
W Ê E V O fur le centre, & d’obferver que la file oh l’on prendra
le pivot termine la partie de la troupe qui fait
le quart de converlion en avant. Mais on remarquera
qu’en changeant ainfi la pofition du p ivo t, il en
réfulte quelque changement au terrein que la troupe
occupe ; c’eft-à-dire qu’elle fe trouve après le
quart de converlion plus avancée ou reculée queli
on avoit pris le pivot au centre: c’eft pourquoi lorf-
qu’il n’y a pas de raifon particulière pour changer
ainli la pofition du p ivo t, il paroît qu’il eft plus à
propos -, pour conferver le même terrein autant
qu’il eft polîible, de prendre plutôt le pivot au centre
du bataillon que dans tout autre point, conformément
à la méthode que l’on vient d’expliquer,
qui eft la plus ufitée & la plus fimple.
II. Le pivot pourroit auffi être pris dans celui
des rangs que l’on voudroit du bataillon, comme au
troifieme, au quatrième, &c. en âvertiflant feulement
les rangs qui fe meuvent dans la même file ,
de faire aulîi leur quart de converlion autour de lui.
Mais cette méthode n’eft pas d’ufage, à caufe de fon
peu d’utilité.
III. Lorfqu’un bataillon ell en bataille, & qu’on
veut le faire marcher fur l’un de fes flancs par deux
divifions, chacune de la moitié du front du bataillon
,on peut, comme le dit M. le maréchal de Puy-
fegur, faire exécuter à chacune de ces parties un
quart de convèrfion fur le centre, c’eft-à-dire fur
deux pivots pris chacun, au milieu de chaque demi-
rang du front du bataillon. Lorfque ce mouvement
eft exécuté, les deux divifions du bataillon fe mettent
en marche, obfervant de garder toujours la même
diftance entre elles, afin qu’elles puiffent fe mettre
en bataille exa&ement , par un autre quart de
convèrfion fur le centre, exécuté dans un fens op-
pofé au premier.
Par ce mouvement, on diminue le chemin que
feroient les foldats les plus éloignés du pivot, fi on
faifoit le quart de convèrfion ordinaire ; & on fe
tourne ainfi en bien moins de tems.
A r t i c l e IX .
Des converfiorCs à plufieurs pivots 9 ou par différentes
divifions du bataillon. On appelle divifions d'une troupe
ou d’un bataillon, les différentes parties dans Ief-
quelles on le partage. /^oyeç'DivisiONS.
Pour faire tourner le bataillon fur plufieurs pivots
à la fois, il faut qu’il foit rompu ou partagé en
divifions : & toutes les divifions tournant enfemble
du même côté, par un quart de convèrfion, elles
font face à l’un des flancs du bataillon, & elles fe
trouvent placées les unes derrière les autres'; ce qui
les met en état de marcher vers le terrein du flanc du
bataillon auquel elles font face.
Le quart de convèrfion à plufieurs pivots ou par
divifions, demande quelques obfervations particulières
dont voici les deux principales.
i°. Il faut que les divifions du bataillon ayent
plus d’étendue de la droite à la gauche que de pror
rondeur de la tête à la queue ; parce que le quart de
convèrfion, après qu’il eft fait, mettant les files de
chaque divifion dans la dire&ion des rangs , il arri-
v eroit, fi les files occupoient plus d’efpace que les
rangs, étant ferrées autant qu’elles peuvent l’être ,
qu’elles ne pourroient être renfermées dans l’étendue
du front du bataillon : c’eft pourquoi le quart de
convèrfion par divifion feroit alors impoflible.
Soit fuppofé,'par exemple , un bataillon de 480
hommes, à huit de hauteur, les rangs feront de 60
hommes : fuppofons qu’on veuille le rompre par dix
divifions, elles auront chacune 6 hommes de front
& 8 de profondeur. Si on les conçoit à la fuite l’une
de l’autre, les files de ces dix divifions feront enfem-
bie de dix fois 8 hommes, c’eft-à-dire de 80. Mais
E V O 1 le front du bataillon n’étant.que de-60, les 80 hom-
s mes de file ne pourront fe tenir dans cette même
j étendue : dônc, &c.
