
ge. La plus grande partie de ceux qui s’évacuent'
par les orifices des vaiffeaux legerement ouverts ,
Fournit la matière Fuppurée : mais la portion la plus
onCtueufe de la lymphe pouffée vers l’extrémité
des canaux des bords de l’ulcere , en fuinte goutte-
à-goutte. Chaque molécule qui excede l’aire du calibre
tronqué, s’arrête à l’embouchure, s’y congelé
, s’y épailîit, &c s’y range circulairement, de maniéré
qu’elle offre un paffage à celles qui la fuivent,
& qui fe figent 6c fe placent de même, jufqu’à ce
que le progrès des couches foit à un tel degré que
les capillaires n’admettant que les parties vaporeu-
Fés, 6c contraignant les liqueurs qui Fe préfentent &
qu’ils rejettent , d’enfiler les veines qui les rapportent
à la maffe, la cavité de l’ulcere foit remplie &
la cicatrice parfaite.
Les moyens de cette reproduction nous indiquent
n°. comment les cicatrices, fur-tout celles qui font
confidérables, forment toûjours des brides; ils nous
apprennent 20. pourquoi elles font plus baffes que
le niveau de la peau ; 30. par eux nous pouvons expliquer
comment, dans cette fubftance régénérée ,
on ne voit au lieu d’un enfemble de tuyaux exactement
cylindriques & parfaitement diftinCts , qu’un
amas de petites cavités dont les parois, irrégulièrement
adhérentes les unes aux autres, ne préfentent ,
pour ainfi dire , qu’un corps fpongieux, mais affez
denfe, dont la folidité accroît à mefure qu’il s’éloigne
du fond, & que les fluides y font plus rares, ce
qui rend la cicatrice extérieurement plus dure 6c plus
compacte ; 40. enfin ils nous dévoilent fenfiblemènt
les effets des cicatrices multipliées.
Les fuites de la cautérifation des parties dures
font à-peu-près les mêmes que celles qui ont fixe notre
attention relativement aux parties molles.
Le feu appliqué fur les o s , deffeche en un inftant
les fibres offeutes, il crifpe, il oblitéré les vaiffeaux
qui rampent entr’elles ; les fucs néceffaires que ces
vaiffeaux charrient, font auffi-tôt exaltés 6c diflipés,
6c toute lâ portion foûmife à l ’inftrument brûlant,
jaunit, noircit; elle ceffe d’être vivante, 6c répond
precifément à ce que nous venons de nommer ef-
Carre. Ici elle n’èft jamais auffi profonde. La ehûte
en eft plus lente & plu^ tardive, parce que les vaiffeaux
de la fubftance offeufe ne font point en auffi
grande quantité, & que les fucs y font moins abon-
dans. Quoi qu’il en foitr-, les bornes de l’exfication
font celles de lâ partie ruinée qui doit être détachée
de la partie faine, 6c non morte. C ’eft à la furface
de celle-ci que les ofcillatîon,s redoublées qui commencent
à ébranler la première , fe font fentitv'Ces
©fcillâtions font fuivies de la rupture des canaux à
leurs extrémités, la féparation defirée fe trouve alors
ébauchée ; mais ceS canaux dilacérés , qui laiffènt
échapper une humeur qui s’extravafe, végétant, pullulant
eux-mêmes, fe propageant & s’unifiant itlfen-
fiblement, fourniffent-ils une chair véritable ? l’ex-
fbliation fera bien-tot accomplie, vû l’aecroiffement
de cette même chair qui foûlevera & détachera^entièrement
enfin le corps étranger, 6c qui âcqûierra
une confiftance aufli ferme & auffi folide que celle
dont joüiffoit le corps auquel elle fuccede. f
- ■ Ces-effets divers que je ne pouvôis-'meffifp^nfër
de détailler , parce qii’ils ont été jufqu’ïci également
inconnus aux écuyers qui ont écrit, aux maréchaux
quipratiquent, & aux demi-favansquidOgmatifent,
font la bafe fur laquelle nous devons, affeoir tous lés
principes en matière decautérifation.
- Il eft des cas Oii elle eftfalutaire, il en eflfoifélle eft nuifible, il en eft où elle eft inutile.
