
dit la main &C lui dit : homme de peu de foi j pourquoi
ave?-vous douté ? Matt. xjv.. 3 /.
jefus dit à l’hémorroïffe : ma. fille aye^ confiance,
yotre foi vous a guerie. Matt. jx . 22.
Approcheç votre main , dit-il à Thomas*, mette^-la
dans mon côté, Cf ne foye^pas incrédule, mais fidele.
Jean, x x . zy . *
Ces miracles-ci font écrits afin que vous croyie^ que
Jefus eft fils de Dieu, & qu'en croyant vous aye[ la vie
en fon nom. Jeu.fi, xx. 3 /* . .a
Voilà l’idée unique & fimple que Jelus-Chnlt
nous donne de la foi & du fidele; tous les paffages
qu’on voit ic i, & un plus grand nombre d autres
qu’on omet, ne préfentent point d’autre fens ; c elt
de quoi l’on peut s’affûrer en parcourant les quatre
évangéliftes. . .
Ces paffages, dira-t-on, femblent donner à la toi
des bornes b,ien étroites ; à ce compte on pourroit
être fidele à peu de frais, & toutes lesfocietés chrétiennes
pourroient prétendre à cette qualité, puif-
que toutes admettent également la médiation & les
mérites infinis du Sauveur ; mais à Dieu ne plaife,
qu’on tire cette conféquence ! elle feroit abfolument
mauvaife & abfolument èrrônée ; en voici la raifon,
qui eft fans réplique : c ’eft que l’Eglife ayant ete
louvent obligée d’expliquer & de fixer les articles
de fa croyance, qui fe trouvoit attaquée par les hérétiques",
les termes de fidele & de foi ont eu necef-
fairement plus d’extenfion dans la Théologie, qu’ils
n’en avoient dans la bouche de Jefus-Chrift. En effet
, puifque nous devons écouter l’Eglife comme
notre mere, nous devons une humble foûmiffion. à
les decrets: f i autem Ecclefiam non audierit,fit tibi
fiicut ethnicus & publicanus. Matt. xvüj. \J. Il ne fuffit
donc pas d’avoir cette confiance effentielle en la
puiffance & en la médiation du Sauveur ; le vrai
fidele doit joindre à cette foi principale & primitive,
ce que l’on peut appeller la foi des dogmes, ceft-à-
dire l'adhèfion pure & fimple aux dècifions del'Eglife
catholique. Le chrétien qui montre des difpofitions
contraires, étale en effet ion orgueil, & ne mérite
plus le titre de fidele : fit tibi ficut ethnicus & publicanus.
Article de M. F AIGU E T .
FIDELITÉ, f. f. {Morale.') 'c’eft une vertu qui con-
fifte à garder fermement fa parole, fes promeffes ou
les conventions, en tant qu’elles ne renferment rien
de contraire aux lois naturelles, qui en ce cas-là rendent
illicite la parole donnée, les promeffes faites 8c
les engagemens contraâés ; mais autrement rien ne
peut difpenfer de ce à quoi l’on s’eft engagé envers
quelqu’un : encore moins eft-il permis en parlant,en
promettant, en contrariant, d’ufer d’équivoques ou
autres obfcurités dans le langage ; ce ne font-là que
des artifices odieux.
Les vices ne doivent pas non plus donner atteinte
à la fidélité, & ne fourniffent point par eux-mêmes
un fujet fuffifant de refufer à l’homme vicieux
l’accompliffementde ce qu’on lui a promis. Lorfqu’un
poëte, dit admirablement Cicéron dans fes-Offices,
( f iv. I I I . ch. x x jx .) , met dans la bouche d’Atrée ces
paroles : « je ri ai point donné & ne donne point ma foi
t> à qui rien a point ; il a raifon de faire parler ainfi
„ ce méchant ro i, pour bien repréfenter fon carac-
» tere : mais fi l’on veut établir là-deffus pour réglé
» générale, que la foi donnée à un homme fans foi,
„ eft nulle, je crains bien que l’on ne cherche fous
9> ce voile fpécieux, une exeufe au parjure & à l’in-
» fidélité.»' Ainfi le ferment, la promeffe, la parole
une fois donnée de faire quelque chofe, en demande
abfolument l’exécution ; la bonne foi ne fouflre point
de raifonnemens & d’incertitude.
