
pourra, c’eft-à-dire deux dans cet exemple : il ref-
tera dix-huit hommes dont on pourra former des pelotons
fur, les angles , ou un dernier rang plus ouvert
que les autres ; ce qui peut fe faire fans inconvénient.
Lorfque le bataillon quarré à centre plein eft formé
, il s’agit de lui faire faire face de tous côtés, de
maniéré que chaque côté ait exactement la même
défenfe & le même féu.
Rien n’eft plus aifé que de donner cette difpofition
aux quatre premiers rangs qui forment les côtés extérieurs
du quarré ; mais il n’en eft pas de même
pour la leur donner conjointement avec les côtés intérieurs.
Voici la méthode que prefcrit M. Bottée pour cet
effet.
" " Il faut d’abord faire préfenter les armes en tête 8c
en queue par demi-files.
Enfuite faire marquer par: deux fergens , l’un en
tête & l’autre en queue , les hommes qui doivent
faire à-droite, Si ceux qui doivent faire à-gauche ;
favoir,
Aii premier rang, ün de l’aile gauche à gauche.
Au fécond, deux à gauche 8c un à droite.
Au troilicme, trois à gauche 8c deux à droite, 8c
ainfi de fuite dans le même ordre fur chaque demi-file
•de la tête.Si de la queue.
^ Pour aller plus vite on peut mettre deux fergens
a chaque aile, dont l’un difpofera les foldats de cha-
que^demi-file de la tête, dans l’ordre qu’on vient
d’expliquer ; Si’ l’autre ceux de la queue, &c.
Il faut obferver, i° . à l’égard des demi-files du
bataillon qui font face en queue, que leur aile gauche
eft dans la file de l ’aile droite qui fait face en
tê te , Si l’aile droite dans la file de la gauche des
‘demi-files de la tête.
2°. Que quand les files ou les rangs font en nombre
impair, il eft indifférent que le rang du milieu fe
tourne pour faire face à la queue du bataillon , ou
qu’il refte dans fa première pofition, parce qu’il fe
trouvera toujours que le foldat du milieu de ce rang
Fera indifféremment face en tête ou en queue, Si
que lés deux parties ou les deux moitiés du même
rang feront, l’une face à droite, Si l’autre face à
gauche.
Nous n’entrerons pas dans un plus grand détail
fur le bataillon quarré à centre plein.
.Il eft aile d’obferver que ce bataillon, pour peu
qu’il foit un peu confidérable, ne peut fe mouvoir
que très-difficilement ; que les foldats des rangs intérieurs
au - delà du quatrième, ne peuvent faire
ufage de leur feu, 8c que le canon ne peut manquer
d’y caufer beaucoup de defordre.
Par ces différentes confidérations nous ne parlerons
point des autres bataillons à centre plein ; c’eft-
à-dire, ni des triangulaires, ronds, oflogones, rhom-
bes, &c. nous renvoyons ceux qui voudront en étudier
la formation, au livre de M. Bottée , intitulé
Etudes militaires.
Des bataillons à centre vuide. Les bataillons à centre
vuide ont un plus grand front que les pleins , 8c
par conféquent ils peuvent oppofer un plus grand
feu à l’ennemi : l’on peut d’ailleurs enfermer danÿ
leur intérieur, ou dans le vuide qui eft au centre,
l’artillerie, le thréfor de l’armée, des bagages, 8c
différentes autres chofes que l’on veut conferver, 8c
dont on veut déroberla connoiffance à l’ennemi.
Formation du bataillon quarré à centre vuide. Soit
fuppofé un bataillon ordinaire A B CD (fig. 6’/.) de
quatre cents hommes, non compris les grenadiers
& le piquet, rangé fur quatre rangs de cent hommes
chacun.
On partagera le front A B en huit di vifions égales
, ou à-peu-près égales , s’il ne peut fe partager
exactement dans ce nombre de parties,
Par exemple, le front A B étant de cent hommes
fa huitième partie eft de douze , & l’on a le refte
quatre, c’eft-à-dire que, douze eft contenu huit fois
dans cent avec le refte quatre.
Pour, faire difparoître ce refte quatre , on marquera
les deux divifions du centre E F , de treize
hommes chacune, ainfi que la divifion B G de la
droite, 8c A H de la gauche,.
On ordonnera enfuite à tout le bataillon de faire
demi-tour à droite , afin que lorfque le quarré fera
formé, le premier rang fe troqve en-dehors du bataillon.
On commandera aux deux divifions du centre ,
que l’on confidérera comme une feule divifion E F 9
de ne point bouger, 8C au refte du front de la droite
8c de la gauche , de faire enfemble un quart de
converfion ; favoir, au refte du front de la droite,
devenu gauche par le demUtour à droite, de faire
un quart de converfion à droite ; 8c au côté de la
gauche, devenu d roite, dé le faire à gauche.
Ce mouvement étant exécuté, l’on a trois côtés
du bataillon ; pour avoir le quatrième , il ne s’agit
plus que de replier une partie des deux côtés qui
viennent de faire un quart de converfion , de maniéré
qu’ils forment le quatrième côté oppofé à lu
divifion du centre.
