
47 8 F E M femme, outre fa dot, lui avoit apporté tous les effets
couchés fur ce regiftre, afin que la femme, après la
difl'olution du mariage, pût les reprendre.
La femme avoit droit de reprendre fur les biens de
fon mari prédécédé, une donation à caufe de noces
égale à fa dot.
L’ancienne façon des Francs étoit d’acheter leurs
femmes, tant veuves que filles ; le prix étoit pour
les parens, & à leur défaut au roi,fuivant le tit. Ixvj.
de la loifalique. La même chofe avoit été ordonnée
par Licurgue à Lacédémone, & par Frothon roi de
Danemark.
Sous la première & la fécondé race de nos rois ,
les maris ne recevoient point de dot de leurs femmes,
elles leur donnoient feulement quelques armes, mais
ils ne recevoient d’elles ni terres ni argent. Voye^ ce
qui a é t é dit au mot D o t .
Préfentement on diftingue fuivant quelle loi la
femme a été mariée.
Si c’eft fuivant la loi des pays de droit écrit, la
femme fe conftitue ordinairement en dot fes biens en
tout ou partie, & quelquefois elle fe les referve en
paraphernal auffi en tout ou partie.
En pays coutumier tous les biens d’une femme mariée
font réputés dotaux ; mais elle ne les met pas toujours
tous en communauté, elle en flipule une partie
propre à elle & aux liens de fon côté & ligne.
On dit qu’une femme elt mariée fuivant la coutume
de Paris, ou fuivant quelqu’autre coutume, lorfque
par le contrat de mariage les contrà&ans ont adopté
les difpofitions de cette coûtume , par rapport aux
droits appartenans à gens mariés, ou qu’ils font convenus
de s’en rapporter à cette coût unie ; ou s’il n’y
a point de contrat ou qu’orç ne s’y foit pas expliqué
fur ce point, c’eft la loi du domicile que les conjoints
avoient au tems du mariage, fuivant laquelle ils font
cenfés mariés.
• Les lois & les coutumes de chaque pays font différentes
fur les droits-qu’ellés'accordent aux femmes
mariées ; mais elles s’accordent en ce que la plupart
accordent à la femme quelque avantage pour là faire
fubfifter après le décès de fon mari.
En pays de droit écrit, la femme, outre fa dot &
fes paraphernaux qu’elle retire, prend fur les biens
de fort mari-un gain de furvie qu’on appelle augment
de dot ; on lui accorde auffi Mf droit de bagues
jo y a u x , & même en certaines provinces il à lieu
ians ftipulation.
Le mari de fa part prend fur la dot de fa femme,
en cas de prédécès , un droit de contre - augment ;
mais dans la plûpart des pays de droit écrit ce droit
dépend du contrat* 1
Dans d’autres provinces .au lieu d’augment & de
contre-aùgment, les futurs conjoints fe font l’un à
l’autre une donation de fur vie.
En pays coûtumier la femme, outre fes propres,
fa part de la communauté de biens, & fon préciput,
a un douaire, foit coûtumier ou préfix : on ftipule
encore quelquefois pour ejle, d’autres avantages. V.
C o n v e n t i o n s m a t r i m o n i a l e s , C o m m u n a u t
é , D o t , D o u a i r e , P r é c i p u t .
Lorfqu’il s?agit de favoir fi la prefeription a couru
contre une femme mariée & en puiffance de mari, on :
diftingue f i l ’aÛion a dû être dirigée contre le mari
& iiir.fes biens, ou fi c’eft contre un. tiers ; au pre-
mier cas la prefeription n’a pas lieu ; au fécond cas
elle court nonobftant le mariage fubfiftant & la
crainte maritale n’eft.pas un moyen valable pour fe
défendre de la prefeription.
