
9“ F L U Il .y a cette différence entre le réduétif & le fondant
, que celui-là donné toujours un principe qui
-s’unit au corps ; au lieu que celui-ci leur enleve fou-
vent ce qui nuifoit à leur fufiôn, fans compter que
tantôt il fe fépare du corps fondu , comme quand
il le dépouille de fes impuretés, & que d’autres fois
il lui relie uni.
■ Le fondant n’eft qu’un menftrue f e c , dont il diffe-
Te en ce que celui-ci relie toujours uni au corps qu’il
a diflous ; au lieu que le premier s’en fépare quelquefois
après fon aftion.
Après .tout ce que nous avons mentionne fur les
réduâifs & fur les fondans, il ne nous relie plus que
quelques particularités fur lesflux réduclifs. Le tartre
cruel n’eft point un Jlux réduclif^zt la nature ; c’eft un
acide concret qui contient beaucoup d’huile & de
terre, & qui ell uni à la partie extraéiivë du vin. Il
faut donc pour devenir tel, qu’il fe change dans les
vaiffeaux fermés en un. alkali charbonneux, C ’eft
aulîi ce qui arrivé. V. T a r tr e . Ce corps ell le feul
dans la nature qui donne un alkali fixe tout fait dans
fes vaiffcâux fermés. Le fa von change auffi de nature
quant à la partie huileufe, qui fe convertit en charbon.
La limaille de fer n’ell un fondant que par accident
; elle n’entre dans les effais que pour fe faifir du
foutre qui peut relier encore dans les mines après la
calcination. L é fél marin n’y ell pas tant employé
comme un fondant, que comme un défenlif du con-
taû de l’air. Voyej Ess a i . Il en ell de la poix comme
de là réline, 8ç elle n’eft autre chofe quant au fond.
C e qui la rend noire & empyreumatique, c’eft une
partie chàrbonneuCe qui vient de la Combuftion qui
a fourni la poix. Les cendres de bois dans la cémentation
pour réduire le fer en acier,.ne fervent que
■ comme une terre pure, & qui neproduit aucun autre
effet dans l’opération que celui de féparer les autres
ingrédiens, & les faire foifonner. La chaux ne fert
que comme la limaille de fer, à abforber & donner
des entraves au foufrè ; elle fait aulïi un fondant mêlée
avec les verres & les fondans falins.
Le jlu x blanc n’ell guère employé que comme fondant
; il contient trop peu de phlogillique pour fervir
à la rédüétion. On lui ajoûte, ou de la poudre de charbon
, ou tout autre corps gras, quand on veut le rendre
rédu&if : mais il ne faut pas croire que cette com-
binaifon revienne précisément au même quant à la
nature de l’alkali & aux phénomènes de la réduction.
Le phlogillique ell fi intimement uni dans le rélidu du
tartre & le jlu x noir, que ces deux fubftances cryftal-
lifent comme l’alkali préparé félon la méthode de
Tachënius.Voye^ cet article. Il doit donc y avoir plus
d’efficacité dans un corps dont'chaque molécule intégrante
porte à la fois & le réduélif& le fondant, que
dans le mélange du charbon, & du jlu x blanc , ou de
l’alkali fixe, qui ne donnent pas le même compofé.
C e mélange peut cependant être placé.
Il n’y a point de différence réelle, quant au fond,
entre les diverfes efpeces de jlu x rèduaifs ; c’ell toujours
le principe inllammable, uni à un fondant ;foit
dans le même corps comme dans le jlu x noir, le refi-
du de la diftillation du tartre, le tartre crud qui lui
devient femblable dans l’opération, & le favon ; foit
dans deux corps différens, comme dans le mélange
de la poudre de charbon, avec l’alkali fixe, ou le jlu x
blanc. Voye^ Ph lo g ist iqu e . Mais il y a des corps
quiencontiennent plus, d’autres moins. Ceux-ci le
lâchent plus difficilement que ceux-là ? &c. & c’ell-là
c e qui décide du choix qu’on en doit faire. On fent ai-
fément qu’il en faut mêler à un métal qui eft difficile à
fondre, & dont la chaux ou le verre le font encore
plus, qu’un jlu x réduclijqui lâche difficilement fon
phlogillique ; parce que fi le principe inflammable ■
n’y tenoitque peu,il pourroit fe faire qu’il fe diffipe-
xoit avant que le tems de le donner fut venu. Il faut
F LU convenir cependant que cet inconvénient n!a pa$;
lieu dans les vaiffeaux fermés, dans lefquels l’inllant
où un corps métallique doit attirer fon phlogillique ,
ell celui qui le détermine.à fe dégager de fa bafe.
