
* 5 4 E X H .roît évidemment par le calcul des combinaifons. Il
eft: donc entièrement hors de doute que les météores
doivent produire un grand nombre de phénomènes
dont nous ne comprendrons jamais bien les caufes,
& fur lefquels les Philofophes ne feront jamais que
des conjeôures. Poye^ M é t é o r e s .
Il y a quelquefois, continue M. Muflchenbroeck,
de violens tremblemens de terre, qui font fendre
& crever de grofles croûtes pierreufes de la grandeur
de quelques milles , & qui fe trouvoient couchées
fous la uirface de la terre. Ces croûtes empêchoient
auparavant les exhalaifons de certains corps fitués
encore plus profondément, de s’échapper 8c de fortir
de deffous la terré ; mais aufli-tôt que ces efpeces de
voûtes fe trouvent rompues 8c briiées, les palfages
font comme ouverts pour les vapeurs , qui venant
alors à s’élever dans l’air, y produiront de nouveaux
phénomènes. Ces phénomènes dureront aufli long-
tems que durera la eaufe qui les produit, 8c ils ceffe-
ront dès que cette même caufe fe trouvera confirmée.
Muflch. ejfai de Phyjiquc, § . 1471-1493. Voyc{
.VOLCAN.
On peut voir dans Vejfai fur les poifons, du dofteur
Mead, comment 8c par quelle raifon les vapeurs minérales
peuvent devenir empoifonnées. Voyc^ Po i s
o n , & l'article fuivant.
On trouve dans les Naturalifies plufieurs exemples
des effets de ces exhalaifons malignes : voici ce
qui eft rapporté dans Yhifoire de Vacadémie des Sciences
pour Vannée 1701. Un maçon qui travailloit auprès
d’un puits dans la ville de Rennes, y ayant laiffé
tomber fon marteau , un manoeuvre qui fut envoyé
pour le chercher, fut fuffoqué avant d’être arrivé à
la furface de l’eau ; la même chofe arriva à un fécond
qui defeendit pour aller chercher le cadavre ,
& il en fut de même d’un troifieme : enfin on y défi
cendit un quatrième à moitié y v re, à qui on recommanda
de crier dès qu’il fentiroit quelque chofe : il
cria bien v ite dès qu’il fut près de la furface de l’eau,
& on le retira aufli-tôt ; mais il mourut trois jours
après. Il dit qu’il avoit fenti une chaleur qui lui dé-
voroit les entrailles. On defeendit enfuite un chien,
qui cria dès qu’il fut arrivé au même endroit, 8e qui
s ’évanouit dès qu’il fut en plein air ; on le fit revenir
en lui iéttant de l’eau , comme il arrive à ceux qui
ont été jettes dans la grotte du chien proche de Naples.
V o y e^ G r o t t e . On ouvrit les trois cadavres,
après les avoir retirés avec un croc , & on n’y remarqua
aucune caufe apparente de mort ; mais ce
qu’il y a de plus fingulier, c’eft que depuis plufieurs
années on buvoit de l’eau de ce puits, fans qu’elle fît
aucun mal.
. Autre fait rapporté dans Yhifoirt de Vacadémie des
Sciences, ann. 1710. Un boulanger de Chartres avoit
mis dans fa ca ve , dont l’efcalier avoit 36 degrés,
fept à huit poinçons de braife de fon four. Son fils,
jeune homme fort 8c robufte, y étant defeendu avec
de nouvelle braife & de la lumière , la lumière s’éteignit
au milieu de l’efcalier ; il remonta, la ralluma,
8c redefeendit. Dès qu’il fut dans la c a v e , il
cria qu’il n’en pouvoit plus, & ceffa bientôt de crier.
Son frere, aufli fort que lu i,.defeendit à l’inftant ; il
cria de meme qu’il fe mouroit, 8e peu de tems après
fes cris finirent : fa femme defeendit après lu i , une
fervante enfuite, & ce fut toûjours la même chofe.
