
.& au commandement f e u , ils tirent tous enfemble
« ■ , - ■ ' I
Lorfque ce peloton a fait feu , le fixieme s arrange
pour en faire de même immédiatement après ; puis
-îe troifieme & le quatrième, deux terns (fl) après que
le cinquième & le fixieme ont fait feu. Le premier & 4e deuxieme font également^« deux tems après que
Je troifieme & le quatrième ont tiré. A l’égard des
grenadiers & du piquet, ils exécutent leur feu deux
■ tems après celui du premier & du fécond peloton.
On voit par-là que le feu par peloton ayant commencé
par le centre, fe porte enfuite fucceffivement
du centre aux ailes ; sjais de maniéré que les pelotons
à c-oté les lins des autres, excepté les deux du
centre, ne tirent pas de fuite, mais fucceffivement
un-peloton de la droite & un de la gauche.
Il eft bien difficile qu’une manoeuvre au-ffi compo-
fée & auffi variée, & qui demande autant d’attention
, puiffe s’exécuter fans defordre ou confufion un
jour d’aftion : .auffi prétend- on avoir remarqué ,
comme on le verra bientôt, que ce feu, dont l’exécution
eft fi brillante dans les exercices, eft peu dangereux
un jour de combat (fl)
Le feu par feétion s’exécute de la même maniéré
que celui par peloton, il commence également par le
centre. La onzième compagnie tire la première, puis
la douzième, enfuite la troifieme, la quatrième, &c.
Voyer L'ordonnance du G Mai i j 55.
Le feu par rangs eft d’une exécution plus fimple,
eu égard aux commandemens, que les deux précéderas.
Le premier rang, comme on l ’a déjà dit ci-devant
, met d’abord genou à terre, ainfi que le fécond
& le troifieme , s’il y a quatre rangs ; le quatrième
fe tient debout, & tire ; le troifieme fe leve enfuite,
& tire auffi ; le fécond fait immédiatement après la
même manoeuvre, & enfuite le premier.
Pendant le tems que ces deux derniers rangs tirent,
le quatrième & le troifieme ont le tems de recharger
leurs armes, & ils peuvent recommencer à tirer immédiatement
après le premier ; mais le premier & le
fécond font obligés de recharger debout, & de fuf-
pendre, pendant le tems qu’ils y employent, le feu
du bataillon.
Dans l’ancienne maniéré de tirer par rangs , on
évitait cet inconvénient.
Le premier rang tiroit d’abord, & il alloit enfuite,
en paffant dans les files du bataillon , en gagner la
queue : le. deuxieme enfaifoit de même, après avoir
tiré-; puis le troifieme & le quatrième, &c. De cette
façon , les rangs qui avoient tiré les premiers ,
avoient le tems de recharger leurs armes avant de
fe retrouver en face de l’ennemi. Nos files ferrées
ne permettent point cette manoeuvre ; cependant
lorfque l’on fait tirer, les troupes dans des circonftan-
ces-où elles ne peuvent pas s’aborder, on pourroit
peut-être encore fe fervir de cette méthode fans inconvénient
, fur-tout en faifant faire à-droite aux
rangs qui font derrière celui qui eft en face à l’ennemi
; ôc cela afin d’avoir plus d’efpace entre les files
(a) II y auroit peut-être plus d’avantage différens rangs du peloton immédiatemenàt lfeasir eu ntsir earp rléèss lceosn afountdrerasi,t ppaarsc aev qeuce c el’leufif edte dse cso cuopusp dsu d fué pcorenmd,i enri rla’enlgfe nte d fee creelru tio-cuis alveesc r acneglusi àd lua ftrooiisf,i eqmu’eu.n I ml pêemuet fabrlrdivaet re nenne mfaii fraençt otiivbeé
ddeuu pxr ecomuipesr ,e glea lefbmldeantt qmuoi rltee lfsu ;i t aauu lrioeiut qreuçeu s ’liel éfétociotn tdo.mà
p(ebu) -Lp’riènste crevlaulil ed o’uun ela fdécuoréned dé,’u np etenmdasn td alanqs ule'elxlee rocnic ep eeuftt prononcer, un, deux. Voyeç l'Ordonnance du 6 Mai - de(s ct)r oOunp ense. pIle upta reoni t aàtt rliab uveérr iltaé cqauuefe l ’eqxué’acuu tpioeun ddu’e xercice peloton peut être fufceptible de plufieurs inconvéniefenus p, aàr ■caauuxf ep edieost odnifsf éqruein sd cooivmemnta tnidreerm deens fquuitie f;e mfoanits elen gmrêamnde utfeamges •doit y former les troupes infenfiblement.
pour le p à f T a g e des foldats qui vont fe reformer à là
queue du bataillon.
