
ment, à peine de concuflïon & de 360 îivfes d’ amende
applicable aux pauvres des lieux. Les vacations
des experts doivent être taxées par le commif-
-faire.
La partie la plus diligente peut faire donner au
.procureur de l’autre partie, copie des procès-verbaux
8c rapports d’experts ; & trois jours après pour-
-fuivre l’audience fur un Ample a£le, fi l’affaire eft
■ d’audience, ou produire le rapport d'experts , fi .le
procès eft appointé.
Les experts ne font point juges; leur rapport n’eft
jamais confidéré que comme un avis donné pour in-
firuire la religion du juge ; & celui-ci n’eft point af-
•treint à fuivre l’avis des experts.
Si le rapport eft nul, ou que la matière ne fe trouv
e pas fuffifamment éclaircie, le juge peut ordonner
un fécond, & même un troifieme rapport. Si
c ’eft une des parties qui requiert le nouveau rapport
, 8c que le juge l’ordonne, ce rapport doit être
fait aux dépens de la partie qui le demande. Voye^
Carticle 184. de la coutume de Paris , 8c les coutumes
de Nivernais , Bourbonnois , Melun, EJlainpes , 8c
.Montfort.
Pour ce qui concerne la fonûion des experts en
matière de faux principal ou incident, ou de recon-
noiffance en matière criminelle, lorfque l’on a recours
à la preuve par comparaifon d’écriture, voyeç . l'ordonnance du faux du mois de Juillet iy$y , Faux
&E Reconnoissance. (A ) xpert-Architecte ou Expert-Bourgeois,
eft celui qui n’eft point entrepreneur de bâtimens.
Voye^ ce qui en efl dit ci-devant. Expert - Arpenteur - Mesureur - Priseur ,
-étoit un expert deftiné à mefurer 8c eftimer les terres,
prés, bois, &c. Ces experts - arpenteurs ont été
Supprimés. Voye^ ce qui en ejl dit ci-devant au mot EXPERT.
Expert-Bourgeois , eft différent d’un bourgeois
que l’on nomme pour expert. Avant qu’il y eût
des experts en titre, on nommoit pour experts des
bourgeois, comme cela fe pratique encore dans les
pays où il n’y a pas 8 experts. Mais depuis la création
des experts, dans les pays où il y en a , on entend
par expert-bourgeois, un expert en titre qui n’eft
pas entrepreneur de bâtimens. Vyye^ ci-devant Expert.
Expert-juré , eft celui qui eft en titre d’office.
Voye^ ci-devant Expert.
Expert-noble ; il en fut créé par édit de 1696.
Voye^ ce qui en efl dit ci-devant au mot EXPERT. Expert nommé p’office, eft celui que le jugde’e
nn onmommem pero,u or uu pnoeu pr alertsi ed eaubxf epnatreti,e so,u l oqrufqi ure’eflulefes
n’en nomment point, ou enfin qu’il nomme pour
. tfiuerr sle-e xcpheoritx, .lorfque les parties ne s’accordent pas
Expert surnuméraire ou Surnuméraire:
quelques auteurs appellent ainfi le tiers-expert, parce
-qu’il eft nommé outre le nombre ordinaire.
# Expert tiers , eft celui dont les parties conviennent
, ou que le juge nomme d’office, pour départager
les experts qui font d’avis différent. {A )
EXPIATION, f. f. ( Théologie.) C ’eft l’aûion de
fouffrir la peine décernée contre le crime , & par
conféquent d’éteindre la dette ou de fatisfaire pour
une faute ; ainfi l’on dit qu’un crime eft expié par l’ef-
fufion du fang de celui qui l’a commis. Voye^ Lustration
, Propitiation , Satisfaction.,
Les Catholiques romains croyentque les âmes de
ceux qui meurent fans avoir entièrement fatisfait à
la juftice divine, vont après la mort dans le purgatoire
, pour expier les reftes de leurs péchés. Voye7 Purgatoire.
fxpiatiçn fe dit suffi des cérémonies par lefqu.ellès
les hommes fe purifient de leurs péchés, 8c en
particulier des facrifices offerts à la divinité , pour
lui demander pardon & implorer fa miféricorde. Voy,
Sa c r i f i c e .