Pour cet effet, on ordonne aux deux premières
divifions, de chacun de ces côtés, de ne point bouger
, 8c aux divifions X 8c F , qui les .terminent, de
faire’ enfemble un qu.art .de converfion qui les joigne
enfemble en F , pour fermer le bataillon.
Par ce dernier mouvement , les quatre côtés
du bataillon font formés , comme la figure le fait
voir.
On ordonne à tous les hommes du bataillon de
faire demi-tour à droite , pour faire face en-dehors
du bataillon.
Le bataillon , après ces différens mouvemens,
n’eft pas encore entièrement formé ; les angles ayant
des efpaces vuides , il faut les remplir pour qu’il
foit regulierement quarré.
Pendant que le bataillon fe forme de la maniéré
qu’on vient d’expliquer , les officiers des grenadiers
8c ceux du piquet, partagent chacun leur troupe en
deux parties égales ; ce qui fait quatre troupes ou
quatre pelotons ( voye^ Pelotons ) , avec lefquels
on remplit les angles du bataillon.
Pour évaluer le nombre d’hommes néceffaires
pour remplir chacun de ces efpaces, il faut en déterminer
les dimenfions. .
Pour cet effet, fort l’un de ces angles rentrans à
remplir a b ç ( fig. 62. ) , on imaginera une parallèle
f g au côté a b , à la diftance de ce côté de deux piés ,
c’eft-à-dire de l’épaiffeur d’une, file : on imaginera
de même une autre parallèle h l au côté b c , également
éloignée de ce côté : on prolongera par la.pen-
fée les lignes qui forment les deux fonds du bataillon,
jufqu’à ce qu’elles fe rencontrent en d. On aura
alors le quadrilatère/7"â d à remplir.
Si l ’on fuppofe que les rangs foient ferrés à la
pointe de l’épée , ils occuperont chacun avec leur
intervalle un efpace de trois piés ; ce qui donnera
neuf piés pour la dimenfion d f o n h l , qui eft égale
à l’épaiffeur des quatre rangs du bataillon , 8c fèpt
piés pour l’autre d h ou f l , qui a deux piés de
moins.
Préfentement il faut obferver que les hommes qui
doivent remplir le quadrilatère f lh d 9 doivent forr
mer des rangs des côtés d f de dh , 8c que comme
chaque foldat occupe dans le rang un efpace à-peu-
près de deux piés , le côté ^/pourra contenir cinq
hommes de front, & le côté d h 9 quatre en fe ferrant
un peu fur a b Sec g.
Ainfi il faudra huit hommes pour garnir les deux
côtés d f & d h du quadrilatère f l h d , & le foldat
qui fera en d , appartiendra également à chacun des
côtés d f & dh. J -,
On formera trois rangs en-dedans de ce quadrilatère
derrière chacun des deux premiers, à la dif-
tance de trois piés de ces premiers ; le tout ainfi
qu’on le voit dans la figure oh les points blancs ou
les zéros repréfentent lés foldats du peloton que l’on
veut former. H H H ,
On aura dix - fept hommes pour remplir 1 angle
dont il s’agit : on leur fera préfenter les armes, comme
les petites lignes tirées fur les zéros l’indiquent.
A l’égard du foldat du fommet d , il peut indifféremment
préfenter fes armes du côté d ƒ ou d h , ou fui-
vant la diagonale du petit quadrilatère d fh l.
R e m a r q u e s .
I. Si le bataillon propofé étoit à plus ou moins de
hauteur , on évalueroit le nombre d’hommes dont
on aupoit befoin pour en remplir les angles, de la
même maniéré qu’on vient de le faire , en confide-
rant quelles feroient les deux dimenfions du quadrilatère
qu’on voudroit remplir.
II. Lorfque le nombre d’hommes qu’on a pour
chaque peloton des angles du quarré, eft plus grand
qu’il n’eft néceffaire pour les remplir, on peut faire
entrer dans le vuide du bataillon l’excédent, pour
fervir d’une efpece de réferve propre à fuppléer aux
hommes qui pourroient enfuite manquer aux troupes
ou pelotons auxquels ils appartiennent.
III. Il y a une autre maniéré plus fimple de former
le bataillon quarré , fans avoir la peine de remplir
les angles, comme dans la formation précédente.
Pour cet effet, il faut comprendre les grenadiers
& le piquet dans les divifions du bataillon , en mettant
à l’ordinaire les grenadiers à la droite du bataillon
, 8c le piquet à la gauche.
Suppofons le bataillon de treize compagnies, y
compris les grenadiers , 8t regardant le piquet comme
une autre compagnie , on aura quatorze compagnies
de front : comme ce nombre de compagnies
ne peut fe partager exactement en huit divifions d’un
nombre de compagnies complétés , on les divifera
en cinq parties ; favoir, la première divifion à droite
de deux compagnies ; la fécondé, de trois ; la troi-
iieme -, de quatre ; la quatrième, de trois ; & la cinquième
, de deux : cela pofe , on fera faire demi-
tour à droite à tout le bataillon : on ordonnera à la
divifion du centre de ne point bouger, & aux deux
autres divifions de la droite 8c de la gauche, de taire
un quart de converfion , comme dans la formation
précédente ; alors chaque divifion de deux compagnies
, de la droite 8c de la gauche, fera un autre
quart de converfion pour former le quarré.
