
3 4 0 E X T font particulières. Les mains d’une figure pourroient
être exactement conformées ; elles pourroient être
dans une exaôe proportion avec la figure, & ne pas
•offrir ces agrémens dont certains détails de leur conformation
les embeÜiflent: ces beautés le font remarquer
plus lenfiblement dans les mains des femmes ;
l’embonpoint rend leurs parties arrondies ; il forme
dans les endroits où.les mufcles s’attachent , de petites
cavités, qui en marquant la place des jointures,
en adouciffent les mouvemens. La féchereffe qu’oc-
.cafionne l ’apparence des os, eft heureufement voil
é e ; & les formes, la ns être détruites, font adoucies,
Je dirois la même chofe des piés ,û l’on pouvoit efpé-
xer aujourd’hui de le faire comprendre, en avançant
que la petiteffe extrême dont les femmes recherchent
l ’apparence dans leur chauffure, elt aulîi éloignée de
la beauté que la groffeur excelfive dont elles veulent
fe garantir. Peut-on de fens-froid lé refoudre à admirer
des bafeSjiur lefquelles chancelle le poids
qu’elles doivent loûtenir} On voit à tout inllant un
^orps énorme chercher en marchant fur deux pivots,
xin équilibre que la moindre diftraCtion doit lui faire
perdre; & pour cela on détruit dans les tourmens
tl’une chaulîure gênante & douloureufe, la forme
des doigts & du coup-de-pié. Il arrive de-là que, û
l ’on déliré d’un peintre qu’il repréfente une Vénus au
bain, ou les grâces nues, il fera de vains efforts pour
trouver des modèles dont les piés ne foient pas défigurés.
Il réfulte encore de cette folie, que fi l’ar-
tifte donne pour’ proportion aux piés de ces mêmes
grâces, la longueur de la tête qui eft la jufte mefure
qu’ils doivent avoir, le fexe jaloux de fes avantages
eft obligé ou de blâmer des beautés qui confiftent
dans la jufteffe des proportions, ou d’avouer qu’il
ne poffede pas lui-même cette perfection.
Voilà ce qui regarde les grâces des extrémités.
Pour l’expreflion qu’elles peuvent ajoûter aux actions
, il eft aifé d’en voir l’effet dans celui que nos
habiles comédiens font fur nous lorfque leurs geftes
font abfolument conformes à ce qu’ils doivent fen-
tir & à ce qu’ils récitent. Dans les douleurs la contraction
des nerfs fe fait fentir avec une expreflion
effrayante dans les mains & dans les piés : ces parties
qui font compofées de plufieurs jointures, & par
conséquent de plufieurs nerfs raffemblés ,*offrent
dans un efpace peu étendu l’adion répétée que produit
une même caufe ; chaque doigt reçoit fa portion
de la douleur dont les nerfs font atteints; & cette
communication des affeCtions de l’ame aux mouve-
mens du corps, fi rapide par la voie des nerfs, devient
plus vifible & plus fenfible par des effets multipliés.
Les artiftes doivent donc mettre leurs foins non-
feulement à bien connoître la jufteffe des proportions
des extrémités, mais encore ce qui dans leur conformation
produit des grâces, & dans leurs mouve-
mens fait fentir la jufte expreflion. Vcye[ Proportion
, Figure. Cet article ejl de M. Wa t e l e t . .Extrémités , [Man. & M ar échnous entendons
E Z A
proprement par extrémités dans un cheval, la portion
inférieure de fes quatre jambes : ainfi nous difons',
un cheval dont les crins,.la queue, de les extrémités
font noires, (e)
EXUBERANCE, f. f. (BeUcs-Lett.) en Rhétorique
& en matière de fty le,lignifie une abondance inutile
&fupetjlue9 par laquelle on employé beaucoup
plus de paroles qu’il n’en faut pour exprimer une
chofe. Voye{PLEONASME.
EXULCÉRATION, en Medecine, eft l’aCtion de
caufer ou de. produire des ulcérés. Voye^ Ulcéré.
Ainfi l’arfenic exulcere les inteftins : les humeurs
corrofives exulcerent la peau.E Voye^ Corrosion , rosion. ••
- On applique quelquefois ce mot à l’ulcere lui-même;
mais plus généralement à ces érofions qui emportent
la l'ubftance des parties, & forment des ulce-*'
res. Koye^ Erosion.
Les exulcérations dans les inteftins font des marques
de poifon. Chambers. Voyeç Poison.
EX-VOTO t (Littér.) Cette expreflion latine que
l’ufage a fait paffer dans notre langue, défigne & les
offrandes promifes par un voeu , & les tableaux qui
repréfentent ces offrandes ; g l’exemple des Payens
qui en ornoient leurs temples, & qui quelquefois y
employoiejit leurs meilleurs artiftes.
Ces fortes de tableaux portoient chez les Romains
le nom déex-voto ; parce que la plupart étoient ac*
compagnes d’une infeription qui finiffoit par ces
deux mots ex-voto, pour marquer que l’auteur renr
doit public un bienfait reçu de la bonté des dieux,
ou qu’il s’acquittoit de la promeffe qu’il avoit faite à
quelque divinité dans un extrême danger , dont il
étoit heureufement échappé. Voye£ Tableau votif.
