuations. Quand cès fignés manquent, & qtiV
on redoute néanmoins des matières dépravées dans
les premières voies, on tentera d’exciter des évacuations
paf le moyen de layemens un peu purgatifs
, comme de cryftal minéral, dans une déeo&ioa
émolliente, afin de s’aflurer des qualités des déjections.
v
Caufes. Parmi les caufes qui occafionnent les fier
vres fiercoraies, fouvent épidémiques, la mauvaife
conftitution de Pair eft la plus imperceptible, mais
la plus fréquente, & la plus capable de pervertir les
alimens dans l’eftomac.
Cure. L’effentiel de la cure confifte, comme il eft aifé
de le comprendre, dans l’évacuation des matières dépravées,
par le vomiffement ou parla voie des Telles,
félon lesdifpofitions favorables! l’unou à l’autre genre
d’évacuatio n. Les hume&ans, les relâchans font né-
ceffaires, 6c doivent y être joints pour faciliter l’ effet
des purgatifs, 6c prévenir l’irritation qu’ils peuvent
caufer. Si la fievre eft violente, le pouls dur &
fort, on commencera par la faignée ; on la répétera
promptement, & on recourra aux Iavemeas adou-
ciffans 6c laxatifs, au petit-lait pris en abondance ,
aux huileux, aux cataplafmes émoUiens, pour pouvoir
fatisfaire au plutôt à la principale indication par
les purgatifs les plus convenables, adminiftrés alternativement
avec les parégoriques & les autres rç-
medes relâchans. Si la fievre eft accompagnée d’ardeur
& de foif preffante, oh doit donner au malade
pour boiffon ordinaire, & en quantité, le petit-lait
chargé de çreme de tartre, parce qu’il relâche, tempe-
r e& évacue fans irritation.On peut encore çonfeiller
la décoélion legere de tamarins, ou celle de,pruneaux
avec le cryftal minéral. Voye{ Ballonius, epid. lib. J l,
qui eft excellent fur ce fujet. r.t .vévpls
F ie v r e s u b in t r a n t e , eft celle dont l’intermif-
fion n’eft point fenfible : on la nomme autrement con-
tinue-rémittente Voyel FlEVRE RÉMITTENTE, é1 FlEVRE
CONTINUE-RÉMITTENTE. 1
FlEVRE s u d a t o ir e , helodes febris. La fievrefu-
dataire eft une affe&ion morbifique, laquelle confifte
en fueurs immodérées qui accompagnent les fievres
aiguës.