
268 E X O le même mafque & les mêmes habits qu’il avoit eus
dans la piece férieufe.
Mais ce qui cara&érifoit particulièrement Y exode
étoit la licence & la liberté qu’on avoit dans cette
piece d’y joiier fous le mafque, jufqu’aux empereurs
mêmes. Cette liberté qui permettoit de tout dire
dans les bacchanales, cette liberté qui exiftoit dans.
toutes les fêtes & dans tous les jeux, cette liberté
que les foldats prenoient dans les triomphes çfo fours
généraux, enfin cette liberté qui avoit régné dans
l’ancienne comédie greque , fe trouvoit ainfi dans:
les exodes '; non-feulement les exodiaires y çon,tre-
fiiifoient ce qu’il y avoit de plus grave, ôç le tournoient
en ridicule, mais ils y repréfentoient hardiment
les vices, les débauches, & les crimes des empereurs,
fans que ceux-ci ofaffent ni les empêcher
ni lés en punir.
Ils jugèrent apparemment qu’il étoit de la bonne
politique de laifler ce foible dédommagement à un
peuple belliqueux, prêt.à fecouer le. joug à la première
occafion, & d’ailleurs à un peuple fier & act
i f , qui depuis peu de tems avoit perdu l’empiré., &
qui n’avpit plus ni de magiftrats à nommer , ni de
tribuns à écouter. Sylla , homme emporté , mena
violemment les Romains à la liberté ; Augufte rufé
tyran , les conduifit doucement à la fervitude': pendant
que fous Sylla la république reprenoit des force
s, tout le monde crioit à la tyrannie ; & pendant
que fous Augufte la tyrannie fe fortifioit par les jeux
du cirque & les fpeclacles , on ne parloit que de
liberté.
On connoît les débauches de Tibè re, & on fait
le malheur d’une damé de coridition appellée MaL-
lonia, qui accufée d’adultere par l’ordre de Ce prince
, parce qu’elle n’avoit pas voulu répondre à fes
infamies, s’ôta la vie d’elle-même après lui avoir reproché
fon impureté, Obfcoenitdte ori hirjuto atque
olido feni clare exprobatâ : ce reproche riei manqua
pas d’être relevé dans Y exode qui fut chantée à la fin
d’une piece atellane. On entendit avec plaifîr l’exo-,
diaire s’arrêter & pefer long-tems fur ce bon mot
hircum vetulum Capreis naturam ligurire; bon mot qui
fe répandit dans tout Rome, & qui fut.appliqué généralement
à l’empereur, Suétone, vie de Tibere ychap.
xlv.
' Qn fait que N éron, entr’autres crimes, avoit em-
poifonné fon pere, & fait noyer fa mere.; le comédien
Datus chanta en grec, à la fin d’une piece atellane,
adieu mon pere, adieu ma mere; mais en chantant
adieu mon pere, il repréfenta par fes geftes une
perfonne qui boit ; & en chantant adieu ma mere, il
imita une perfonne qui fe débat dans l’eau, & qui
fe noyé ; & enfuite il ajoûta, Pluton vous conduit à
la mort , en repréfentant auffi par fes geftes le fé-
nat que ce prince avoit menacé d’exterminer. Suet.
vie de Néron, ch. x x x jx . Voyez ATELLANESi
Dans ces fortes à!exodes ou de fatyres, on inféroit
encore fouvent des couplets de chanfons répandus,
dans le public, dont on faifoit une nouvelle applica-,
tion aux circonftancesdu tems. L’afteur eommençoit
le premier vers du vaudeville connu, & tous les fpec-
tateurs en chantoientla fuite furle même ton.. L ’empereur
Galba étant entré dans Rome, oii fon arrivée
ne plaifoit point au peuple, l’exodiaire entonna
la chanfon qui étoit connue , yenit io fimus à villa , ,
le camard vient des champs : alors tout le monde
chanta la fuite , & fe fit un plaifîr de la répéter
avec des acclamations toujours nouvelles. Suétone
vie de Galba.
Quelquefois on redemandoit dans une fécondé
repréfentation Y exode, qui avoit déjà été chantée
& on la faifoit rejouer, fur-tout dans les provinces,
où l’on n’en pouvoit pas toujours avoir de
nouyelles. C ’çft ce qui fait dire à Juvenal:
E X O . . . . .. . fandemqueredit adpulpila riotum.
E x o d ium . , . S a t. i i j . 'ty, iy q .i • .
