
Former fon oppofition de faux au greffe dans trois jours, ôc fommer le défendeur de déclarer s’il entend I
fe fervir de la piece arguée de faux.
Si le défendeur refufe de faire fa déclaration-, le
demandeur peut fe pourvoir pour faire rejetter la
piece du procès ; fi au contraire le défendeur déclare
qu’il entend fe fervir de la piece, elle doit être
mife au greffe ; ôc s’il y en a minute, on peut en ordonner
l’apport ; & trois jours après la remife des
,pieces , on dreffe procès-verbal de l’état de ces
pièces.
Le rejet de la piece arguée de fa u x , n e peut être
ordonné que fur les conclufions du miniftere public ;
& lorfqu’elle eft rejettée par le fait du défendeur, le
demandeur peut prendre la voie du faux principal,
fans néanmoins retarder le jugement de la contefta-
■ iion à laquelle le faux étoit incident.
Les moyens de faux doivent être mis au greffe
trois jours après le procès-verbal.
Si les moyens font trouvés pertmens & admiffi-
bles , le jugement qui intervient porte qu’il en fera
informé tant par titres que par témoins, comme aufîi
par experts ôc par comparaifon d’écritures Ôc figna-
tures, félon que le cas le requiert.
Au cas que le demandeur en faux fuccombe, il
doit être condamné en une amende, applicable les
deux tiers au roi ou au feigneur, l’autre tiers à la partie
; ôc cette amende, y compris les fommes confi-
gnées lors de l’infcription de fau x, eft de 300 livres
dans les cours & aux requêtes de l’hôtel & du palais ;
de roo li vres auxfiéges qui reffortiffent nue ment aux
cours, & aux autres de 60 livres. Les juges peuvent
aufîi augmenter l’amende, félon les cas.
Lorfque la piece eft déclarée faujfe, l’amende eft
rendue au demandeur.
La procédure qui doit être obfervée dans cette
matière, eft expliquée plus au long dans l’ordonnance
de 1737. (-4?)
F a u x , adj. & adv. en Mujiqut, eft oppofé à jujle.
On chante faux , ce qui arrive fouvent à l’opera,
quand on n’entonne pas les intervalles dans leur juf-
teffe. Il en eft de même du jeu des inftrumens.
Il y à des gens qui ont naturellement l’oreille fauf-
f e , o u , fi l’on veut, le gofier ;.de forte qu’ils ne fau-
roient jamais entonner jufte aucun intervalle. Quelquefois
aufîi on chante faux , feulement faute d’habitude
, & pour n’avoir pas l’oreille encore formée à
l ’harmonie. Pour les inftrumens, quand les tons en
font fa u x , c’eft que l’inftrument eft mal conftruit,
les tuyaux mal proportionnés, ou que les cordes
font faujfes, ou qu’elles ne font pas d’accord ; que
celui qui en joue touche faux , ou qu’il modifie mal
le vent ou les levres. (S)
F a u x , (Manège.) terme généralement employé
parmi nous, à l’effet d’exprimer tout défaut de juf-
teffe & toute aftion non-mefurée, foit du cavalier,
/oit du cheval. Foy. Ju s t e s s e , M a n e g e . Vos mou-
’ vemens font faux ; ils ne font pas d’accord avec ceux
du cheval, ôc lui en fuggerent qui font totalement
désordonnés. Ce cheval, quelque brillant qu’il pa-
roiffe aux yeux de 1 ignorant, manie faux , fans pré-
cifion ; il eft hors de toute harmonie. Malheureufe-
ment pour les progrès de notre art, il n’en eft que
trop qui en impofènt à de femblables yeux par la
vivacité de leur aâion ; & ces yeux font en trop
grand nombre, pour ne pas laiffer des doutes fur
les réputations les mieux fondées en apparence. Ce
cheval eft parti fa u x , il eüfaux ; expreffions plus
particulièrement ufitées, lorfqu’il s’agit d’un cheval
que l’on part au galop, ou qui galope. Il eft dit fa u x ,
lorfque dans le manege fa jambe gauche entame à
main droite, & fa jambe droite à main gauche : ou
lorfque, hors du manege & dans un lieu non - fixé ôc
non-refferré, la jambe droite n’entame pas toujours.