\ 2.0. En fuppofant les divifions plus étendues eh
' largeur-qu’en profondeur, comme dans la troupe
; A B C D 3 (fig. 44.) divifée en trois parties égales,
A E , E F 98>c F B t il arrivera encore très-fouvent
; que fi chaque homme décrit exà&emfcnt le quart de
: cercle, comme on le décrit dans le quart de con-
: verfion ordinaire, que les foldats les plùs éloignés
du pivot de chaque divifion, anticiperont furie ter-
! rein de la divifion voifine ; ce.qui ne peut manquer
de rendre leur mouvement impoflible, ou du,moins
très-défe&ueux.
La figure précédente rend cet inconvénient très-
fenfible. On a tracé les quarts de cercle que décrivent
les chefs de files & les ferre-files, qui'terminent
la droite de chacune deces divifions.
Or l’on voit que les arcs qui marquent le chemin
des ferre-files, anticipent fur le terrein des divifions
de leur droite ; ce qui fait voir que ces ferrê-
files doivent être fort gênés ou embarrafles dans
l’exécution de leur mouvement.
Cette obfervation a été faite par M. le maréchal
de Puyfegur , dans fon Traité de l'Art de la guerre. .
L infpeftion de la figure 45 > dans laquelle on a
marqué le bataillon précédent arrêté au milieu de
fon mouvement, fuflit pour en démontrer la iuf-
tefle.
On a tracé dans cette figure le chemin que fait
chaque foldat de la droite du premier & du dernier
rang de chaque divifion , afin de faire voir que
le premier rang de toutes ces divifions fait fon mouvement
fans aucun obftacle ; mais qu’il n’en eft pas
de même des foldats de la droite des trois derniers
rangs de chaque divifion, qui étant plus éloignés du
pivot que les foldats de la gauche du premier rang,
ne peuvent pafler le premier front du bataillon ou
la ligne fur laquelle font les pivots fans fe rompre.
C ’eft pourquoi les foldats de ces droites , au lieu de
fe tenir toujours derrière leurs chefs de files , doivent
aller droit devant eux jufqu’à ce que la droite
de chacun de ces derniers rangs ait pafle au-delà du
pivot de la divifion qui le fuit immédiatement à
droite. Alors ilspeuvent s’ouvrir ou fe jetter fur leur
droite autant qu’il eft néceflaire pour bien achever
leur mouvement , en fe, redreffant fur la gauche de
leur divifion, dont les foldats ont dû exécuter le
quart de convèrfion fans être obligés de s’ouvrir ni
de fe reflerrer.
Plus la troupe qui fait ainfi le quart de convèrfion
fur plufieurs pivots a de rangs , & plus il faut d’attention
pour le faire exécuter exa&ement.
M. le maréchal de Puyfegur remarque encore à
ce fuje t, que .fi l’on s’apperçoit de quelqu’imper-
feûion dans l’exécution de ce mouvement, on ne
doit pas l’attribuer aux troupes qui le font, mais au
mouvement même qui ne peut fe faire fans qu’il y
paroiflë un peu de confufion ; mais qu’il n’en eft pas
pour cela moins utile, parce que cette efpece d’irrégularité
ne paroît que dans le tems du mouvement : car
aufli-tôt qu’il eft fini, les troupes fe trouvent en bataille
comme elles doivent l’être fur des lignes droites.
D u mouvement d'un bataillon furfa droite ou fur fa
gauche fans s'alonger, ou fans augmenter l'étendue de
fon front. On trouve dans Y Art de La guerre de M.
le maréchal de Puyfegur, la defcription d’un mouvement
propre à faire marcher, lorfqu’on eft proche
de l’ennemi, un bataillon fur l’un de fes flancs, fans
augmenter l’étendue du front du bataillon, ou fans
s’alonger de droite à gauche.