; C eux dans lefquels l’énérgie du feu eft évidente,
font, quant aux parties dures, les caries, puifque
Fexfolratiôn qu’il procure n’eft autre chofe que la
chute dé la portion viciée de Tes ; & quant aux partîeS
molles , les bubons peftilentièls ; les' ulcérés
chancreux qui n’avoifinent point, ainfi que le fie ,
connu fous le nom de crapaud, des partiès délicates
, telles, par exemple, que l’expanfion aponévro-
tique fur laquelle il eft quelquefois fitué ; les morfü-
res des animaux venimeux; celles des animaux enragés
; les gangrenés humides, qui fans être précédées
d’in flammation, font tomber les parties en-fonte';
les gangrenés avancées ; les ulcérés avec hyporfar-
co fe ; les engorgemens oedémateux accidentels,
même les engorgemens tendans au sk irrh e, qui occupent
une grande étendue ; les tumeurs dures,
skirrheufes , circonfcrites ; les hémorrhagies qui
n’ont pas lieu g ar des vaiffeaux d’un diamètre abfo-
lument çonfiderable, pourvû que les vaiffeaux puif-
fent être atteints fans danger ; les folutions de continuité
de l ’on gle, telles que les feymes* les legerés
excroiffances que nous appelions fie, verrues ou
poireaux, 6cc. en un mot, dans toutes les circonf-
tançes où il importe de frayer Une iffue à une matière
ennemie, dont le féjour dans la partie, xm dont
le retour d ans les routes circulaires feroit funefté,
& qu’i l feroit extrêmement dangereux de laiffer pénétrer
dans la maffe des liqueurs ; de conftituer une
humeur morbifique 6c maligne dans une entière im-
puiffance , foit par l ’évaporation de fes parties les
plus fubtiles, foit par la fixation ou la coagulation
de fes parties les plus groffieres ; de deffécher puif-
famment, & de produire dans les vaiffeaux dont I ’af-
faiffement ne s’étend pas au-delà d elà partie affe&ée,
une irritation abfolument néeeffaire ; d’interrompre
toute communication entre des parties faines :& une
partie mortifiée ; d’en hâter la féparation ; de diffiper
une humidité furabondante, 6c de procurer à des f ibres
dont le relâchement donne lieu à des chairs
fongueufes & fuperflues, la fermeté & la folidité dont
elles o n tbe foin ; d’abforber la férofité arrêtée & infiltrée
dans lès tégumens , torique n ul topique n’a pu
l ’atténuer & la reloudre; de l ’évacuer &c de faire
rentrer par une fuppuration convenable les vaiffeaux
dans leur ton & dans leur état naturel, ce qui
demande beaucoup de fagacité& de prudence; de
mettre en mouvement u ne humeur ftagnante &- end
urc ie , 6c d’en faciliter le dégorgement; d’accéle-
rer par l ’explofion une diffolution 6c une fonte heu-
reulè de là matière épaiflie qui forme les fumeurs'skïr-
rheufes, ce qui fe pratique plus communément que
dans le cas précédent , p o u rvû q u e l ’on n’apperçoi-
v e aucune difpofition inflammatoire; d ec rifp er &
d econ traC ter dans l ’inftant l ’orifice d’un vaiffeau
co u p é , & de réduire le fâhg en une maffe épaiffe
qui bouche ce même-orifice; de faire une plaie à
l ’effet de fo llic ité r là végétation de plufieurs- petits
vaiffeaux qui par leur régénération procureront là
réunion de l ’ongle dont ils acquierront la confiftan-
ce ; de détruire 6c de confumer en entier des tuber-
eiijes légers où des corps végétàüx confre nature
qui s’élèvent fur la fuperficië de la peau ; deprêvé^
ni'r les eilflures & les engorgemens auxquels les par-
ties d édîyes peuvent paroître difpofées, en foûte-
pa^ des- cièatrices fortes & multipliées,: là fo i-
bleffe & l ’inertie des vaiffeaux : dans-toutes ces c ir -
cOnftarièéSy dfe-je, l ’application du cautere ardent eft
d’une efficacité véritable. -
:i E lfe eft îrteonteftablement nuifible', lorfoné l ’oède-
mé fêéonnoît pour càùfeùihe cachexie ou unemau-
vaife difpofifion intérieure;'elfe eft toûjours pérhi-
cieufe dans tmis les cas ■’ôdr:l’ îriflafti.mation1eft^mar--
qüée fënfiblement. T out habile praticien là-rejette ,
quand i l piîéypk: qu’elle peut offenfer des vaiffeaux
èonfidéràbles ; & i l lâ bannit à jamais relativement