La fête de T expiation chez les Juifs., que quelque«
traducteurs appellent le jour du pardon, fe célébroit
le dixième jour du mois de T if r i, qui répondoit à une
partie de nos mois de Septembre & d’OClobre, On
s y préparoit par un jeûne ; 8c enfuite le grand-prêtre
revêtu de fes habits facerdotaux, après avoir offert
un boeuf en facrifice, recevoit du peuple .deux
boucs & u n belier, qui luiétoient préfentés à l’en-
tree du tabernacle ou du temple. Il tiroit le fort fur
ces deux boucs, en mêlant deux billets dans l’urne ,
Tun pour le Seigneur, 8c l ’autre pour azazel, c’eft-
à-dire pour le bouc qui dcyoit être conduit hors, du
camp Ou de la ville chargé des péchés du peuple
appellé kircus emijfarius, bouc émiflaire, & par les
Hébreux a^a^el. Voye^ A p o p o m p é e & A z a z e l .
Le grand-prêtre immoloit pour le péché -le boue
qui étoit deftiné parle fort à être offert au.Seigneur,
8c réfervoit celui fur lequel le fort du bouc émiflaire
étoit tombé : enfuite prenant l’encenfoir, cju feu fa-
cre des holocauftes , 8c d’un encen,s préparé .qu’il
.jettoit defi'us, il entroit dans le f anâuaire , y faifoit
fe.pt afperfions du fang du bouc qu’il avoit immolé ;
apres quoi il revenoit dans le tabernacle pu dans, le
temple, y faifant des afperfions. de ce même fang-,
8c en arrofant les quatre coins de f autel des;;ho.lor
cauftes. Le fanftuaire, le tabernacle 8c l’autel étant
ainfi purifiés , le grand-prêtre fe faifoit amener le
bouc émiflaire, mettoit fa main fur la tête dft C.et
animal, confeffoit fes péchés & ceux du peuple , ôc
prioit Dieu de faire retomber fur cette yic|ime. les
maledi£!ions,& la peine qu’ils avoient méritées.. Le
bouc étoit alors conduit dans un lieu defert , oùjil
et oit mis en liberté, 8c, félon quelques-uns ^précipité.
Le grand-prêtre quittant alors fes habits,,. fe ïar
voit dans le lieu faint; puis les ayant repris , il of-
froit en holocaufte deux béliers, l’un pour le peuple,
8c l’autre pour lu i- même. II . mettoit fur l’autei la
graiffe du bouc immolé pour le péché du peuple. 5
après quoi tout le refte de cette viftime étoit,porté
hors du camp, & brûlé par un homme qui ne ren-
troit dans le camp qu’après s’être purifié en fe layajat..:
celui qui avoit conduit le bouc émiflaire dan$ le de-
fert, en faifoit de même. Telle étoit Yexpiqtipnfo-
lennelle pour tout le peuple parmi les Hébreux* Les
Juifs modernes y ont lubftitué l’immolation d’un coq.
Outre cette expiation générale, leurs ancêtres avoient
encore plufieurs expiations particulières pour les péchés
d’ignorance, loit pour les meurtres involontaires
f foit pour les impuretés légales , foit par des facrifices,
loit par des ablutions ou des afperfions^ on
en peut voir rémunération 8c le détail dans,le chap.
x v j. : & plufieurs autres endroits du Lévitique.
Les Chrétiens qui fe font lavés du fa ne de l’Agneau
fans tache, n’ont point eu d’autres ceremonies d’&e-
piation particulière, que celle de l’application des
mérites de ce fang répandu fur le Calvaire, laquelle
fe fait par les facremens, 8c en particulier par. le facrifice
de la meffe, qui eft un même facrifice que celui
du facrifice de la croix ; les cérémonies , comme
l’afperfion de l’eau benite, n’étant que des lignes extérieurs
de la purification intérieure qu’opere en eux
le S. Efprit. On expie fes péchés par la, fatisfaélion ,
c’eft-à-dire par les oeuvres de pénitence qu’ôn pratique
& qu’on accomplit par les mérites de Jefus-
Chrift. Voye^Sa t i s f a c t io n , Mé r i t e s , &<?. {G)
i Ex p ia t io n , {Littérature.) atte de religion établi
généralement dans le Paganifme pour purifier les coupables
& les lieux qu’on croyoit fouillés.,, ou pour
appaifer la colere des dieux qu’on fuppofpit irrités.
