
longueur, largeur & profondeur; 40. la fiubflance qui
les accompagne ou leur fert d’enveloppe*
La direction d’un filon n’eft autre chofe que fa fi-
tuation relativement aux quatre points cardinaux du
monde ; cette direôion eft tantôt du feptentrion au
midi, tantôt du midi au feptentrion, tantôt de l’orient
à l’occident, ou de l’occident à l’orient, ou a-
peu-près..C’eft par la direction des différentes couches
de roche ou de pierre, dont une montagne eft
compofée, qu’on voit quelle peut être celle des f i lons
qui s’y rencontrent ; cependant comme cette réglé
n’eft point invariable, le moyen le plus sûr pour
déterminer la direction d’un f ilo n , c’eft d’avoir recours
à une bouffole des mines, que les Allemands
nomment berg-compafs, garnie d’une aiguille aimantée
, & fur laquelle eft un cercle partagé en 14 parties
égales, qu’on nomme heures. Foye^Vart. GÉOMÉTRIE
souterreine. On obfervera cependant
que les Minéralogiftes regardent comme les plus •
avantageux, les filons qui Ont la même direftion que
les bancs de pierre qui les environnent. Il ne faut
pas s’imaginer qu’un filon dans fa direction, décrive
exactement une ligne droite qui réponde précifé-
ment à tels ou tels points de l’univers ; mais de même
que les rivières, ils font plufieurs détours, & font
remplis de finuofités, & quelquefois de coudes oc-
cafionnés par les fentes des montagnes, par les roches
fauvages & autres obftacles qu’ils ont rencontrés
dans leur chemin.
La fécondé chofe qu’on confidere dans les filon s ,
c’eft leur chute ou leur fituation relative à l’horifon.
En effet iis font diverfement inclinés, & félon que
leur inclinaifon eft plus ou moins fenfible, les Mineurs
allemands leur donnent différèns noms ; on la
détermine au moyen du quart de cercle. L’inclinaifon
d’un filon n’eft pas toujours la même dans tout fon
cours : on en voit quelquefois qui tomboient pref-
que perpendiculairement, prendre tout-d’un-coup
une inclinaifon plus horifontale ; alors on dit que le
filon remonte ; ou bien un filon qui marchoit prefque
fuivant une ligne horifontale , defeend tout - d’un -
coup plus perpendiculairement, & pour lors on dit
que le filon s'enfonce. La partie du filon qui approche
le plus près de la furface de la terre, fe nomme la
tête du filon , & la partie qui s’enfonce dans le fein
de la terre, s’appelle laqueue. C’eft un principe qu’on
regarde comme très-confiant dans la Minéralogie ,
que plus les filons font perpendiculaires à l’horifon &
s’enfoncent en terre, plus ils font riches & abondans,
fur-tout quand ils font parvenus à une profondeur
affez grande pour être toujours environnés d’eau-qui
défend le minéral qui y eft contenu, du contaél de
l’air & de fes viciflïtudes. Cependant il en réfulte de
très-grands inconvéniens ; en effet lorfqu’unfilon eft
parvenu à une grande profondeur & qu’il eft noyé
dans l’eau, il eft très-difficile & quelquefois même
impoffible de le fuivre, & fouvent l’on eft forcé
d’abandonner le travail d’une mille au moment oii le
filon devient le plus abondant. A l’égard desfilons qui
marchent horifontalement & qui font proches de la
furface de la terre, ils font ordinairement pauvres,
& les minéraux qui y font contenus font plus expo-
fés à fe détruire , s’évaporer, & fe décompofer.
Quant à la force d’un filon , c’eft fa longueur, largeur
& profondeur qui la conftituent ; elle varie infiniment
, non-feulement dans les différèns filons qui
fe trouvent dans les entrailles de la terre, mais elle
n’eft pas même confiante dans un feul& même filon.