Dans la circonftance de la proximité de l’ennemi
, il n’eft pas poflîble de faire le quart de conver-
fion ordinaire pour fe mouvoir vers la droite ou la
E V O gauche du bataillon, parce que l’ennemi pourroit
f’attaquer pendant le mouvement ou avant qu’il fut
remis en bataille, auquel cas il pourroit le défaire
très-facilement. # .
Pour éviter cet inconvénient, M. de Puyiegur
fuppofe un bataillon de dix compagnies rangées fur
lix rangs de douze hommes chacun, & ilpropofe de
faire faire un quart de convèrfion à droite ou à gauche
par demi-rang de compagnie, c’eft-à-dire dans
cet exemple par fix hommes ; alors chaque compagnie
forme deux rangs vers la droite ou la gauche
du bataillon. Et dans cet é tat, on peut le faire marcher
vers l’un de ces deux côtés fans qu’il augmente
l’étendue de fon front ( pourvû que toutes-les files
obfervent entr’elles en marchant la même diftance),
& le faire remettre enfuite dans fa première pofition
en un inftant.
Si le bataillon a marché ainfi vers la droite, on
lui fera faire face en tête par un quart de conver-
fion à gauche , que feront chacun des demi-rangs de ■
compagnies qui en ont fait un à droite ; ou bien
comme le dit M. le maréchal de Puyfegur , chaque
partie qui a fait le quart de convèrfion pour faire
face à droite, achèvera le cercle entier, & elle fera
enfuite demi-tour à gauche, &c. Voyeç ÜArt de la
guerre, tome I . p. %65. de la fig. 2. de la pl. -13. du
même livre.
R e m a r q u e s .
I. Pour faire ce mouvement tel qu’on vient de
l’expliquer, il faut que les rangs ayent un intervalle
égal au front des demi-rangs de chaque compagnie.
Si cet intervalle eft plus petit, il faut fixer
le nombre d’hommes de chaque rang qui doivent
tourner , ou faire le quart de convèrfion à droite ou
à gauche , relativement à l’efpace qui eft entre les
rangs.
II. Si la troupe étoit à quatre de hauteur, il eft
évident que ce mouvement fe réduiroit à doubler
les files à droite ou , à gauche , & enfuite à faire
marcher le bataillon vers celui de ces côtés qu’on
voudroit, & le faire enfuite remettre en dédoublant
les files. A r t i c l e X .
De la contre - marche. On appelle contre-marche ,
la marche qu’on fait faire à des foldats d’une troupe
ou d’un bataillon , dans un fens oppofé à la pofition
des autres foldats de la même troupe.
Ainfi dans la contre-marche, une partie du bataillon
marche vers la queue du bataillon , ou vers
la droite ou la gauche , c’eft-à-dire dans un fens ou
une direction oppofée à la face du bataillon : aufii
le nom de contre-marche eft-il compofé de contre & de
marche,. qui eft la même choie que fi on difoit marche
contraire, ou contre les uns & les autres.
La contre-marche fe fait de plufieurs façons.
i ° . Par files à droite ou à gauche.
20. Par rangs à droite ou à gauche.
La contre-marche fert à placer la tête du bataillon
à la queue, fans fe fervir du quart de converlion
qui fait changer de terrein au bataillon, c ’eft-à-dire
qui le place à la droite ou à la gauche de fa première
pofition, & qui d’ailleurs ne peut fe faire lorfqu’on
eft à portée de l’ennemi, parce qu’il pourroit tomber
fur le flanc du bataillon pendant le mouvement,
& le. détruire ou le dilfiper très-facilement dans cet
état. Elle fert aufli à changer la pofition du bataillon
, c’eft-à-dire à lui faire occuper un autre terrein
à fa droite ou à fa gauche, d’une maniéré plus
fimple & plus fûre que par le quart de convèrfion.
