
Soufre, 1 • • 0 1 9
a donné dix-fept degrés.
4°. Ayant comparé cette poudre à dix-fept degrés
avec des poudres faites dans les proportions qui en
approchent le plus, elle les a furpaflees en force, &
de même les poudres faites , fuivant les proportions
les plus en ufage en Europe & en Chine.
Celle d’Europe compolée de z on. f gr., i . tiers
charbon & z on. 5 gr. 1. tiers foutre fur une livre de
falpetre, n’ayant quç 11 degrés.
Et celle de Chine, compolée de trois onces de
charboft & de deux onces de foufre, fur la livre de
falpetre, que 14 degrés.
Ces effais fur la poudre ont été faits avec du charbon
de bois de coudre, dont ,on fait ufage en Allemagne.
En France, on préféré l e charbon de bois
de bourdaine, & en Chine le charbon de faille. Ces
trois efpeces different peu entr’elles pour la qualité,
& c’eft moins à l’efpece de charbon qu’à la dofe de
cette matière que l’on doit attribuer le plus OU l e
moins de force des différentes poudres,
Q u i ont
T A B L E D E S E S S A I S
indiqué la meilleure proportion pour compojer la poudré.
N u m e r o s M A T I E R E S D e g r é s d e
d e s 2) ont on dcompofi les poudres d'cjfai. FORCE
A L’ÉPROUVETE.
S a l p ê t r e . C h a r b o n . S o u f r e .
Effais pour connoître fi l’on peut faire de la
poudre fans (outre, & quelle eft la quantité
de charbon qui peut donner le plus de force
au falpetre.
liv. one. gr. liv. one. ' gr. liv. one. gr. J
i . ^ . I O O O I O O O O . . . . 0 . . .1
Z . . . I O O 0 Z 0 O Q 0 . . . . 3 . H
3 . . . I O O 0 3 0 O O O --------5 1 4 . . . I O O 0 3 4 O 0 0 •à . . . 7
5 . . . I O O 0 4 0 O O O . . . . 9
6 . . . I O O 0 4 4 0 O O . . . . 8
7 . • . r 0 0 0 5 0 0 Ó 0 . . . . 6
Le numero < ayant donné le degré le plus
fort, on a ajouté du loufre à la dole de ce n°.
pour connoître fi cette matière peut en augmenter
la force , & jufqu’à quelle quantité.
8 . . . I O O 0 4 0 0 0 4 . . . i t
9 . . . i 0 0 0 4 0 0 1 0 . . . 15
10 . . . I O O 0 4 0 9 . 1 4 . • . 14
11 . . . I O O 0 4 0 0 z 0 . . . IZ
Le numero 9. yant donné le degré le plus fort,
on a effaye de retrancher du charbon fans
diminuer le foufre, jugeant que la poudre en
feroit plus forte, & il s’eft trouvé qu’elle a
augmenté de force jufqu’au numero 13.
i z . . . I O O 0 3 4 0. i 0 . . . 16
13 . . . I O O 0 3 0 O I O . . . 17
14 • • • I O O 0 z 4 0 1 0 . . . 14
15 . . . I O O 0 z 0 O I O . . . 10
Comparaifon du numero 13. avec les proportions
qui en approchent le pi us, pour s’aftûrer
que la dofe de ce n°. eft la plus forte.
16 l . . I O O 0 3 0 0 1 4 . : 1 15
17 . . . i 0 0 0 3 0 0 0 4 . . . 13
18 . . . i 0 0 I 0 z 0 0 z 0 . . . 13
19 . . . i 0 0 1 0 z 4 0 1 4 . . . 14
Autre comparaifon du numéro 13. avec les
poudres faites fuivant les proportions les plus
en ufage en Europe & en Chine.
P o u d r e d ’ E u r o p e .
10 r ; . i 0 0 1 ° 1 5ïl ° z 5y . . Z i l
P o u d r e d e C h i n e .
ZI . . . I 0 O 1 0 3 0 1 0 z 0 . . . 14
Fufefans «X*
ilolion.