Il én eft'de m’ême dès-dix ans accordés pâr For-
donnâiicêde iy iô fp ôü r fe pourvoir contré les a&es !
faits éh majorité ; cesrdix ans çôurent contre la femme 1
mariée, dé mêmêqu&tOntretoute autre perfonne, ;
EE M
l’ordonnance ne diftingue point, Voye^ P r e s c r ip t
io n . ( A )
F em m e en Pu i s s a n c e d e M a r i , eft tontefem-
me mariée qui n’eft point féparée d’avec fon mari,
foit de corps & de biens, ou de biens feulement,
pour favoir quel eft l’effet plus ou moins étendu de
ces diverfes fortes de féparations. Voye^ P u i s s a n c e
m a r i t a l e «S* Sé p a r a t io n . ( A )
Fe m m e r e l i c t e , fe dit en quelques provinces
pour veuve d'un tel. ■ ( A )
F em m e r e m a r ié e , eft celle qui a paffé à de fécondés
, troifiemes, ou autres noces. Les femmes remariées
n’ont pas communément les mêmes droits
que celles qui fe marient pour la première fois , ÔC
elles font fujettes à certaines lois qu’on appelle peint
des fécondés noces. Voyeç E d it d e s s e c o n d e s N o c
e s , P e in e d e s s e c o n d e s N o c e s , & S e c o n d e s
N o c e s . ( A )
F em m e r é pu d ié e , eft celle avec qui fon mari a
fait divorce. VoyeiD i v o r c e . (A')
Fem m e Sé p a r é e , eft celle qui ne demeure pas
avec fon mari, ou qui eft maîtreffe de fes biens. Une
femme peut être féparée de fon mari en cinq maniérés
différentes ; favoir, de fait, c’eft-à-dire lorfqu’elle a
une demeure à part de fon mari fans y être autorifée
par juftice ; féparée volontairement, lorfque fon mari
y a confenti ;Jéparée par contrat de mariage, ce qui ne
s’entend que de la féparation de biens \ féparée de corps
ou d'habitation & de biens, ce qui doit être ordonné
par juftice en cas de févices & mauvais traitemens ;
& enfin elle peut être féparée de biens feulement, ce
qui a lieu en cas de diffipation de fon mari, & lorfque
la dot eft en péril. ^ .D o t & Sé p a r a t io n . {A )
Fem m e en V id u it é , eft celle qui ayant furvécu
à fon premier, fécond, ou autre mari, n’a point paffé
depuis à d’autres noces. Voye[ A n n é e d e V id u it é ,
D e u i l , V i d u i t é , & S e c o n d e s N o c e s : ( A )
F em m e u s a n t e & jo u is s a n t e de ses D r o i t s ,
eft celle qui n’eft point en la puiffaqce de fon mari
pour l’adminiftration de fes biens, tellès que font les
femmes en pays de droit écrit pour les paraphernaux,
& les femmes féparées de biens en pays coûtumier.
m
F em m e a d u l t é r é , (Aï) Théol. critiq. mots con-
facrés pour défigner celle que Jefus-Chrift renvoya
fans la condamner.
L’hiftoire de la femme adultéré ( j’ai prefque dit
comme les Latins, les Anglois, & comme B ayle, de
l’ddultérejfe) que S. Jean rapporte dans le chapitre viij.
de fon évangile, eft reconnue pour authentique par
l’Eglife : cependant fon authenticité a été combattue
par plufieurs critiques qui ont travaillé fur l’E-
criture-fainte ; elle fait même le fujet d’un grand partage
dans les avis.
Plufieurs de ceux qui doutent de l’authenticité de
cette hiftoire, foupçonnent que c’eft une interpolation
du texte faite par Papias ; foit qu’il l’ait prife de
l ’évangile desNafaréens, dans lequel féul on latrou-
voit du tems d’Eufebe; foit tout - au-plus qu’il Fait
tirée d’une tradition apoftolique. Les raifons de ce
foupçon font i° que cette hiftoire n’étoit point dans
lè texte facré du tems d’Eufebe ; 2° qu’elle manque
encore dans plufieurs anciens manuferits grecs, particulièrement
dans celui d’Alexandrie & dans les ver-
fioris fyriaque & copthe, quoiqu’on la trouve dans
lps yerfio.ns latine & arabe ; 30. qu’elle étoit inconnue
à l’ancienne églife greque,quoiqu’elle fût avoiiée
par la latine, & qu’on la life dans S. Irenée; 40. qu’-
élie eft obmife pat les PP. grecs dans IéutS .commentaires
fur S. Jean, comme’par S. Chryfo’ftomé, S. C y rille,
&C. quoique lés PP. latins, comme S. Jérôme,
S. Auguftin, en parlent comme étant authentique ;
5°. qu’Euthymius eft le feul grec qui en fdfl'c mentio
n ,& même avec cette remarque importante, que
F E M
Phiftoire dont il s’agit n’exiftoit point dans les meilleures
copies.