Quelques artilles font des jlux ou des réduâifs
compofés de plufieurs efpeces de corps qui fournif-
fent la,matière du feu; mais il,ell aifé de.fentir la
futilité de ces fortes de fatras. Voye^ T rempe en
paq u et .,
Dans les circonllançes où un Jlux ell accompagné
d’autres corps, comme dans les réduâions que nous
avons .données, pour les eflais des mines, c’ell pour
des raifons particulières qui ont été détaillées. Voye%_
ce que nous avons dit f u r la limaille de fer & la chaux.
Le verre fimple, le verre de Saturne, & celui d’anti-
moine, font des foridatis particulièrement déltinés à
atténuer les pierres & terres vitrifiées par l’alkali.
Le fiel de verre a été employé aulïi pour remplir ces
vues ;.mais nous avons fait obfer ver que ce corps
devoit entraîner des inconveniens à fa fuite.
"Le jlu x donc, comme compofé d’un rëduClif &
d’un fondant, diffère de l’un & de l’autre de .ces,corps,
parce qu’il efl tous les deux enfemblé. Il ne donné jamais
aux corps avec lefquels on l’employe, que le
principe inflammable, & il leur enleve les faletés qui
nuifoient à la réunion du tout ; avantage que ne pro-,
duit pas le réduCtif. Le fondant opéré cet effet à la v érité,
mais il refie fouyent uni aux corps qu’il a dif-
fouS.
Nous finirons par cette conclufion générale, que
toutflux efl un corps qui a la propriété de réduire par
le principe inflammable, & de fondre par le principe
fondant qu’il contient, & conféquemment d’accélérer
& de procurer la fufion des corps avec lefquels
on le mêle : d’où efl venue notre divifion, i°. en ré-
duftifs, i° . en fondans, 3 °. en réduôifs & fondans ,
ou flux. Voye^ Stahl, Cramer, Boerhaave, & la
Lithogéognojie de Pott.
FLUXIO-DIFFÉRENTIEL, adj. (Géométr. tranf-
cend.) M. Fontaine appelle ainfi dans les mémoires
de l'acad. de v y j 4 , une méthode par laquelle on con-
fidere dans certains cas , fous deux afpefls très-dif-
tingués, la différentielle d’une quantité variable.
Imaginons, par exemple, un corps qui defcend le
long d’un arc de courbe ; on peut confidérer à l’ordi-,
naire la différentielle de cet arc comme repréfentéé'
par une des parties infiniment petites dont il efl compofé,
ou dont on l’imagine compofé; enforte que
l’arc total fera l’intégrale de cette différentielle : mais
on peut confidérer de plus la différence d’un arc total
defcendu à un arc total defcendu qui différé infiniment
peu de celui-là ; & c’eft une autre maniéré
d’envifager la différence : dans le premier cas, l’arc
total eft regardé comme une quantité confiante dont
les parties feulement font confédérées comme variables
& comme croiflant ou décroiflant d’une quantité
différentielle : dans le fécond cas , l’arc total eft
lui-même regardé comme variable par rapport à un
arc total qui en différé infiniment ^peu. On peut,
pour diftinguer, appellerfluxion la différence dans
le fécond cas, & retenir le nom de différence dans le
premier : ou bien on peut fe fervir dans le premier
cas du mot fluxion, & de différence dans le fécond.
Voyei Varticle T a u tOCHRONE , & les mémoires de
l'académie de / y j 4 , où M. Fontaine a donné un fa-
vant effai de cette méthode, qu’il nommafluxio-différentielle,
par les raifons qu’on vient d’expofer. (O)
FLUXION, f. f. (Géométrie tranfcend.) M. Newton
appelle ainfi dans la Géométrie de l’infini, ce que
M. Léibnitz appelle différence. Foye^ D ifférence
& D ifférent iel.
