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ou en Afie contre Amiochus , s’y étoient enrichis.
Il y eut auffi des enrôlements volontaires fous les
empereurs. Tibère , feignant le deffein de voyager
dans les provinces de l’empire , prétexta le grand
nombre des vétérans, la néceffité de completter
les légions par de nouvelles ZfveW ,1e petit nombre
de foldats volontaires , 6c l'indifcipline ordinaire
à cette efpèce d'hommes , qui. ne fe prèfentoienri,
de leur propre mouvement , que parce qu’ils
étoient vagabonds 8c pauvres.
JDe fajfemblée particulière des légions.
Les tribuns ayant fait prêter le ferment, inclt-
quoient un lieu & un jouroii les foldats de chaque
légion dévoient s’aflembler dans Rome fans armes,
pour y être centuries. Ils les divifoient d’abord en
^txiaires , princes, haftaires & vélites. Dans chacun
•dé ces ordres, les vélites exceptés , ils choifif-
foient pour centurions au nombre de dix, ceux
.qui s’étôient le plus diftingués par leurs qualités
perfonneiles. Le premier élu étoit primipile , én-
.fuite ils en choififlbient dix autres , 8c chaque centurion
faifoit choix d’«n ferrefile.
Cette éleélion étant faite , ils formoient les trente
manipules, de concert avec les centurions & deux
ierrefiles, & repartifloiènt les vélites à nombre
égal entre les manipules ; enfuite les centurions
choififlbient dans chaque manipule deux porte-
enfeignes.
On nommoîtdeux chefs pour chaque manipule,
afin que l’un, en cas de befoin , remplaçât l’autre
à l ’in [tant , & que cette divifion ne pût jamais
être fans chef, parce que les actions de guerre ne
foufirent point de délai,
Dans le choix des centurions, on avoit moins
d’égard à l’audace & au mépris du danger, qu’à la
fcience militaire 8c à la valeur froide & ferme ; on
préféroit non ceux qui étoient propres à charger
témérairement & à commencer le combat, mais
ceux qui , lorfque l'ennemi avoit l’avantage ,
étoient capables de tenir ferme & de mourir dans
leur rang. On procédoit de la même manière à la
formation des turmes & ail choix de leurs chefs.
Enfuite les tribuns prefcrivoient aux centurions &
foldats tout çe qui concernoit l’armement propre
à chaque efpècc de troupe , & les renvoyoic.nt
chez eux.
De T affemblée de Varmée.
Les confuls n’ayant dans Rome aucune autorité
militaire, affignoient aux légions un rendez-vous
au dehors, foit aux portes , foit au champ de Mars ,
foie en un lieu voifin , fitué d’un côté où l’on alloit
porterla guerre .comme L. Q. Cincinnatus, au lac
Regilîe ;Loenas, au temple de Mars ; Marius Açilius,
à Brindès , pour paflfer en Grèce. ( Liv. , l. 1 1 1 , c.
pe ; V U , 2} ; X X X I I , 31 , 32 , Sec. de R ., 29a , 4P3 , 562, av, ƒ. Ç, 460 y 3 5 ° > *9 l )• Lorfque plu-
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fieurs armées fortoient en même temps, les généraux
les 'aflembloient ordinairement en des lieux
différents. Le fénat nommoit quelques-uns de fes
membres pour accompagner le général, foit con-
fu l, pro-confulou préteur, 8c lui fervir d’aide &
de confeil. Mais quelquefois cette nomination éteit
laiflse'-au conful même. On choififîoit les meilleurs
citoyens , les plus habiles dans l’art de la guerre ,
les plus illuftrés par des viéloires & des triomphes.
Le titre qu’on leur donnoit, étoit celui de légat.
Le plus fouvent, chaque conful en avoit un, le dictateur
deux, 8c c’étoit lui qui les choififloit. ( Liv»
L IV , c. 17 .). Leur emploi étoit révéré parmi les
Romains, 8c comme facré. Ils réuniffoient en leur
pérfonne , l’autorité du général, 6c la fainteté du
facerdoce. ( Dionyf. , 1. X I , p. 706. ). Ils étoient
dans le campiomme , ambafladeurs du peuples Romain
, & lieutenants du général. Ils annonçoient
les volontés & les ordres du fénat & du peuple ,
concernant la paix & la guerre ; interprétoient leurs
décrets ; veilloient aux intérêts de la république;
traitoient avec les nations ennemies ; donnoient
leur avis dans les confeils ; rendoient compte au
fénat de la conduite du conful, de la difcipliue
qui règnoit dans l’armée, des aélions de l’officier ,
du foldat dans les camps & dans les combats. Ils
commandoient quelquefois les troupes fous l’autorité
du colonel, & le remplaçoient s il étoit abfent.