aux parties tendineufés , aponévrotiques & neryeu-
fes'; attendu lés accidens mortels qui peuvent en être
lésifûites^; 1 ' • ■ ;
à Son infiiffifance enfin eft ré e lle , & fon inutilité
ïnanifefte, dès que l ’aâion du feu n’a pas lieu immédiatement
fur la partie malade. Elle ne produit & ne
peut donc rien produire d’avantageux, par exemp
le , dans les luxations, dans les entorfes, dans toutes
les extenfions forcées des tendons, des mufcles,
des ligamens* & des fibres nerveufes, dans les courbes,
dans les éparvins, dans les furos, dans les fii-
fées, dansles offelets, &c. dans de femblables oc-
cafions en effet, nous ne portons jamais le cautere fur
le fiége du mal. J ’ajoûterai que dans la plûpart d’en-
tr’elles.nous ne pourrions outre-percer le cu ir & parve
n ir à ce fiége , fans un péril certain & éminent,
6c fans rendre l’animal la viftime d’une opération
non moins préjudiciable & non moins fuperflue dans
une multitude d’autres cas que je ne fpécifierai point,
la doftrine que j ’ai établie & les vérités que je con-
fàcre i c i , fuffifant fans doute à la révélation de to u -#
tes les erreurs de la Chirurgie vétérinaire à cet
égard.
Parmi les matières propres à l’oeuvre de la cauté-
rifa tio n , les métaux nous ont parû mériter la préférence.
Nos inftrumens font ou de fer, ou dé cuivre,ou
d’argent. Les efearres qui réfultent de l ’application
des cautères formés de ce dernier métal, font moins
confidérables : mais la dépenfe que ces cautères oc-
cafionneroient, oblige nos maréchaux à employer
plus généralement le cuivre & le fer. Nous donnons
à ces métaux des formes diverfes. I l eft des cautères
plats ; i l en eft à noeud ou à bouton ; il en eft de cu-
tellaires ; il en eft dont l ’extrémité fe termine en 5",
&c. Ceux dont on fait fréquemment ufage, font les
cutellaires, les ejjiformes, & les cautères a boutons.
Le cautere cutellaire eft un demi-croiffant, dont le
contour intérieur tient lieu de côte au tranchanrnon
affilé, formé par le contoiir extérieur. Cette portion
de métal eft toûjours emmanchée par fa partie lâ plus
large & près de la côte, d’une tige, ou poftiche, ou
de même métal, à laquelle on donne plus ou moins
d® longueur. C e manche eft dans le même plan que
Ta lame, 6c dans la même direction que le commencement
de la courbure au .départ du manche.
L e cautere ejjiforme eft fait d’une lame de métal
contournée & enroulée de telle forte, qu’enîa pré-
fentant de champ fur une furface, elle y imprime le
cara&ere or>. Cette lame enroulée a environ une demi
ligne d’épaiffeur, & l \ î qu’elle trace eft d’environ
huit ou neuf lignes. Elle eft ordinairement tirée
d’une longue tige qui lu i fert de manche, & dans le
cas où elle feroit d’un autre métal, on lu r en adap-
îeroit ùne d’environ un pié de longueur.
L e cautere à bouton n’eft proprement qu’une tige
de fer terminée en une pointe courte, à quatre pans
à-peu-près égaux : quelquefois ce bouton eft de figure
conoïde, & tel que celui que les Chirurgiens
appellent bouton à olive.
Il eft encore des cautères deftinés à paffer des fêtons.
Voye\ SÉTON.
Les Maréchaux fe fervent du couteaü pour donner
le feu en croix, en étoile, en maniéré de raies plus
ou moins étendues, différemment difp'ofées, & qui
repréfçntent tantôt une patte d’oie, tantôt des feuilles
de fougere ou de palme, tantôt la barbe d’uné
plume. Quelquefois ils l’appliquent en forme de roue,
ils impriment alors très-léeerement des efpeces de
raies dans l’intérieur du cercle qu’ils ont marqué. Il
en eft qui au lieu de ces raies, y deflment avec un
dartre terminé en pointe, un pot de fleur : les armoiries
du maître auquel appartiennent l’animal,
itne. couronne, un oifeàù, une rofè où autres fleurs
quelconques, &c. foins inutiles, qui ne fuffifent que
trop fquvent pour élever un afpirant au grade de
maître, & qui, relativement à l’art, feront toûjours
envifagés par ceux qui en connoîtront les vrais prino
p e s , comme le chef-d’oéuvre de l ’Ignorance.