1
Cette demiere maxime n’a eu force de loi parmi
nous, qu’en conféquence de la confiance aveugle
avec laquelle nous recevons comme principes, de
faunes opinions , qui n’ont fans doute régné pendant
des fiecles entiers, que par l’efpece fmguliere
de voeu qu’il femble que nous ayons fait de tout
croire & de tout adopter fans réflexion , fans examen
, ôc fans en appeller à notre raifon. Foye[ G a l
o p , M a n e g e . («)
F a u x , en termes de Blafon , fe dit des armoiries
qui ont couleur fur couleur , ou métal fur métal.
Fa u x , ( a la Monnoie. ) On fe rend coupable de
fa u x , en fait de monnoyages, en fabriquant des pièces
faujfes par un alliage imitant l’o r , l’argent, ou le
billon ; en altérant les efpeces, ou les répandant au
public : ou tout monnoyeur fabriquant dans les hôtels
, prend & vend des cifailles, grenailles, & quelqu’un
les achetant quoique le fachant ; ou tout directeur
de concert avec fes officiers, introduifant des
efpeces de bas alloi : tous ces différens cas font réputés
même crime; ôc ceux qui en font convaincus,font
punisde mort.
* F a u x , (Pêche.) c’eft un infiniment compofé de
trois ou quatre ains ou hameçons, qui font joints en-
femble par les branches, Ôc entre lefquels eft un petit
faumon d’étain, & de la forme à - peu - près d’un
hareng. Quand le pêcheur fe trouve dans un lieu où
les morues abondent, & qu’il voit qu’elles fe refufent
-à la boîte ou à l ’appât dont les ains font amorcés, il
•fe fert alors de la faux.Les poiflbns trompés prennent
pour un hareng le petit lingot d’étain argenté ôc brillant,
s’empreffent à le mordre; le pêcheur agitant
continuellement fa fa u x , attrape les morues par où
le hafard les fait accrocher. L’abus de cette pêche eft
fenfible ; car il eft évident que pour un poiflon qu’on
prend de cette maniéré, on en blefle un grand nombre.
Or on fait que fi - tôt qu’un poiflon eft blefle juf-
qu’au fang, tous les autres le fuivent à la pifte, ôc
s’éloignent avec lui. On doit par ces confidérations
défendre la pêche à la fouanne ôc autres femblables,
le long des côtes.
Il y a une efpece de chauffe ou verveux qu’on appelle/
««;,- elle eft compofée de cerceaux affemblés
& formant une efpece de demi-ellipfe; les bouts en
font contenus par une corde qui fert de traverfe ;
autour de ce cordon eft attaché un fac de rets, ou une
chauffe de huit à dix piés de long, à la volonté des
pêcheurs. Lorfque la/âux eft montée, elle a environ
cinq piés de hauteur dans le milieu, fur huit, dix*
douze piés de longueur. Il faut être deux pêcheurs :
chacun prend un bout de la f'aux, ôc en préfente Fou*
verture à la marée montante ou defeendante, au courant
d’une riviere ; & le mouvement du poiflon, lorfqu’il
a touché le filet, les avertit de le relever.
F a u x -A c c o r d , voye^D i s s o n a n c e .
F a u x -A v e u , eft lorfqu’une partie,pour avoir fon
renvoi, s’avoue fujet d’un autre que de fon feigneur
jufticier, ou lorfque le vaffal avoue un autre feigneur
féodal que celui dont il releve. Foye^ La coutume de la
Marche , are. 18, /cjtf, & ig8 ; Auxerre, art. 6~c). (A )
F a u x -Bo i s , (Jardinage.') branche d’arbre qui eft
crue dans Un endroit où elle ne de voit pas naître félon
les defirs du jardinier,& qui fouvent devient plus
groffe ôc plus longue que les autres branches de l’arbre
, dont elle vole une partie de la nourriture.
