
288 E X P loit, lorfque le tems critique approchoit, c’eft-à-dire
lorfque la fuppurationétoit achevée, d’employer du
v in , du vinaigre mêlé avec du poivre, des liqueurs,
acres en gargarifme, des errhins & autres ftimulans
ropres à vuider l’abcès, & à en chaffcr la matière
ors des poumons par l’expeéloration.
Comme il y a des maladies bien différentes entre
elles, qui exigent l’ufage des expectorans, les différens
médicamens que l’on employé fous ce nom, ont des
qualités plus ou moins aftives ; on doit par confé-
quent les choifir d’après les differentes indications.
Les maladies aiguës ou chroniques, avec fievre, telles
que la peripneumonie, la phthifie, ne comportent
que les plus doux, ceux qui produifent leurs effets
fans agiter, fans échauffer, comme les décodions
de racine de régliffe, de feuilles de bourache, le lue
de celles-ci, les infufions de fleurs de fureau ; les potions
huileufesavec les huiles d’amandes douces, de
lin, récentes ; les diffolutions de manne, de miel, de
lucre dans les décodions ou infufions précédentes ; de
blanc de baleine récent dans les bouillons gras, dans
les huiles fufdites, &c.
Les forts apéritifs, propres à incifer, à brifer la
vifeofité des humeurs muqueufes , tels que font les
apofemes, les tilannes de racines apéritives, des bois
fudorifiques ; les différentes préparations de foufre,
d’antimoine ; diaphoniques, &c. conviennent aux
maladies chroniques, fans fievre , comme le catarrhe
, l’afthme : on trouvera fous les noms de ces différentes
maladies, une énumération plus détaillée
des médicamens indiqués pour chacune d’entr’elles,
les différentes formes fous lefquelles on les employé,
& les précautions qu’exigent leur ufage dans les différens
cas. On ne peut établir ici aucune réglé générale,
ainfi voye^T o u x , P e r ip n e u m o n ie , P h t h i s
i e , R h u m e , C a t a r r h e , A s t h m e , & autres maladies
qui ont rapport à celles-ci. (d)
EXPECTORATION , f. f. expecloratio (Medec.);
ce terme eft compofé de la prépofition ex, de, & du
fublîantiYpeclus, poitrine ; ainfi il eft employé pour
exprimer la fonction par laquelle les matières excré-
mentitielles des voies de l’air, dans les poumons, en
font chaflées & portées dans la bouche, ou tout d’un
trait hors du corps , en traverfant cette derniere cavité
; c’eft la purgation de la poitrine & des parties
qui en dépendent, dans l’état de fanté & dans celui
de maladie.
Comme cette purgation fe fait par le haut, elle a
été mile par les anciens au nombre des évacuations
du genre de Yanacatharfi.; Hippocrate lui a même fpé-
cialement donné ce nom ( 3. apkor. 8 .) àva.na.betp<riç,
purgatio per fputa,
L’expectoration eft donc une forte d’expulfion de
la matière des crachats tirés des cavités pulmonaires
, dont l’iffue eft dans le gofier ; c’eft une efpece
fie crachement, foit qu’il fe faffe volontairement,
foit qu’il fe faffe involontairement, par l’effet de la
toux : mais tout crachement n’eft pas urfe expectoration.
Voye^ C r a c h a t , T o u x .