On faifoit auffi quelquefois palier à droite & à
gauche par les ailes du bataillon, les rangs qui
avoient tiré, pour les faire regagner la queue ; mais.
cette pratique étoit défe&ueufe , en ce 'que les foldats
du fécond rang ne pouvoient tirer que lorfque
le premier avoit quitté le front du bataillon ; ce qui
interrompoit la continuité du feu de la troupe, & le-,
r a l e n t i f t b i t .
Il y avoit encore plufiëurs autres maniérés de ti-*
rer, qu’on peut voir dans le maréchal de Bataille de
Loftelneau , dans la pratique de la guerre du chevalier
de la Valiere, &c , mais, qui feroient toutes de
peu d’üfage aujourd’hui, parce qu’elles exigent différens
mouvemens devant l’ennemi, dont l’exécution
feroit très-dangereufe. En effet, ceux qui ont
le plus d’expérience dans cette matière, prétendent
que tout mouvement que l’on fait à portée de l’ennemi
, qui change l’ordre & l’union des différentes
parties du bataillon, l’expofe prefque toujours à fe
rompre lui-même, & à faire volte-face.
On a toujours cherché le moyen de faire faire
aux troupes un feu réglé, de maniéré que les foldats
bien exercés puffent l’exécuter fans confufion.Cette
régularité peut produire de grands avantages. Car
par elle on ne fe défait que de telle partie de fôn feu
que l’on v eu t, & quand on le veut ; au lieu qu’en
laiffant tirer les foldats à leur volonté, on peut fe
trouver dégarni de feu dans le tems qu’il eft le plus
néceffaire. •
Il y a cependant quelques circonftances particulières
, où le feu fans ordre peut l’emporter furie
régulier , comme lorfque des troupes font derrière
des. lignes ou des retranchemens. M. de Turenne
l’ordonna dans un cas pareil au fiege d’Etampes eri
16 52.
Les troupes qui défendoient cette ville contre
l’armée du roi , ayant réfolu de reprendre un ouvrage
dont elle s’étoit emparée le matin, & d’inful-
ter en même tems les lignes ; elles fortirent en force
de la place pour cet effet. Les lignes des affiegeans
étoient prefque entièrement dégarnies de foldats
parce que les troupes qui les gardoient avoient été
fe repofer dans un des fauxbourgs de la ville affez
éloigné du camp, à caufe de l’a&ion du matin , qui
avoit été fort v iv e , laquelle avoit fait préfumer par
cette raifon, que les affiegés n’entreprendroientrien
de confidérablè pendant la journée.
On fe trouvoit tout prêt d’être attaqué lorfqu’il
» arriva dans le même moment 200 moufquetaires
» du régiment aux gardes. C ’étoit tout ce qu’on
» avoit pû ramaffer au camp. M. de Turenne leur
» recommanda ,fans s'amufer à tirer tous enfemble ,
» de bien ajufler leurs coups ; ce qu’ils firent fi à pro-
» pos , que jamais un fi petit nombre de foldats n’a
» fait tant d’exécution. Mém. du ducd’Yorck,/;. 1 y
II. vol. de VHift. de M. de Turenne, par M. de Ram-
% • -----
Dans des cas. de cette efpece les foldats s’animent
les uns & les autres à charger promptement & à tirer
à coup fur. L’attention n’eft point diftraite ou
partagée parl’obfervationdes commandemens pour
tirer. Chacun le fait de fon mieux , & ne le fait
guere alors inutilement. Auffi M. Bottée d it- il
que les Allemands craignent plus notre feu confus
que notre feu ordonné. La raifon qu’il en donne ,
c’eft que le défaut d’exercice rend ce dernier défectueux
, au lieu que dans l’autre un nombre de bons
foldats tirent avec defjein & avec attention.