Il y a des filons qui font d’une longueur très-confi-
dérable ,&c qui après avoir été interrompus dans leur
cours par une vallée, une riviere ou un ravin, fe retrouvent
quelquefois plus riches qu’auparavant, à
une lieue ou même à deux lieues de-là. D’autres f i ions
au.contraire ne s’étendent pas fort loin, & fe
perdent très-pfomptement. Pour ce qui eft de la largeur
du filon , elle n’eft pas la même par-tout ; en certains
endroits elle n’aura, par exemple, qu’un pouce
, tandis que dans d’autres elle aura plufieurs pies,
& même plufieurs toifes. Quand un filon fe renfle
dans quelques-unes de fes parties, les Mineurs di-
fent qu’il prend du ventre.
Il arrive quelquefois que les filons, au lieu de fuivre
un cours déterminé comme celui des rivières ou
des ruifleaux, femblables à des étangs ou lacs, s’étendent
confidérablement à droite & à gauche, &
forment des efpeces de bancs ou de lits dans le fein
des montagnes, qui varient pour la profondeur &
l’inclinaifon ; les filons de cette efpece fe nomment
filons dilatés: d’autres fois ces filons formeront comme
un abyfme oumaffe énorme de fubftance métallique
& minérale, d’une largeur & profondeur confidéra-
ble ; pour lors on les appelle vente cumuldue, filons
enmafjis. F y e^ Agricola , de re metallicâ, Ub. I I I .
Ces deux efpeces de filons en reçoivent d’autres,
ou qui les traverfent, ou qui viennent y porter leur
richeffe & fe confondre avec eux, de même que les
petits ruifleaux qui fe déchargent dans des lacs ou
des étangs. On fent aifément combien il eft avanta,-
geux que les mines fe trouvent ainfi difpoféès.
L es filons ne font point de la même richeffe dans
toutes leurs parties: il y en a qui dans certains endroits
feront folides , compafts , & parfaitement
remplis de minéral, tandis que dans d’autres on trouvera
le minéral répandu dans la terre par morceaux
détachés de différentes grandeurs; c’eft ce que quelques
naturaliftes appellent minera nidulans • les Allemands
les nomment niéren, rognons : ou bien les f ilons
feront remplis de pierres ftériles, poreufes S ç
fpongieufes ; c’eft ce que les mineurs d’Allemagne
appellent donner dans des drufen. Voyeç l'article D r u -
sen. Quelquefois dans quelques endroits dw f ilo n ,
on ne rencontrera au lieu de minéral, que des fluors
ou cryftallifations de différentes couleurs, ou même
des terres blanches, jaunes, bleues, rouges, 6*c. qui
font les débris du minéral qui a été détruit &décom-
pofé, par les exhalaifons minérales, par les-eaux &
les autres caufes qui agiffent dans le fein de la terre :
quand ces cas arrivent, les Mineurs difent qu’ils fon t
venus trop tard.
Pour ce qui eft du minéral contenu dans un f ilo n ,
il n’eft pas par-tout de la même efpece, & ne donne
pas les mêmes produits dans les travaux de la Do-
cimafie & de la Métallurgie. Souvent un filon dont
le minéral eft pauvre, s’enrichit tout - d’un - coup,
parce que les fibres ou vénules Viennent lui apporter
ce qui lui manquoit, ou bien parce qu’un autrej?-
lon viendra fe joindre à lui ; mais d’un autre côté ,
fouvent ces venules ou filons qui viennent s’y joindre
, loin d’enrichir le filon auquel ils s’uniffent, contribuent
à fa deftruâion par les eaux auxquelles ils
donnent paffage ; & par les fubftances arfénicales,
fulphureufes & nuifibles qu’ils lui viennent apporter,
diminuent la qualité du minéral qu’il contenoit auparavant,
en le rendant plus difficile à traiter, plusaifé
à fe difliper dans le feu, plus réfra&aire, &c.
On voit encore des filons qui fourniffoient beau-r
coup, aller en diminuant fe partager en un grand
nombre de fibres ou vénules, & enfin fe perdre & fe
réduire à rien.