Cet accident jetta la terreur dans tout le voifmage,
& perfonne ne fe preffoit plus de defeendre dans la
cave. Un homme plus hardi que les autres, perfuadé
que les quatre perfonnes qui etpient defeendues dans
la cave n’étoient pas mortes, voulut aller les fecou-
rir ; il cria, 8c on ne le revit plus. Un fixieme homme
demanda un croc pour retirer ces corps fans defeendre
en-bas ; il retira la fervante, qui ayant pris l’air,
fit un foupir 8c mourut. Le lendemain un ami du
E X H
boulanger voulant retirer ces corps ayec un croc,
fe fit defeendre dans la cave par le moyen d’une
corde, 8c recommanda qu’on le retirât.dès qu’il crie-
roit. Il cria bien v îte ; mais la corde s’étant rompue,
il retomba, & quelque diligence qu’on fît pour renouer
la corde, on ne put le retirer que mort. On
l’ouvrit : il avoit les méningés extraordinairement
tendues , les lobes du poumon tachetés de marques
noirâtres, les inteftins enflés & gros comme le bras,
enflammés 8c rouges comme du fang ; & ce qu’il y
avoit de plus fingulier, tous les mufclesdes bras,
des cuiffes 8c des jambes comme féparés de leurs
parties. Le magiftrat prit connoiffance de ce fait, 8c
on confulta des médecins. Il fut conclu que la braife
qui avoit été mife dans la ca ve, étoit fans doute mal
éteinte ; 8c que comme toutes les caves de Chartres
abondent en falpetre , la chaleur de la braife avoit
fans doute fait élever du falpetre une vapeur maligne
& mortelle ; qu’il falloit par conféquent jetter dans
la cave une grande quantité d’eau, pour éteindre le
feu 8e arrêter le mal, ce qui fut exécuté : enfuite de
quoi on defeendit dans la cave un chien avec une
chandelle allumée ; le chien ne mourut point, 8c la
chandelle ne s’éteignit point : preuve certaine que le
péril étoit paffé.
A ces deux faits nous pouvons en ajdûter un troifieme
, rapporté par le doéleur Connor dans fes différé.
medic. phyjîq. Quelques perfonnes creufoient la
terre dans une cave à Paris , croyant y trouver un
thréfor caché : après qu’elles eurent travaillé quelque
tems, la fervante étant defeendue pour appeller
fon maître, les trouva dans la pofture de gens qui
travailloient ; mais ils étoient morts. Celui qui te-
noit la beche , & fon compagnon qui rejettoit la
terre avec la pelle, étoient tous deux fiir pié, 8c fem-
bloient encore occupés à leur travail : la femme de
l’un d’eux étoit afîife fur fes genoux, comme fi elle
eût été laffe, ayant fa tête appuyée fur fes mains,
dans la pofture de quelqu’un qui rêve profondément 5
& un jeune homme avoit fon haut-de-chaufles bas ,
& fembloit faire fes nécelfités fur le bord de la folle ,
ayant lés yeux fixés en terre : enfin tous paroiflblent
dans des attitudes 8c des aérions naturelles ; les yeux
ouverts 8c la bouche béante, de maniéré qu’ils fem-
bloient encore refpirer ; mais ils étoient roides comme
des ftatues, 8c froids comme marbre. C h am b e r s . (O)
E x h a l a i s o n s m in é r a l e s o u M o u p h e t e s ,'
h a b i tu s m in é r a le s , m e p k i t i s , 8cc. ( H i f t . r ia t. m in é r a l .')
Il part des veines ou filons métalliques, fur-tout
lorfqu’ils font proches de la furface de la terre, des
vapeurs qui fe rendent fenfibles, & qui dansl’obfcu*.
rité de la nuit paroilfent quelquefois enflammées. La
même chofe arrive dans le fem de la terre, au fond
des galeries 8e foûterreins des mines dont on tire les
métaux, charbons de terre 8c autres fubftances minérales.
Ces vapeurs ou e x h a la i fo n s s’échappentpar
les fentes, crevaffes 8c cavités qui fe trouvent dans
les roches ; elles font de différentes efpeces, 8c pro-?
duifent des effets tout différens. Tantôt elles échaufi;
fent l’air fi confidérablement, qu’il eft impolfible que,
les ouvriers puiffent continuer leurs travaux fous
terre; Cela arrive fur-tout durant les grandes chaleurs
, oii l’air extérieur de l’atmofphere n’étant pas
agité par le vent, refte dans un état de ftagnation qui
empêche l’air contenu dans les foûterreins dç fe re-
nouveller 8c de circuler librement. Les ouvriers font
fort incommodés de ces e x h a la i fo n s ; elles excitent
chez eux des toux convulfives , 8c leur donnent .la
phthyfie , la pulmonie , des pàralyfies, & d’autres
maladies qui contribuent à abréger leurs jours : fou-
vent même l ’effet en eft encore plus prompt, 8c les
pauvres mineurs font tout-d’un-çoup fuffoqués par
ces vapeurs dangereufes.