Elle eft la fource de prefque tout commerce entre
les êtres raifonnables : c’eft un noeud facré qui fait
l’unique bien de la confiance dans la fociété de particulier
à particulier ; car dès l’inftant qu’on aiiroit
pofé pour maxime qu’on peut manquer à la fidélité
fous quelque prétexte que ce foit, par exemple, pour
un grand intérêt, il n’eft pas poffible de fe fier à
un autre lorfque cet autre pourra trouver un grand
avantage à violer la foi qu’il a donnée. Mais fi cette
foi eft inviolable dans les particuliers, elle l’eff encore
plus pour les fouverains, foit vis-à-vis les uns
des autres, foit vis-à-vis de leurs fujets: quand même
elle feroit bannie du refte du monde, difoit l’infortuné
roi Jean, elle devroit toujours demeurer inébranlable
dans la bouche des princes. Article.de M .
le Chevalier DE J AU COURT.
F i d é l i t é . {Morale.) La fidelité en amour n’eft
pas la confiance, mais c’eft une vertu plus délicate ,
plus fcrupuleufe & plus rare. Je dis que c’eft une
vertu plus rare. En effet, on voit beaucoup d’amans
conftans. On trouve peu d’amàns fideles. C ’eft qu’en
général les hommes font plus aifément féduits qu’ils
ne font véritablement touchés.
hu fidélité eft donc cette attention continuelle par
laquelle l’amant occupé des fermens qu’il a faits, eft
engagé fans ceffe à ne jamais devenir parjure. C ’eft
par elle que toujours tendre, toujours vrai, toujours
le même, il n’exifte, ne penfe & ne fent que pbur l’objet
aimé ; il ne trouve que lui d’âimable. Lifant dans
les yeux adorés & fon amour & fon devoir, il fait
que pour prouver la vérité de l’un, il ne doit s’écarter
jamais des réglés que lui preferit l ’autre.
Que de chofes charmantes pour l’amant qui eft fidele
J Qu’il trouve de bonheur à l’être, & de plaifir
à penfer qu’il le fera toujours ! Les plus grands facri-
fices font pour lui les plus chers. Sa délicateffe vou-
droit qu’ils fuffent plus précieux encore. C ’eft la
belle Thetis qui defiroit que Jupiter foûpirant pour
elle , eût encore plus de grandeur, pour le facrifieE
à Pelée avec plus de plaifir.
La fidélité eft la preuve d’un fentiment très-vrai,
& l’effet d’une probité bien grande.
Il ne faut qu’aimer d’un amour fincere, pour goûter
la douceur qu’on fent à demeurer fidele. Paffer
tous les inftans de fa vie près de l’objet qui en fait le
charme, employer tous fes jours à faire l’agrément
& le plaifir des liens, ne fonger qu’à lui plaire, ÔC
penfer qu’en ne ceffant point de l’aimer on lui plaira
toûjours, voilà les idées délicieufes du véritable
amant, & la fituation enchantée de l’amant fidele.
Je dis encore que la fidélité appartient à une ama
honnête. En effet, examinons ce qu’en amour les
femmes font pour nous, & nous verrons par-là ce
que nous devons faire pour elles.
Ce qui eft préjugé dans l’ordre naturel, devient
loifians l’ordre civil. L’honneur, la réputation & la
gloire, pures chimères pour la femme de la nature,
font pour la femme qui vit en fociété, dans l’ordre
le plus néceffaire de fes devoirs. Inftruite dès l’enfance
de ce que preferivent ces derniers & de ce qui
les altéré, quels efforts ne doit-elle pas faire, quand
elle veut y manquer ? que l’on regarde la force de
fes chaînes, & l’on jugera de celle qu’il faut pour le»
brifer. Voilà pourtant tout ce qu’il en coûte à la
femme qui devient fenfible, pour l’avoiier. Ajoûtez
à cet état forcé les craintes de la foibleffe naturelle
& les combats de la fierté mourante. Quelle recon-
noiffance ne devons-nous donc pas avoir pour de fi
grands facrifices ! Ce n’eft qu’en aimant bien, comme
en aimant toûjours, que nous pouvons les mériter
; c’eft en portant la fidélité jufqu’au fcrupule, en
penfant enfin que les chofes agréables, même les plus
legeres, que l’on dit à l’objet qui n’eft pas l’objet aimé,
font autant de larcins que l’on fait à l’amour.