Il arrive quelquefois à un filon de manquer tout-
d’un-coup, pour lors il femble tranché par une roche
dure & fauvage qui en interrompt entièrement le
cours : il paroît que ce phénomène doit être attribué
à l’affaiffement qui a pû arriver à une portion de la
roche dont eft compofée la montagne où fe trouve
le filon ; révolution qui a dû déranger le cours du f ilon
, & empêcher fa continuité ; dans ce cas les Mineurs
font obligés de percer cette roche dure, pour
retrouver leur filon qui eft de 1 autre cote ; ou bien
fi ce travail eft trop pénible & trop coûteux , on
tâche d’aller rechercher de l’autre côté , fans percer
la roche, l’autre portion du filon ; mais pour Ia;re-
trouver fans donner à faux, il faut beaucoup d’ufa-
ge & d’expérience, & faire attention aux différentes
couches de la montagne & aux changemens qui ont
dû y arriver pour caufer la perte d’une portion du
filon. ■ ■ A
La rencontre d’une roche dure ne coupe pas toujours
un filo n ; quelquefois elle fe contente de lui fair
re former des coudes, ou bien elle le partage en deux
ou plufieurs branches, qui dans de certains cas fe réunifient
de nouveau, & pour lors la roche forme comme
une île environnée par les deux bras du filon.
Il n’eft pas rare de trouver dans une même montagne
plufieurs filons contenant quelquefois des minéraux
de différentes efpeces ; ordinairement ils ne
font pas tous de la même force, & communément
il y en a un qui eft plus confidérable, que l’on nom-
me filon principal, lés autres s’appellent filons çonco-
mitans ou accompagnans. Les filons principaux ont
plufieurs avantages fur les moindres ; en effet ils ne
font pas fi facilement interrompus dans leurs cours
par les roches dures ou autres obftacles qui fe rencontrent
, leurs dimenfions font plus confiderables ,
leur direftion n’eft pas fi fujette à varier, & la matière
qu’ils contiennent eft plus confiante. Lorfqu’il
fe trouve plufieurs filons dans une même montagne ,
ils font quelquefois parallèles les uns aux autres, &c
ils fuivent chacun leurs directions fans fe troubler
dans leur cours. Mais il arrive auffi fréquemment
qu’ils fe croifent & fe coupent les uns les autres à
différèns angles. Plufieurs viennent quelquefois fe
réunir dans un même point, fe féparent enfuite de
nouveau, & chacun continue à fuivre fa première
direâion. Dans de certains cas on voit deux ou plu-
fieurs filons fe joindre pour n’en former qu’un feul,
& les fubftances que contiennent ces différèns fiIons,
fe mêlent & fe confondent : dans d’autres cas, les f i lons
ne font que fe joindre fans que leurs, fubftances
fe confondent; par exemple, un filon qui contient de
la mine de plomb, s’affociera avec un filon qui contient
de la mine de cuivre, & tous les deux coureront
à côté l’un de l’autre pendant un efpace affez confidérable.
Enfin les Mineurs font attention à la fubftance qui
fert immédiatement d’enveloppe aux f ilon s ; les minéralogiftes
allemands la nomment J'alband ; cette
écorce ou enveloppe fert à contenir le minerai, &
le fépare de la roche ftérile & non-metallique, dont
la montagne eft compofée. Quelquefois cette enveloppe
eft une fubftance pierreufe, d’autres fois c^eft
un limon ou gris, ou bleuâtre, ou jaunâtre, quon
nomme befieck en allemand ; les Mineurs regardent
ce limon comme un bon ligne , qui leur annonce un
filon riche & abondant. La partie de la roche qui
couvre le filo n , (e nomme le toit; teclum. Celle fur
laquelle le filon eft foûtenu, fe nomme le f o l , fiun-
damentum. Quant à l’origine & à la formation des
filons métalliques, voyc{ les articles Exhalaisons
minérales,Minéralisation, Mines, Métal,
&c. ( - ) i
FILOUSE ou QUENOUILLE , terme de Corderie.
Vo y elle s articles , CORDERIE 6* QUENOUILLE.
FILOSELLE, f . f . ( manufacture en fo ie ,) e fp e c e d e
g r o f f e fo ie t rè s -com m u n e , q u i fe fa b r iq u e a v e c la
b o u r r e d e la b o n n e f o ie , & c e lle q u i f e to r t d e s c o c
o n s d e r e b u t . Foye^ l'article S o i e .
FILS, f. m. ( Grammaire) qui exprime la relation
qu’un enfant mâle a avec fon pere &fa mere , voyei
P e r e .
Les enfans du roi d’Angleterre font appellésfils &
filles d'Angleterre, voyeç Roi.