Ces exhalaifons paroiffent comme un brouillard
qui s’élève dans les. foûterreins des mines ; quelquefois
elles ne s’élèvent que jufqu’à cinq ou fix pouçes
au-deflus du fol de la mine ; ffautres fois elles s’annoncent
en affoibliffa.nt pgu-à-peu, 8e même éteignant
tout-à-fait le.s lampes des ouvriers : elles fe.ma-
nifeftent aufli fous la forme de filamens ou de toiles
d’araignées, qui en voltigeant s’allument à ces lamp
e s , & produifent, comme nous l’avons remarqué
à Y article C h a r b o n FOSSILE, les effets de la poudre
à canon ou du tonnerre. Voyt{ cet article,. Mais le
phénomène le plus fingulier que les exhalaifons nous
préfentent, c’eft celui que Tes mineurs nomment ballon.
On prétend qu’on voit à la partie fupérieure des
galeries des mines, une efpece de poche arrondie,
dont la peau reffemble à de la toile d’araignée. Si ce
fàc vient à fe c re ve r, la matière qui y étoit renfermée
fe répand dans les foûterreins., 8c fait périr tous
ceux qui la refpirent. Voye^ le, diclionn. de Çhapibers.
Les mineurs anglois eroyent que ce ballon eft formé
par les émanations qui partent de leurs corps 8c de
leurs lumières ; s’élèvent vers la partie fupérieure
des galeries foûterreines, s’y condenfent, 8c fe couvrent
à la longue d’une pellicule, au-dedans de laquelle
elles fe corrompent 8c deviennent peftilen-
tielles : au refte chacun eft le maître d’en penfer ce
qu’il voudra.
Les exhalaifons minérales,, quoique toujours per-
nicieufes, n’ont cependant point toutes le même degré
de malignité. Les minéralogiftes allemands nomment
fehwaden les plus maiivail'es ; elles fe font fen-
îir principalement dans les mines d’oii l’on tire des
minéraux fujets à fe décompofer par le conta# de
l’air , telles que les terres alumineufes & fulpbureu-
fes ; 8c ceux dans la compofition defquels il entre
beaucoup d?arfenic, comme font les mines d’argent
rouges 8c blanches, les mines d’étain, les mines de
fer arfénicales, les pyrites arfénicales blanches , les
mines de colbalt, &c. d’oîi l’on voit que la malignité
de ces exhalaifons ou mouphetes, vient de l’arfe-
nic dont elles font chargées ; 8c il y a lieu de croire
que ce qui les excite, eft l’efpeçe de fermentation
que caufe la chaleur foûterreine.
Heureufement ces exhalaifons ne régnent pas toujours,
dans les mines ; il y en a qui ne s’y font fentir
que dans de certains tems ; d’autres ne fe raanifeftent
qu’accidentellement, c’eft-à-dire lorfque les ouvriers
viennent à percer avec leurs outils dans des fentes
ou cavités, dans lefquelles des minéraux arlénicaux
ont été décompofés, ou bien qui ont fervi de retraite
à des eaux croupies , à la furface defquêlles ces exhala
fons fe préfentent quelquefois fous la forme d’une
vapeur bleuâtre, qui fort par le mouvement cau-
fé à ces eaux, & fe répand dans les foûterreins par ■
les paffages qu’on lui a ouverts ; elle eft fouvent ac- j
compagnée d’une odeur très-fétide. Il ne faut point
confondre avec les mouphetes que nous venons de
décrire, les exhalaifons qui régnent dans certaines
mines, oü l’on a été obligé de mettre le feu, afin de
détacher le minéral de la roche dans laquelle il fe
trouve enveloppé ; comme cela fe pratique quelquefois,
& fur-toüt dans les mines d?étain. On fent aifé-
ment que par cette opération il doit s’exciter dans
les foûterreins des vapeurs & fumées, qu’il feroit
très-dangereux de refpirer.
Il y a d’autres exhalaifons minérales qui, fans être
arfénicales, ne laiffent point que d’être très-dangereufes
, & de produire de funeftes effets ; telles font
-celles qui font fulphureufes, & par lefquelles, pour
parler le langage de la Chimie, l’acide fnlphujreux
volatil eft dégagé ; fouvent elles font périr ceux qui
ont le malheur d’y être expofés. Celles dont il eft
parlé dans Y article Charbon fossile font de cette
efpeçe. Il y a lieu de croire qu’il en eft de même de
celles qui fe font fentir en Italie, dans la fameufe
grotte du chien, &c.