Dans l’ordre naturel de la taille, les branches ne
doivent venir que fur celles qui ont été raccourcies à
la derniere taille ; elles doivent encore être fécondes
ôc proportionnées dans leur jet : ainfi toutes les branches
qui croiffent hors de celles qui ont été taillées
l’année précédente, toutes les branches qui étant
venues, font groffes où elles devroient être minces
; toutes les branches enfin qui ne donnent aucune
marque de fécondité, font des branches de fauxlois.
i ° . L’ordre naturel des branches eft que s’il y
en a pins d’une, celle de l’extrémité foit plus groffe
Ôc plus longue que celle qui eft immédiatement au-
deffous, cette fécondé plus que la troifieme, ôc ainfi
de fuite. Or toute branche qui ne fuit pas cet ordre ,
eft réputée branche de faux-bois. On conçoit donc
qu’il faut détruire toutes les branches de faux-bois,
à moins qu’on n’ait deffein de rajeunir l’arbre, & d’ô-
ter toutes les vieilles branches pour ne conferver
que la faujfe ; ce qui eft un cas fort rare. Foye^ l'ar-
cle BOIS. Article de M. le Chevalier D E J A U Ç O U R T k
Fau x -Bourdon , eft une mufique firnple dont les
notes font prefque toutes égales, ôc dont l’harmonie
eft toujours fyllabique, c’eft-à-dire note contre note.
C ’eft notre pleinchant, accompagné de plufieurs
parties. Voye^ C ontre-Po in t . (S)
Faux-Bo urg , f. m. (Géog.) e’eft un terrein attenant
une v ille , ôc dont les habitans ont les mêmes
privilèges ôc la même jurifdiâioq que ceux de la
ville.
Faux-Bril lant , (Art oratoire.) penfée fubtile,
trait d’efprit ou d’imagination, qui placé dans un
Ouvrage, dans un difeours oratoire, étonne & fur-
prend d’abord agréablement, mais qui par l’examen
fe trouve n’avoir ni jufteffe ni folidité.
On ne rencontre que trop de gens dans le monde
auffi amoureux de ce clinquant, que le font les en-
fans de l’oripeau dont on habille leurs poupées. Si
ces gens-là en étoient crus, dit la Bruyere, ce feroit
un défaut qu’un ftyle châtié, net, ôc concis; untiffu
d’énigmes eft une leâure qui les enleve ; les compa-
raifons tirées d’un fleuve dont le cours, quoique rapide
, eft égal ôc uniforme, ou d’un embrafement qui
pouffé par les vents , s’étend au loin dans une forêt
où il confume les chênes ôc les pins , ne leur four-
niffent aucune idée de l’éloquence. Montrez-leurun
feu grégeois, un éclair qui les ébloüiffe, ils vous
quittent du bon & du beau.
Gardons-nous bien de donner dans ce goût bifar-
r e , fous prétexte que l’efprit d’exa&itude & de rai-
fonnement affoiblit les penfées, amortit le feu de
l’imagination, ôc deffeche le difeours; on ne parle,
on n’écrit que pour être entendu, pour ne rien avancer
que de vrai, de jufte, de confequent, ôc de convenable
au fujet qu’on traite. Article de M. le Chevalier
D E J A U CO URT .
Faux-Chassis, f. m. terme cTOpéra; ce font trois
montans de bois quarrés , de quatre pouces de diamètre,
ôc de vingt-huit piés de long, joints enfem-
ble en-haut & en-bas par deux pièces de bois du même
calibre, & de la longueur de trois piés ôc demi.
A la hauteur de huit piés, la moitié du faux-chaffis
eft formée en échelle ; & l’autre moitié refte vuide.
Dans la partie inférieure en-deffous, ôc à fes deux
extrémités, font deux poulies de cuivre ; & au-def-
fus, deux anneaux de fer.
Le faux-chaffis eft placé fur une plate-forme, à
huit piés au-deflbus du plancher du théâtre. Sur cette
plate-forme eft une rainure ou couliffe, fur laquelle
coule le faux-chaffis ; il paffe par la rainure ou cou-
îiffe qui eft faite au plancher du théâtre, ôc l’excede
de vingt-un piés de hauteur.
A hauteur du théâtre, à chacun des portans du
faux-chaffis, font, du côté du parterre, des crochets
de fer, fur lefquels on pofe le chaffis de décoration,
& on l’aflure par en-haut avec une petite corde oui
tient au chaffis, & qui eft accrochée au faux-chaffis.