Comme l’ufage des ex-voto eft tombé depuis long-
tems, même en Italie, & qu’il n’y a que de pauvres
peintres qui s’en occupent pour de miférables pèlerins
, on ne peut s’empêcher d’être touché du trifte
fort du Cavedone, ce célébré éleve d’Annibal Car-
rache, qui après s’être attiré l’admiration des plus
grands maîtres, éprouva tant de malheurs dans fa
famille, que fes rares talens s’affoiblirent au point
qu’il fe vit réduit à peindre des ex-voto pour fubfifo
ter, & enfin obligé de demander lui-même publiquement
l’aumône.' Article de M. le Chevalier pE Ja u -
c o u r t .
EYMET , (Géog. mod.) petite ville du Périgord
en France ; elle appartient au Sarladois ; elle eft fi-
tuée fur le Drot.
EYND’HOUE, (Géog. mod.) ville du Brabant
hollahdois, aux Pays-Bas ; elle eft fituée fur la Drom-
mel. Long. 23. 6. lat. S t. 28.
EYNEZ A T , (Géog. mod.) ville de l’Auvergne en
France ; elle eft de la généralité de Riom.
EZAGUEN, ( Géog. mod. ) ville de la province
d’Habat, au royaume de Fez efi Afrique.
EZZAL, (Géog. mod.) province d’Afrique; elle
eft du royaume de Tripoli,
W S tV XM i î_
F F À
, f. m. (Gramm) c’eft la fixieme
lettre de l’alphabet latin, Sc de
ceux des autres langues qui fui-
vent l’ordre de cet alphabet.
Le f eft auflî la quatrième des
confonnes qu’on appelle muettes ,•
c’eft-à-dire de celles qui ne rendent
aucun fon par elles-mêmes,
q u i, pour être entendues, ont befoin de quelques
vo y e lle s , ou au moins de Ve muet, &.qui ne font ni
liquides comme l’r , ni fifflantes comme f , £. Il y a
Environ cent ans que la grammaire générale de
Port-Royal a propofé’ aux maîtres qui montrent à
lir e , de faire prononcer fe plûtôt'que effe. Gramm.
génér, ch. 1y» pag. 23 .fec. éd. 16(34. Cette pratique.,
qui ejl la plus naturelle , comme quelques gens déefprit
Vont remarqué avant nous , dit P. R. id. ibid. eft au-
îourd’hui la plus fuivie. Voye^ Consonne,
Ces trois letres F, V9ScPh9 font au fond la même
lettre, c’eft-à-dire qu’elles font prononcées par une.
fituation d’organes qui eft à-peu-près la même. En
effet ve n’eft que le fe prononcé foiblement ; fe eft le
•ve prononcé plus fortement; Sc p h , ou plûtôt f h ,
n’eft que le f e 9 qui étoit prononcé avec afpiration.
Quintilien nous apprend que les Grecs ne pronon-
çoient le fe que de cette derniere maniéré (injl. orat.
cap. 'jv .) ; & que Cicéron, dans une oraifon qu’il
fit pour Fundanius, fe mocqua d’un témoin grec qui
ne pouvoit prononcer qu’avec afpiration la première
lettre de Fundanius. Cette oraifon de Cicéron
eft perdue. Voici le texte de Quintilien : Graci
àfpirare foient <p , ut pro Fundanio , Cicero tejlem , qui
primam ejus litteram dicere non pojfet, irridet. Quand
les Latins confervoient le mot grec dans leur langue,
ils le prononçoient à la greque, & l’écrivoient
alors avec le ligne (fafoiration : philofophus de p/Ao-
«rotpoç, Philippus de tpixtmroç, &c. mais quand ils n’af-
piroient point le <p, ils écrivoient fimplementf : c’eft
ainfi qu’ils écrivoient fama* quoiqu’il vienne conf-
tamment de tp-Àp» ; & de mêmefuga de <pvy» 9fur de
ycop, &C, . . .
Pour nous qui prononçons fans afpiration le qui
fe trouve dans les mots latins ou dans les ffançois,
je ne vois pas pourquoi nous écrivons philofophe,
Philippe, & c . Nous avons bien le bon efprit d’écrire
fe u , quoiqu’il vienne de ; front, de (ppovriç , &c,
Voye{ O R TO G R A PH E .
Les Eoliens n’aimoient pas l’efprit rude o u , pour
parler à notre maniéré, le h afpiré : ainfi ils ne fai-
fioient point ufage du <p qui fe prononçoit avec afpi-
1 ration ; & comme dans l’ufage de la parole ils fai-
foient fouvent entendre le fon du fe fans afpiration,
& qu’il n’y avoit point dans l’alphabet grec de ca-
ra&cre pour défigner ce fon fimple, ils en inventèrent
un; ce fut de repréfenter deux gamma l’un fur
l ’autre F 9 ce qui fait précifément le T qu’ils appelle-
rent digamma ; & c’eft de-là que les Latins ont pris
leur grand F. Voye[ la Méthode greque de P . R. p. 42.