Beze femble la rejetter; Calvin l’adopte; M. Simon
en doute ; Grotius la rebute ; le P. Saint-Ho1-
noré & autres la défendent & la foûtiennent ; M. Leclerc
infinue qu’elle pourroit bien avoir été empruntée
de l’avanture obfcene de Menedemus, rapportée
dans Diogene de Laërce : infinuation qui a lufeité à
notre critique moderne des reproches très-vifs & trop
féveres. Enfin quelques-uns prétendent que c’eft Qri-
gene qui a raye l’hiftoire de la femme adultere de plu-;
fieurs manuferits ; mais ils le difent fans preuves.
Quoi qu’il en foit, nous renvoyons le leûeur à un
favant traité, publié fur cette matière par Schertzer
(Jean Adam), théologien de Leipfic du xvij. fiecle,
dont Bayle a fait l’article fans avoir connu l’ouvrage
dont je veux parler; il eft intitulé, Hifioria adultéra
; Lipfia, 16 7 1 , in-40. Mais comme le fujet eft;
très-intéreffant, il faut que les curieux joignent à la
leéhire du livre de Schertzer, celle des ouvrages qui
fui vent, & qui leur apprendront mille chofes fur la
route.
Ouvrages des Sav. Sept. ann. 170.6 ,/». 404. & feq.
Nouv. de la répub. des Lett. tom. X V . p, 24S. Idem,
tom. X X I I I . p. \jG. Id. tom. X L IV . pag. SG. Bibl.
anc. & mod. tom. VII. p. 202. Journ. des Sav. tom.
X X I I . p. SS o. Bibl.choif. tom. X V I . p. 294. Honoré
de Sainte-Marie, Réfiex.fur les régi, de critiq.
diff. ij.p . n g . MackenzScot. Writ. töm. I I . p. 3 i j .
Mém. de Trév. ann. 1710 , p. 802. Bibl. univ. tom.
X I I . p. 4 3G. Dupin, Bibl. eccléf. tom. XXIX.pag.
31S. Id. Difc. prélim. liv. II. chap. ij. § . G. Simon,
Notes fur le nouv. Tefl. tom. I I . pag S4. Acta erud.
Lipf. ann. 1704 , p. 82. Id. ann. 1708 , p. S. Leclerc
, Not. ad Hammond y in Loc. La Croze, Diff.
hiflor. p. SG* Hiß. critiq. de la rèpubl. des Lett. tom.
IX . p. 3.42. Journ. littèr. tom. X I I . p. 13G. Grotius,
in evang. Joh. cap. viij. Calmet, Dict. de la Bille
y tom. I. p. S4.
Je tire cet article de l’Encyclopédie angloife (fup-
plément) ; il eft court, précis, & met en état de con-
noître les raifons des uns & des autres, en indiquant
les fources où l’on peut s’en inftruire à fond. Article
de M. le Chevalier D E J a u C O U R T .
F em m e en c o u c h e , (Med.) état de la femme
qui vient d’être délivrée de fon fruit. C et état mérite
toute notre attention par humanité, par devoir, &
par fentiment. Les meres de nos enfàns nous font
revivre dans ces précieux gages de leur amour ; négligerions
nous de foulager avec zele les propagatrices
du genre humain dans le tems critique où elles
ont le plus de befoin des fecours éclairés de la Médecine
? Non fans doute.
Ainfi d’abord que la femme fera délivrée de fon enfant
& de fon arriere-faix, il faut commencer par
lui mettre au-devant de l’entrée de la vulve un linge
affez épais, doux, maniable, & un peu chaud, pour
éviter l’air froid du dehors , & prévenir la fuppref-
fion des vuidanges.
Après cela fi la femme n’a pas été accouchée dans
fon lit ordinaire, on ne manquera pas de l’y porter
inceffamment ; bien entendu qu’il fe trouvera tout
fait, tout prêt, chauffé attentivement, & garni de
linges néceffaires pour l’écoulement des vuidanges.