L’éje&ion de la falive, qui ne doit point avoir lieu
dans l’économie animale bien réglée, ne peut auffi
être regardée comme une expectoration; cette dénomination
ci ne convient abfolument qu’à l’évacuation
des humeurs muqueufes , deftinees à lubrifier
toutes les parties de la poitrine expofées au contaâ
de'l’air refpiré; lefquelles humeurs étant de nature
à perdre la fluidité avec laquelle elles fe féparent,
& à s’épaiflir de maniéré qu’elles ne peuvent pas
être abforbées & portées dans la maffe des fluides,
s’accumulent & furabondent au point qu’elles fatiguent
les canaux qui les contiennent, ou par leur
volume, en empêchant le libre cours de l’air dans
fes vaiffeaux, ou par leur acrimonie, effet du féjour
& de la chaleur animale, en irritant les membranes
E X P qui tapiffent les voies de l’air. Gçs différentes caufés
font autant de fiimulus, qui excitent la puiffance mo*
trice à mettre en jeu les organes propre* :à opérer
Y expectoration ; de forte qu’il en eft de cetté; matière
excrémentitielle, comme de là mucofité des narines,
de la morve : cette mucofité fe féparant continuellement
dans les organes fecrétoires de la membrane
pituitaire, pour la défendre aufli du contatt de l’air,
eft continuellement renouvellée ; par conféquent il
y e n a de Surabondante, qui doit etre évacuée par
l’éternuement ou par l’a&ion de fe moucher. Voyez
Morve, Eternuement, Moucher. Il eft donc très-naturel qu’il excite dans l’économie animale un
moyende jetter hors du corps les humeurs lubrifiantes,
qui furabondent dans les voies de l’air , plus ou
moins , félon le tempérament fec ou humide • ce
moyen eft Y expectoration : ainfi il n’y a que l’excès
ou le défaut qui faffent des léfions dans cette fonction
, qui eft très-néceffaire par elle-même dans l’état
de lanté, entant qu’elle s’exerce d’une maniéré
proportionnée aux befoins établis par la conftitution
propre à chaque individu : cependant il faut convenir,
qu’en général ils fe font naturellement très-
peu fentir : mais il n’en eft pas de même dans un
grand nombre de maladies, foit qu’elles ayent leur
fiége dans les poumons, ou que la matière morbifique
y foit portée, depofee de quelqu’autre partie ou
de la maffe même des humeurs. Il arrive très-fouvent
que la nature opéré des crifes très-falutaires par le
moyen de Y expectoration : les obfervations à ce fujet
ont fourni au divin Hippocrate la matière d’un grand
nombre de prognoftics & de réglés dans la pratique
médicinale, yoye^ fes oeuvrespaffim. :•? v :
Le mechanifme de Y expectoration s’exerce donc
par 1 aftion des organes de la refpiration ; la glotte
s’étant fermée pour un inftant, pendant lequel les
mufcles abdominaux fe contra&ent, fe roidiffent,
preffent les vifeeres du bas-ventre vers l’endroit où
ils trouvent moins de réfiftance ; c’eft alors vers la
poitrine où le diaphragme, dans fon état de relâchement
, eft pouffé dans Ta cavité du thorax, il y for»
me une voûte plus convexe, quiprefle les poumons
vers la partie fiiperieure de cette cavité, en même
tems que les mufcles qui fervent à l’expiration ab-
baiffent fortement & promptement les côtes ; & par
conféquent toutes les parois de la poitrine s ’appliquent
fortement contre les poumons , les compriment
en tout fens, en expriment l’air qui eft pouffé
de toutes les cellules bronchiques , de toutes les
bronches mêmes, vers la trachée artere : mais l’orifice
de celle-ci fe trouvant fermé, la direÛion de
l’air (mû avec force félon l’axe de toutes les voies
aériennes ) change par la réfiftance qu’il trouve à
fortir ; il fe porte obliquement contre les parois ; il
leur fait effuyer une forte de frotement qui ébranle,
qui emporte ce qui eft appliqué contre ces parois,
avec une adhefion fulceptible de céder aifément; qui
entraîne par conféquent la mucofité furabondante.