Fait expia.«
Il a été fait le i z Février 1756 au moulin à poudre
d’Effaune, des épreuves fur les poudres numéros
5 > & z o , qui y.avoient été fabriquées la veille.
Ces épreuves ont été faites avec I’éprouvete d’ordonnance
qui eft un mortier de fept pouces, lequel
avec ^rois onces de poudre doit jeuer 4 5 9 p ilés un
olobe de cuivre de &o livres pour que
recevable ; 6c leur produit moyen a e te, lavoir
A trois onces. ^ ^
76. z
74 4
78 4
79 i
35 z
39 i
4 1 3
Poudre ordinaire de guerre prifedans.
le magafin...............................................
N°. zo. fait dans la meme proportion
de. matières que la poudre ci-deffus. 74
N°. 1 3 - .................................... "1
N°. 5- • • - ,......................... ...
A deux onces.
■ B ........... N°. zo .......................................
N°. ....................................... , 0
Il réfùlte de ces épreuves, que te poudre n . 1 3
( qui eft celle que les effais mentionnes en la table
ci-deffus ont indiqué pour être la meilleure proportion
des matières ) eft plus forte que celle n°. zo.
dont on fait ufage en France.
Et que la poudre fans foufre n°. 5. augmente de
force à proportion qu’on en augmente la quantité
par comparaifon à une pareille quantité d’autre poudre
puifqu’à trois onces elle a furpaffé les poudres de
comparaifon auxquelles à deux onces & au-deffous
elle étoit inférieure. t
A juger de ces poudres par les epreuves ci-deltus,
il paraît que celle n°. 13. qui a cbnfervé dans les
épreuves en petit.comme en grand la luperionte
fur le n°. zo - fe ra très-propre pour fç fufil, 6c que
celle n°. 5. qui gagne dans les épreuves en grand,
conviendra mieux pour l’artillerie que l a / » ^ o r dinaire
, puifqu’avec une plus grande force elle donne
moins de fumée, 6c qu’elle ne caufera point,ou
très-peu d’altération à'là lumière des canons.
Comme il y a aulïi un maximum à atteindre pour
le tems que \n poudre doit être battue relativement
à la pefanteur de matières que contient le mortier,
& à la pefanteur du pilon au-deffus & au-dellous duquel
l a p e n t eft moins forte, il eft très-néceffaire.
de le connoître, & de porter fes attentions fur beaucoup
d’autres objets q ui, quelque petits qu’ils ra-
roiffent, ne laiffent pas de contribuer à la bonté &
perfection de - ,
r Art. VI. Du fer. La limaille de fer, oC encore
mieux celle d’acier, parce qu’elle contient plus de
foufre, donne un feu très-brillant dans l’artifice. On
en trouve communément de toute faite chez les Ouvriers
qui travaillent le fer. Il ne faut prendre que
la plus nouvelle, celle qui ferait touillée ne donnerait,
que peu Ou point de brillant. L’artifice dans.le-
quel il en entre ne peut guere fe conferver que fix
jours ; le falpetre qui la ronge & la detnut, lui fait
perdre chaque jour de fen brillant.
On eft redevable au pere d Incarville, jéfuite de
Pékin, d’une préparation dé fer don: les Chinois fe
fervent pour former leur feu-brillant, & pour rgg
préfenter des fleurs.
Cette préparation, dont julqu a prefent on avoit
fait un fecret, confifte à réduire là fonte de fer en
affez petites parties, pour que le feu de la compofi-
tion dans laquelle on fait entrer cette mariera puiffe
la mettre en fufion. Chaque partie, en fe fondant,
quoiqu’elle ne folt guere plus greffe qu une graine
de pa vot, donne une fleur large de douze à quinze
lignes, d’un feu très-brillant, Sc lafarme des fleurs
eft variée, fuivant la qualité de la fonte , & feront
la figure 6c la groffeur des grains,.qui, sais font
ronds, plats, oblongs, triangulaires, &c. donnent
des fleurs d’autant d’efpeces differentes.