Les exodes fe jpüerent à Rome plus de 5 5.0. ans,'
fans .avoir fonffert qu’une legere interruption de.
^u,es ann®es quoique fous le régné d ’Augufte
elles depluflent aux gens de bon goût, parce qu’el-
lesportoient toujours des marques de la groffiereté
de leur origine , cependant elles durèrent encore
’ Ipng-tems après, le fiecle de çet empereur. Enfin
: elle^ ont reftufeité à plufieurs égarés parmi, nous:
■ car quel autre nom peut-on:donner à cette eifpèce de
; farce, que nous appelions comédie italienne<9 & dans
qu^i gcure d ouvrage «Fefprit peut-on placer des pièces
où l’on fe moque de toutes les réglés du théâtre fr,
des pièces ,ou,dans le noeud & dans le dénouement,
: on femhle^voulo.ir éviter la vraiffemblance ? des
pièces ©ùl’pq ne fe propofe d’autre but que d’exciter
a rire-,par des traits, d’une imagination bifarre h.
des pièces encore où l ’on ofe av ilir , par une. imitation
burlefque, l’àûion noble & touchante d’un lii-
jet dramatique ? Qu’on ne.dife point, pour ladéfen-
fe de cette Thalie barbouillée, qu’on l’a vûplaire au
public qutant que les meilleures pièces de Racine.&
de Molière.: je répondrais que c’eft à un public mal
çomppfei, & que même dans ce public il y a quantité
de personnes qui connoiffent très-bien le. peu de v a leur
de ce comique des halles.; en effet, quand la
conjoncture pu la mode qui l’a fait naître lotit paf-
fes , les comédiens ne font plus reparaître cette même
farce, qui leur- avoit attiré tant de concours &c
d’applaudiffèmens. Voye[ Farge & Parodie. Arti-
cle de M . le Chevalier d e J a v c o t lR T i
. Exot^e /îgnifiplt aufii unopde, hymne, ou cantique,
par lequel on terminoit chez les anciens une
fête, ou un repas. (G \
ILXODIAIRE, f. m. (Littèr.') dans l’ancienne tragédie
romaine , étoit; un bouffon ou farceur qui pa-
roiffoiî $ur, le théâtre quand la tragédie-étoit finie ,
& formoit- ce qu on appelloit Yexodium , ou la con-
clufion du fpeétaele, pour divertir les fpeâateurs.
F o y e i Exo d e . ( G )
EXOINE , ( Jurifprud. ) fignifie exeufe-de celui
qui ne cpmparoît pas en perfonne en juftice , quoi-
qu il tut oblige de le faire. ,
Quelques-uns tirent l’étymologie de ce terme de
qui dans les capitulaires fignifie empêchement,
«foulon a fekfonniare, & enfuiteexoniare, pour
dire , tirer-,d’embarras ; d’autres font venir exoine
d urt autre mot barbare , exidoniare , quaji non elfe
idonemn.fe qdfirmare ne pourroit-on pas; fans tirer
les chofes. de fi loin, le faire venir Rexonerare, par-
ce qm-Yesçoipe tenà à la décharge de l’abfent ?
Il éft parléJ’^pi/?«5.ou exoine, ce qui eft la même
chofe, dans les établiffemens de S. Louis y ch. j x .On
y vpit qu’alors Yejfoine étoit pour le défendeur ce
que le çontremant .étoit pour le demandeur qui de-
man4oit liji-m.ême la remife. Foye{ attjjh Beauma-
noir:ich. ii/,. §c l’auteur du grand coutumier, livre I I I .
chapitre vij.
AJexoine a lieu quand celui qui 4evoit,cpmparoî-
tre en perfonne devant le juge, ne.peut pas y venir
poiur caufe de maladie,- blemire,ou autre empêchement
légitime, tel que la difficulté des chemins lôrf-
qu’ils font impraticables , ou lorfque* la communication
eft interrompue: par une inondation , par la
guerre , par la contagion, ,&c. Dans tous ces cas,
celui qui veut fe fervif.de Y exoine doit donner pro^
curation fpéciale devant notaire à’une perfonne qui
vient, ptopofer fon exoine, & qui affirme pour lui
qu’il ne peut pas venir. La procuration doit contéi
nir le nom de la;ville, bourg ou village, paroiffey
rue Sc maifon où Yexoinécft retenu. Si ce ft pour
caufe de maladie,'il faut rapporter un certificat d’un
medeçin d’une faculté approuvée > qui doit déclarer
E X O la qualité dé la maladie ou bleffure, & que Yexoiné
ne peut fe mettre en chemin fans péril de là vie ; &:
la vérité de ce certificat doit être atteftée par ferment
du médecin devant le juge du lieu, dont il fera
dreffé procès-verbal qui fera joint à la procuration.