Qn voit affez par-là qu’il n’y a guere que l’amour
vertueux qui puiffe donner 1 amour fidele. Cet article
eft de M.MARGEJUCY.
\ F i d é l i t é , ( Mythol. Médailles, Lit tir.) en latin
fides, déeffe des Romains qui préfidoit à la bonne foi
dans le commerce de la v i e , & à la fureté dans les
promeffes. On la prenoit à témoin dans fes engageo
n s , & le ferment qu’on faifoit par elle, étoit de
tous les fermens le plus inviolable ; elle tenoit ert
conféquence le premier rang dans la religion, &
étoit regardée comme la principale confervatrice de
la fûreté publique.
On la repréfentoit par deux mains qui fe joignoient
enfemble, ainfi qu’on le voit fur pluneurs médailles,
par exemple, dans celle d’Antoine, de Vitellius, de
Vefpafien & d’autres, avec ces mots, fides exerci-
tuum, & dans celles d’Hoftilien, avec ceux-ci, fides
fenatus. Confultez l’ouvrage numifmatique de Ban-
dury. Ailleurs elle eft repréfentée debout, tenant
d’une main une patere, & quelquefois de l’autre une
corne d’abondance, avec ces paroles, fides publica.
Souvent elle paroît avec une ou plufieurs aigles romaines.
On voit encore cette déeffe gravée fur les médailles
, fous la figure d’une femme couronnée de feuilles
d’olivier; d’autres fois elle eft affife tenant d’une
main une tourterelle, fymbote de la fidélité-, & de
l’autre un ligne militaire. Enfin elle eft dépeinte avec
plufieurs autres attributs fur quantité de médailles,qui
ont pour infeription, fides aug. mutua, publica, equit.
exercitus, militum, cohortium, legionum, & c . Quelquefois
avec ces inferiptions, on trouve deux figures
qui joignent la main enfemble, pour défigner
l’union de gens qui fe confervent la foi les uns aux
autres. Dans une médaille de Titus , derrière les
deux mains jointes , s’élèvent un caducée & deux
épies de blé. ' }
Cette divinité n’a voit pour tout habillement qu un
voile blanc, fymbole de fa candeur & de fa franchife;
te fpes & albo rara fides colitvelatapanno, dit Horace.
Ses autels n’étoient point arrofés de fang, & on ne
ituoit aucun animal dans fes facrifices, parce qu’elle
déteftoit l’ombre même du carnage. Ses prêtres a-
voient à fon exemple la tête & les mains couvertes
d’un voile blanc, pour faire connoître qu’ils agif-
foient avec une extrême fincérité, & dans ce qu’ils
méditoient, & dans ce qu’ils exécutoient. Ils lui pré-
fentoient toûjours leurs offrandes avec la main droite
enveloppée du voile ; & c’eft par cette raifon,
fuivant quelques-uns, que l’on prête encore ferment
de cette main.
, Numa, félon les hiftoriens de Rome, confidérant
Infidélité comme la chofe du monde la plusfainte &
la plus vénérable, fut le premier de tous les hommes
qui lui bâtit un temple : & il voulut que les frais
de fon culte & de fes autels fe fiffent aux dépens du
public, qui y étoit fi fort intéreffé. Ce temple de
Numa étant tombé en ruine, fut réédifié par les foins
d’Attilius Collatinus, car c’eft ainfi qu’on doit interpréter
un paffage du II. livre de la nature des dieux.
La ftatue de la fidélité îut placée dans le capitole ,
tout près de celle de Jupiter, quam in capitolio, dit
Cicéron, vicinam Jovis optimi maximi majores noftri
elfe voluerunt; ils croyoient qu’elle étoit refpe&able
à Jupiter même, dont elle fcelloit les fermens. C’eft
ce qu’Ennius nous apprend dans ce paffage que Cicéron
rapporte, & trouve avec raifon fi beau :
O fides aima, apta pinnis, & jusjurandum Jovis !
« O divine foi, vous méritez d’être placée au plus
» haiit des temples, vous qui proprement n’êtes rien
» autre chofe que le ferment de Jupiter ».
