
niere peu mefurée dont on traite dans cette brochure M. Rouffeau, qui a fouvettt nommé
avec éloges le muficien dont nous parlons ( a ) , & qui ne lui a jamais manqué d’égards, même
dans le petit nombre d’endroits où il a cru pouvoir le combattre : enfin les opinions plus que
fingulieres qu’on foûtient dans cet é c r it, & qui ne préviennent pas en fa faveur > entr’au^
très , que la Géométrie eft fondée fur la Mufique ; qu’on doit comparer à l’harmonie quelque
fciènce que ce foit -, qu’un clavecin oculaire dans lequel on fe borneroit à repréfènter
l ’analogie de l’harmonie avec les couleurs, mériteroit l’approbation générale, & ainfi du
refte (0). Si ce font-là les vérités qu’on nous accufe d’ignorer, de négliger, ou de difli-
muler, c’eft un reproche que nous aurons le malheur de mériter long-tems.
On nous en a fait un autre auquel nous fommes beaucoup plus fenfibles. Les habitâns
du Va la is, fuivant ce qu’on nous é crit, fe plaignent de l’article Crétins , imprimé dans le
IV . Volume, &aflurent que cet article eft abfolument faux. La promefle que nous avons
faite de rendre une prompte & exaéle juftice à toutes les perfonnes qui auroient quelque
fujet de fe plaindre, nous oblige à plus forte raifon envers une nation eftimable, que nous
n’avons jamais eu intention d’offenfer. Néanmoins, quand l’article Crétins feroit aufli fondé
que nous croyons aujourd’hui qu’il l’eft p eu , il ne leroit nullement injurieux aux peuples
au Va la is; le Crétinage feroit une pure bifarrerie de la nature, qui n’auroit lieu, comme
nous l’avons d it, que dans une petite partie de la nation , fans influer en aucune maniéré
fur le refte , & qui par-là n’en feroit que plus remarquable. Quoi qu’il en fo it, nous
prions nos Lefteurs de regarder abfolument cet article comme non avenu, jufqu’à ce qu’on
nous fournifle les moyens de nous rétraêler plus en détail. Plufieurs raifons doivent faire
excufer la faute où nous fommes tombés à ce fujet. L ’article dont il s’agir a été tiré d’un
mémoire dont l’extrait original nous a été communiqué par un de nos favans les plus
refpeêlables, trompé le premier ainfi que nous, par ceux qui le lui ont envoyé. Le mémoire
avoit été lu à la Société de L yon (c ) , qui en a publié l’analyfe il y a quelques années
dans un de nos ouvrages périodiques, &: nous n’avons pas oiii dire que cette analyfe imprimée
ait excité alors aucunes plaintes. Tout fembloit donc concourir à nous induire en
erreur. Comment pouvions-nous penfer qu’une compagnie de gens de Lettres, três-à-
portée par le peu ae diftance des lieux de vérifier ailément les faits, n’eût pas pris cette
précaution fi naturelle, avant que de les publier ? Il nous paroît difficile de croire, comme
on nous l’aflure, que l’auteur du mémoire, en le lifant à fes confrères de L y o n , fe foit uniquement
propofé de tendre un piège à leur négligence ; mais s’il a formé ce p ro je t, il n’a
par malheur que trop bien réufli. Nous pouvons du moins affiner que cet événement imprévu
nous rendra déformais très-circonfpe£ls fur tout ce qui nous viendra de pareilles fources.
Peut-être ne devons-nous point faire fervir à notre juftification le filence que la nation
intéreflee a cru devoir gardor jufqn’nn moment où l’article Crétins a paru dans l’Encyclopédie
; nous (entons, avec autant de reconnoilfance que de regret, tout ce qu’il y a de fla-
teur pour nous dans la fenfibilité que les habitans du Valais nous témoignent.
Après ces éclairciflemens néceffaires, il ne nous refte plus qu’à rendre les honneurs funèbres
à deux collègues que nous avons perdus, M. l’Abbé Lenglet & M. l’Abbé Mallet.