Dans la bataille livrée contre les Etrufques , par C.
Manlius 8c M. Fabius ( Dionyf., I. IX ,p . 568' ,
de R. 273 , av. J. C. , 480. ) , *Q , frère du conful
, & qui lui-mème avoit obtenu deux fois le con-
fulat, fervoit comme légat dans l’armée, 8c com-
mandoit l’aîle gauche. Dans celle que le dictateur
Aulus Pofihumius ( de R. 2.57 , avant J. C ., 436 ) ,
gagna contre les Latins, M. Valerius, qui avoit
triomphé le premier des Sabins , & relevé le courage
de Rome , abattu par les fuccès des Etrufques ,
commandoit la cavalerie romaine en qualité de
légat ; & Titus Herminius , autre légat , arrêta
les troupes romaines dans leur fuite , & les ramena
au combat. ( Dionyf. , l. V I , p. 349,250 ).
Dans la guerre que Sp. Furius fit contre les Eques,
Publius, frère du conful, étoit légat dans l’armée.
Q. Fabius-Maxiraus , fut légat de l’on fils ; Scipion
l’Africain le fut de fon frère.,( Dionyf , l. ÎX ,
р. <$10 , de R 289 , uv. /• C. 464. Liv. ; l. X X IV ,
с. 4 4 ; X X X V I I, ç. 1. ).
Mais on en donnoit quelquefois un beaucoup
plus grang nombre. Le pro-conful Ch. Manlius
Vulfo , faifant la guerre dans la Gallogrèce , ( Liv.,
l. X X X V I I I , c. 44, de R. 5 66 , av'. J. C. , 187 ) ,
avoit dix Légats. Le fénat en donna trois au conful
Fulvius , qu’une bleflùre avoit mis hors d’état de
commander; il en donna dix à Cæfar, 6c vingt«cinq
à Pompée dans la guerre des Pirates. ( Alex, ab
Alex., L, V I , c. 3. Appian. Bell. Mithrid.,p, 236 ).
Lorfque le fénat n’avoit pas nommé de légats au
général , & que celui-ci en avoit befoin , il avoit
le pouvoir d’en choifir, & de les employer delà
manière
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manière qu’il jugeoit la plus Utile. Si la mort enle-
voit un légat, ou fi quelques circonftances 1 appelaient
ailleurs , le conful pouvoir en nommer
un autre à fa place. {A lex , ab A le x ., L VI y
c .3 ) .
Les légats, en qualité de magiftrats publics ,
avoient des Meurs lorfqu’ils étoient chargés de
commandements particuliers , comme Q . Plenu-
nius , envoyé à Locres par Scipion pour y commander
la garnifon ; 6c s’ils avoient eu des fucces
éclatants, ils pouvoient, feuls & fans le confeil ,
obtenir les honneurs du triomphe. Ils furent accordés
à Nentidius , légat de M. Antoine , qui
avoit défié Pacôre & les Parthes. Quelquefois le
fénat confioit un commandement à un feul légat,
fans conful ni préteur ; 8c cette com million et oit
nommée légation libre. { L i v . , /. X X I X , c. 9. Appian.
Bell. Parth , 1 5 7 , B. Alex, ab Alex. L. V I ,
H R | , , , /
Un quêteur accompagnoit le général à 1 armee
pour l’aider en certains détails, l'ur tout en ceux j
qui concernoient le payement des troupes , les •
contributions 6c le partage du butin. Cet emploi ;
fut établi, ou peut-être confirmé dans Rome des
la première année du confulat,( Alex. ab. Alex.
l . I I , c. 2 , de R. 244, av. J. C. 509 ) , 6t les premiers
qui en furent revêtus dans les comices par
curies , furent P. Veturius 8c M. Minutius. 11 y en
eut dès-lors dans l’armée. Trois ans après , on les
voit vendre le camp que Porfenna avoit abandonne
à l’armée Romaine.; ( Dyonys. l.V , p. 303 ) ; l’an
de Rome 332, les confuls propofèrent d’en augmenter
le nombre , 6c d’en nommer quatre, dont
deux ferviroient à la ville 8c deux à l’armée ; ce
ne fut que douze ans après qu’il en fut créé un
pareil nombre , dont un praticien 8c trois plébéiens.
Jufques-là cet emploi ri’avoit été confie qu’à
des Praticiens. ( Liv A . I V , c. 43,54) .