M. Newton s’eft fervi de ce mot defluxion, parce
qu’il confidere les quantités mathématiques comme
engendrées par le mouvement ; il cherche le rapport
F L U des vîtefles variables avec lefquelles ces quantités
font décrites ; & ce font ces vîtefles qu’il appelle fluxions
des quantités : par exemple-, on peut lùppofer
une parabole engendrée par le mouvement d’une ligne
qui fe meut uniformément, parallèlement à
elle-même, le long de l’abfcifle, tandis qu’un point
parcourt cette ligne avec une vîtefle variable, telle
que la partie parcourue eft toujours une moyenne
proportionnelle entre une ligne donnée quelconque
& la partie correfpondante de l’abfciffe, voye^ A bscisse.
Le rapport qu’il y a entre la vîtefle de ce
point à chaque inftant, & la vîtefle uniforme de la
ligne entière, eft celui de la fluxion de l’ordonnée à
la.fluxion de l’abfcifle ; c’eft-à-dire d e y à x : car M.
Newton défigne la fluxion d’une quantité par un
point mis au-deflùs.
Les géomètres anglois, du moins pour la plupart,
ont adopté cette idée deM. Newton, & fa caraélé-
riftique : cependant la caraûériftique de M. Leibnitz
qui confifte à mettre un d au devant, paroîtplus commode
, & moins fujette à erreur. Un d fe voit mieux,
Sc s’oublie moins dans l’impreffion qu’un fimple
point. A l’égard de la méthode de confidérer comme
des fluxions ce que M. Léibnitz appelle différences ,
il eft certain qu’elle eft plus jufte & plus rigoureufe.
Mais il eft, ce me femble, encore plus fimple & plus
exaft de confidérer les différences, ou plutôt le rapport
des différences , comme la limite du rapport
des différences finies , ainfi qu’il a été expliqué au
mot D ifférent iel. Introduire ici le mouvement,
c’eft y introduire une idée étrangère, & qui n’eft
point néceflaire à ladémonftration : d’ailleurs on n’a
pas d’idée bien nette de ce que c’eft que la vîtefle
d’un corps à chaque inftant, lorfque cette vîtefle eft
variable. La vîtefle n’eft rien de réel, voyei V îtes-
se ; c’eft le rapport de l’efpace au tems, lorfque la
vîtefle eft uniforme : fur quoivoye^l'article ÉQUATION
, à la fin. Mais lorfque le mouvement eft variable
, ce n’eft plus le rapport de l’efpace au tems,
c’eft le rapport de la différentielle de l ’efpace à celle
du tems ; rapport dont on ne peut donner d’idée nette
, que par celle des limites. Ainfi il faut néceflai-
rementen revenir à cette derniere idée, pour donner
line idée nette des fluxions. Au refte, le calcul des
fluxions eft abfolument le même cjue le calcul différentiel
; voyei^ donc le mot DIFFERENTIEL , Où les
opérations & la métaphyfique de ce calcul font expliquées
de la maniéré la plus fimple Sc la plus claire. (O)Flu x ion , CMedecine. ) ce terme eft employé le
plus communément dans les écrits des anciens, pour
exprimer la même chofe que celui de catarrhe; par
conféquent on y trouve la fignification de l’un ôc
de l’autre également vague.
En effet, Hippocrate regardoit la tête, comme la
fource d’une infinité de maladies ; parce q ue, félon
lui c’eft dans fa cavité que fe forment les matières
des catarrhes , qui peuvent fe jetter de-là fur différens
organes, tant éloignés queyoifins : il n’en eft
prefque aucun qui foit exempt ae leurs influences.
C e vénérable auteur entendoit donc par catarrhe ou
fluxion, une chute d’humeurs excrémentitielles, mais
principalement pituiteufes, de la partie fupérieure
du corps vers les inférieures: auffi, félon lui (lib.
deprincipe, la tête eft-elle le principal réfervoir de
la pituite, pituita metropolis : il employoit donc dans
ce fens le mot fluxion, comme un mot générique.
Galien ne l’adopta pas fous une acception auffi
«tendue : on trouve dans la définition qu’il en a donnée
, que cette léfion de fonétion n’eft autre chofe
qu’un écoulement de différentes fortes d’humeurs qui
tombent du cerveau par les narines & par les ouvertures
du palais, & font un certain bruit en fe mêlant
avec l’air qui fort des poumons ; il attribuoit cet-
F L U 92?
te forte de catarrhe à l’intempérie froide & humide
du cerveau, & à toutes les humeurs qui rempliflent
la tête.