Cette matière, que le pere d’incarville nomme
fable de fer, fe fait avec des vieilles marmites ou tels
autres ouvrages de fonte, affez mince pour pouvoir
comme malgré leur peu d’épaiffeur, on auroit encore
beaucoup de peine à les écrafer, on facilite
cette opération, en faifarft rougir la fonte à un feu
de forge, & en la trempant toute rouge dans un
bacquet d’eau fraîche; cette trempe la rend plus
caftante. Elle fe caffe mieux aulïi lorfque l’enclume
& le marteau font de fonte : on étend des draps autour
de l’enclume pdhr que le fable ne fe perde point,
& l’on a foin qu’il ne s’y mêle aucune ordure. Quand
on a une certaine quantité de fable, on le pafle d’abord
par un tamis très-fin pour en ôter une pouftiere
inutile, on le paffe enfuite par des tamis de différentes
groffeurs pour en faire fix ordres différens, depuis
le plus fin jufqu’à la groffeur d’une graine de
rave. On met à part chaque efpece, & on les con-
ferve dans un endroit bien fe c , pour les garantir de
la rouille. Si la trempe donne de la facilité à réduire
la fonte en fable, ce n’eft pas fans y caufer quelque
altération , & l’on remarque une différence fenfible
entre les fleurs que donne celle ci avec celle de la
fonte neuve non trempée, qui font beaucoup plus
groffes & plus brillantes ; elle fe conferve aùffi plus
long-tems fans être altérée par la rouille, la difficulté
eft de la caffer ; cepjndant Iorfqu’eile eft fort mince
l’on en vient à bout, & meme on pourroit s en
épargner la peine, en la faifant ecraferfous un marteau
de forge.
La petite, grenaille d&ftr, dont on fe fert pour tirer
avec le fufil, fe caffe aifément fans être trempée
, & donne un très-beau feu ; il s’en trouve même
d’affez petite pour être employée en grain.
Comme cette matière n’a d’effet qu’autant qu’elle
fe met en fufion, & qu’il faut un plus grand feu
pour fondre le gros fable que pour le fin , on obfer-
vera d’y proportionner la groffeur des cartouches &
même la dofe des matières , qui forment le feu ,
dont il faut ralentir l’effet, en augmentant la dofe
du foufre , à proportion que l’on l’employe de plus
gros fable , pour que le feu agiffe plus long - tems
deffus. On trouvera ces proportions dans les recettes
des différentes compofitions de feu chinois, qu’on
trouvera ailleurs.
On peut connoître l’effet du fable fin fans aucune
préparation d’artifice. Il ne s’agit que d’en jetter une
pincée fur la flamme d’une chandelle ; il fe fond en
la traverfant & donne des fleurs. On effaye la limaille
de la même maniéré ; comme elle contient
moins de (oufre que la fonte , elle ne donne que des
étincelles femblables à celles que rend l’acier , lorf-
qu’on le frappe avec un caillou.
L’artifice dans lequel il entre du fable da fe r , ne
fe, conferve que depuis huit jours pour le petit, jufqu’à
quinze jours pour le plus gros, à caufe du falpetre
qui le ronge & le détruit. Il feroit à fouhaiter
que l’on trouvât quelque moyen pour le préferver
de fon aâion.
A r t . VII. Du carton. Le carton propre à l’artifice
fe nomme carte de moulage. Il eft fait de plu-
fieurs feuilles de bon papier gris pour le milieu , &
blanc poi\r l’extérieur , collées enfemble avec de la
colle de farine ; il doit être affez mince pour que l’on
puiffe le rouler commodément pour en former le
cartouche. Il ïuffit d’en avoir de trois épaiffeurs ,
favoir de trois feuilles pour les petites fufées, juf-
que & compris celles de dix-huit lignes de diamètre ;
de cinq feuilles pour celle d’àu-deffus , & de huit
feuilles pour les pots à aigrettes. On fe fert de grandes
broffes de poil de porc pour faire ce collage ;
quand on a deux cents cartons, de colles , on les met
en preffe entre deux planches bien unies , & au defaut
de preffe on charge les, planches avec quelque
chofe de pefant. Apres que les cartons ont été fix
heures en preffe , on les met fécher, en les fufpen-
dant à des cordes avec des. crochets de fil de laiton.
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