Ce qui étant exécuté , on fera avancer les deux
côtés du quarré de la droite 8c de la. gauche en - dedans
le bataillon , jufqu’à ce que le dernier rang de
chacun de ces côtés, qui étoient le premier avant le
demi-tour à droite, fe trouve dans le prolongement
ou l’alignement des files qui terminent la droite 8c
la gauche de la divifion du centre, 8c le bataillon
fera alors formé.
Si l’on fuppofe que les compagnies foient de quarante
hommes , & qu’elles foient à quatre de hauteur
, elles auront chacune dix hommes de front : la
divifion du centre, compofée de quatre compagnies,
aura qùarante hommes de front ; les deux cotes qui
ont chacun trois compagnies , auront trente hommes
de ffont ; mais étant entrées dans le bataillon,
. elles augmentent leur front de quatre hommes de
l’aîle droite de la tête 8c autant de la queue, ce qui
fait que ces côtés ont chacun trente-huit hommes de
ffont ; mais les fofcdats de la droite 8c de la gauche
de la tête 8c de la queue , qui augméntent le ffont
des côtés , diminuent par-là la tête & la queue de
deux foldats : donc il n’en refte que trente-huit pour
ces côtés ; donc, &c. •
R e m a r q u e .
L’inftruâion du 15 Mars 1754, fe fert pouï changer
un bataillon ordinaire en bataillon quarré, de
cette même formation .; mais elle donne à ce bataillon
le nom de colonne.
Cette colonne ou ce bataillon eft à fix de hauteur
; il eft fermé du côté de la queue par le piquet,:
les grenadiers font à la. tête en-dehors ; ils ne font
partie d’aucun des côtés du bataillon , & ils peuvent
par conféquent fe porter également vers celui
de ces côtés qu’on juge, à - propos. Foye^ l’inftruc-
tion qu’on vient de citer.
Il y a plufieurs autres maniérés de former le bataillon
quarré à centre vuide ; on fe bornera-à en
ajouter ici une, qui paroît plus générale que celle
qu’on vient d’expliquer, mais aufli qui exige la con-
noiflance de l’extraftion de la racine quarrée que
cette derniere ne fuppofe point.
Soit une troupe d’infanterie d’un nombre quelconque
d’hommes, comme de,douze cents, dont on
veut faire un bataillon quarré , qui paroifle , par
exemple, de trois mille fix cents hommes ; il s’agit
d’abord de trouver la hauteur qu’on doitdonnerlâ
ce corps de troupes.
On commencera par extraire la racine quarrée
de trois mille fix cerits : on la trouvera de fôixan-
te : on multipliera ce nombre par deux;, ce qui donnera
cent vingt pour le produit: on multipliera aufli
foixante moins deux , ou cinquante-huit par deux-,
ce qui donnera cent feize, qui étant ajoutés à cent
vingt, font deux cents trente-fix : ce nombre eft le
front que doivent former les douze cents hommes
prôpofés en bataille, p.our les transformer enfuite
en bataillon quarré»
Le ' ffont du bataillon ou ,de la trôüpe de douze
cents hommes, étant ainfi trouvé, oïi aura fa hauteur
ou le nombre de fes rangs, en divifant douze
cents par deux cents trente-fix, c’eft-à-dire la fom-
me ou le nombre de tous les hommes de la troupe,
par le nombre de ceux qui forment le front ; faifant
cette divifion, on trouvera le nombre de cinq pouï
le quotient : c’èft le nombre des rangs que doit former
la troupe propofée : il refte vingt hommes-,
qu’on pourra , après la formation du bataillon, placer
en pelotons à quelques-uns de fes angles pour lé
cou vrir, ou mettre dans le vuide ou le centre,
pour fervir à remplacer les pertes que peut faire le
bataillon.
Maintenant pour former le bataillon quarré, on
fera mettre la troupe de douze cents hommes à cinq
de hauteur : on la divifera enfuite en quatre parties ;
favoir, la première à droite de cinquante-huit homme
de ffon t, la fécondé de foixante, la troifieme de
cinquante-huit, 8t la quatrième de foixante.
On fera faire demi-tour à droite à la partie de la
droite 8c aux deux de la gauche , 8c l ’on ordonnera
à ces trois parties de faire un quart de converfion ;
fa voir, à la première de la droite, à droite , e’eft-
à-dire vers la gauche de la première pofition , 8c
aux deux parties de la gauche, à gauche ou vers la
droite de leur première pofition.
Ce premier mouvement étant exécuté, il ne s a*
gira plus pour former le bataillon quarré, que de
faire faire à la derniere divifion, un deuxieme quart
de converfion dans de même fens que le premier 9
alors les divifions foixante 8c foixante feront oppo*
fées , ainfi que celles de cinquante-huit 8c cinquante
huit , qu’on fera entrer dans le bataillon , juiqu à
ce que les premiers rangs de ces parties, devenus
les derniers par le demi-tour à droite , fe trouvant