Quelquefois ils tiroient entre eux au fort le fer-
vice de l’armée. Lorfqu’ii y avoit plus d’armes que
de quêteurs créés par le peuple 6c deftinés à y
fervir, les généraux en nommoient, 6c ils ne pouvoient
cefler leurs fondions que lorfque le général
quirtoit le commandement ; quelquefois le fénat
envoyoit des quêteurs dans les provinces , avec le
droit d’y prendre toutes les marques de la fuprênîe
magiftrature , d’avoir les Meurs , d’y rendre la
juftice , 6c d’y commander les troupes. Les citoyens
les plus diftingués ne dédaignèrent pas cet
emploi; il fut géré par C. Q. Capitolinus, après
trois confulats , 8c M. Porcius Gaton , décoré^ par
un triomphe. La quêture fut attribuée, par la loi
Ppmpeia, aux feuls citoyens confulaires élus par
les füffrages du peuple ; 8c ies quêteurs furent admis
alors au confeil de guerre avec le légat, les
officiers qui étoient de l’ordre du fénat, tribuns ,
6c les centurions des premières manipules. ( Alex,
ab Alex. I. I I ,.ç , 2 ).
Cet emploi fut multiplié fous les empereurs. Il
y eut des préfets du tréfor militaire dans les pro-
Art militaire, Tome I IL
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vinces, dans les légions 8c dans les cohortes ; on
trouve , fous le règne de Commode, un P. CElius
Marcellinus, enfeigne 6c quêteur d’une cohorte
britannique ; un C. Cornélius, quêteur de la quatrième
cohorte de la première légion. Les en-
feignes, faifant partie du tréfor public , y étoient
renfermées ; le quêteur en avoit la garde , 8c les
faifoit tranfporter au rendez-vous général. ( Gruter.
M X C I , 1 , CCCCXLIV, f , 'CCLIX, 3 V , 3 ;
XCIV; 2 , de J. C. 120, D X X X V I I I , 9 ).
Dans les. premiers fiècles de la république, le
commandement des armées fut confie aux feuls
confuls. Lorfque les guerres fe multiplièrent 8c fe
firenr plus loin de Rome, on eut befoin d’un ma-
giftrat pour rendre la juftice dans l’abfence des
confuls , 6c l’on en créa un avec le titre de prêteur.
Il fut tiré de la claffe des patriciens , 8c le premier
fut Spurius Furius, l’an 387. ( Liv. I. V I I , c.
1 ). On attribua au préteur, ainfi qu’au dictateur 8c
au conful, les honneurs de 1a chaire curule, les
mêmes àufpices 6c fix Meurs. Ce nouveau magistrat
fut regardé comme collègue du conful, mais,
cependant d’un rang inférieur. Vingt-neuf ans
après , le peuple partagea cette magiftrature avec
les patriciens : le premier plébéien qui la remplit
fut Q. Publius Philo. ( Id. L V I I I , c. 51 ). Lan
504‘ dans lequel Atilius Calatinus commanda une
armée hors d’Italie, quoique dictateur, ( Id Epitom.
X IX ; Dio. L X X X V I ,p. 18 , B. ) , oh créa deux
prêteurs ; 6c les armées fe multipliant avec les
guerres, on en donna la conduite aux prêteurs
comme aux confuls ; vers l’an 511 , quinze ans
après, les mêmes befoins obligèrent d’en créer
quatre. Il y en eut fix dans la première guerre de
Macédoine ( de R. 562 ) , dix au temps deSylia ( de
R. 665 ) , un plus grand nombre fous. Jules-Cæfar
( 707 ) ; feize fous Augufte ( 754 ), 6c dix-huit fous
Claude ( de J. C. 41 ). ( Alex. ab. Alex. I. I l , c. 15 ).
Lorfqu’en des befoins urgents la république n’a-
voit point a fiez de généraux , ou que le fénat ou le
peuple étoit farisfait de la conduite d’un conful ,
l’un ou l’autre lui prorogeoit le commandement
pour fix mois, un an , ou jufqu’à 1a fin d’une
guerre , 6c il prenait alors le titre de proconful ,
avec touis les honneurs 6c prérogatives du confu-
lat, les M eu r s , les faifeeaux , la chaire curule, la
prétexte, les légats , les quêteurs 8c le triomphe.
Cependant il étoit fubordonné aux confuls, obligé
de fe prèfenter devant eux avec les Meurs 6c les
faifeeaux , de defeendre de cheval en leur pré-
fence ,6c d’exécuter leurs ordres. Dès qu’il rentroit
dans Rome , les fondions cefloient, les confuls
étoient préfents. Un décret particulier étoit nécef-
faire pour égaler le proconful aux confuls , foit
dans Rome , foit hors de Rome ; ce fut ainfi que
Scipion , proconful en Afrique , partagea le commandement
avec le conful Tib. Claudius ( de R.
337) , 6c que Q . Fulvius revenant de Gipoue ,
commanda dans Rome ( 541 ). Le premier proconful
fut Q- Publius , qui triompha des Palépo*