Il tire de-là. cette conféqùence, que fi nos foldats
étoient bien difeiplinés à cet égard , ils^apporte-
roient en tirant avec ordre , la même attention que
lorfqu’ils le font fans ordre. Alors le feu régulier fe-
F E U
roit fans difficulté dans toute Oecafton- préférable aü !
feu confus ou irrégulier ; ce qui paroît évident*
Mais- pour cet- effet, il faut que le feu régulier foit
fi fimple, que les-foldats puiflent, pour ainfi dire,
l’exécuter d?eux-mêmes , & avec très-peu de for*
jnalités ; c’eft ce qui n’eft pas facile- à trouver. Ce
point fi important de fait militaire exige encore bien
des- tentatives & des expériences des officiers les
plus confommés dans la pratique de la guerre»
Quel que fôit''lé feu qu’on adopte, comme il eft
une des principales défenfes de l’infanterie, elle ne
fauroit trop y être exercée , non-feulement pour
tirer avec vîteffe , mais encore en ajuftant, fans
quoi l’effet n’en eft pas fort important. L'expérience
des batailles de la guerre de >733 6* de 1741 , dit M»
de Roftaing , dans un mémoire manuférit fur Tef-
J'al de la légion , ne nous a pas convaincu , que le feu
des Autrichiens & des Hollandois fu t excefjîvementformidable
(a) ; & f a i oui dire, ajoute cet habile offi*
cier ( que nous venons de-perdre ) d un de nos généraux
de la plus grande diflinüiony dont je fupprime le
nom par refpecb, qidaprès-La bataille de Cçajlau gagnée
par le roi de FrUjJi en 1742 , la ligne d'infanterie des
Pruffens étoit marquée par un tas prodigieux de cartouches
, lequel auroit fait préfùmer la deflruction totale de
l'infanterie autrichienne , de laquelle cependant ily euta
peine deuxmille hommes de tués ou bleffès.
C ’eft que les foldats Pruffiens n’avoient point encore
acquis alors cette jufteffe dans leur feu , qu’on
affûre qu’ils ont aujourd’h u i, & qui égale la promptitude
avec laquelle ils l’exécutent, On fait qu’ils
peuvent tirer aifément fix coups par minute, même
en fuivant les tems de leur exercice.
C ’eft un fait confiant, dit M. le maréchal de
Puyfégur, que le plus grand feu fait taire celui qui
l’eft moins ; que f i, par exemple , » huit mille hom-
» mes font feu contre fix mille,qui tirent auffi v ite les
» uns que les autres , & qu’ils foient à bonne por-
» tée , & également à découvert, les huit mille en
» peu de tems détruiront les fix mille. Mais fi les
»huit mille font plus long-tems à charger leur ar-
» mes , qu’ils ne foient pas exercés à tirer bien jufte,
» comme on voit des bataillons faire des décharges
» de toutes leurs armes contre d’autres, fans pour-
» tant voir tbmber perfonne , je jugerai pour lors
»que les fix mille hommes pourroient l’emporter
» fur les huit mille. » Art de la guerre.
Un problème affez intérfeffant qu’on pourroit
propofer fur cette matière , feroit de déterminer lequel
eft le plus avantageux de combattre de loin à
coups de fufil j ou de près à l’arme blanche, c’eft-à-
dire la bayonnette au bout du fufil.
Sans vouloir entrer dans tout le détail dont cette
queftion eft fufceptible , nous obferverons feulement
qüe les anciens avoient leurs armes de je t ,
qui répondoient à-peu-près à l’effet de nos fufils ;
mais qu’ils ne s’en lervoient que pour offenfer l’ennemi
d’auffi loin qu’ils le pouvoient, en avançant
pour le combattre de près. Lorfqu’on étoit parvenu
à fe joindre , ce qu’on faifoit toujours , on combat-
toit uniquement avec les armes blanches , c’eft* à-
dire avec l’épée & les autres armes en ufage alors,
Koyei A r m e s . Cette méthode eft en effet celle qui
paroît la plus naturelle. Car , comme ledit Monte-
cuculi, » la fin des armes offenfives eft d’attaquer
» l’ennemi & de le battre inceffamment depuis qu’on
» le découvre jufqu’à ce qu’on l’ ait entièrement de-
» fait : à mefure qu’on s’en approche , la tempête
» des coups doit redoubler ; d’abord de loin avec le
» canon ; enfuite de plus près avec le moufquet, &
» fucceffivement avec les carabines , les piftolets ,
» les lances, les piques , les épées , & par U choc
» mime des troupes. »
{a) Ces troupes exécutent leur feu par peloton.