Sur le côté oppofé, on accroche les portans de
lumière ( Voye^ P o R T A N s ) ;& l a partie faite en
échelle fert aux manoeuvres pour aller affurer la décoration
, & pour moucher les chandelles. Voye^
C hangemens, C h â s s is , C oulisse. (B )
Fa u x - C omble , en Architecture , c’eft le petit
comble qui eft au-deffus du brifé d’un comble à la
xnanfarde. (F)
F a u x -C Ô T É d’un vaiffeau*, (Marine.) fe d it d u
c ô t e p a r le q u e l il ç a r g u e l e p lu s . Foye^ C ô t é . ( Z )
F a u x -Em p l o i , (Jurifp,) Il y a faux-emploi quand
dans la dépenfe d’un compte on a porté une fomme
pour des chofes qui n’ont point été faites. L’ordonnance
de 1667, tu- xx jx . art. 21. dit que fi dans un
compte il y a des erreurs, omiffions de recette, ou
faux-emploi, les parties pourront en former leur demande
ou interjetter appel de la clôture du compte,
& plaider leur prétendus griefs en l’audience.
Le faux - emploi eft différent du double emploi»
Foye^ D o u b l e E m p l o i . (A )
F à u x - E n o n c é , (Jurifpr.) c ’ eft: lo r fq u e dans un
a û e o n in fé r é q u e lq u e fa i t q u i n’e ft p a s e x a f t , fo it
q u e c e la fe fa f fe p a r e r r e u r , o u p a r m a u v a ife fo i .
- •
Fa u x - E t a m b o t , f. m . (Marine.) c’eft une piece
de bois, appliquée fur l’étambot pour le renforcer.
Foyt{ E t a m b o t . ( Z )
F a u x - F e u x , f. m. (Marine.) ce font de certains
fignaux que l’on fait avec des amorces de poudre.
Foyei S i g n a l . ( Z )
F a u x - F o n d , (Brafferic. ) c’eft une partie de l a .
cuve matière, ou plufieurs planches de chêne coupées
fuivant le cintre de la cuve, percées de trous
coniques à trois pouces les uns des autres ; de forte
que le trou de deffous eft beaucoup plus large que
celui de deffus. Les planches de ce fond font dreffées
à plat-joint, 6c ne tiennent point les unes aux autres;
parce que lorfqu’on a fini .de braffer, on les retire.
Fcyei l'article BRASSERIE.
Fa u x - F r a i s , (Jurifprud.) font des dépenfes q u e
les plaideurs fon t, fans elpérance de les retirer, attendu
qu’elles n’entrent point dans la taxe des,dépens.
(A )
F a u x -f u y a n t , f. m. (Fénerie.) c’eft ce qu’on appelle
une fente à pié dans le bois.
F a u x - G e r m e , f. m. (Phyfiol.) conception d’un
foetus informe, imparfaite, 6c entièrement défec-
tueufe.
L ’hiftoire naturelle de l’homme commençant à fa
première origine, doit avoir pour principe l’inftant
de fa conception. On peut croire que l’homme, ainfi
que tous les animaux, naît dans un oe uf, q ui, par les
mes nourriciers, tranfmis de la matrice dans le cordon
ombilical, donne au germe qu’il renferme’ un
commencement de confiftance au bout de quelques
jours que cet oe uf a féjourné dans la matrice. Quelque
te ms «près, la figure de l’homme eft un peu plus
apparente. Enfin après quatre ou fix femaines de
conception & d’accroiffement perpétué, la figure
humaine eft tout-à-fait déterminée : on y diftingue
une conformation générale, des membres figurés,
ôc des marques fenfibles du fexe dont il eft.
Si cependant ce bel ouvrage de la nature plus ou
moins avancé, reçoit des troubles ôc des commotions
trop fortes dès fes premiers jours d’arrangement
; que par exemple la feve nourricière manque
ou foit détournée du vrai germe avant qu’il ait acquis
un commencement de folidité, de vrai germe
il devient faux-germe, fes premiers linéamens s’effacent
ôc fe détruifent par le long féjour qu’il fait encore
dans la matrice avant que d’être expulfé : cette
congélation féminale dotante dans beaucoup plus
d’eau qu’elle n’a de volume, fe divife d’abord, puis
elle fe confond fi bien dans les parties aqueufes,
qu’on ne retrouve plus que de l’eau un peu louche
dans le centre du faux-germe.
C ’eft donc dans ce point, que ce petit oeuf, régulier
dans fa figure, tranfparent à-travers fes membranes,
laiffant appercevoir par fa diaphaneite un petit
corps louche dans le centre de fes eaux , change
peu-à-peu, prend une figure informe, & mérité alors
le nom de faux-germe.