• On donne quelquefois le nom <Y exoine aux certificats
& pièces qui contiennent Y exoine ou exeufe ;
ces pièces doivent être communiquées au miniftere
public & à la partie civile, s’ il y en a une, & on
permet aux uns & aux autres d’informer de la vérité
de Yexoine.
On peut propofer fon exoine en matière c iv ile ,
comme en matière criminelle.
Celui qui propofe Yexoine n’eft pas obligé de donner
caution de repréfentèr Yexoiné, ni d’affirmer qu’il
eft venu exprès pour propofer Yexoine. L ’effet de
Vexoine, quand il eft jugé valable , eft que l’abfent
eft difpenfé de comparoitre tant que la caufe de Yexoine
fubfifte ; mais dès qu’elle celle, il doit fe repfé-
fenter. Vyye^ le litre ij. de l’ordonnance criminelle.(AY)
EXOINER , ( Jurifprud. ) fignifie exeufer ou propofer
l’excufe de quelqu’un qui ne comparoît pas en
perfonne en juftice comme il étoit obligé de le faire.
Ge terme paroît venir du latin exoneraredécharger.
Voye^ci-deßus EXOINE. ( A )
EXOINEUR , ( Jurifprud. ) eft celui qui eft porteur
de l’excufe d’un autre, bu qui propofe fon exeufe
aufujet en juftice. de ce qu’il ne paroît pas en perfonne Voye^ci-deffus Exoine 6* Exoiner. (A)
EXOLICE TUS, (hifi. nat. ) on la nomme aufli
hexecantholithus , pierre fort petite qui fe trouv
o it, dit-on , en Lybie, au pays des Troglodites ,
dans laquelle on diftinguoit 40 couleurs. Voye{ Pli-
nii hiß. nat. lib, X X X K I I . cap. x.
* EXOMIDE, f. f. ( hiß. âne.") vêtement des
Grecs, qui leur ferroit étroitement le Corps, & leur
laiffoit les épaules découvertes. Les efclaves, les
domeftiques, & le petit peuple portèrent Yexomide
chez les R.omains ; ils y ajoûterent feulement un
manteau : i l fut auffi à l’ufage du théâtre. A Lacédémone
, les hommes s’eri couvrirent, les femmes ailleurs.
Il feroit difficile parmi nos vêtemens d’aujourd’hui
d’en trouver un qu’on pût comparer à Yexomide.
Voyt{ Endromis.
EXOMOLOGESE , f. f. ( Théolog. & hiß. eccl. )
cohfefßon; mot dérivé du grec. Ce terme eft fort ufité
dans l’hiftoire eccléfiaftique des premiers fiecles ;
mais il paroît employé endifférensfens dans les écrits
desperes. Quelquefois il fe prend pour toute la pénitence
publique, tous les exercices & les épreuves
par lefquelles on faifoit paffer les pénitens jufqu’à la
récbhciliation que leur ac-cordoit l’Eglife. C ’eft: en
ce fens que Tertullien dit lib. de Poenit. ch. j x . Exo-
mologefis profiernendi & humilificandi hominis difcipli-
ha éfi. . . de ipfo quoque habitu atque victu mandat,
fiitcô & cineri incubare , corpus fordibus obfcurare,
animum moeroribüs dejictre. Et les Grecs ont donné
fouvent ce nom à toute la pénitence.
Les Occidentaux l’ont reftraint plus particulièrement
à la partie de ce fàcrement qu’on nomme con-
feßion. Ainfi S. Cyprien dans fon epître aux prêtres
& aux diacres, fe plaignant qu’on reçoit trop facilement
ceux qui font tombés pendant la pèrfécution, 1
& qiiè fàris penitence, ni exomologefe, ni impofition
des mains, on-leur donne l’eucharifiie ; S. Cyprien,
dis-je, prend le mót d’exomologefe, non pour toute
la pénitence comme Tertullien, mais pour une part
ie , c’eft-à-dire fuivant la fignification du mot grec,
pour une confeffion qui pouvoit fe faire après avoir
achevé la pénitence avant que de recevoir l’impo-
fition des mains : mais on ne fait fi cette confeffion
étoit fecrete ou publique. Fleury, hifi. ecclèf. tom. II.
liv. VI. tit. x lij. Viye^ CONFESSION.