F E U
C ’étoit l*ancienne pratiqué des troupes de France j
& fuivant M. de-FoIard, » celle qui convient le mieux
»au cara&ere de la nation, dont tout l'avantage con-
» ffle dans fa première ardeur. Vouloir- la retenir, dit -
» cet auteur , par une prudence mal entendue > c eft
»-une vraie poltronnerie ; c eft tromper les foldats & leur
» couper- les bras & Us jambes. Ceux qui la font
» combattre de loin dans lès actions de rafe campagne,
» ne la connoiffent pas , 6* s'Us font battus , ils méri*
» ttnt de l'être-. I l fau t, continue ce même auteur ,
» laijfèr• aux Hollandois , comme plus flegmatiques ,
» leurs pelotons , b prendre toute maniéré de combattre
» quinbus porte à l'action & à-joindre. T ennemi. *
Traité de la colonne, par M. le chevalier de Folardà
Quoique l’expérience & le fentiment des plus ha-*-
biles militaires concourent à démontrer le principe
de M. de Folafd à cet égard , il ne s’enfuit pas de-là
qu’on doive négliger l&feu* » Tant que la-fituatioil
» des lieux où vous combattez, dit M. le maréchal
» de Puyfégur, peut vous permettre d’en venir aux
» mains , i l faut U faite, & préférer cette façon de com*
yy battre à toute autre. Mais comme l’ennemi vous
» contrarie , ajoute-t-il, avec beaucoup de raifon >
» s’il fe croit fupérieur par les armes à feu y il cher*
» chera les moyens d’éviter les combats en plaine ;
» & fi vous voulez l’attaquer, vous ferez fouvent
» contraint de le faire dans des poftes , où les armes
» k feu feront néceffaires avant d’en pouvoir venir
» aux coups de main, (a) C ’eft: pourquoi il eft très*
»• important d’exeréer le foldat à favoir faire ufage
»de toutes les fortes d’armes dont il doit fe fervir.
» I l faut tâcher de fe rendre fitpérieur en tout aux en*
» nemis que Ton peut avoir à combattre , & ne rien né-
» gliger-pour cela ; s'informant che{ les nations étran-
» gérés comment ils infiraifent leurs troupes, pourpren*
» dre d'elles ce qui aura été reconnu meilleur que ce que
» nous pratiquons. »
Rien de plus fenfé & de plus judicieux que ces
préceptes de l’illuftre maréchal que nous venons de
nommer. C ’eft ainfi que les Romains adoptèrent
avec beaucoup d,e fageffe , tout ce qu’ils trouvèrent
de bon dans la maniéré de combattre & de s’armer
de leurs ennemis ; & cette pratique , qui fait tant
d’honneur à leur difeernement, ne contribua pas
peu à leur faire furmonter des nations plus nom-
breufes & auffi braves, & à les rendre les maîtres de
la terre.
Quoiqu’il paroiffe décidé par les autorités précé*
dentes, que lorfqu’une troupe d’infanterie françoife
combat une autre troupe , & qu’elle peut la join*
dre, elle doit l’aborder fans héfiter ; on croit néanmoins
qu’il y a des circonftances particulières où il
ne feroit pas prudent de le faire.
Supposons, par exemple , qu’un général commande
des troupes peu aguerries & peu exercées ,
ou qui n’ayent point encore vû l’ennçmi. S’il veut
les faire approcher pour combattre à Farme blanche
, il eft a craindre que la préfence de l’ennemi ne
les trouble , & qu’elle ne les mette en defordre.
Au lieu qu’en les mettant en état d’exécuter lem*
feuy fans pouvoir être abordées, le danger, quoique
plus grand qu’en fe joignant la bayonnette au bout
du fufil, leur paraîtra plus éloigné , & par cette
(4) L'auteur des Sentimens d’ün homme de guerre fur là ccr
lonne de M. de Polard, tient à-peu-près le même langage que
M- de Puyfégur, « H eft très-pertain, dit cerauteur, premie-
„ reuieqt qpe dans un tefrejn fibre il dépend toujours dp ce-
,, jpj \ gui J’epvje en prend, de combattre de loin Sp de près,
,, tout cçjmme il le tropye à propos ; fecQtidement que celui
,, qui ne voùdroit ,que combattre de loin n’en eft jamais le
„ maître ; fon ennemi lui donne l’ordre ; s’il retu Ce d’K obéir
„ il fàyp céder- S’il obéit fans être préparé, jl eft maltraité i
,, en un mot, d’une maniéré ou d’autre jl eft puni, foit pour
„ caufe de defobéiffançe, foit j>ovu* caufe d’imprudence ; &
„ il le mérite ” ,