Mais fi la femme a été accouchée dans fon propre lit,
pratique qui femble être la meilleure & la plus sûre
{Jour parer l’inconvénient du tranfport, on ôtera de
ce lit les linges & garnitures qu’on y avoit mifes pour
recevoir les eaux, le fang, & les autres humeurs qui
proviennent de l’accouchement. Enfuite on placera
l’accouchée dans la fituation propre à lui procurer
le repos & le rétabliffement dont elle a befoin. Cette
fituation demande une -pofition égale & horifontale
fur le milieu du d o s, la tête & le corps néanmoins
Tome VI%
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un peu élevés, les cuiffes abaiffées, les jambes jointes
l’une contre l’autre, & par-deffous les jarrets un
petit oreiller, fur lequel elles puiffent être appuyées*
Notre femme étant ainfi couchée, & un peu re-*
mife de l’émotion de fon travail précédent, on entourera
lâchement fon ventre^ d’une large bande de
maillot, ou d’une longue ferviêtte pliée en deux ou
trois doubles, d e f a îargeur de dix à douze pouces ;
on garantira fon fein du froid, & on panfera fes parties
externes qui ont fouffert dans la délivrance. Alors
il eft à-propos de lui donner quelque reftaurant-feom-
me peut être un bon bouillon, & finalement de la
laifler dormir, les rideaux de fon li t , les portes, ôc
les fenêtres de fa chambre fermées , afin que ne
voyant aucune clarté , elle s’affoupiffe plus aifé-
ment.
On garantira foigneufement les nouvelles accouchées
du froid extérieur ; parce que les fueurs qui
naiffent de leur foibleffe, èc l’écoulement des vuidanges,
les rendent extrêmement l'enfibles à cette
impreffipn, qui pourroit produire de fâcheux acci-
dens ; mais il ne faut pas non plus tomber dans l’au^
tre extrémité. La chaleur de la chambre doit être
toujours auffi égale qu’il eft poffible, & on y réuffi-
ra fans peine par le moyen des thermomètres.
Pour prévenir l’inflammation des parties qui ont
fouffert une violente diftenfion dans l’enfantement,
il faiit, après ies avoir nettoyé des grumeaux de fang
qui peuvent y être reftés, appliquer à l’entrée de ces
parties un cataplafme mollet, anodyn, & médiocrement
chaud ; on renouvellera ce cataplafme de
trois en trois heures. On fe fervira d une décoâion
d’orge, de graine de lin, & de cerfeuil, ou autre
femblable, pour laver, nettoyer, & étuver deux fois
dans la journée les levres de la vulve pendant les fix
premiers jours de la couche. Au bout d’une quinzaine
on ufera d’une déco&ion un peu plus aftringente, ôc.
bien-tôt après d’une lotion encore plus propre à fortifier,
à raffermir, & àrefferrer les parties relâchées.
A l’égard du bandage dont j ’ai parlé ci - deffus, on
le fera très-lâche le premier jour, & Amplement contentif,
pendant que les vuidanges coulent. Il n’eft
pas mal de joindre au bandage une bonne grande
comprefl'e quarrée fur tout le ventre ; & fi cette partie
eft douloureufe, on l’oindra de tems en tems avec
une huile adouciffante.
Je penfe qu’au bout des douze premiers jours de
la couche, on doit ferrer plus fortement & infenfi-
blement le bandage, pour ramener peu-à-peu, raf-
fembler, & foûtenir ies diverfes parties qui ont été
étrangement diftendues durant le cours de la grof-
feffe.
Si l’accouchée ne peut o u , ce qui n’eft que trop
o rdinaire, ne v eu t pas être nourrice, il faudra bien
mettre fur fon fein & contre l’intention de la nature
, des remedes propres à faire é vade r le la it ; mais
fi l’accouchée eft affez fage peur v ou lo ir nourrir
fon fru it, on fe contentera de lui tenir la gorge cou v
e r te a v e c des linges doux & mollets : alors la mure
nourrice obfervera feulement d’attendre quatre ou
cinq jo u r s , avant que de donner le teton à fon enfant.
Voyeç N o u r r ic e .
Ajoûtons un mot fur le régime de vie de la femme
ep. couche. Sa boiffon doit être toûjours chaude dans
le commencement ; & fa nourriture compofée de
pannades, de creme de ris, d’orge, de gruau, de
bouillons légers de veau & de volaille, ou autres
alimens femblables. Au bout du quatrième jour, &
quand la fievre de lait fera paffée, on lui permettra
un régime moins févere ; mais ic i, comme dans plufieurs
autres ca$, il faut fe prêter au tems, au p ays,
à l’âg e, à la coûtume, à la délicateffe, ou à la force
de la conftitution de l’accouchée.
Pour ce qui regarde la conduite qu’elle doit avoit;
p p p >i