En effet, Numa ne fit rien de plus digne de. lui,
que de confacrerun temple à la fidélité, afin que tout
ce qu’on promettoit fans écriture & fans témoins fût
auffi ftable que ce qui feroit promis & juré avec toutes
les formalités des contrats, & le peuple qu’il gou-
Toine VI,
vernôit penfà de même que le légiflateufi Polybe 8t
Plutarque rendent aux Romains ce témoignage glo*
rieux, qu’ils gardèrent long-tems & inviolablement
leur foi, fans caution, témoin ni promeffe ; au lieu ,
difent-ils, que dix cautions, vingt promeffes & au-*
tant de témoins, ne mettoient perfonne en fûreté
contre l’infidélité des Grecs. Je crains bien que les
peuples de nos jours fi civilifés, ne reffémblent aux
Grecs de Plutarque & de Polybe ; hé comment ne
leur reffembleroient-ils pas, puifque les Romains mêa
mes ne tenoient plus aucun compte de la foi fous le
régné d’Oéfave 1 C ’eft pourquoi les écrivains du fie-
cle de cet empereur donnoient à cette vertu le nom
d’antique, cana fides, pour marquer que les fiecles
011 elle avoit été dans fa force, étoient déjà bien éloignés;
elle exiftoit avant Jupiter, dit Silius Italiens.
Ils l ’appell oient encore rare, rara fides, pour faire
entendre qu’elle ne fe trouvoit prefque plus chez les
nations policées, & qu’elle n’y a guere paru depuis.
Article.de M. le Chevalier DE J AV COU RT.
F ID 1U S , { Littér. & Mythol. ) dieu de la bonne
foi ou de la fidélité, par lequel on juroit chez les Ro-:
mains, endifant me diusFidius, & enfous-entendant
adjuvet : que le dieu Fidius me foit favorable !
J’ai lu avec grand plaifir dans Une differtation de
M. l’abbé Maffieu {Mém. de l'Acad, des Belles-Lettres,
tom. I . ) , quelques détails inftruffcifs fur le dieu Fidius,
dont je vais profiter, parce que perfonne ne s’eft
encore donné la peine d’éclaircir bien des chofes qui
concernent ce dieu. Tout ce qu’on fait de plus ffir ,
c’eft qtt’il préfidoit à la religion des Contrats & des
fermens : du refte on ignore fa véritable généalogie ,
la force de fes différens noms, & même la manière
dont ils doivent être lus.
Denys d’Halycarnaffe femble confondre le dieu
Fidius avec Jupiter ; car en plufieurs endroits où il
eft obligé de traduire le dieu Fidius des Romains, il
le rend par le riiç’ioc des Grecs. Mais il eft abandonné
fur Ce point par tout ce qu’il y a de meilleurs
critiques.
La plûpart croyent que ce dieu étoit le même qu’-
Hercule, & que ces deux mots dius fidius ne lignifient
autre chofe que Jovis filius. Nos anciens, dit Feftus,
fefèrvoient fouvent de la lettre d au lieu de la lettre
t , & difoient fidius au lieu de filius : c’étoit auffi le
fentiment d’Elius, au rapport de Varrom
Quelques-uns prennent ce dieu pour Janus, d’autres
pour Sylvanus, dieu des forêts. : ceux qui pré-
tendeht avoir le plus approfondi cette matière, foû-
tiennent après Laftance,que c’étoit un dieu étranger,
& que les Romains l’avoient emprunté des Sabins. Ils
lui donnent une naiffance miraculeufe, qui dès ce
tems même de fuperftition, parut fort équivoque 8c
fort fufpe&e.
Les fentimens ne font pas moins partagés fur les
noms de ce dieu que fur fon origine. Les trois noms
qu’on lui donnoit le plus communément, étoient
ceux de Sancus, de Fidius, & de Semi-pattr, :
C’eft encore un nouveau fujet de difpute entre les
Savans, que de déterminer la maniéré dont on doit
lire ces trois noms, car ils ne s’accordent que touchant
fidius, & font très-divifés au fujet de fancus
8c de Jemi-pater. En effet, à l’égard du premier nom ,
les uns tiennent pour fancus, les autres pour fangus%
d’autres pour fanclus, 8c ceux-ci concluent que ce
dieu étoit le même qu’Hefcule. Quant au dernier
nom, les uns lifent femi-pater, & par ce mot ^entendent
autre chofe que demi-dieu ; les autres femi-
caper, dans la perluafion où ils font que dius fidius
étoit le même que Sylvanus, qui comme toutes les
divinités champêtres, avoit des piés de chevre : enfin
la plûpart lifent Jèmo-pater, c’eft-à-dire dieu mitoyen
, dieu qui faifoit fon féjour dans l’air, n’étant
S S s s ij