Selon Sennert, il y a deux termes principaux pour
défigner les mouvemens extraordinaires les plus fen-
fibles de nos humeurs : lorfque ces mouvemens confident
dans un paflage, un flux d’humeur, de quelque
nature qu’elle foit , d’une partie telle qu’elle
puifle être auffi , dans une autre indifféremment ; il
dit que ce tranfport eft appellé pîé/xa St plv/xecrur/Mç ;
que cette forte de mouvement eft la plus générale :
& il attribue la fignification reçûe de fon teips, du
mot xctTclfpac, aux feules fluxions d’humeurs portées
du cerveau vers un autre organe quelconque de la
tête ou de toute autre partie voifine, feulement vers
le gofier, par exemple, ou vers les mâchoires ou les
poumons : encore diftingue-t-il le catarrhe ainfi conçu
, en trois différentes efpeces , fous différens
nomsi-
Ainfi il d it, que le catarrhe qui a fon fiégedans la
partie antérieure de la tête, vers la racine du nez ,
avec un fentiment de.pefanteur fur les yeux, eft appellé
gravedo ; c’eft ce qu’on nomme vulgairement
rhûme de cerveau : c’eft une fluxion qui a fon fiége
dans la membrane pituitaire, dont un des principaux
fymptomes eft l’enchifrenement, voye[ Enchifre-
nement. Si l’humeur fe jette fur la g orge,il forme,
félon cet auteur, l’efpece de catarrhe nommé tipay-
%cç, rancedo ; c’eft la maladie qu’on nomme enrouement,
voye{ Enrouement. Si l’humeur engorge les
poumons, la fluxion retient le nom de catarrhe proprement
d i t , voye^ C a ta r rh e . Ces trois diftinc-
tions font très-bien exprimées dans un dyftique fort
connu, qui trouve tout naturellement la place ici :
Si fluit ad peclus , dicatur rheuma catarrhus ;
A d fauces branchus , ad nares eflo coryfa.
Mais il paroît par ce dyftique même, que le nom
commun à toutes les fluxions catarrheufes , eft celui
de rhûme , ou affection rhûmatifmale. Ainfi il fuit de ce
qui a été dit ci-devant fur la fignification du mot
p'tvfjLa. , qu’il eft le mot générique employé pour exprimer
toutes fortes àe fluxions, tant catarrheufes qu’autres,
fur quelque partie du corps que ce foit.
Cependant il fhut obfer ver que le mot latin flu-
xio rendu en françoispar celui de fluxion, n’eft prefque
pas un terme d’art: il ne fert aux Médecins, que
pour s’exprimer avec le vulgaire fur le genre de maladie
qui confifte dans un engorgement de vaiffeaux
formé comme fubitement, c’eft-à-dire en très-peu
de tems, ordinairement enfuite d’une fuppreffion de
l’infenfible tranfpiration , qui augmente le volume
des humeurs ; enforte que l’excédent, qui tend d’abord
à fe répandre dans toute la mafle, eft jetté par
un effort de la nature, forme comme un flux fur quelque
partie moins réfiftante , plus foible à proportion
que toutes les autres ; idée qui répond parfaitement
à celle des anciens, qui attribuoient toutes
fortes de fluxions, foit catarrheufes, foit rhumatif-
males, à l’excès de force de la puiflance expultrice
des parties mandantes en général fur la puiflance
retentrice de la partie recevante : d’où il fuit que le
reflort de cette partie étant moindre qu’il ne doit
être par rapport à la force d’équilibre dans tous les
folides,n’oppofe pas une réfiftance fuffifante pour
empêcher qu’il ne foit porté dans cette partie avec
plus grande quantité d’humeurs qu’elle n’en reçoit
ordinairement, lorfque la diftribution s’en fait d’u-
d’une maniéré proportionnée : enforte que les fluxions
peuvent etre produites, ou par la foiblefle ab-
folue, ou par la foiblefle refpeélive des parties qui
en font lè fiége, entant qu’il y a auffi excès de force ,
abfolu ou refpe&if, dans l’aâion fyftaltique de toutes
les autres parties. C ’eft d’après cette confidération