La cérémonie de Y expiation ne s’employa pas. feulement
lement pour les crimes, elle fut pratiquée dans mille
autres occafions différentes ; ainfi ces mots fi fré-
quens chez les anciens, expiare , lujlrare, purgare ,
februare y fignifioient faire des actes de religion pour effacer
quelque faute ou pour détourner des malheurs,
à l’occafion des objets que la folle fuperftition pré-
fentoit comme de finiftres préfages. Tout ce qui fem-
bloit arriver contre l’ordre de la nature, prodiges,
monftres, lignes céleftes, étoit autant de marques
du courroux des dieux ; 8c pour en éviter l’effet, on
inventa des cérémonies religieufes qu’on crut capables
de l’éloigner. Comme on fe forma des dieux tels
que les infpiroit ou la crainte ou l’efpérance, on établit
à leur honneur un culte où ces deux pallions
trouvèrent leur compte : il ne faut donc pas être fur-
pris de voir tant expiations en ufage parmi les
Payens. Les principales, dont je vais parler en peu
de mots, fe faifoient pour l’homicide, pour lés prodiges
, pour purifier les villes, les temples 8c les armées.
On trouvera dans le recueil de Groevius & de
Gronovius, des traités pleins d’érudition fur cette
matière.
i° . D e toutes les fortes & expiations , celles qu’on !
employoit pour l’homicide, étoient les plus gravés
dès les fiecles héroïques. Lorfque le coupable fe trou-
voit d’un haut rang, les rois eux-mêmes ne dédai-
gnoient pas de faire la. cérémonie de Y expiation :
ainfi dans Apollodre, Copréus qui avoit tué Iphite,
eft expié par Euryfthée roi de Mycenes ; dans Hérodote
, Adrafte vient fe faire expier par Créfus roi de
Lydie ; Hercule eft expié par Céix roi de Trachine ;
Ore fte, par Démophoon roi d’Athènes ; Jafon, par
C irc é , fouveraine de l’île d’Æa. Apollodore, Ar-
gonautic. lib. IV . nous a laifle un grand détail de la
cérémonie de cette derniere expiation3 qu’il eft inutile
de tranferire.
, Cependant tous les coupables de meurtre involontaire
vfexpioient pas leur faute avec tant d’appa-
xeil ; il y en avoit qui fe contentoient de fe laver
Amplement dans une eau courante : c’eft ainfi qu’A-
chille fe purifia après avoir tué le roi des Léleges.
Ovide parle de plufieurs héros qui avoient été purifiés
de cette maniéré ; mais il ajoûte qu’il faut être
bien crédule pour fe perfuader qu’on puiffe être purgé
d ’un meurtre à fi peu de frais :
Ah nimium faciles qui trijlia crimina coedis
Flumineâ tolli pojje putatis aqud.
Faft. lib. I I . 45.
Les Romains, dans les beaux jours de la république
, avoient pour Y expiation de l’homicide des cérémonies
plus férieufes que les Grecs. Denys d’Ha-
licarnaffe rapporte comment Horace fut expié pour
avoir tué fa loeur ; voici le paffage de cet hiftorien :
« Après qu’Horace fut abfous du crime de parricide,
» le roi, convaincu que dans une ville qui faifoit pro-
*> feflion de craindre les d ieux, le jugement des hom-
w mes ne fuffit pas pour abfoudre un criminel, fit
>> venir les pontifes , 8c voulut qu’ils appaifaffent
» les dieux 8c les génies, & que le coupable paflât
» par toutes les épreuves qui étoient en ufage pour
^ expier les crimes où la volonté n’avoit point eu de
» part. Les pontifes éleverent donc deux autels, l’un
» à Junon proteftrice des foeurs, l’autre au génie du
» pays. On offrit fur ces autels plufieurs facrifices
» d’expiation, après lefquels on fit pafler le coupable
t> tous le joug ».
La fécondé forte expiation,publique avoit lieu
’dans l’apparition des prodiges extraordinaires, 8c
étoit une des plus folennelles chez les Romains. Alors
le fénat, après avoir confulté les livres fibyllins,
ordonnait des jours de jeûne, des fêtes, des prières,
des facrifices, des leftifternes, pour détourner les
malheurs dont on fe croyoit menacé ; Joute la ville
Tome F I,
é to i t dan s le d e u il 8c dans la c o n f te r n a t io n , to u s le s
t em p le s é to ie n t o r n é s , le s fa c r i f ic e s expiatoires r e -
n o u v e l lé s , & le s l e â i f t e fn e s p ré p a r é s d an s le s p la c e s
p u b liq u e s . Voye{ L e c t i s t e r n e .