C ’eft un devoir aufli jufte que trifte, auquel nous nous fommes engagés , & que nous ferons
fideles à remplir. Nous attendons les mémoires dont nous avons befoin pour payer
le même tribut à feu M. du Mariais qui nous a été enlevé au mois de Juin dernier, & dont
la perte n’eft pas moins grande pour les Lettres que pour l’Encyclopédie.
N i c o l a s L e n g l e t d u F r e s n o y , Prêtre, Licentié de laMaifbn de Sorbonne, né le
16 Oéîobre 16 7 4 , & mort le 15 Janv. 17 5 5 , fut un de nos plus laborieux Ecrivains. Depuis
l’âge de vingt ans jufqu’à la fin de fa v ie , il ne cefla de compofer un grand nombre d’ouvrages
fur les objets les plus divers , & même quelquefois les plus difparates. La plupart
de ces écrits font dignes de curiofité pour les recherches qu’ils contiennent ; il feroit
trop long d’en donner ici la lifte, aufli étendue que finguliere : on y trouve une traduêlion
françoife du Diurnal romain , & une de l’Imitation ; l’Ordinaire de la Mefle , avec des Maximes
tirées des SS. Peres ; une édition du nouveau Teftament, & une de Laêlance ; un
traité du fecret de la Confeflion , & un autre de l’apparition des Efprits ; une édition du
roman de la Rofe ; une des Poëfies de Regnier ; Arrejla amoris cum commentants Benedicli
Curtii ; un traité de l’ufage des Romans, & la critique de ce traité par l’Auteur même.
Ici on voit plufieurs livres d’Hiftoire, de Droit C anon, & de Politique ; là différens écrits
fur la Chimie, dont M. l’Abbé Lenglet s’étoit fort occupé. C elui de tous fes Ouvrages qui
(a) Voyez les mois ACCOMPAGNEMENT, page 75. col. 1 . vers la fin', Basse , page 119. col. z , fi* fur-tout la fin du mot Chiffrer.
(b) Voyez la brochure citée, page 4 6 1 6 4,6* fur-tout depuis la page 110 jitfquà (a fin.
(c) Cette Société eft différente de l'Académie des Sciences 6c Belles-Lettres de la môme ville.
a eu le plus de fuccès, eft la Méthode pour étudier l’HiJloire, avec un Catalogue des principaux
Hifioàens ; elle a été imprimée plufieurs fois., & traduite en plufieurs langues.
Pendant la guerre de 170 1 , & depuis pendant laR ég en ce , les correfpondances étrangères
qu’il enttetenoit, le mirent à portée de faire parvenir au gouvernement des avis utiles,
qui lui méritèrent une penfion dont il a joiii jufqu’à fa mort.Un des plus importans qu il donna
fut par malheur un de ceux dont les circonftances empêchèrent le plus de profiter. 11 avoit
fort connu en Allemagne & en Hollande un Général étranger, qui dans la derniere guerre
de 1 7 4 1 , commandoit l’Armée & avoit la confiance d un de nos principaux Allies. Il découvrit
au Miniftere les raifons qui dévoient rendre cet étranger fufpeét, & levenement
juftifia tout ce qu’il en avoit dit. ; .
Sa mémoire étoit prodigieufe, fa converfation animee & pleine d anecdotes, Ion ttyle
extrêmement négligé ; heureufement la plupart des matières qu’il a traitées étant de pure
érudition, les vices de la diétion peuvent s’y pardonner plus aifément. 11 écrivoit comme
il parloir, avec beaucoup de rapidité, & par cette raifon il paroiffoit mieux parler qu’il
n’écrivoit : fon peu de fortune ne lui laiffoit pas toujours le tems de revoir fes écrits avant
que'de les'publier ; cette raifon doit faire excufer les méprifes quis’y trouvent.
. Sur la fin de fa vie il s’adonna, dit-on, à la pierre philofophaie, y altéra fa fanté, & s’y
feroit ruiné s’il avoit pû 1 être. , . . , _.