Dans le meme inftant que l’effort a enlevé ainfi quelque
portion de cette humeur, la glotte vers laquelle
cette matière eft portée, s’ouvre avec promptitude
pour la laiffer paffer, fans interrompre le courant
d’air qui l’emporte de la trachée artere dans la bouche
, & quelquefois tout d’un trait hors de cette derniere
cavité , par conféquent hors du corps : ce dernier
effet a lieu, lorfque la matière dont fe fait l’ex-
pulfion eft d’un petit volume (mais affez pefante par
fa denfité, d’où elle a plus de mobilité) , qu’elle fe
trouve fituée par des efforts précédens près de l’ouverture
de la trachée-artere, c’eft-à-dire dans ce canal
meme ou dans les troncs desbronches. Dans le
cas, au contraire, où la matière excrémenteufe fe
trouve fituée dans les cellules ou dans les plus petites
ramifications bronchiques, c’eft-à-dire dans le
fond
E X P fond des cavités aériennes des poumons, il faut fou-
vent plus d’un effort cxpeâorant pour l’en tirer ; il
faut qu’elle foit ébranlée & élevée par fecouffes,
avant d’être mife à portée d’être jettée hors des poumons
: on peut cependant concevoir aufli un moyen
par lequel elle peut être tirée & expulfée d’un feul
trait, même de. l’extrémité des bronches , fi l’on fe
repréfente que l’air comprimé avec force & fubite-
ment par les organes expiratoires , fort comme s’il
étoit l'ucé, pompé des plus petites ramifications ôc
des cellules qui les terminent; d’où il doit fe faire,
que les matières qui en font environnées, foient entraînées
avec lui, & fuivent l’impétuofité du torrent
qu’il forme, dont le cours ne fe termine que dans la
bouche ou dans l’air extérieur.
L'exfpecloration, pour être naturelle , c’eft-à-dire
conforme à ce qui fe doit faire dans l’état de fanté,
doit être libre & fe faire fans effort ; elle diffère par
conféquent de la toux, qui eft une expulfion forcée
(excitée indépendamment de la volonté; opérée par
des efforts convulfifs, ) des matières étrangères ou
excrémenteufes ou morbifiques, contenues dans les
vaiffeaux aériens des poumons ; c’eft une expectoration
laborieufe & (comme on dit dans les écoles, mais
improprement) contre-nature, puifqu’elle eft alors
un véritable effort, que la nature même opéré pour
produire un effet falutaire , qui eft la purgation des
poumons : il en eft comme des tranchées, qui difpo-
fent à l’excrétion des matières fécales. L’on doit même
fouvent regarder la toux, par rapport à l’évacuation
, comme un tenefme de la poitrine, entant
que les mouvemens violens en quoi confifte la toux,
ne font que des efforts fans effet, c’eft-à-dire qui
tendent feulement à expulfer quelque chofe des poumons
, fans qu’il fe faffe aucune autre expulfion réelle
que celle de l’air. La toux peut aufli être regardée
comme une préparation à Y expectoration : ©n peut
dire que les fecouffes qu’elle (opere fervent à donner
de la fluidité aux matières qui engorgent les glandes
bronchiques ; qu’elle facilite ôc procure l’excrétion
de ces matières hors des vaiffeaux qui compofent ces
glandes; & qu’elle enleve enfin ces excrémens, &les
jette hors du corps. Par ces confidérations ne doit-
on pas regarder la toux comme le plus puiffant de
tous les remedes expeâorans ? Voye^T o u x , Expecto
r a n t , Béch iq u e , Asthme, Péripneumonie,
Phthisie. (d )
EXPEDIENT, f. m. ( Jurifprud.) enJlyle de Palais,
fignifie un arrangement fait pour l’expédition d’une
affaire. Ce terme vient ou de celui à’expédier,.ou du
latin expediens, qui fignifie ce qui ejl à-propos & convenable.
Il y a deux fortes d’expediens : l’un, qui eft un accord
volontaire figné des parties ou de leurs procureurs
; l’autre, qui eft l’appointement ou arrangement
fait par un ancien avocat ou un procureur, devant
lequel les parties fe font retirées en conféquen-
ce de la difpofition de l’ordonnance , qui veut que
l’on en ufe ainfi dans certaines matières, ou en co’n-
féquence'd’un jugement qui a renvoyé les parties devant
cet avocat ou procureur pour en paflèr par fon
avis.
Cet accord ou avis eft qualifié par les ordonnances
d'expédient ; c’eft une voie ufitée pour les affaires
legeres.
L ’origine de cet ufage paroît venir d’un réglement
du parlement, du 24 Janvier 1735 » f 1*! enjoignoit
aux procureurs d’avifer ou faire avifer par confeil,
dans quinzaine, fi l’affaire eft foûtenable ou non, &
au dernier cas de paffer l’appointement ou expédient.
L’ordonnance de 1667, tu. vj. contient plufieurs'
difpofitions au fujet des matières qui fe vuident par
expédient ; c’eft le terme de palais.