Les cautères a bouton font employés dans les cas oît
le maréchal veut donner quelques grains d’orge , ou
femences de feu, c’eft-à-dire, quand il fe propofe d’en
introd uire, par exemple , quelques pointes fur des
lignes déjà tracées avec le cautere cutellaire. Ces
boutons lui^font encore d’un grand fecoifrs, lo rf-
qu il s agit d’o u v rir un abcès, de percer une tumeur,
mais il eft blâmable de ne pas confidérer avec affez
d attention les circonftances dans lefquelles l ’inftru—
ment tranchant feroit préférable. Voyt{ T u m e u r .
Quant aux cautères effiformes, ils font véritablement
efficaces, eu égard aux feymes, en les appliquant
tranfverfalement, 6c de façon que l ’«S placée
à l’origine de la folution de continuité, y réponde
par fon milieu ; fes deux extrémités s’étendent également
fur chaque portion de l’ongle disjoint & fé-
paré. P'oyel S e y m e .
Je ne peux me refufer ic i à l’obligation de ne pas
omettre quelques maximes qui ont rapport au manuel
de la cautérifation.
L a néceflité de s’affûrer parfaitement du cheval
fur lequel on doit opérer,, ne peut être révoquée en
doute. Les uns le renverfënt 6c le couchent à terre ,
les autres l ’affujettiffenf dans le travail ; il en eft qui
fe contentent de fe mettre,par le moyen des entraves
6c des longes, à l’ abri dès atteintes qu’ils pourroient
en recevoir.Toutes ces précautions différentes dépendent
du plus ou du moins de fenfibilité & de docilité de
l ’an imal, du tems que demande l ’opération, & des
douleursplus ou moins v iv es qu’elle peut fufeiter.
C ’eft auffi par la grandeur, la figure, la nature & le
fiege du mal, que nous devons nous reglêr & nous
décider fur le choix dès cautères, qui d’ ailleurs ne
doivent point être chauffés au feu de la forge, mais
à un feu de charbon de b o is , toûjours moins acre
que celui des charbons foffiles. S’i l s’agit de cauté-
rifer à l’ effet de procurer une exfoliation, il faut garantir
avec foin les parties qui avôifinent lo rfque
nous nous difpofons à brûler: nous méditons, par
exemple, de porter un bouton de feu fiir Vos angula
ire , voye{ F is t u l e l a c r y m a l e ; alors par le
moyen de l’entonnoir Ou de la cannule, inftrumens
acceffoires au cautere , nous rempliffons cette intention.
Dans d’autres cas où ces inftrumens ne fau-
roierit être d’ufage, nous garniflons les chairs de com-
preffes ou plumaceaux imbibés de quelque liqueur
Froide , 6c nous les preferyons ainfi de l ’impreflion
de la chaleur & du feu. I l doit être eh un degré plus
ou moins confidérable dans le cautere, 6c le cautère
doit être plus ou moins fortement 6c long-tems appliqué
, félon l ’effet que nOus en attendons, félon la
profondeur de la. carie, felouque l ’os eft fpongieux
ou compaft, félon enfin que l ’animal eft plus ou
moins avancé en âge ; on peut dire néanmoins en
général, que relativettleht à la cautérifation des parties
dures, rinftrumentbrûlant doit être plus chaud
que relativement à la cautérifation des parties molles.
Eft-il queftion, eû égard à celles-ci, de remédier
à une enflûre accidentelle ædémateufe, ou à un
engorgement des jambes de la nature de celui qui
tend au skirrhe ? le maréchal doit s’armer de cautere
cutellaire chauffé, 6c tracer de haut en-bàs fur les
faces latérales de la partie engorgée, une ligne verticale
directement pofée fur l ’intervalle qui fépare
l ’os 6c le tendon, & des lignes obliques qui partent
de la première qui a été imprimée, 6c qui fe répondent
par leurs extrémités fiiperieures. I c i le cautere
ne doit point outre-percer le c u ir, la main qui opéré
doit être extrêmement légère ; il fuffit d’abord d’indiquer
feulement par une première application la
direction de ces lignes ou dë ces raies ; on-y introduit
enfuite d’autres coüteaux de la même forme &
de la m ême épaiffeur, difpofés exprès dans le feu 6c