Il paroît cependant que l’Eglife n’a jamais exigé
E X O 269
dé confeffion publique pour les fautes cachées, comme
on le voit par les capitulaires de Charlemagne,
& par les canons de divers conciles. ( G )
• EXOMPHALE, { .f ,. terme de Chirurgie, eft un
nom general qui comprend toutes les elpeces de
defeentes ou de tumeurs qui furviennent au nombril
par le déplacement des parties folides qui font
renfermées dans la capacité du bas-ventre. Ainfi les
auteurs ont mis mal-à-propos au nombre des hernies
de l’ombilic des tumeurs humorales qui n’ont
point de cara&ere particulier pour être fituées en
cette partie. L’hydromphale eft une tumeur aqueufe
à l’ombilic, qui ne préfente pas d’autre indication
que l’oedeme dont il eft une elpece. Voye^ (E d em e .
Nous en dirons autant du pneumatomphalé ©U tumeur
venteufe de l’ombilic^ Voye[ E m ph -YSEMê du
varicomphale. Voye^ V a r igÈ, &c. • ’
Les parties internes qui forment une tunrêùr extérieure
après avoir paflé par Panneau de Pombi-
lic , font l ’inteftin& l’épiploon. Si l’inteftin fotff feul,
c’eft un enteromphale ; l’épiploon feul forme Pépi-
plomphale ; & la tumeur formée par l’épiploOU &
par l’inteftin conjointement, fe nomme entérô-èpi-
plomphale.
Cette maladie ne différé des autres hernies que
par fa fituation ; elle a les mêmes indications ^ elle
produit les mêmes fymptomes ; elle eft fufeepïible
des mêmes aecidens : nous en parlerons aü 'mot
H e r n ie .
La réduûion des parties qui forment cette hernie,
eft l ’intention principale qu’on doit fe propofer dans
fon traitement. Voye{ Réduction.
Lorfque les parties font réduites, il faut les contenir
avec un bandage convenable. Voyez BRa y e r .
On fe fert pour maintenir les parties réduites dans
la hernie ombilicale, d’un fil de fer ou de laiton affez
fort, contourné comme on le v o it fig. 3. Pldhche VI.
de Chirurgie. On le garnit de bourre, & on lé reVêt
de fiitaine ou de chamois : on employé plus communément
le brayer,figure y . Chirurg. Planche X X IX .
On voit dans le fécond volume des mémoires de
l’académie royale de Chirurgie un bandage mécanique
pour Yexomphale. M. Suret qui èil eft l’auteur,
a-placé dans la pelote du bandage des refforts au
moyen defquels le ventre eft toujours également
comprimé dans fes différens inoüvemens. Ce bandage
a été trouvé très-utile & fort ingénieux : la
mécanique en eft empruntée de l’horlogerie. M. Suret
eft toujours fort louable d’en avoir fait l’application
à fon bandage. ( X )
E x o m p h a l e , ( Manège, Marèch. } ce n’eft point
par la ïimple connoiffance que j’ai acquis de la dif-
pofition & de l’arrangement des parties contenues
dans la cavité abdominale du cheval, & conféquem-
ment à l’analogie, que je prétens qtië la hernie dont
il s’agit, peut avoir lieu dans l’aniMâl : j’en ai vu
qui en étoient réellement attaqués, & il feroit affez
inutile d’entreprendre de démontrer par desraifon-
nemens la certitude & la poffibilité d’un fait dont
d’autres yeux que les miens peuvent avoir été témoins.
Il ne-feroit pas-moins fuperflu de détailler les
moyens de remédier à cette maladie, en quelque
façon incurable, foit- que l’on envifage les différens
efforts auxquels tout cheval utile eft expofé, foit
que Ton confidere les embarras qu’oecafionneroient
& la néceffité d’opérer la rentrée de l’inteftin , car
l’animal n’eft pas fufceptible de Fépiplomphale, &
l’importance de maintenir cet interan rentré, parle
fecours d’un bandage qu’on ne parviendroit jamais
à affujettir parfaitement. Cette hernie fe manifefte
par une tumeur cireonfcritë, & plus ou moins eon-
fidérablë, mais toûjours fenûble & dbulbiit'eufe au
ta£l & à la compreffion ; elle a fon liège à l’endroit
de l’anneau ombilical. Il eft étonnant qu’aucun au