Souvent il fe fait à la furface de la terre, Sc dans
fon intérieur, des exhalaifons très-fenfibles & très—
confiderables : elles fe montrent fur-tout le matin,
dans le tems que la rofée tombe ; & à la fuite dé ces
exhalaifons , les mineurs ttouvênt les filons des mines
qui font dans le. voifmage ftériles » dépourvus du
minéral qu’ils contenoient, & femblablés à' des oS
cariés ou à des rayons de miel ; pour lors ils difient
qu'ils font venits trop tard. C ’eft-là proprement ce
qu’on nomme exhalaifon, exhalatio, en allemand
dûffi/itterng. Quelquefois l’effet en eft plus rapide,
les vapeurs paroilfent enflammées, elles forrent dé
la te,rre accompagnées, d’une épa,iffe fumée, & produifent
des éruptions, à la fuite d«fquëlïesksVVifles
métalliques fe trouvent détruites. Ces phénomènes
femblent avoir la même çâufe que les volcans, ffoye^
cet article. Enfin il y â encore des exhaldifôns' 1 y a-
peurs que l’on appelle, inkfilatipnes, en allemand fin-
witterung; on défigne par-là les vapeurs qui régnent
dans les foûterreins des mines qui ont été long-tems
abandonnées, & à la fuite delquelles quelques auteurs,
difent qu’on trouve une matière yifqvieufê ou
gélatineufe, attachée aux parois des foûterreins,
dont par la fuite des tems il fe forme des minéraux
métalliques. Quoi qu’il eq foit, il pàroît qu’il n’eft
point douteux que les exhalaifons qui s’excitent dans:
les entraillçs de la terre, ne contribuent infiniment
à la formation des métaux , ou du mpins à la compofition
& décompofition des minéraux métalliques ,
puifqu’il eft aifé de voir que par leur moyen il le fait
continuellement des diffolutions , qui énfuite font
fuivies de nouvelles combinaifons. Pour peu qu’on
falfe réflexion à ce qui vient d’être dit, on verra que
les exhalaifons minérales jouent un grand rôle dans
la nature , & fur-tout pour la cryftallifation & la
mineralifation. Voye^ ces deux articles. Il y a aufli
tqut lieu de croire que c’eft à ces exhalaifons minérales
que toutes les pierres colorées font redevables de
leurs couleurs ; parce que les parties métalliques miles
dans l’état de vapeurs, font atténuées aii point
de pouvoir pénétrer les fubftances les plus dures &
le? plus compares. C’eft le fentiment du célébré
Kunckel,
M. Lehmann, favant minéralogifte, a fait un excellent
commentaire allemand fur un affez mauvais
traité des mouphetes deTbéohald. Il finit fon commentaire
par conclure, que les exhalaifons minérales ou
mouphetes ne font autre chofe « qu’un corps compofé
» d’une terre très-atténuée, d’un foufre très-fubtil ,
» & d’un fel très-volatil, qui produit fur les roche,s
» & pierres, dans le fein de la terre, 1^ même chofe
_» que le levain produit fur la p âte, c’eft-à-dire qu’il
» pénétré , développe, mûrit, & augmente. ’
Les exhalaifons minérales étant aum dangereufes
& incommodes qu’on Ta vu dans cet article, on
prend un grand nombre de précautions pour en garantir
les ouvriers, 8e pour faciliter la circulation
de l’air dans les,foûterreins. Qn fe fert pour cela des
percemens, qiiand il eft poflible de les pratiquer,
c’eft-à-dire qu’on ouvre une galerie horifontale au
pié d’une montagne ; 8c cette galerie fait, avec les
bures ou puits perpendiculaires de la mine, une efpece
de fyphon qui favorife le renouvellement de
l’air. Mais de toutes les méth,o,des qu’on puiffe employer
, il n’en eft pas de plus sûre que la machin?
de Suttoi?. foyeç cet article. (—)
* ÉXHALATOIRE, f. f. (fontainefalante.) c’eft
une forte de conftruérion particulier f^IX farines de
Rofieres. Derrière les po,elles il y a des poêlions qui
ont vingt-un pies d.e long fur cinq de large ; 8e derrière
ces poeflons, une table .de plomb à - peu - près
de même longueur & largeur, fur laquelle font eta-5