Elle veut que les appellations de déni de renvoi
Tome VI.
E X P 289 & d incompétence.foient inceffamment vitidées par
1 avis des avocats & procureurs généraux , & les
folles intimations & defertions d’appel, par l’avis
dun ancien avocat, dont les avocats’ou les procureurs
conviendront; que ceux quifùccomberont feront
condamnés aux dépens, qui ne pourront être
modérés , mais qu’ils feront taxés par les procureurs
des parties fur un fimple mémoire. -
Dans les caules qui fe vuident par expédient, la
préfence du procureur n’eft point néceffaire lorfque
les avocats font chargés des pièces.
Les qualités doivent être lignifiées avant que d’aller
à Y expédient, ôc les prononciations rédigées & fi.
gnees aufli-tôt qu’elles auront été arrêtées.
En cas de refus de figner par l’avocat de l’une des
parties, 1 appointement ou expédient doit être reçu,
pourvu qu’il foit figné de l’avocat de l’autre partie ôc
du tiers, fans qu’il foit befoin de fommation ni autre
production.
Les appointemens ou expédient fur les appellations
qui ont été vuidées par l’avis d’un ancien avocat, ou
par celui des avocats & procureurs généraux, font
prononces & reçus à l’audience fur la première fom-
matio.n, s’il n’y a çaufe légitime pour l’empêcher.
Au châtelet, & dans plufieurs autres tribunaux^
lorfqu’on demande à l’audience la réception de ces
fortes d’accords & arrangement, on les qualifie à’expédient,
au parlement on les qualifie d’appointemens.
y ?y e{ D isposit if & Ap poin tem ent. yoye^auffi
Imbert en Jà pratique, liv. IL. chap. ij. & Les notes de
Guenoi s , fur le chapitre x iij. où il remarque que les.
expédiens pris entre les procureurs, ne peuvent être
retracés par les parties, & ne font fujets à defaveu à
moins qu’il n’y ait du dol. Voyeç aujji Bornier fur le
tit. vj. de ! ordonnance de i66y, art. 4. &fuiv. (A )
, EXPEDIER , v. a£t. (Jurifprud.') fignifie délivrer
une groffe, expédition, ou copie collationnée d’un
acte public & authentique. On expédie en la chancellerie
de Rome des bulles ôc provifions, de même
qu’en la grande & en la petite chancellerie on expédie
diverfés lettres, ôc commiflïons. Les greffiers expédient
des groffes, expéditions, & copies des arrêts,
fentençes , & autres jugemens. Les commiffaires ,
notaires, huifliers, expédient chacun en droit folles
procès-verbaux & autres aftes qui font de leur mi-
niftere. Voye[ E x p é d i t io n . (A ) ,
E x p é d i e r , faire une chofe avec diligence. O n
expédie des affaires, quand on les termine promptement
: on expédie des perfonnes , quand on traite
avec elles diligemment des affaires qu’on a avec
elles.
E x p é d ie r , fignifie quelquefois faire partir des mar-
chandifes. On dit en ce fens expédier un voiturier, un
vaiffeau, un balot pour quelque ville. Dictionn. de
Commerce.
EXPEDITEURS, f. m. (Commerce.) On nomme
ainfi à Amfterdam une forte de commiflionnaires, à
qui les marchands qui font le commerce par terre
avec les pays étrangers, comme l’Italie, le Piémont,
Geneve, la Suiffe, & plufieurs villes d’Allemagne ,
ont coûtunîe de s’adreffer pour y faire voiturer leurs
marchandifes.
Les expéditeurs ont des voituriers qui ne charient
que pour eux d’un lieu à un autre, & une correlpon-
dance réglée avec d’autres expéditeurs qui demeurent
dans les villes par où les marchandifes doivent
paffer, qui ont foin de les faire voiturer plus loin ,
& ainfi fucceflivement jufqu’au lieu de leur defti-
nation.
Lorfqu’un marchand a difpofé fa marchandife, il
l’envoye chez fon expéditeur avec un ordre figné de
fa main, contenant à qui & où il doit l’envoyer. Les
expéditeurs la font conduire par leurs gens, ont foin
d’en faire la déclaration dans la derniere place de la
G o.