La troifieme forte d’expiation fe pratiquoit pour
purifier les villes. La plûpart avoient un jour mârqué
pour cette ceremonie, elle fe faifoit à Rome le 5 de
Février. Le facrifice qu’on y offroit, fe nommoit
arnburbium, félon Servius; & les viftimes que l’on
immoloit, s’appelloient amburbiales, au rapport de
Feftus. Outre cette fête, il y en avoit une tous les
cinq ans pour expier tous les citoyens de la ville ; 8c
c’eft du mot lujlrare, expier, que cet efpace de tems
a pris le nom de luftre. Les Athéniens portèrent encore
plus loin ccs fortes de purifications, car ils en
ordonnèrent pour les théâtres 8c pour les places où
fe tenoiént les affemblées publiques.
Une quatrième forte d’expiation , étoit celle des
temples 8c des lieux facres : fi quelque criminel y
mettoit les piés, le lieu étoit profané, il falloir le
purifier. OEdipe exilé de fon pays ,*alla par hafard
vers Athènes, 8c s arrêta dans un bois facré près du
temple des Euménides; les habitans fachant qu’il
etoit criminel 1 obligèrent aux expiations néceffaires-
Ces expiations confiftoient à couronner des coupes
facrées, de laine récemment enlevée de la toifon
d une jeune brebis ; à des libations d’eau tirées de
trois fources ; à verfer entièrement 8c d’un feul jet
la derniere libation, le tout en tournant le vifage
vers le foleil : enfin il falloit offrir trois fois neuf
branches d’oliyier ( nombre myftérieux), en prononçant
une priere aux Euménides. OEdipe, que fon
état rendoit incapable de faire une pareille ceremonie
, en chargea Ifmene fa fille.
La cinquième 8c derniere forte à'expiation publique,
etoit celle des armees, qu’on purifioit avant &
apres le combat : c’eft ce qu’on nommoit armilujlrie.
Homere décrit au premier livre de T Iliade, Y expiation
qu’Agamemnon fit de fes troupes. Voye^ A r m i l u s -
t r i e .
A ,ces exPlat^ons » il y en avoit encore pour
efre initie aux grands 8c petits myfteres de Cérès, à
ceux de Mythra, aux Orgies, &c. Il y en avoit même
pour toutes les aêlions de la vie un peu importantes,
les noces, les funérailles, les voyages. Enfin le peuple
recouroit aux purifications dans tout ce qu’il efti-
moit etrè de mauvais augure, la rencontre d’une
belette, d’un corbeau, d’un lievre ; un fonge, un
orage imprévû, 8c pareilles fottifes. Il eft vrai que
pour ces fortes d’expiations particulières il fuffifoit
quelquefois de fe laver ou de changer d’habits ; d’au-
! très fois on employoit l’eau , le fe l, l’orge, le laurier
& le fer pour fe purifier ;
E t vanurn ventura kominum genus omina noclis
Farrepio plaçant, & faliente fale.
TibuII. lib, I I I . eleg.jv. verf. S .
On croirok, après ce détail, que tout fans exception
g exploit dans le Paganifme ; cependant on fe
tromperoit beaucoup, car il paroît pofitivement par
: un paffage tiré du livre des Pontifes, que cite Cicéron
: {leg. lib. I I .) qu’il y avoit chez les Romains, comme
chez les G recs, des crimes inexpiables : facrum com-
miffum quod neque expiari poterit, impie commtffum efl-:
quod expiari poterit, publici Jacerdotes expianto. Tel
eft ce paffage décifif, auquel je crois pouvoir ajoû-..
ter ici le commentaire de l ’auteur de Y Efprit des lois%
parce que fon parallèle entre le Chriftianifme & le
Paganifme fur les crimes inexpiables, eft un des plus
beaux morceaux de cet excellent livre ; il mériteroit
d’être gravé au frontifpice de tous les ouvrages théologiques
fur cette importante matière.
« La religion payenne (dit M. de Montefquieu),
» cette religion qui ne défendoit que quelques cri?
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