Tes Eoliens fe fervoient fur-tout de ce digamma
pour marquer le.^c doux, ou , comme on dit abufi-
.vement, Vu confonnè ; ils mettoient ce v à la place
de l’efprit rude : ainfi l’on trouve Foîvoç, vinum, au
lieu de o/voç; Fta7rlpoç, au lieu de , vefperus ;
'Fi<r$K, au lieu de »V»? avec refont rUdë, veflis,
& c . & même, félon la méthode de P. R. (ibid.) on
trouve ferFus pour fervus , DaFus pour ï)avus , &c»
Dans la fuite, quand on eut donné au digamma le
fon du f e , ou fe fefyit du g ou digamma reuyçrfé
pour marquer le Vf»
Tome VI.
Martinius , à Particle F, fe plaint de ce que quelques
grammairiens ont mis cette lettre au nombre
des demi-voyelles ; elle n’a rien de la demi-voyelle^
dit-il, à moins que ce ne foit par rapport au nom
qu’on lui donne effet Nihilàliudhabetfemivocalisnijt
nominis proiaùohem. Pendant que d’un côté les Eoliens
changeoient l’efprit rude eh ƒ , d’un autre les
Efoagnols changent le ƒ en hé afpiré ; ils difent hari-
na pour farina 9 havà pour faba , hervor pour fervor *
hermofo çom formofo 9 hümo au lieu de fumo ; & c .
Le double f 9f f 9 ûgniûe par abbréviation les pan-
dectes y autrement digejle ; c’eft le recueil des livres
des jurifconfultes romains, qui fut fait par ordre dé
Juftinien empereur de Conftantinople : cet empereur
appella également ce recueil digejle, mot latin, St
pandecles, mot grec, quoique ce livre lié fût écrit,
qu’en latin. Quand on appelle ce recueil digejle, oit
le cite en abrégé par la première lettre de ce mot d.
Quand dans les pays latins on voulut, fe fervir de
l’autre dénomination, & furtout dans un tems où le
grec étoit peu connu, & où les Imprimeurs n’a-
voient point encore de caraâeres grecs 9 on fe fervit
du double ƒ , f f 9 c’eft le ligne dont la partie inférieure
approche le plus du iw grec r première lettre dé
Tra.vS'tylla.i 9 c’eft-à-dire livres qui contiennent toutes les
décijions des jurifconfultes. Telle eft la raifon.de i’u-*
fage du double f , f f , employé pour ûghiRer les pa/z^
dettes ou digejle dont on cite tel ou tel livre.
Le diâionnaire de T ré vou x, article F 9 fait les
obfervarions fùi'vantes:
i ° . En Mufique, F-ut-fa eft la troifieme des clés
qu’on met fur la tablature.
z°. F 9 fur les-piecés de monnoie, eft la marque
de la ville d’Angersi
. 30. Dans lé calendrier eccléfiaftique , elle eft la
fixieme lettre dominicale. (F )
F , (Ecriture.) fi l’on cOrifidere ce cara&éré du
côté de fa formation, dans nôtre écriture ; c’eft dans
l’italienne & la ronde, la huitième, la première, Sc
la fécondé partie de l’o ; trois flancs de l’o l’un fur
l’autre, & la queue de la première partie de Vx. L’/
coulée a les mêmes racines-, à l’exception de fa partie
fupérieure qui fe forme de la fixieme & de la fep-
tieme partie de l’o : oii y employé un mouvement
mixte des doigts & du poignet, lé pouce plié dans
fes trois jointures. Voye^ les Planches à la table dé
VEcriture, planche des Alphabets.
F-UT-FA, (Mujîque.) F-ut-fà , ou fimplement F }
caradere ou terme de Mufique, qui indique là noté
de la gamme que nous appelions fa. Voy. G a m m e ;
C ’eft aüfli le nom de la plus baffé des trois clés
de la Mufiqiie* Voye1 C lés. (S)
F , (Comm.) les marchands , banquiers , teneurs,
de livres, fe fervent de cette lettré pour abréger les
renvois qu’ils font aux différentes pages 9 ou comme
ils s’expriment aii folio de leurs livres & regiftres.
Ainfi F°. 1. lignifie folio 2. ou pagefécondé. LeS florin^
fe marquent aulîi par un F de ces deux manières £
F L ou F S . Dict. du Comm. & Chambers. ( G)
FABAGO, (Bot.) genre de plante à fleur en rofe*
compofée de plufieurs pétales difoofés en rond., U
fort du calicë un piftil *qui devient dans la fuite un
fruit membraheux.de forme qui approche de la c y lindrique
j & qui eft ordinairement pentagone. Ce.
fruit eft compofé de cinq capfules, & s’ouvre en
cinq parties, dont chacune eft garnie d’une lame
qui fert de cloifon pour féparer la cavité du fruit. Il
rçnferroe dsi femences, applaties pour l’ordinaire^