Le fils aîné eft en naiffant duc de Cornouaille, &
créé prince de Galle $ voye^ P r i n c e *
Les puînés font appellés cadets, .
Les enfans des rois de France étoient anciennement
appellés fils & filles de France , &c les petits-
enfans , petits-fils & petites-filles de France ; mais à
préfent ,les filles font appellées, Mtfdames ; la fille
défunte de M. le Dauphin s’appelloit aufli Madame.
Fils ADOPTIF. Foye[ les articles A d OPTIF &.
A d o p t io n .
F i l s d e F a m i l l e , e n p a y s d e d r o it é c r i t , e ft un
e rifa iit ou p e t it - e n f a n t , q u i e ft en la p u iffa n c e d e
fo n p e r e , ou a y e u l p a te rn e l.
Les filles qui font foûmifesà cette même puiffance,
font aufli appell i t s filles de fam ille , & comprifes fous
le terme général d?enfans de famille.
Les fils & filles de famille ne peuvent point s’obliger
pour caufe de prêt, quoiqu’ils foient majeurs
; leurs obligations ne font pas valables, même
après leur mort, fuivant le Senatus-confulte macédonien.
Ils ne peuvent tefter, même avec la permifîion de
leur pere , fi ce n’eft de leur pécule cajtrenfe ou qua.fi
çqfirenfe.
Le pere joüit des fruits des biens du f ils de famille,
excepté de ceux de fon pécule, & dans quelques autres
cas que l’on expliquera au mot P u i s s a n c e
p a t e r n e l l e .
Tout ce que le fils de famille acquiert appartient
au pere, tant en ufufruit qu’en propriété.
Le pere ne peut faire aucune donation entre-vifs
& irrévocable au fils defamille , fi ce n’eft par contrat
de mariage.
Lorfque le pere marie fon fils étant en fa puiffance
, il eft refponfablé de la dot de fa belle-fille.
L’émancipation fait fortir le fils de famille de la
puiffance paternelle ; le pere qui émancipe fon f i l s ,
avoit autrefois pour prix de fon émancipation , le
tiers des biens en propriété ; mais au lieu de cela,
Juftinien lui a donné la moitié en ufufruit ; il a aufli
l’ufufiruit d’une portion virile des biens maternels
qui échéent au fils de famille depuis fon émancipation
, voye{ÉMANCIPATION.
En pays coûtumier , où la puiffance paternelle
n’a pas lieu, on entend par fils de famille les enfans
mineurs qui ne font point mariés, &: qui vivent fous
la dépendance de leurs pere & mere.
Les fils de famille mineurs de 25 ans ne peuvent,'
foit en pays de droit écrit, foit en pays coûtumier ,
contracter mariage fans le confentement de leurs
pere & mere, tuteurs & curateurs.
Les majeurs de 25 ans peuvent fe marier ; mais
pour fe mettre à couvert de l’exhérédation , il faut
qu’ils faffent préalablement à leurs pere & mere trois
fommations refpeétueufes, & les garçons ne peuvent
faire ces fommations avant l’âge de 30 ans. Foye^
M a r i a g e .
Foye^ au Digefie & aux Infiituts le titre de his qui
fu i vel a luni ju r is fu n t : le titre du digefie, defenatuf-
confult. macedoniano ; & aux inftit, le titre de patriâ
potcf.au, & defilio familias minore ; la novelle 1 17 ,
c h . j . la novelle 118, ch. i j . ( A )
F i l s (Mo ra le.) La relation du fils au pere, entraîne
des devoirs qu’il doit néeeffairement remplir
, & dont le tableau laconique tracé d’un fty-
le oriental , par l’auteur du Bramine-infpiré ( The
infpir'd Bramin. London ly S S in - 8°. 6 . édit. ) vaudra
mieux que tout ce que je pourrois dire d’une maniéré
didaàique.
» Monfils ( dit ce bramine ) apprens à obéir, l’o-
».béiffance eft un bonheur ; fois modefte, on crain-
» dra de te faire rougir.
» Reconnoiffant ; la reconnoiffance attire le bienf
a i t ; humain, tu recueilleras l’amour des homr
» mes.