S’il faut fe retirer de devant l’ennemi « rien n’eft
» plus dangereux ( dit M. Bottée, Exercice de l'in-
» fanterie ) que de commander le demi-tour à droite ;
» à peine le foldat entend-t-ii ce commandement
e y o 1B3 » qu’il fuit en confufion. Dans la contre-marche, il
» eft occupé du foin de garder fon rang & fa file. ;
» ce qui le diflipe d’une partie, de fa crainte. Il fe
» raflïire quand il voit que celui qui le commande
» manoeuvre toujours , & ne s’abandonne point au
» fort. D e même , s’il faut tourner tête à l’ennemi
» ( dit ce même auteur ) qui marche à vous pour
» vous attaquer en queue , vous ne le pouvez faire
» de bonne grâce & promptement que par la con-
» tre-marche : car le demi-tour de convèrfion de-
» mande trop de tems, vous fait prêter le flanc, &
» outre cela , vous laiflez votre premier terrein à
>♦ droite ou à gauche, fi vous tournez fur une aile.
» Si vous vous contentez de faire demi-tour à droi-
» r e , vos chefs de file fe trouvent en queue, aufli-
» bien que les officiers qui doivent être à la tête».
Par la contre-marche, on évite ces inconvéniens.
Malgré cet avantage, comme elle exige que les files
foient ouvertes, elle n’eft plus guere d’ufage à pré-
fen t, ainfi que nous l’avons déjà obfervé au mot Contre-Marche.
Elien , auquel on renvoyé dans cet endroit, en
traite avec un grand détail. M. de'Bombelles s’eft
aufli fort étendu fur cette manoeuvre, dans fon T rai»
te des évolutions militaires. Il prétend que pour peu
qu'on en connût l'utilité, Ton prendront un foin particulier
d'accoutumer l'infanterie à la favoirparfaitement.
Il eft vrai que prefque tous les auteurs militaires pa-
roiflent en faire ca s , & qu’ils donnent tous la maniéré
de l’exécuter. M. Bottée qui avoit de l’expérience
dans la guerre , & qui s’étoit acquis beaucoup
de diftinftion dans la place de major du régiment
de la Fere , regarde cette évolution comme
fort utile. Par toutes ces confidérations , nous
croyons devoir en donner Une idée plus détaillée
que nous ne l’avons fait au mot Contre-Marche.
La contre-fnarche fe fait i° . en confervant le même
terrein, 20. en gagnant du terrein,& 30, en le
perdant. Premi er Pr o b l ème .
Faire la contre-marche par files , en confervant le même
terrein.
Cette évolution peut fe faire également à droite &
à gauche : nous fuppoferons qu’on veut la faire à
gauehëi
Soit pour cet effet, le bataillon A B C D (fig. 4^.)
dont les files font ouvertes de maniéré à laifler paf-
fer un foldat dans leur intervalle. On commandera
à tous les chefs de file , c’eft-à-dire aux foldats du
premier rang A B , de faire demi-tour à gauche fur
le pié gauche, pour fe placer, par ce mouvement ,
dans l’intervalle des files ; après quoi on leur ordonnera
de marcher : ce qu’ils feront devant eux dans
l’intervalle 6u l’ouverture des files, jufqu’à ce qu’ils
foient parvenus à la place du dernier rang. Pendant
que le premier gagnera ainfi la queue du bataillon ,
les autres rangs s’avanceront fucceflivement jufqu’à
la place dù premier, oii étant arrivés, ils feront de
même un demi-tour à gauche, & ils fuivront le premier
rang pour fe placer derrière lu i, comme dans
leur première pofition.
Ce mouvement étant ainfi exécuté, le premier
rang fe trouvera placé fur le terrein du dernier , le
fécond fur celui du troifieme, le troifieme fur celui
du fécond, & le quatrième fur le terrein du premier.
Lorfque les troupes font exercées à faire ce mouvement
, on leur ordonne de l’exécuter en difant : à
gauche, ou bien, à droite par files, faites la contre-marche.
A. ce premier commandement, les chefs de file
font demirtour à droite ou à gauche.
On dit enfuite, m a rche. A ce fécond commandement,
toutes les files fê mettent en marche, pour
~ occuper le terrein des rangs qu’elles doivent remplir.