L ’amour de l’indépendance, ce fenttment fi naturel & fi nuifible, etoit fa grande paflion,
& lui fit refufer conftamment tous les polies avantageux que fes talens & fes connoiffances
auroient pû lui procurer, foit dans les pays étrangers, foit dans fa propre patrie ; mais la
liberté qu’il vouloit pour ra perfonne, le montrait touvent trop,à découvert dans fes écrits,
& lui attira quelques difgraces de la part du Miniftere ; il les recevoir fans murmure, &
même fans chagrin, & confentpit à les.fouffrir, pourvû qu’on lui permît de les mériter..
Quelquefois affez v i f , quelquefois aufli.indifférent fur fes propres intérêts, il a voulu
que fon travail pour l’Encyclopédie fût abfolument gratuit. Outre plufieurs articles qu’il a
revus dans les trois derniers volumes, il nous en a ftonné en entier quelques-uns ; les plus
confidérables font Confaution de l’Empire & Diplomatique ; dans ce dernier il attaque avec
plufieurs favans l’authenticité des titres & des chartes du moyen âge. Les deux Bénédiains
Auteurs de la nouvelle Diplomatique , lui ont répondu dans la préface de leur fécond V o lume.
Nous n’entrerons point dans cette queftion, & nous ne fommes point étonnés de
v o itM . l’Abbé Lenglet,combattu par de favans Religieux, qui peuvent être aufli fondés
qu’intéreflesià. défendre l’opinion contraire.
E d u e M a l l e t , D o â eu r & Profeifeur R oy al en Théologie de la Faculté de Paris,
d e là Maifon & Société royale de N a î t r e d e ™ gggg de probité, & , ce qui en eft iouvenr ^ /crlic > r . , ^ m , . » . !
f v ntror' l i i r f ftS RU
inier général, pour veiller a imltruction ae les enrans. j-cn p u în é e s uc guui ix icim-
mens honnêtes qu’il eut foin de leur infpirer, produifirent les fruits qu’il avoit lieu d’en attendre
C ’efl: aux: foins de. c e t inftituteur,,, fécondés d’un heureux naturel, que nous devons
M de la Live'de Jully, Introduïleur des Ambaflfadeurs, & Honoraire de l’Académie royale
de Peinture, qui cultive, les beaux Arts avec fuccès, amateur fans oftentation, fans injuftic
e , & ’fans'tyrannie. .. • ■ ,
• M l’Abbé Mallet pafla de cet emploi, pentble dans une carrière non moins propre à
faire connoître fes talens j iLentra,en Licence en i 7 4 z dans la Faculté de Théologie de
Paris' Les fuccès :par Ipfquels il s’y diftingua. ne furent pas équivoques, C e f t l ’ufage en
Sorbonne à la fin de chaque Licence de donner aux Ltcenties les places , à-peu-pre.s
comme-OH.le pratique dans-nos collèges: les deux premières de ces places font affeRées
d e droit aux dèux Prieurs de-. Sçrbonne; , les deux, futvantes ( par un arrangement fonde
fans doute-fur de bonnes raifons .) font deftinées aux deux plus qualifiés de la Licence : le
mérite,dénué de: titres n’a dans cette lifté, que, la cinquième place ; elle fut donnée unanimement
à M. l’Abbe Mallet. - ^ 1 . . ■ . . , . .
Pendant^ Licence il fotaggrégé à la Maifon & Société royale de Navarre. Les hommes
illuftres qu’elle a produits,. Gerfon, Duperr9n,,,Launoi, Boffuet, & tant d autres, eroient
bien propres à exciter'l’émulation de M. l’Abbé Mallet, & avoient détermine fon choix
j Tout-Titivitoit à demeurer à Paris,; le fejour de là; Capitale lut offrait des reflources
àffûrées’ & le fuècês de fa Licence des èlp^aiices flateufes. Dé jà la Maifon de Rohan
l’avoit choifi.pour élever Tés jeunès Princes de Gûefoéné:Montbâfon; mais fa mere & fa
famille avoient befoin de fes fecours : aucun facrifice ne lui coûta pour s acquitter de. ce
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